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L’histoire du panda géant et ses liens avec la France

2019-04-03 14:58:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI
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Le 4 décembre 2017, le bébé panda Yuanmeng est présenté au public pour la première fois au ZooParc de Beauval à Saint-Aignan, en présence de la première dame de France Brigitte Macron et du vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Yesui.
 
 
MA LI, membre de la rédaction

 

Au début de 1869, le missionnaire Jean Pierre Armand David quitta sa ville natale d’Espelette, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour se rendre en Chine.

 

Alors qu’il était à Dengchigou dans le district de Baoxing, dans la ville de Ya’an (province du Sichuan), Armand David vit pour la première fois un animal que la population locale dénommait tout simplement « ours noir et blanc ». De son point de vue, il s’agissait d’une découverte hors du commun ! La même année, il fit envoyer un spécimen de cet « ours noir et blanc » en France, pour partager sa trouvaille avec le monde entier.

 

Cette espèce animale surnommée l’« ours noir et blanc » n’était autre que le panda géant, propre à la Chine. Après cette soi-disant « découverte » par le Père David et sa diffusion à l’international, Ya’an est devenue officiellement l’endroit où le premier panda géant au monde a été découvert et nommé par le milieu scientifique.

 

« Dans son ouvrage Journal de voyage 2-Moupin, le Père David évoque sa “découverte” du panda géant dans le district de Baoxing à Ya’an, ce qui suffit à prouver que Baoxing est le lieu de découverte scientifique et le lieu d’origine de ce premier spécimen du panda géant », a expliqué Gao Fuhua, journaliste en chef du Ya’an Daily. Gao Fuhua est réputé comme étant le journaliste spécialiste du panda géant, puisqu’il se consacre depuis de nombreuses années à rapporter des faits autour du grand panda et à transmettre toute la dimension culturelle autour de cet animal.

 

Une « découverte » qui a fasciné le monde

 

En février 1869, alors que le colza faisait rayonner les collines avec ses fleurs jaunes, le missionnaire français Armand David arriva à l’église catholique de Dengchigou, en bordure de la plaine du Sichuan. Le Père David fut nommé quatrième prêtre de cette église.

 

Le 11 mars 1869, il fut invité par un catholique résidant à flanc de montagne. Chez ce dernier, il contempla une peau d’animal, au pelage noir et blanc, accrochée au mur : la plus belle peau qu’il n’eût jamais vue, selon lui. L’hôte, qui constata que cette décoration ne laissait pas le Père David indifférent, promis de lui en rapporter une. Cette nuit-là, Armand David écrivit dans son journal : « Si nous mettons la main sur cet animal, nous deviendrons certainement les auteurs d’une découverte scientifique majeure. »

 

Le 4 mai 1869, son ami lui fit apporter un « ours noir et blanc », vivant. Dans l’église de Dengchigou, Armand David demanda à un charpentier local de fabriquer une grande cage en bois pour y enfermer l’animal. Il avait dans l’idée de l’élever, afin d’observer ses habitudes.

 

Mais au moment où le Père David, débordant de joie, s’apprêtait à envoyer cet « ours noir et blanc » à destination de la France, ambitionnant de présenter ce nouvel animal à tout le globe, la bête tomba soudainement malade et mourut. Le Père David n’eut d’autre choix que de l’empailler avant de l’acheminer vers l’Hexagone.

 

Fin 1869, Henri Milne Edwards, zoologiste au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, reçut le spécimen expédié par le Père David depuis la lointaine Orient. En découvrant cet « ours noir et blanc », il resta ébahi, car il n’avait jamais vu un animal aussi mignon.

