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L’esprit du maître artisan

2018-06-19 15:42:00 Source:La Chine au présent Auteur:HU YUE
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La tapisserie est un art ancestral qui s’est diffusé aux quatre coins du monde. Riches et somptueuses, ces œuvres textiles témoignent d’une époque et sont les gardiennes d’une mémoire toujours vivante en Chine.

 

Wang Guoying tisse un tapis impérial.
 

 

En début d’année, à l’occasion d’une visite en Grande-Bretagne, le président Emmanuel Macron a promis de prêter la Tapisserie de Bayeux, une première depuis 950 ans.
 
En Europe, les œuvres textiles représentent souvent la vie de la noblesse.
 
La Chine n’est pas en reste avec une histoire de 2 000 ans dans la fabrication de tapis, le pays est même l’un des berceaux de cet art ancestral. Au cours des dynasties des Yuan, Ming et Qing, le palais impérial a créé une institution spéciale pour la fabrication des tapis impériaux qui sont devenus ainsi de plus en plus prisés. Les techniques de fabrication du tapis impérial ont ensuite été diffusées parmi les peuples puis transmises jusqu’à aujourd’hui.

 

Une longue histoire

 

À partir de la dynastie des Yuan (1271-1368), le tapis de la Contrée occidentale a été introduit dans l’Est de la Chine, séduisant les rois et les nobles. Mais pour le faire entrer dans la Cité impériale, il a fallu adapter le tapis à la demande impériale. C’est ainsi que la manufacture de tissage impérial a été établie dans la Grande Capitale des Yuan. Au cours des dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), le département de fabrication fut créé. Pendant le règne de l’empereur Qianlong (1736-1795), la fabrication de tapis impériaux connaît une belle époque avec des techniques de tissage progressivement assimilées par les peuples et de riches dignitaires qui les font faire sur commande comme témoignage de leurs classes sociales et de leurs préférences. Le tapis devient un objet à la mode.

 

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, la fabrication de tapis impériaux continue de se développer et devient une industrie d’exportation de la Chine.

 

Âgée de 63 ans, Hu Jianjuan a appris la peinture chinoise traditionnelle dès son enfance. Grâce à cette spécialité, elle est entrée dans la manufacture de tapisserie de Tianjin, après avoir obtenu son diplôme de lycée, pour s’engager dans l’art du motif pour tapis. Pour elle, « la tapisserie impériale chinoise possède une profonde culture. Au début, je n’en avais pas conscience, mais au fur et à mesure, j’ai éprouvé une vraie attirance envers ce patrimoine culturel. »

 

Beaucoup de gens comme Mme Hu pensaient seulement trouver un bon emploi, sans se douter que la fabrication de tapisseries relève aussi d’une responsabilité, celle de la transmission culturelle.

 

Une époque difficile

 

Wang Guoying, 50 ans, appartient à la 5e génération et est l’héritière des fabricants de tapisserie impériale chinoise. En 1986, elle sort diplômée du collège technique et travaille ensuite dans la 5e manufacture de Beijing. À cette époque, elle s’intéresse aux techniques de tissage de la tapisserie impériale et décide d’entrer dans l’ « atelier des nouveaux produits » pour faire des recherches sur ces techniques. Par rapport aux travaux de reproduction dans les autres ateliers, Mme Wang est alors satisfaite de son poste qui lui autorise plus d’innovation, un goût qu’elle a gardé encore aujourd’hui.

 

Le tissage de tapis n’est pas compliqué en soi, il se divise en trois parties. La première est la préparation, ensuite vient le tissage et enfin l’embellissement. La préparation comprend la conception, l’amplification du dessin, la préparation des matières, le filage et la coloration. L’embellissement comprend l’aplatissement, le cisaillement et le finissage. Le tissage dure environ un an. C’est l’étape la plus importante et celle qui exige beaucoup de temps et de patience. La technique principale du tissage de tapisserie sont les nœuds croisés, qui décomposent le dessin du tapis impérial jusqu’à produire, comme par magie, un splendide tapis.

