Accueil>Culture

L’université de Nankai : un esprit patriotique qui perdure depuis cent ans

2019-10-12 11:18:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHANG XUE
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

 

L’université de Nankai a vu le jour à une époque troublée, l’objectif de sa fondation étant de relever le pays par le biais de l’éducation. Cet esprit patriotique a perduré tout au long de son histoire centenaire et est désormais un trait de caractère ancré dans son ADN.

 

Pendant toutes ces années, l’université de Nankai s’est donné pour mission de s’impliquer dans la lutte patriotique et de servir son pays, choisissant dès sa création de partager le sort de la nation chinoise.

 

« Trois questions patriotiques » devenues un emblème

 

« Le patriotisme constitue le cœur et l’âme de la nation chinoise. Et l’université de Nankai s’est développée autour d’une glorieuse tradition patriotique. » Ce sont les paroles prononcées par le secrétaire général Xi Jinping le matin du 17 janvier 2019 lors de sa visite d’inspection à l’université de Nankai.

 

« Ne pas chercher à devenir un haut dignitaire, mais un patriote » : telle a été la ligne de conduite de Yan Xiu, l’un des fondateurs de l’université de Nankai. « Construire une université dédiée au pays » : tel a été l’objectif patriotique de Zhang Boling, un autre membre fondateur et éducateur. « Faire des études en vue de l’ascension de la Chine ! » : tel a été le souhait sincère de Zhou Enlai, ancien étudiant de l’université de Nankai devenu premier ministre de la République populaire de Chine (RPC).

 

L’université de Nankai fut édifiée en lieu et place de l’École familiale des Yan. En 1898, Zhang Boling, diplômé de l’Académie navale de Beiyang, était fermement convaincu du fait que « l’éducation est la voie du développement autonome » et déterminé à « créer un nouveau système éducatif et former de nouveaux talents ». La même année, Zhang Boling fit la connaissance de Yan Xiu, érudit de l’Académie impériale datant de la fin de la dynastie des Qing. Fervent défenseur de l’éducation, préconisant l’instauration d’un nouveau modèle d’instruction, ce dernier embaucha Zhang Boling comme enseignant à l’École familiale des Yan.

 

En 1904, de retour d’un voyage d’inspection au Japon, Yan Xiu et Zhang Boling transformèrent l’École familiale des Yan en une école publique, dénommée simplement « collège ». En 1912, ils la rebaptisèrent l’école de Nankai.

 

Puis, après de nombreuses années de préparatifs, l’université de Nankai fut officiellement inaugurée à l’automne 1919. À son ouverture, l’établissement ne comptait que 96 étudiants, dont Zhou Enlai et Ma Jun, pour 17 enseignants. Trois cursus étaient alors proposés : littéraire, scientifique et commercial. Une offre de cours restreinte, mais conforme aux principes sur lesquels reposait la fondation de l’établissement, à savoir « gouverner le pays par les lettres, renforcer le pays par les sciences, enrichir le pays par le commerce. » Des principes concordant avec l’intention initiale de « sauver le pays par le biais de l’éducation ».

 

L’université de Nankai a connu de premiers pas difficiles… Mais animée par l’ambition de faire de la Chine un pays riche et puissant, elle a grandi et vécu pendant une centaine d’années qui furent marquées de hauts faits.

 

« Êtes-vous Chinois ? Aimez-vous la Chine ? Voulez-vous le bien de la Chine ? » Ce sont les fameuses « trois questions patriotiques » posées par le directeur de l’université de Nankai, Zhang Boling, à la cérémonie d’inauguration de l’établissement à l’automne 1935. Après l’incident de Liutiaohu le 18 septembre 1931, le Liaoning, le Heilongjiang et le Jilin, trois provinces du nord-est du pays désignées conjointement Dongbei, tombèrent aux mains de l’ennemi. Un épisode qui déclencha la guerre de résistance chinoise contre l’invasion japonaise. Dès lors, ces « trois questions patriotiques » devinrent l’emblème spirituel des enseignants et des étudiants de Nankai, les poussant à agir pour le salut du pays.

 

En 1937, la guerre de résistance chinoise contre l’agression japonaise se généralisa. Sous la menace des coups de feu et des explosifs, l’université de Nankai fut contrainte de déménager vers le sud. Le 1er novembre de la même année, l’université de Nankai fusionna avec l’université de Pékin et l’université Tsinghua, elles aussi en fuite vers le sud, pour former l’université temporaire de Changsha. Toutefois, comme Changsha devint par la suite la cible des bombardiers japonais, à la mi-février 1938, l’université temporaire de Changsha se réinstalla à l’ouest, à Kunming. En avril 1938, elle fut rebaptisée l’université nationale associée du Sud-Ouest.