 

Le Père David lui écrivit dans une lettre : « Voici l’animal que j’ai déniché, assurément une nouvelle espèce d’ours. » Toutefois, après un examen minutieux de la peau et du squelette de l’animal, Henri Milne Edwards se rendit compte que le Père David avait tort. Il ne s’agissait pas d’un « ours noir et blanc », mais d’un animal d’un nouveau genre. En réponse à cette lettre, il lui confia : « Tu as découvert une toute nouvelle espèce ! »

 

À l’époque, de nombreux Français décrivirent ainsi cet « ours noir et blanc » qu’ils avaient observé : « Un visage rond avec deux taches noires encerclant ses yeux, comme s’il portait des lunettes de soleil à la mode. Avec également des oreilles noires discrètes, un nez noir, des lèvres noires... On dirait tout bonnement qu’il est maquillé pour jouer une scène de théâtre dramatique ! » Suite à la « découverte » de cette nouvelle espèce venue d’Orient, Armand David est rapidement devenu la coqueluche de toute la France, voire du monde entier.
 
Le 15 juillet 2014, Luo Weixiao fait don du drapeau qu’il a fait tamponner tout au long de son périple au Muséum national d’histoire naturelle de France.

 

Itinéraire retour, plus d’un siècle après

 

Le 18 mars 2014, Luo Weixiao, ouvrier retraité de la société State Grid Yaan Electric Power Group, est parti seul à vélo, depuis l’église catholique de Dengchigou jusqu’à la commune française d’Espelette, reliant ainsi le lieu de découverte du panda géant au lieu de naissance du Père David.

 

145 ans après que le Père David a aperçu pour la première fois un panda géant, M. Luo a décidé d’entreprendre ce voyage. Il aspirait à devenir ainsi un messager populaire diffusant la culture de la Chine, pays natal du panda géant, en réponse à la visite qu’avait effectuée, plus d’un siècle auparavant, le missionnaire français considéré comme le « découvreur » de cet animal.

 

À compter de cette date du 18 mars, Luo Weixiao a parcouru, seul sur sa bicyclette, le continent eurasiatique, en passant par le Sichuan, le Gansu, le Xinjiang et d’autres régions chinoises, avant de franchir la frontière le 30 avril pour entrer au Kazakhstan. Plus tard, il a traversé la Russie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, l’Allemagne, avant d’atteindre la France le 30 juin.

 

Face à la barrière de la langue, Luo Weixiao a beaucoup eu recours aux gestes pour se faire comprendre à mesure qu’il approchait de sa destination, par exemple, pour demander des tampons dans un bureau de poste, trouver des restaurants et loger à l’hôtel. Mais durant tout son trajet, beaucoup de gens, quelles que soient leur couleur de peau ou leur langue, sont venus à sa rencontre pour parler et prendre des photos avec lui. En effet, beaucoup étaient interloqués par l’image de panda géant trônant sur le devant du vélo de M. Luo.

 

Il faut savoir que 15 000 km séparent Baoxing d’Espelette. Pour M. Luo, la soixantaine, ce trajet représentait un défi mettant à l’épreuve sa forme physique et sa persévérance, auquel s’ajoutaient quelques difficultés pour communiquer et s’acclimater. Il eut quelques incidents en cours de route dont il s’est sorti avec des égratignures, sans parler des cinq fois où il a dû changer son pneu et des trois fois où il a dû remplacer sa chambre à air.

 

Finalement, avec l’aide de nombreuses personnes au grand cœur, il a réussi à accomplir sa mission. Il a raconté de nombreuses anecdotes concernant ces personnes altruistes. Alors qu’il passait par Astana, la capitale du Kazakhstan, son vélo a été endommagé. Les habitants locaux se déplaçaient peu à bicyclette, privilégiant d’autres moyens de locomotion, comme la voiture, la moto ou encore le cheval. Des ressortissants chinois, témoins de son problème, sont partis à la recherche des pièces de rechange nécessaires. Mais c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! En fin de compte, ils ont fini par trouver les articles adéquats et l’ont aidé à réparer son vélo. Autre exemple : il s’est retrouvé un jour bloqué sur une autoroute en Pologne et des étudiants de l’institut Confucius local sont venus le sortir de l’impasse. Une autre fois, suite à des chutes de vélo en Russie et en Allemagne, des habitants ont pris soin de panser ses blessures. Enfin, alors qu’il était égaré en pleine nuit, des agences chinoises et des Chinois résidant à l’étranger se sont empressés de lui préparer des itinéraires sur des cartes routières et de lui apporter des vêtements de rechange et des médicaments contre le rhume…

 

Luo Weixiao est arrivé en France par l’est, avant de traverser le pays dans la largeur pour rejoindre Espelette. Le 10 juillet, lorsque sa silhouette est apparue dans les rues de cette charmante ville française des Pyrénées, l’ambiance était à la fête et toute la population a spontanément accueilli cet invité en provenance de la région natale du panda géant.

