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Singes poilus : des guides uniques du vieux Beijing

2019-12-04 16:43:00 Source:La Chine au présent Auteur:JIAO FENG
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Des « singes poilus » dans une représentation des coutumes d’un mariage traditionnel

 

À Beijing, vivent un groupe de singes particuliers portant des manteaux en laine. Ils mènent une vie traditionnelle avec la population locale, vivant dans des habitations traditionnelles carées, buvant du thé, et se promenant avec des cages à oiseaux à la main dans les rues achalandées de la capitale. Certains d’entre eux coupent les cheveux au coin des rues ou portent des marchandises sur des tiges de bambou. D’autres encore vendent des baies d’aubépine enrobées de sucre sur des bâtonnets.

Tous représentent la riche culture traditionnelle de Beijing. Cependant, ils ne peuvent pas parler et ne peuvent pas non plus se déplacer. Ce groupe de singes est connu sous le nom de « singes poilus » ou maohou en chinois. L’art de fabriquer des figurines de singes poilus a été ajouté à la liste du patrimoine culturel immatériel de Beijing en 2009.

Les origines

Le moment exact où les figurines de singes poilus sont apparues reste inconnu, mais selon le folklore, le premier singe poilu aurait été créé par accident dans une boutique d’herbes médicinales à Beijing par un jeune employé pendant la dynastie des Qing (1644-1911). Un jour, il fut réprimandé par le comptable. Craignant de perdre son emploi, le jeune homme n’a rien rétorqué. Ce soir-là, ennuyé et contrarié par ce qui s’était passé, le jeune homme commença à manipuler machinalement les ingrédients dans la boutique et s’aperçut rapidement que la mue de cigale, ressemblait en quelque sorte au comptable. Après avoir utilisé la tête et les membres de la cigale pour la tête et les membres et le bourgeon d’un magnolia pour le torse de la petite figurine humaine, il les colla avec de la bletilla striata. Le résultat ressemblait nettement à un singe au menton prognathe

Lorsque les autres apprentis ont vu la petite figurine velue qu’il avait faite, ils ont tous convenu que cela ressemblait beaucoup au comptable. Par la suite, le patron de la boutique a vu dans ces jolies figurines de maohou une chance de gagner de l’argent. Il s’est donc mis à donner un petit sac d’« ingrédients du singe » contenant une carapace de cigale, des bourgeons de magnolia, des bletillas striata et des akebia quinata lors de chaque achat. Étant donné que le processus de préparation des concoctions à base de plantes médicinales prend beaucoup de temps, les patients pouvaient créer des singes poilus en attendant que les préparations soient prêtes. En conséquence, ces figurines de singe sont devenues très appréciées du public et, avec le temps, leur fabrication est devenue un artisanat connu et apprécié de tous.

Traditionnellement, les singes poilus sont fabriqués avec quatre ingrédients de la phytothérapie chinoise : la carapace d’une cigale, des boutons de magnolia, des bletilla striata et des akebia quinata. L’akebia quinata était utilisée pour fabriquer des accessoires et la bletilla striata pour coller les différentes parties entre elles. Aujourd’hui, les accessoires sont fabriqués à partir d’une gamme plus large de matériaux et le latex est utilisé pour coller. Les matériaux essentiels ne sont pas remplacés, à savoir les carapaces de cigale et les boutons de magnolia.

Après l’achat du matériel, celui-ci doit être assorti et modifié. Pour préparer le magnolia, il suffit d’enlever les tiges en trop, tandis que la tête et les membres de la cigale doivent être séparés du corps. Parce que la carapace est assez délicate, les artistes doivent faire preuve de prudence tout au long du processus. Les pattes antérieures étant plus épaisses, elles servent de jambes aux singes poilus, tandis que les pattes de derrière minces servent de membres avant. La tâche la plus fastidieuse est de retirer la tête. Tout d’abord, les mâchoires sont enlevées tout en maintenant intactes les oreilles et les joues triangulaires. De cette façon, les visages des singes restent bien remplis. Enfin, des pincettes sont utilisées pour retirer la tête, après quoi les yeux et les antennes doivent être retirés. La tête du singe poilu est alors terminée.

Les figurines sont le plus souvent représentées debout ou en train de marcher. Bien que celles en position assise et à genoux soient belles, leur fabrication est assez compliquée. Après avoir assemblé la tête et le corps du singe, la position des membres peut être ajustée. Les accessoires sont l’un des liens les plus importants dans le processus. Les artisans se représentent toujours une image de la scène qu’ils veulent utiliser, puis l’animent à travers le modèle et les expressions du singe. Il existe par exemple des figurines de trois à cinq singes poilus assis en train de boire du thé et de jouer aux échecs. D’autres créations incluent des scènes de rue et les coutumes traditionnelles d’un mariage chinois avec plusieurs singes poilus.

Illustrer la vie du vieux Beijing

Dans le village de Qishanzhuang, dans l’arrondissement de Tongzhou à Beijing, Zhang Fengxia, quatrième génération d’artisans de singe poilu, et son fils Song Lei, dirigent un atelier de singes poilus.

Après la retraite de Zhang en 2001, elle est devenue fascinée par cet art et a commencé à apprendre sous la tutelle de nombreux artistes. Elle a finalement rencontré Jiang Shouyu, maître en la matière. Sous sa houlette, elle a essayé de créer elle-même divers types et thèmes de singes poilus. Aujourd’hui, elle est reconnue comme le successeur de la quatrième génération de l’art du singe poilu de Beijing.