 

Avec plus de 30 ans d’expérience, Wang Guoying maîtrise bien cette technique. Mais pour elle, cela n’a pas été un long fleuve tranquille. Wang Guoying a été la témoin directe de la chute et de la renaissance du patrimoine de la tapisserie impériale chinoise.

 

Pendant les années 1980, la fabrication de tapisserie en Chine a connu une époque faste. Par exemple, l’entreprise de tapisserie de Beijing possédait 11 manufactures et branches avec plus de 5 000 emplois. La 5e manufacture de tapisserie de Beijing, où Wang Guoying travaillait, était en fait la plus petite et employait plusieurs centaines de personnes, exportant même des tapisseries à l’étranger.

 

Dans les années 1990, en suivant la marée de l’économie de marché, la technique de production s’est progressivement transformée avec l’introduction des machines.

 

La 5e manufacture de tapisserie de Beijing a essuyé une chute de sa production et une perte de talents vertigineuse. Dans l’atelier des nouveaux produits, il ne restait plus que deux employés au lieu d’une vingtaine à la belle époque. Wang Guoying était désespérée de ne pas avoir de successeur. Le patrimoine culturel de la tapisserie impériale chinoise, qu’elle chérissait tant, était sur le point de mourir.

 

La fabrication de tapis impérial au fil d’or représente le plus haut niveau de cet art manuel. (photos : wei yao)

 

 

La renaissance de la tapisserie chinoise

 

Une lueur d’espoir apparaît pourtant au début du XXIe siècle. Avec le soutien du gouvernement, Wang Guoying et ses collègues commencent à faire des recherches sur une technique disparu de tissage : la tapisserie au fil d’or.

 

« La tapisserie au fil d’or » est le summum de la qualité en termes de tapisserie impériale chinoise. Les motifs élégants des tapis à double face sont tissés au fil d’or. Mais impossible alors de trouver un bon exemple.

 

Wang Guoying et son maître ont alors visité le musée du Palais impérial avec la permission d’utiliser un microscope pour étudier la structure des tissus. Après plusieurs essais sur deux ans, ils ont fabriqué, en 2005, une tapisserie au fil d’or comparable à celle du Palais impérial. En 2008, la technique du tissage de tapisserie impériale de Chine a été listée au « Programme de protection du patrimoine culturel immatériel au niveau national ». Wang Guoying est donc devenue l’héritière à Beijing de ce patrimoine.

 

Dans le même temps, la 5e manufacture de tapisserie de Beijing a été achetée par l’entreprise du développement culturel Huafang de Beijing et a changé de nom, devenant l’entreprise Huafang de tapisserie de Beijing. Depuis 2015, elle a commencé à recruter de nouveaux employés. Selon Wang Guoying, il s’agit là d’une véritable renaissance.

 

« Le tissage de tapisserie impériale chinoise est un travail difficile et fatigant. Les gestes répétitifs exigés par le travail durant de longues heures sont vraiment rébarbatifs. Il faut au moins six mois pour réaliser une pièce. » Selon Wang Guoying, il faut être amoureux de ce patrimoine, et posséder une grande patience, pour persévérer dans ce métier. « Je crois que les artisans du patrimoine traditionnel chinois ont besoin de pouvoir se concentrer sur une seule chose, et c’est précisément l’esprit du maître artisan. »

 

Actuellement, sept employés de l’entreprise Huafang ont passé l’examen d’entrée de l’Institut de technologie de mode à Beijing afin de recevoir une éducation universitaire sur l’esthétique. « Toute la Chine respecte l’esprit du maître artisan, et pour nous, il faut aussi faire preuve de détermination pour être le maître de ce patrimoine. » À 50 ans, Wang Guoying a encore assez de temps pour réaliser sa vision du tissage.

 

  
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