 

En compagnie de l’ancien maire d’Espelette, André Darraïdou, Luo Weixiao a poussé son vélo arborant la photo du panda géant jusque devant l’ancienne demeure du Père David, avant de monter dans le bâtiment. Les habitants et touristes de passage l’ont acclamé dans la rue. La chorale locale a même chanté une chanson en basque pour l’accueillir.

 

« Il y a 145 ans, le Père David présentait le panda géant au monde. Aujourd’hui, j’ai parcouru une dizaine de milliers de kilomètres pour rendre hommage à ce sage », a exprimé Luo Weixiao, dont l’excitation était palpable.

 

Le matin du 11 juillet, la mairie de Bayonne (sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques dont relève Espelette) a organisé, avec des responsables locaux de l’éducation et des sports, une cérémonie de bienvenue dédiée à Luo Weixiao. À cette occasion, elle lui a décerné le titre de « citoyen d’honneur » d’Espelette.

 

Le 15 juillet, le Muséum national d’histoire naturelle a tenu une réception pour célébrer l’arrivée de Luo Weixiao. Le cycliste a offert le drapeau qu’il a porté tout au long du trajet, recouvert de nombreux tampons. « Je vous prie de conserver ensemble, à jamais, le spécimen du panda géant et ce drapeau que j’ai apporté, en témoignage de cette grande découverte historique du panda géant. »
 
Dessin de panda dans le journal du Père David

 

Un pont d’amitié

 

Comme le dit le proverbe, l’histoire est un perpétuel recommencement…

 

En 2005, un autre Français, David Sheppard, est venu à Ya’an pour poursuivre « la mission inachevée » du Père David. En effet, l’UNESCO et le Comité du patrimoine mondial lui ont confié la tâche d’effectuer une enquête de terrain afin d’évaluer les « sanctuaires du grand panda du Sichuan », dans le cadre de la candidature déposée par cette province auprès de l’UNESCO.

 

De nos jours, les « sanctuaires du grand panda du Sichuan » ont bien été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial naturel de l’UNESCO, tandis que l’église catholique de Dengchigou est devenue aussi bien un lieu de culte qu’un site touristique ouvert au public. En raison de son histoire avec le Père David. Une foule de visiteurs, chinois comme étrangers, viennent la visiter chaque année.

 

En 2012, les pandas géants Huan Huan et Yuan Zi ont trouvé refuge au ZooParc de Beauval en France en tant qu’ambassadeurs des échanges sino-français, ouvrant ainsi un programme international pour la reproduction des pandas géants sur 10 ans, sous l’égide de la coopération sino-française.

 

De surcroît, le 4 août 2017, le parc a accueilli une bonne nouvelle : un bébé panda géant est né pour la première fois en France. Il a été baptisé Yuan Meng (« la réalisation d’un rêve ») par la première dame de France Brigitte Macron.

 

Le 26 février 2018, la Chine et la France ont signé un accord-cadre pour l’aménagement conjoint de Terra Panda, un parc culturel, écologique et touristique autour du panda géant. Cette initiative unique au monde prévoit d’exploiter les concepts de nouvelle économie en lien avec cette espèce. Il mettra l’accent sur l’homme et la nature, les sciences et les arts, le divertissement et l’éducation, la vie et la santé, ainsi que l’écologie. Le projet permettra, à l’échelle planétaire, de promouvoir la culture du panda géant et de créer un nouveau modèle de développement vert, ce qui ouvrira de nouvelles perspectives pour la coopération industrielle sino-française du XXIe siècle.

 

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