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La musique traditionnelle chinoise sur la scène mondiale

2020-04-10 16:55:00 Source:La Chine au présent Auteur:WU QIZHI
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En septembre 2019, le grand chant du groupe ethnique Dong se produit à l’Université du Michigan. (PHOTO : PETER SMITH)

 

À l’ère des nouveaux médias, de plus en plus de gens ordinaires participent aux pratiques de communication internationale, et parmi eux les artistes sont des individus très actifs. Au mois de janvier 2020, l’album de grand chant du groupe ethnique Dong (une forme distinctive de l’expression artistique en Chine, qui est jouée normalement sans aucun instrument de musique) baptisé Everyone Listen Close se classe au cinquième rang sur le tableau Transglobal World Music Chart. Le résultat est celui du vote de 58 animateurs de radio et critiques de musique venant des quatre coins du monde. Étant ingénieur du son et producteur de cet album, Mu Qian se déclare très fier du chœur et de la musique folklorique chinoise.

 

Docteur en ethnomusicologie de School of Oriental and African Studies de l’université de Londres, Mu Qian a donné des conférences à la faculté de l’université de Californie (États-Unis) située à Los Angeles, au Royal Holloway College de l’université de Londres (Royaume-Uni) et à l’Institut international des études asiatiques (Pays-Bas) et a organisé de nombreux concert en Europe, en Amérique et en Asie. Depuis plusieurs années, ce conservateur musical se consacre à la diffusion de la musique traditionnelle chinoise sur la scène mondiale. Il a guidé des groupes de musique folklorique tels que Zhou Family Band et la troupe de grand chant du groupe ethnique Dong de Yandong (un bourg situé au district de Liping dans la province du Guizhou) dans la tournée de spectacles donnés en Europe et aux États-Unis, et a animé des programmes dans des médias internationaux tels que BBC Radio 3, ce qui a augmenté la portée de la musique traditionnelle chinoise dans le monde.

 

Les efforts de Mu Qian destinés à l’internationalisation de la musique chinoise commencent dès 1997. Au cours des deux dernières décennies, il a réussi à explorer un espace méconnu dans le domaine de la présentation de la musique traditionnelle chinoise sur la scène mondiale, grâce à sa grande passion pour la musique nationale, sa compréhension sur les valeurs et la connotation culturelle de la musique, ainsi qu’à sa maîtrise de la psychologie culturelle de la cible de diffusion et des règles de communication internationale pour favoriser la présentation à un large public.
 
En février 2020, Mu Qian (1er g.) en compagnie de Zhou Benming et Zhang Surong de l’École de la famille Zhou lors d’un enregistrement à la station de radio WKCR à New York.
 
Le lien entre la musique et la vie
 
Journaliste : Il y a 19 ans, vous avez écrit un reportage baptisé L’orchestre Wild Children – chanter du fond du cœur (publié le 24 avril 2001 dans China Daily), qui raconte l’amour simple et sincère de la musique des membres de cet orchestre. Comment avez-vous pensé au sujet de la musique folklorique à ce moment-là ?

 

Mu Qian : Je m’intéresse toujours à la musique. Aussitôt que j’ai commencé à travailler au China Daily, j’ai demandé à me charger de la rubrique de la musique. On peut dire que j’ai de la chance, car mon intérêt et mon travail sont directement liés. La bonne musique est capable de toucher l’âme des gens, mais beaucoup de types de musique sont difficiles à trouver dans la vie quotidienne, tel que la musique folklorique, ainsi je veux diffuser ce genre de musique précieuse mais moins remarquée par le biais des médias.

 

Dans le passé, la musique constituait une partie intégrante de la vie : on chantait beaucoup, à l’occasion du travail, des fêtes et des rendez-vous, exprimant ses joies et ses peines par la mélodie. Aujourd’hui, surtout dans les villes, la relation entre la musique et les gens a changé, mais dans certaines régions moins développées, en particulier des zones où vivent des minorités ethniques, les habitants maintiennent encore un lien étroit avec la musique. En 2005, lors d’une fête dans le district de Makit (Xinjiang), j’ai compris toute l’ampleur de cette ambiance. Ce soir-là, on connaît une panne d’électricité, mais les villageois continuent de chanter jusque tard dans la nuit, après avoir allumé des bougies. En fait, ce lien étroit entre la musique et la vie fait défaut dans la société contemporaine, mais c’est un bonheur auquel beaucoup de gens aspirent, tant en Chine qu’à l’étranger. À travers des reportages que j’ai écrits, ou des concerts que j’ai organisés, je voudrais reconnecter les gens avec la musique.

 

Journaliste : Comment le reportage Le grand chant du groupe ethnique Dong : une musique folklorique orientale que vous avez écrit en 2012 a fait ce lien entre la musique et la vie ? Quelle valeur et connotation culturelle le grand chant du groupe ethnique Dong manifeste-t-il ?

 

Mu Qian : C’est en 2007 que je suis allé pour la première fois dans le district de Liping. Pour réaliser ma série de reportages sur le grand chant du groupe ethnique Dong, j’ai vu des spectacles et interviewé des chanteurs, mais je trouvais que mes connaissances sur leur musique et leur vie étaient très superficielles, ainsi j’ai décidé de prolonger la durée de mon voyage, afin d’avoir une compréhension plus profonde de ces chanteurs. Je restais tous les jours chez eux, pour écouter et savoir comment ils chantaient habituellement. Beaucoup d’entre eux sont devenus de bons amis. Jusqu’à maintenant, j’écoute encore les mélodies que j’ai enregistrées à cette époque-là, et grâce à ces enregistrements que je présente souvent à mes amis à l’étranger, j’ai eu l’opportunité d’amener ces chanteurs à la scène internationale.