 

Durant ces huit années passées à Kunming, l’université de Nankai demeura l’épine dorsale de l’université nationale associée du Sud-Ouest. De par son esprit d’enseignement rigoureux, associé à la grande renommée de l’université Tsinghua et couplé à la longue tradition de recherche de l’université de Pékin, elle composa un illustre chapitre dans l’histoire de l’enseignement supérieur chinois.

 

Aujourd’hui encore, sur le campus de l’université de Nankai, plus précisément dans le quartier Balitai, il existe un monument commémoratif hérité de l’université nationale associée du Sud-Ouest lorsque celle-ci siégeait à Kunming. Sur la face arrière de ce monument sont gravés les noms des 834 étudiants qui s’étaient engagés volontairement dans l’armée à l’époque de l’université nationale associée du Sud-Ouest. Cette série de noms nous invitent à ne pas oublier ces années de chaos et commémore le profond dévouement de ces jeunes gens pour leur patrie.

 

Alors que la guerre battait son plein, l’université de Nankai s’est battue face au Japon pour libérer le pays, marquant le début d’une longue tradition de lutte patriotique.

 

En 2017, huit étudiants en première année à l’université de Nankai se sont enrôlés dans l’armée. Le 25 septembre 2017, Xi Jinping leur a adressé une lettre dans laquelle il les encourageait à poursuivre leur rêve de devenir militaire et à écrire sans une once de regrets un nouveau chapitre splendide. « Depuis l’antiquité, il est arrivé à de multiples reprises que des lettrés chinois choisissent de lâcher la plume pour prendre les armes, laissant s’exprimer leurs sentiments patriotiques. Pendant la guerre de résistance contre l’invasion japonaise, de nombreux étudiants de l’université de Nankai sont volontairement partis combattre sur le champ de bataille, démontrant leur patriotisme et dévouement, parfois au prix de leur vie. Aujourd’hui, en réponse à l’appel de la mère patrie, vous vous êtes engagés dans l’armée pour que votre patriotisme débouche sur une carrière au service du pays. Vous donnez un nouvel exemple aux nombreux jeunes nourrissant les mêmes idéaux. »

 

 

Une devise invitant à servir le pays

 

« À l’époque où l’université de Nankai a ouvert ses portes, l’objectif était de former des talents pour aider la nation chinoise à se relever », a déclaré Xi Jinping face aux enseignants et aux étudiants de Nankai. Il a déclaré : « Aujourd’hui, au fil des diverses étapes (c’est-à-dire relever le pays, l’enrichir et renforcer sa puissance), il convient de travailler d’arrache-pied afin de combiner les objectifs concrets d’apprentissage et d’efforts avec l’objectif du grand renouveau national. Pour ce faire, il y a lieu de faire passer la communauté avant sa petite personne. J’espère que vous saurez tenir compte des réalités nationales pour que votre génération, au seuil d’un nouveau point de départ, apporte une contribution historique et devienne la nouvelle fierté de l’université de Nankai ! »

 

« Dévouement pour l’intérêt public, acquisition de compétences globales et progrès quotidiens » : telle est la devise à laquelle se tient l’université de Nankai depuis un siècle. Une devise conforme aux exigences inhérentes aux valeurs fondamentales socialistes, comme l’a souligné Xi Jinping.

 

Le premier principe recommande de ne pas faire preuve de particularisme en cherchant à servir ses propres intérêts, mais plutôt de s’engager à servir l’intérêt public. Le deuxième implique de donner le meilleur de soi-même pour construire un pays moderne. Le troisième invite chacun à faire preuve d’innovation, pour que la Chine rattrape son retard sur les autres pays dans la nouvelle ère et prenne une longueur d’avance.

 

Mais autrefois, les enseignants et étudiants de l’université de Nankai qui chérissaient la patrie avaient conscience que l’esprit patriotique ambiant ne suffirait pas à sauver le pays : il fallait rendre le pays autonome via l’éducation.

