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Philippe Bouvet et son théâtre à Beijing

2019-05-06 14:54:00 Source:La Chine au présent Auteur:WANG WENJIE
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WANG WENJIE, membre de la rédaction

Dans un ancien parc industriel transformé en centre artistique situé dans le village de Hegezhuang dans l’arrondissement Chaoyang (à Beijing), se trouve un petit théâtre baptisé « La Plantation » (dont le nom chinois est « Lixu »). Du fait de la distance qui le sépare du centre urbain, on peut y sentir une atmosphère tranquille et un charme particulier.

 

Son directeur est un Français qui s’appelle Philippe Bouvet, venu à Beijing pour un simple voyage voilà de nombreuses années déjà… Il ne s’attendait pas à ce que son théâtre devienne une partie importante de sa vie à Beijing.

 

Une aventure en Chine

 

Musicien de métier, Philippe Bouvet a composé les musiques de nombreux films documentaires et dessins animés pour des chaînes de télévision françaises, ainsi que les musiques de DVD éducatifs pour le gouvernement français.

 

Dans les années 1990, ce Français qui poursuivait une carrière gratifiante et menait une vie agréable à Paris a commencé à se rapprocher de la Chine. « En 1993 j’ai eu le choix pour un grand voyage entre la Chine et l’Inde. J’ai choisi la Chine dont on ne connaissait rien en France à cette époque-là. J’étais très curieux ! Mais je ne parlais pas du tout le chinois, n’ayant jamais suivi de réel cursus universitaire », explique M. Bouvet.

 

Il raconte ensuite : « Durant ce voyage, j’avais beaucoup de souvenirs assez surréalistes. J’ai voyagé de Beijing vers Hong Kong en passant par Xi’an (capitale du Shaanxi), Hangzhou (capitale du Zhejiang), Suzhou (au Jiangsu), Shanghai, île Putuo (au Zhejiang), Ningbo (au Zhejiang) et Guangzhou (capitale du Guangdong). Le choc culturel était flagrant, et rien n’était en anglais. Mais j’ai reçu un accueil très chaleureux des gens, qui sont curieux à notre égard et ouverts aux rencontres ! »

 

Il se souvient de sa première impression sur ce pays asiatique : « La Chine de 1993 et celle de 2019 sont radicalement différentes. À ce moment-là, il n’y avait que six millions de personnes et trois lignes de métro à Beijing ; on voyait partout des vélos et il y avait très peu de voitures. »

 

Pendant les années 1996 et 2004, Philippe Bouvet a visité régulièrement le Sud-Ouest de la Chine, pour rechercher l’inspiration en matière de création musicale. Deux CD, présentant des musiques traditionnelles chinoises, ont été enregistrés dans la province du Sichuan et distribués en France.

 

À la question de savoir à quoi tenait sa décision de rester en Chine et à Beijing particulièrement, il a répondu : « En 1996, j’ai rencontré un couple de jeunes chinois et nous sommes devenus amis. Ils sont encore mes amis et partenaires de ‘‘La Plantation’’, 26 ans après ! Ils sont Pékinois et ils ont trouvé le site sur lequel nous avons construit notre projet dans l’arrondissement Chaoyang. »
 

 

Un théâtre distingué

 

Le théâtre est installé dans une ancienne usine, dont le design de Zhang Xing a été primé dès son ouverture (meilleur design 2009 pour un espace public). Il s’agit d’une salle de concert pour musique de chambre et toute sorte de musiques acoustiques. Tous les ans, un programme de spectacles divers est présenté avec notamment de la musique classique de très haut niveau. Des solistes et ensembles internationaux se produisent ainsi au théâtre, dont l’acoustique parfaite permet aussi des enregistrements de disques.

 

« Construit de 2007 à 2009 et inauguré par mon ami violoncelliste Chu Yibing en mai 2009, le théâtre n’a vraiment décollé qu’en 2013. C’est encore mon ami et architecte du théâtre, Zhang Xing, qui a trouvé le nom chinois, tandis que moi, je lui ai donné son nom français, qui est aussi identique en anglais et en espagnol », précise M. Bouvet.

 

À l’intérieur du théâtre, les places sont disposées en gradin, un peu à la manière d’un amphithéâtre. Cet espace intimiste est capable d’accueillir une centaine de personnes. Tous les sièges peuvent être déplacés et ajustés à tout moment en fonction du spectacle. Le théâtre possède encore des espaces pour les expositions des œuvres d’art et de photographies et pour la vente des CD et des brochures, ainsi qu’une terrasse où l’on peut se restaurer en ayant vue sur le paysage environnant.

 

Du fait de sa position géographique un peu éloignée, cette start-up de la musique vivante était un nid réservé aux initiés. Mais Philippe Bouvet a appris à publier des informations sur les spectacles par le biais des réseaux sociaux tels que Weibo, Wechat et Douban et autres médias internationaux… Grâce à sa gestion minutieuse et avec l’aide de certains amis artistes, le théâtre s’est engagé sur la voie du succès depuis 2013.

 

« Concerts tous les week-ends, abonnés chaque semaine un peu plus nombreux, artistes enthousiastes et reconnaissance internationale me poussent simplement à maintenir une haute qualité et une originalité de programmation sans cesse renouvelée », explique M. Bouvet.

 

Environ 90 % des spectateurs sont Chinois. Certains habitent tout près, d’autres n’hésitent pas à braver les embouteillages et la distance, quitte à prendre l’avion depuis d’autres villes chinoises pour les plus éloignés afin d’assister à leurs concerts préférés. Sur la scène, on peut apprécier diverses musiques et instruments venant des quatre coins de Chine et du monde, ainsi que des danses contemporaines ou du flamenco !

 

Une œuvre significative

 

Le théâtre est un organisme artistique à capitaux sino-français, dans lequel quantité de représentations et créations artistiques liées aux échanges sino-français ont été réalisées.

 

En plus des groupes artistiques recommandés par les ambassades, de nombreux artistes étrangers qui viennent en Chine pour une tournée, en quête d’échange et de partage, sont heureux de donner une représentation à « La Plantation ». Philippe Bouvet en tire, avec modestie, une certaine fierté : « J’ai dès le début initié des rencontres avec certains artistes français et chinois et répondu aux invitations d’autres, dans la musique, la danse et les arts plastiques. J’ai donc aussi essayé de faciliter la création et les dialogues entres les artistes. »

 

Mais les difficultés qu’il a rencontrées depuis la création du théâtre ont été nombreuses et continuent de peser pour certaines. Par exemple, Philippe Bouvet nous dit avec franchise : « Les loyers explosent à Beijing. J’ai cru fermer plus d’une fois, n’ayant pas de sponsor financier. L’actuel syndic est devenu un sponsor important en 2018. Je souhaite que le théâtre puisse continuer à offrir toujours plus de représentations artistiques au public chinois. »

 

Pour autant, quel est le secret de la longévité de « La Plantation » ? M. Bouvet répond sans détours : le travail, la passion, le respect, l’envie et la qualité. D’après lui, un espace sans âme est un espace vide, aussi beau soit-il.

 

« Lorsque l’on se rend à un concert, que l’on est au milieu de la musique, on a un ressenti différent, cette qualité-là, elle est nutritive, elle nourrit l’esprit, elle nourrit l’âme, elle nourrit le plaisir de vivre, quelques choses de particulier. » Voici la compréhension de Philippe Bouvet sur la musique. Il espère que les spectateurs pourront sentir le même charme de la musique dans « La Plantation ».

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