 

Le charme du grand chant du groupe ethnique Dong se manifeste sous deux aspects : la forme musicale et la connotation culturelle. Premièrement, c’est un chœur multi-voix. Goûtant la belle harmonie, on peut découvrir beaucoup de voix qui imitent les sons dans l’environnement naturel, tels que les stridulations des cigales et le chant du coucou. Il s’agit des éléments communs mais uniques dans la vie de l’ethnie dong, et j’espère conserver ces éléments naturels lorsque j’enregistre des chants, pour montrer le lien entre la musique des chanteurs et la terre où ils vivent.

 

Deuxièmement, le grand chant du groupe ethnique Dong représente une culture ethnique qui s’est transmise de génération en génération et qui contient beaucoup de connaissances traditionnelles et d’histoires orales. Différente de la musique pop produite pour flatter le marché de consommation, ce type de musique équivaut à une expression émotionnelle raffinée par des générations. C’est pourquoi la musique folklorique chinoise est populaire à l’étranger.
 
Mu Qian a enregistré et produit l’album de grand chant du groupe ethnique Dong intitulé « Everyone Listen Close », sorti en septembre 2019.

 

L’interprétation de la musique
 
Journaliste : Comment avez-vous expliqué la musique du Guizhou au public britannique lors d’un programme d’émission dans la BBC Radio 3 au mois de juin 2019 ?

 

Mu Qian : Avant de présenter aux auditeurs britanniques la musique du Guizhou, il faut tout d’abord leur expliquer quel genre d’endroit est le Guizhou. Il y a une expression sur cette province : le beau temps ne peut pas durer trois jours, à savoir que le ciel est souvent couvert et qu’il pleut beaucoup dans le Guizhou. Ceci est similaire au temps de la Grande-Bretagne, donc mon explication peut aider à éliminer le sentiment de distance des spectateurs.

 

En présentant les titres des chansons, j’ai mis l’accent sur l’atout du grand chant du groupe ethnique Dong et leur lien étroit avec l’environnement local, et j’essaie de faire en sorte que les auditeurs britanniques trouvent des similitudes dans cette étrange culture musicale, par mon explication.

 

En fait, les barrières pour la diffusion de beaucoup de musiques traditionnelles existent non seulement à l’étranger, mais également en Chine, en raison des différentes cultures régionales et des différents âges des auditeurs, nous obligeant ainsi à trouver un pont convenable pour réussir la diffusion. À l’ère actuelle où l’Internet est partout ou presque, nous pouvons obtenir très facilement des musiques, mais notre compréhension et notre interprétation de la musique est insuffisante.

 

L’encouragement des pouvoirs de la société civile

 

Journaliste : Jusqu’à présent, vous avez déjà présenté la musique chinoise à travers de nombreux canaux, comme les médias, les disques et les spectacles. Quelle est la différence entre ces manières ? Est-ce que vous avez l’intention de profiter des plates-formes sociales d’outre-mer ?

 

Mu Qian : Les manières que vous mentionnez ci-dessus sont des parties indispensables à la diffusion de la musique. Bien sûr, l’organisation des spectacles constitue le moyen le plus direct. Auparavant, quand j’apercevais des musiques folkloriques venant des quatre coins du monde lors des festivals musicaux mondiaux, je me demandais pourquoi très peu de musiques chinoises avaient l’occasion de se présenter sur ces plates-formes. En effet, il y a tant d’excellentes musiques folkloriques en Chine. Depuis, je me suis engagé dans la diffusion de la musique chinoise, ne manquant aucune occasion d’amener les musiciens chinois à la scène mondiale, de faire des enregistrements et des programmes radio, ainsi que d’écrire des articles les concernant. En plus de BBC, j’ai fait également des programmes dans la station de radio WFMU (États-Unis) et WKCR (station de radio non commerciale de Columbia, qui dessert la région de New York). Récemment, je commence à écrire des articles pour Songlines (magazine britannique de la musique mondiale), pour présenter la musique chinoise.

 

Il y a quelques années, j’ai créé un compte officiel sur WeChat appelé « Découvrir la musique mondiale », et j’ai l’intention de créer des plates-formes similaires dans les médias sociaux d’outre-mer, pour attirer plus de gens animés d’une même volonté. Bien entendu, mes capacités personnelles sont assez limitées. La véritable internationalisation de la musique chinoise nécessite les efforts de beaucoup plus de gens et le soutien de la politique culturelle. Vu les expériences d’autres pays, la façon idéale pour la diffusion de la musique sur la scène mondiale consiste à combiner l’encouragement des pouvoirs de la société civile et le soutien du gouvernement.

 

Le soft power que la musique peut apporter à un pays est incalculable. La Chine possède de très riches ressources musicales traditionnelles, qui méritent la fierté du monde entier. Le problème pratique consiste à ce que les Chinois doivent d’abord être fiers de ces ressources et comprendre parfaitement la musique traditionnelle. Cela nécessite les efforts de tous les cercles, y compris le gouvernement, le monde académique, les médias, les musiciens, les producteurs, etc. Tout le monde doit travailler ensemble. Je suis convaincu que la musique chinoise aura une influence plus importante dans le monde.

 

WU QIZHI est rédacteur en chef du magazine International Communications de l’Académie d’études sur la Chine et le monde contemporains (Academy of contemporary China and world studies) relevant du Groupe de publication internationale de Chine (CIPG).

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