La statue de Bouddha avec des montagnes en arrière-plan, notamment le mont Gongga, dans la zone pittoresque du mont Emei (Sichuan)
Introduit en Chine au Ier siècle, le bouddhisme a trouvé l’une de ses premières terres d’accueil sur les pentes du mont Emei, où a été érigé le premier temple bouddhiste chinois. Situé au sud-est du Sichuan, le mont Emei est connu pour sa beauté délicate et ses trésors culturels. En 1996, ce site, ainsi que son voisin le Grand Bouddha de Leshan, ont été classés comme patrimoine naturel et culturel de l’UNESCO.
Taillé dans la falaise au VIIIe siècle, le Grand Bouddha, la plus grande statue en pierre au monde avec ses 71 m, veille sur les eaux tumultueuses des trois rivières, offrant une vision saisissante de l’art sacré chinois. Selon l’UNESCO, ce bien « constitue une aire de beauté naturelle où l’élément humain a été intégré avec maestria et subtilité ».
Beauté naturelle
Du piémont jusqu’à son sommet qui culmine à 3 099 m, les touristes peuvent admirer une multitude de paysages naturels changeants au rythme des saisons : rivières, lacs, forêts sauvages, mer de nuages et fleurs. L’ascension pédestre le long de milliers de marches reste le moyen privilégié pour appréhender cette splendeur. Il faut en général deux jours pour parcourir la zone panoramique dans son intégralité.
Emei se distingue par la diversité de la flore, allant des végétales subtropicales aux forêts de conifères subalpines, dont certains arbres ont plus de 1 000 ans. Ses 3 200 espèces végétales recensées représentent près de 10 % de la flore chinoise.
Couronné de neige pendant environ sept mois par an, le sommet donne naissance à un cycle hydraulique remarquable : les eaux de fonte, purifiées par la végétation, s’infiltrent à travers les strates géologiques pour acquérir une minéralisation naturelle, devenant ainsi une source d’une pureté exceptionnelle. Cette eau de qualité donne naissance au célèbre thé Emei Xueya (bourgeon de neige), cultivé à plus de 1 000 m d’altitude et classé parmi les dix crus les plus prestigieux de Chine.
De plus, le mont abrite de nombreux animaux avec plus de 2 300 espèces connues, dont plusieurs sont mondialement menacées. Le mont est prisé par les touristes en raison de la présence de singes en liberté. Il abrite la plus grande réserve naturelle de protection des singes en Chine avec plus de 600 individus, s’étendant de 800 m à 2 400 m d’altitude.
Emei est une destination parfaite pour voyager toute l’année. Les visiteurs peuvent notamment : profiter d’une source chaude naturelle, dont les eaux jaillissent d’une profondeur de 3 000 m, et se détendre dans les stations thermales et les hôtels situés à proximité du temple Baoguo au pied du mont. De plus, la station de ski, qui se trouve près du parking Leidongping, est ouverte au public de décembre à mars.
Des visiteurs attendent le lever du soleil dans la zone du mont Emei.
Richesse spirituelle
Le mont est l’un des quatre lieux sacrés du bouddhisme chinois, riche d’une histoire millénaire. Les traces archéologiques attestent d’une présence humaine remontant à près de 10 000 ans. Les temples, disséminés du pied au sommet, créent une atmosphère empreinte de sérénité et de dévotion.
Le temple Baoguo est le premier temple à Emei. Il est considéré comme la porte d’entrée de la zone panoramique et le point de départ pour les pèlerins et les visiteurs. Le temple Huazang, juché à 3 077 m d’altitude, est la destination incontournable d’Emei. En plus de ses halls, la statue dorée de Samantabhadra y est remarquable. Avec une hauteur de 48 m et un poids de 600 tonnes, elle représente une divinité à multiples têtes trônant sur quatre éléphants.
Le mont est aussi le berceau des arts martiaux Emei, l’une des trois principales branches du kung-fu chinois. Née pendant la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants (770-221 av. J.-C.), cette branche ancienne a atteint son apogée sous la dynastie Qing (1644-1911). Grâce à sa popularité sur les réseaux sociaux, elle attire de nombreux touristes venus s’initier à ses techniques ancestrales.
Une embarcation touristique dans la zone du Grand Bouddha de Leshan (Sichuan)
Statue colossale
À l’est du mont Emei, le Grand Bouddha de Leshan a été érigé en 713 sous la houlette d’un moine appelé Haitong, et sa réalisation a duré pendant 90 ans. Il a été taillé à même la falaise de la colline Lingyun
La statue domine le confluent des trois rivières : Minjiang, Qingyi et Dadu. Sa construction avait pour objectif initial de contrôler les inondations fréquentes et d’assurer la sécurité des habitants. Chef-d’œuvre de l’ingénierie ancienne, elle cristallise la sagesse des ancêtres et constitue aujourd’hui « un point de repère spirituel » fondamental pour la région.
Représentant Maitreya en posture assise, cette statue demeure la plus grande sculpture bouddhiste au monde. Sa tête atteint à elle seule les dimensions impressionnantes de 14,7 m de haut et 10 m de large. Des chignons finement ouvragés aux drapés de sa robe, chaque détail artistique révèle l’exceptionnel savoir-faire des artisans qui l’ont créée.
Creusée dans le grès rouge, une roche relativement tendre et vulnérable à l’érosion, la statue a néanmoins conservé sa majestueuse apparence grâce aux travaux d’entretien au fil du temps et a un système de drainage intégré durant sa construction. Les canaux d’évacuation d’eau, habilement dissimulés dans les chignons, les oreilles et d’autres parties de la statue, ont permis de limiter les dégâts causés par les intempéries.
Les touristes ont deux choix pour voir le Grand Bouddha. L’un consiste à monter les escaliers, étroits et abrupts, pour une observation rapprochée et une découverte de plus de 90 niches abritant des statues de pierre, qui ornent les parois avoisinantes. L’autre option est une croisière fluviale d’une demi-heure. Le bateau s’arrête pendant plusieurs minutes devant la statue, offrant aux visiteurs une meilleure vue pour qu’ils s’immergent dans l’atmosphère solennelle qui émane du colosse.