 

Dans les années 1920 et 1930, les envahisseurs japonais cernaient toujours un peu plus la Chine, avec l’ambition claire de mettre ce pays sous leur joug. L’université de Nankai établit l’Association de recherche du Nord-Est, destinée à mener des enquêtes de terrain dans les trois provinces du Dongbei. Elle fonda également l’édition hebdomadaire économique du journal Ta Kung Pa, pour révéler, au travers d’articles, les stratagèmes utilisés par le Japon pour transférer sa crise économique vers la Chine. Elle encouragea l’Institut de chimie appliquée à collaborer étroitement avec les entreprises nationales, afin de briser la mainmise du Japon sur l’industrie chinoise de production d’acide et d’alcalin…

 

Dans les années 1950 et 1960, tout était à construire en Chine nouvelle. Yang Shixian, ancien président de l’université de Nankai, répondit à l’appel « oser entreprendre les tâches nationales ». Il abandonna résolument une dizaine d’années de recherche en chimie pharmaceutique pour se réorienter vers des domaines qu’il était urgent de développer dans le pays, notamment la chimie pour la préparation de pesticides. Une série de résultats importants ont été obtenus.

 

Aujourd’hui, sur le campus de Nankai (dans la partie est), on peut voir un bâtiment d’un étage avec un toit profilé et une façade extérieure vert pâle. Ce petit édifice nommé « Ningyuan » est l’ancienne résidence de Chen Xingshen (ou Shiing-Shen Chern), mathématicien d’origine chinoise naturalisé américain, père de la géométrie différentielle, académicien étranger de l’Académie chinoise des sciences et directeur honoraire de l’Institut de mathématiques de l’université de Nankai. Chen Xingshen fut admis à l’université de Nankai en 1926. Il devint professeur à l’université nationale associée du Sud-Ouest en 1938. À compter de 1985, le ministère chinois de l’Éducation lui confia la charge de créer l’Institut de mathématiques de l’université de Nankai. Il prit ses quartiers à l’université de Nankai en 2000 et y demeura jusqu’à son décès en 2004. Mais Chen Xingshen, figurant parmi les fondateurs de l’université de Nankai, reste bien vivant dans la mémoire de l’établissement.

 

Accolée au discret « Ningyuan » se trouve l’école de Jialing construite selon l’architecture des siheyuan (cour carrée pékinoise). Affichant un style épuré unique, il s’agit de l’ancienne résidence de Ye Jiaying (ou Florence Chia-ying Yeh). Ayant reçu une instruction à la fois en Chine et en Occident, Jiaying (de son surnom) était une poétesse classique contemporaine, qui devint directrice de l’Institut de la culture classique chinoise de l’université de Nankai et académicienne de la Société royale du Canada. Ce bâtiment est une caverne d’Ali Baba abritant des trésors de la poésie classique chinoise, des manuels d’enseignement et de recherches et des livres de collection.

 

Parmi les célèbres élèves de l’université de Nankai, on peut citer : Zhou Enlai, premier ministre de la République ; Yang Shixian, père des notions fondamentales de la chimie des pesticides et de la chimie organique en Chine ; Chen Xingshen, mathématicien de réputation internationale ; Wu Dayou (ou Wu Ta-You) célèbre physicien ; Guo Yonghuai, participant au projet nucléaire et spatial « Deux bombes et un satellite », Yang Jingnian, célèbre économiste, éducateur et traducteur ; Shen Panwen, célèbre chercheur en chimie inorganique…

 

 

Le rêve d’un pays fort

 

Sur l’herbe devant le bâtiment Shixian se tient fièrement la statue de l’ancien premier ministre Zhou Enlai.

 

« Je souhaite que nous nous rassemblions le jour où la Chine s’éveillera dans le monde » : tel est le vœu émis par Zhou Enlai il y a 100 ans, et qui attise l’enthousiasme des jeunes générations de Nankai.

 

Ces dernières années, l’université de Nankai a joué un rôle de groupe de réflexion dans les grandes stratégies nationales, telles que le développement coordonné de la région Beijing-Tianjin-Hebei et la construction de zones de libre-échange, publiant de multiples rapports de recherche ciblés. Des avancées majeures ont notamment été réalisées dans divers domaines, comme la recherche et le développement de nouveaux médicaments, l’utilisation de nouvelles énergies, la prévention de la pollution atmosphérique et la purification de l’air, ou encore les ponts roulants.

 

À l’aube de la nouvelle ère, l’université de Nankai suivait de près les besoins stratégiques du pays et les disciplines de pointe enseignées dans le monde. Elle s’engagea pleinement à élaborer une série de plans : programme de renaissance des sciences humaines, programme d’amélioration des sciences, programme de développement de la biomédecine et programme d’optimisation de l’ingénierie, investissant dans de grandes plates-formes et équipes pour donner lieu à de grands projets, réalisations et modèles dans la recherche scientifique et l’innovation.

