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Immortaliser l'histoire

2024-03-20 15:32:00 Source:La Chine au présent Auteur:Wang Ruying, membre de la rédaction
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Kosima Weber devant la pagode blanche du temple Miaoying (photo fornie par Kosima Weber)

L’Axe central de Beijing, qui s’étend des Tours de la Cloche et du Tambour jusqu’à la porte Yongding, traverse la ville du nord au sud sur une distance de 7,8 km. Il est souvent vu comme le lien entre le passé et le présent de la ville.

Amour pour l’Axe central de Beijing

Non loin de la Tour du Tambour, une dame étrangère aux cheveux gris est souvent aperçue, appareil photo à la main, immortalisant les diverses scènes de vie qui se déroulent autour du bâtiment. Son nom est Kosima Weber, elle est originaire d’Allemagne et vit en Chine depuis plus de 40 ans. À son arrivée à Beijing, elle aimait se déplacer à vélo et son premier arrêt fut la Tour du Tambour. Elle se souvient encore de la foule de touristes qui s’y pressaient et de l’un d’eux qui lui avait suggéré d’assister à un spectacle de l’opéra de Pékin dans la tour. Dans la soirée, elle fut fascinée par le jeu et les chants des acteurs. Mais ce qui la surprit encore plus, c’était l’animation du public. Entre l’architecture ancienne, le théâtre passionnant et le contact humain chaleureux, « c’est là que mon amour pour l’histoire chinoise et l’Axe central de Beijing a commencé », sourit-elle.

De nombreuses villes ont leur propre axe central : les Champs-Élysées à Paris, Unter den Linden à Berlin ou le National Mall à Washington. L’axe central, considéré comme le cœur d’une ville, reflète sa singularité et son identité. Selon Mme Weber, l’Axe central de Beijing, d’une valeur culturelle inestimable, est un ensemble de bâtiments et de ruines qui a guidé la planification de la vieille ville de Beijing. Il comprend d’anciens palais, des bâtiments cérémoniels et d’anciennes infrastructures de gestion urbaine, formant un complexe harmonieusement agencé.

Pour mieux découvrir la ville, la photographe a parcouru à plusieurs reprises l’axe central. Durant ses premières années à Beijing, elle aimait se rendre à vélo sur la place Tian’anmen, où elle retrouvait ses amis pour se rafraîchir et attendre le coucher du soleil. Les adultes y discutaient tandis que les enfants jouaient et faisaient voler des cerfs-volants. Les rues commerçantes Dashilan et Wangfujing, près de la place, étaient toujours très fréquentées. Mais ce qui la fascinait le plus, c’était le pont Yinding sur le lac Houhai, avec sa longue histoire et sa vue pittoresque. Pour elle, c’était le plus bel endroit de Beijing, qui donnait un sentiment de chez-soi et de refuge.

Durant son temps libre, elle se promène toujours dans les hutong près du lac Houhai avec son appareil photo. Son objectif capture non seulement la beauté des bâtiments anciens, mais aussi la chaleur de la vie quotidienne : les hutong animés, les enfants jouant sur la place, les couples heureux prenant des photos devant le mur rouge... ses photos sont très évocatrices.

 

Spectacle près de la Tour de la Cloche à Beijing (Photo : Kosima Weber)

Témoin du développement chinois

En 1959, le père de Mme Weber, tromboniste de l’Orchestre philharmonique de Dresde en Allemagne, s’est rendu en Chine pour célébrer le 10e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Les photos qu’il a ramenées de son voyage ont permis à Mme Weber, alors enfant, de découvrir ce pays lointain.

En 1979, Mme Weber a eu l’opportunité de se rendre à Beijing pour un cours de langue. Elle en a profité pour voyager à travers la Chine et son amour pour ce pays a grandi. À son retour en Allemagne, elle a postulé pour un programme d’échange de deux ans auprès de l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD). À cette époque, la Chine venait de mettre en œuvre la politique de réforme et d’ouverture. Mme Weber a qualifié ce voyage de « véritable aventure ». Elle ne pouvait communiquer avec sa famille en Allemagne que par lettres ou appels passés depuis l’Hôtel de Beijing ou le central téléphonique, ce qui coûtait cher.

Bien que la Chine soit moins développée à l’époque, Mme Weber trouvait que « vivre dans la société chinoise était une expérience unique ». Elle voyait les choses du bon côté, appréciant le mode de vie durable, la réutilisation des objets du quotidien et le style vestimentaire sobre des Chinois.

Vivant en Chine depuis plus de 40 ans, Mme Weber a été témoin des progrès de la réforme et de l’ouverture. Au fil des quatre dernières décennies, elle a constamment exploré de nouvelles voies dans la vie, tandis que Beijing a connu des changements profonds. Selon elle, le niveau de modernité de Beijing est stupéfiant, non moins que son riche passé. Les gratte-ciel imposants, les infrastructures complètes et les activités artistiques omniprésentes offrent une nouvelle perspective sur cette ville ancienne mais dynamique.

 

Le Temple des ancêtres impériaux situé sur l’Axe central de Beijing

Préservation du patrimoine culturel

En 1951, Liang Sicheng, célèbre architecte chinois, a introduit l’idée de l’« Axe central de Beijing », l’axe central nord-sud le plus long et le plus grand du monde. Lors des Jeux olympiques d’été 2008, des feux d’artifice époustouflants en forme d’empreintes l’ont parcouru depuis la porte Yongding jusqu’au Nid d’oiseau (Stade national), émerveillant le monde entier. En 2011, le projet d’inscription de l’Axe central de Beijing au patrimoine mondial a été officiellement lancé. En 2022, la candidature a été déposée auprès de l’UNESCO et les résultats seront annoncés en 2024 lors de la 46e session du Comité du patrimoine mondial.

Mme Weber trouve encourageants le projet d’inscription et les mesures de protection. Elle espère que la préservation de l’axe central inspirera la protection d’autres zones historiques de Beijing dans le processus de modernisation. Elle souligne l’importance de protéger non seulement les architectures anciennes, mais aussi le réseau de hutong, les anciens cours d’eau et les lacs. Selon elle, plus une ville préserve ses caractéristiques, plus elle est dynamique. La protection de l’axe sensibilise les gens à l’importance de préserver l’histoire, le patrimoine culturel et les arts traditionnels.

L’Axe central de Beijing est riche en valeurs architecturales, historiques, culturelles et innovantes. Il est aménagé d’après le Registre des métiers (Kaogongji) selon lequel le paradigme idéal d’une capitale traditionnelle était « mianchao houshi » et « zuozu youshe », ce qui implique que la Cité interdite se situe au cœur de la ville, avec le temple ancestral sur la gauche, le temple des dieux sur la droite, les bureaux à l’avant et la place du marché à l’arrière. Toujours sur ce modèle, la vieille ville de Beijing, autour de cet axe, forme un carré, symbolisant son rôle de centre du pouvoir politique du pays. Sur le plan historique et culturel, l’axe central témoigne de l’inclusivité de la culture chinoise. Au fil des dynasties, l’histoire de l’axe central s’est construite sur la fusion de plusieurs ethnies, reflétant ainsi le développement d’une civilisation chinoise à la fois unifiée et diversifiée. En termes de développement innovant, l’axe central évolue avec le temps et la Chine continuera à le protéger afin qu’il conserve sa vitalité.

 

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