Sous son influence, son fils, Song Lei, qui a obtenu un diplôme en dessin sur ordinateur en Allemagne, s’est lentement intéressé à cet artisanat. Song, en plus d’apprendre l’artisanat traditionnel de sa mère, a également introduit des conceptions modernes dans la production de figurines. « Nous combinons l’artisanat traditionnel avec la vie moderne pour illustrer les modes de vie modernes dans nos figurines de singe. De cette façon, nous pouvons amener davantage de jeunes à s’intéresser à cet art », explique Song.

Parmi les artistes qui fabriquent des figurines de singes poilus, il y a un dicton : « Les singes poilus sont faciles à assembler, mais les accessoires sont difficiles à fabriquer », ce qui signifie que les accessoires sont très importants dans la création. Étant donné que les figurines n’ont qu’un demi-pouce de haut, il est impossible de se fier au maquillage du visage ou aux vêtements pour indiquer les émotions ou les occupations des personnages. En conséquence, la plupart des caractéristiques des singes sont illustrées par des expressions anthropomorphes, des postures corporelles, des accessoires et différents thèmes. La valeur de cet artisanat ne réside pas dans le processus de production mais dans l’imagination et l’expérience de vie de l’artiste.

« Grâce à ces petits singes poilus, nous pouvons faire référence à différentes époques et modes de vie dans différents environnements », développe Song. « Des artistes du même âge que ma mère se concentrent sur des sujets qui exposent les modes de vie et l’environnement anciens de Beijing : le style traditionnel composé de tables carrées et de longs tabourets en bois, les vieux salons de thé, les acrobaties de la zone de Tianqiao, les pousse-pousse et leurs clients – autant de scènes qui font partie des souvenirs des personnes âgées du pays. Grâce aux figurines de singes poilus, ces souvenirs peuvent revivre devant les yeux des enfants d’aujourd’hui.

« Les jeunes d’aujourd’hui sont baignés dans la culture moderne de Beijing, ajoute Song, donc en tant qu’artiste, j’essaie également d’apporter quelques modifications à l’art du singe poilu, notamment en ce qui concerne ses accessoires et ses thèmes. » Au cours de son discours, il montre un ensemble de figurines dévalant une piste de ski sous le thème « Jeux olympiques d’hiver ». Une autre scène nommée « Vivre paisiblement ensemble », montre des enfants aidant leurs parents, des voisins qui discutent joyeusement et des enfants qui jouent dans la rue. Tout cela montre les valeurs de Beijing. « L’art du singe poilu présente une culture en illustrant le bonheur, la colère, le chagrin et la joie des habitants de Beijing, en combinant différentes formes et scènes et en enregistrant les vicissitudes de la vie », conclut Song.

Instiller une nouvelle vie dans un art ancien

Le nombre de visiteurs de l’atelier de Zhang continue d’augmenter, qu’il s’agisse d’étudiants d’université, de touristes ou d’élèves du primaire, ou d’autres pays. L’atelier a été désigné comme site de l’arrondissement de Tongzhou pour les échanges sur le patrimoine culturel immatériel.

« Cet artisanat de Beijing est un symbole de la culture locale. Nous sommes toujours à la recherche de moyens d’élargir le marché. Trois grands défis se posent toutefois : premièrement, les produits sont très fragiles et difficiles à transporter. Deuxièmement, le processus de fabrication est fastidieux, ce qui augmente les coûts. Troisièmement, les thèmes sont souvent redondants », explique Zhang. « Aujourd’hui, nous avons trouvé des moyens de résoudre les deux premiers défis. Par exemple, en utilisant un étui en verre, ceci peut rendre l’article plus facile à transporter. De plus, en utilisant des techniques modernes, nous pouvons standardiser le processus de fabrication des accessoires et ainsi réduire la main-d’œuvre et les coûts. Mais nous travaillons toujours sur le troisième point concernant la variété des thèmes. »

Ayant vécu de nombreuses années à Tongzhou, Zhang s’intéresse particulièrement à la culture du canal local. « L’art du singe poilu n’est pas simplement un processus de duplication, il doit y avoir de la variété dans les accessoires et les sujets, et ils doivent avoir une signification riche. Le Grand Canal est un patrimoine culturel immatériel du monde. Alors, vivant comme je le fais sur les rives de cette rivière, j’ai décidé de créer une œuvre spécifique présentant les scènes du Grand Canal », a déclaré Zhang.

La pièce qu’elle a achevée s’appelle « Le magnifique Grand Canal ». Occupant une petite surface d’un demi-mètre carré, elle expose les « huit panoramas de Tongzhou », avec un ensemble de plus d’une douzaine de singes poilus de moins d’un centimètre. Avec les expressions vibrantes, inspirantes et uniques de ces petites figurines, la scène du Grand Canal est remplie « d’émotions humaines ». Les dalles du pont de Yongtong sont clairement visibles. Sur le pont, deux singes poilus se penchent sur la rambarde, l’un regardant l’eau au-dessous, l’autre regardant dans le lointain d’un air détendu. Sur la rive du canal, quatre figurines transportent un morceau de bois vers le quai, tandis qu’un autre singe pousse avec difficulté une charrette pleine de morceaux de bois épais. Autour d’eux, d’autres singes vendent des sucettes glacées, mangent de la pastèque, boivent du thé et lisent des livres – chaque détail de la scène est rempli de vitalité.

« L’art des figurines de singes poilus montre le pouls de la société et la culture du canal de Tongzhou est une source d’inspiration. C’est ce qui différencie mon art des autres », a déclaré Zhang à La Chine au présent : « Mon objectif est de faire la meilleure carrière possible dans l’art du singe poilu. Mon fils m’a rejoint et il m’a aidé en insufflant un sentiment de modernité à l’artisanat. En même temps, nous allons dans la communauté et menons de nombreuses activités culturelles et éducatives. C’est un moyen pratique de transmettre la culture, de sensibiliser davantage de gens à l’art du singe poilu de Beijing et d’en tomber amoureux. »

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