 

D’après les données de la base Essential Science Indicators (ESI) de mai 2018, l’université de Nankai est l’université chinoise ayant publié le plus grand nombre d’articles scientifiques. Au classement mondial du Nature Index 2017, elle se classe au 57e rang parmi les institutions d’enseignement et de recherche scientifique dans le monde et 7e parmi les universités chinoises. Dans la discipline de la chimie, elle occupe le 22e rang parmi les instituts de recherche mondiaux.

 

Ces excellents résultats sont révélateurs, d’une part, de la mission de Nankai d’éduquer la population pour le bien du pays ; d’autre part, du rêve inchangé des actuels membres de Nankai de construire un pays fort.

 

« La devise de l’école ‘‘Dévouement pour l’intérêt public, acquisition de compétences globales et progrès quotidiens’’ communique à chaque jeune étudiant de l’université de Nankai l’idée de connaître et servir la Chine. Je travaille comme enseignant dans les régions en retard économiquement parlant pour contribuer à la lutte contre la pauvreté, et pour moi, c’est en quelque sorte un cours enseignant les valeurs du Parti et la situation nationale », a confié Cheng Quhan, étudiant ayant obtenu en 2014 sa licence à la Faculté des sciences de la vie de l’université de Nankai, qui rentrait tout juste du Tibet où il donnait des cours. Il est en effet membre de la 20e équipe de chercheurs chargés de cours de l’université de Nankai.

 

En 1999, l’université de Nankai a été l’un des premiers établissements supérieurs à mettre en œuvre le programme invitant les jeunes diplômés chinois à dispenser bénévolement des cours dans les régions défavorisées, en faveur de la réduction de la pauvreté. Pour l’heure, plus de 200 diplômés volontaires ont déjà pris part à ce programme : ceux-ci sont partis enseigner dans le Gansu, dans le Xinjiang, au Tibet et dans d’autres lieux, mettant à contribution leurs connaissances pour porter le développement de l’école dans les régions de l’ouest de la Chine. Ainsi, ils perpétuent la belle tradition de « Connaître et servir la Chine » et le sentiment patriotique.

 

« Dans les régions frontalières de la mère patrie, au contact des habitants des régions de l’ouest, mon travail est très ordinaire. C’est aussi une tradition qui s’inscrit dans la lutte patriotique et la contribution à la nation de l’université de Nankai depuis sa fondation », a affirmé Ai Weijun, secrétaire adjoint de la cellule du Parti à la faculté de droit et directeur adjoint de la faculté de droit, qui a autrefois assumé la fonction de premier secrétaire du village dans le district de Zhuanglang (province du Gansu). Il est aujourd’hui membre du groupe de transmission de l’esprit de lutte patriotique de l’université de Nankai.

 

Le 23 mai dernier, une lecture publique du rapport sur le thème « Faire rayonner l’esprit patriotique et résonner la puissance des trois questions patriotiques à l’ère nouvelle » a ouvert la première conférence tenue par le groupe de transmission de l’esprit de lutte patriotique de l’université de Nankai, s’adressant à la ville de Tianjin. Huit enseignants et étudiants membres de ce groupe ont raconté, au travers de récits émouvants et sous différents angles, la glorieuse histoire centenaire de l’université de Nankai, son implication dans la lutte patriotique, son engagement pour l’intérêt public et les progrès constants.

 

Il y a cent ans, les membres de l’université de Nankai ont été les premiers à fonder une école pour le salut du pays. Cent ans plus tard, les membres de l’université de Nankai de la nouvelle ère vont de l’avant, nourrissant le rêve de renforcer le pays.

 

Le grandiose objectif derrière l’université de Nankai était d’établir une université de classe mondiale présentant des caractéristiques chinoises afin d’affronter le nouveau siècle et de s’efforcer de mettre en œuvre la « double première classe » (une université de classe mondiale et des disciplines de première classe).

 

Les « trois questions patriotiques » sont toujours valables : à la fois dans le passé, le présent et le futur. Ce sont des questions que nous devons nous poser et auxquelles il faut répondre de génération en génération ! Dans le siècle qui s’ouvre, le corps enseignant et les étudiants de l’université de Nankai transmettront une belle histoire marquée par des résultats dont ils peuvent être fiers, ce qui sera propice à la réalisation du rêve chinois du grand renouveau de la nation.

 

*ZHANG XUE est journaliste de China Pictorial

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4