Accueil>Rendez-vous avec la Chine

Tianlong Tunpu : un village forteresse devenu joyau culturel

2022-07-13 15:37:00 Source:La Chine au présent  Auteur:XIAO YAO
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

 

Le village de Tianlong Tunpu

 

Dans la province du Guizhou (sud-ouest de la Chine), qui abrite de nombreuses minorités ethniques, se trouve un village ancien conservant encore la civilisation chinoise han de la région du Jiangnan (sud du fleuve Yangtsé) sous la dynastie des Ming (1368-1644) : Tianlong Tunpu.

Situé dans l’arrondissement de Pingba de la ville d’Anshun, ce village est entouré de deux chaînes de montagnes : Tiantai et Longyan. Sous la dynastie des Yuan (1271-1368), c’était un important relais de poste, appelé « poste Fanlong ». Sous la dynastie des Ming, l’empereur Zhu Yuanzhang (1328-1398) a envoyé des troupes militaires originaires du Jiangnan afin de réprimer les troubles dans le Guizhou. Ce village a été choisi pour l’établissement d’une garnison en raison de son emplacement stratégique. Plus tard, les soldats ont continué de s’y installer pour assurer la défense du pays et prévenir les invasions. Quand il n’y avait pas de danger, ils se consacraient aux travaux de la ferme, développant un mode de vie et une culture propre à ce village. Au début du XXe siècle, les érudits locaux ont changé leur nom en « Tianlong Tunpu ». « Tianlong » provient de l’association du nom des deux montagnes susmentionnées et « Tunpu » désigne la forteresse.

Des bâtiments uniques en pierre, des traditions riches et un charmant paysage rural… Ce « village fortifié » démontre pleinement l’intégration entre la culture des Han du Jiangnan et la culture des ethnies minoritaires du Guizhou à cette époque-là, ce qui lui a valu d’être répertorié parmi les célèbres villages historiques et culturels de la Chine.

Tout est en pierre

Tianlong Tunpu représente un monde de pierre : des bâtiments aux ruelles, tout est construit avec ce matériau ! Prévus pour un usage militaire, ces édifices servaient de résidences quand il n’y avait pas de conflits, incarnant la combinaison parfaite des deux fonctions. Les murs des bâtiments sont grands, épais et solides, avec des tours de guet dont la fenêtre permettait l’observation et la communication en cas de guerre. Toutes les constructions sont indépendantes mais communiquent par leur porte arrière. Les ruelles qui s’entrelacent relient le village comme une seule entité. En plus de la fonction de défense, les bâtiments présentent la culture du Jiangnan, notamment les artisanats architecturaux.

Le temple Wulong, construit sur le sommet du mont Tiantai à côté du village, est un modèle exceptionnel d’ouvrage en pierre. En plus d’être un endroit rare où le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme coexistent, il a été une forteresse militaire. Il se compose de 9 groupes de plus de 50 pièces, soit un complexe de bâtiments avec un aménagement soigné et une conception raffinée. Construit il y a 500 ans en utilisant des matériaux locaux, le temple est le complexe le mieux conservé des dynasties des Ming et des Qing (1644-1912) dans l’arrondissement de Pingba. Il a connu quelques rénovations à petite échelle pendant la dynastie des Qing pour atteindre sa taille actuelle. Ériger tant de salles au sommet du mont, un espace si réduit, est assez rare dans le Guizhou ; le temple Wulong est ainsi reconnu par les experts en architecture comme « une perle dans les montagnes profondes ».

 

La salle Yanwu

 

Un opéra local unique

On ne peut parler du tunpu sans évoquer l’opéra Dixi. Ce drame, prenant son origine dans un rituel militaire visant à exorciser les fantômes qui apportent des maladies, est l’une des activités les plus importantes de la communauté villageoise. On l’appelle « Dixi » (littéralement « opéra du sol ») parce qu’il est interprété directement sur le sol plutôt que sur une scène formelle. La population locale a fusionné les formes théâtrales du Jiangnan avec la culture locale en développant l’opéra Dixi. Elle le joue d’une part pour chasser les malheurs, d’autre part pour se distraire, ce qui lui a permis de garder une grande vitalité sur une longue période. En 2006, cet art a été inclus dans la première Liste du patrimoine culturel immatériel de Chine.

La caractéristique majeure de l’opéra Dixi est que, puisant dans l’histoire, il se penche principalement sur les vicissitudes des dynasties. Son répertoire est si varié que l’on peut voir des milliers de pièces différentes. Traditionnellement, il est joué deux fois par an : dans la première moitié du premier mois du calendrier traditionnel chinois pour fêter le Nouvel An et dans la première moitié du septième mois pour célébrer les bonnes récoltes. Apprécier une représentation de l’opéra Dixi au village est une expérience incontournable pour les touristes. Chaque performance est accompagnée d’un gong et d’un tambour, et les acteurs portent des masques en bois et des robes de guerre. Généralement, un acteur dirige le chant.

Le masque en bois, élément crucial de l’opéra, est une représentation exagérée de l’identité des personnages, à travers laquelle les spectateurs peuvent facilement saisir ses particularités. Non seulement le masque est le noyau de l’opéra Dixi, mais il est également une partie indispensable de l’art de la sculpture sur bois. Afin de transmettre et de promouvoir la culture du masque, la ville d’Anshun a organisé deux éditions de festivals des masques, durant lesquels des artistes chinois et étrangers ont été invités à coopérer pour fabriquer de masques. Des troupes de théâtre chinoises et étrangères ont aussi été conviées à donner des performances avec divers types de masques. Il s’agit de superbes échanges entre différentes cultures du masque réputées et venant du monde entier.

Dans le village, la salle Yanwu est le lieu principal de représentation pour l’opéra Dixi. Durant l’Antiquité, c’est là que les soldats pratiquaient leurs arts martiaux. Aujourd’hui, les touristes peuvent encore assister à des spectacles mettant en scène des combats.

Depuis les années 1980, cet opéra folklorique a été joué dans de nombreuses régions comme Beijing, Shanghai, Hong Kong et Taiwan. Il a également été en tournée dans des pays étrangers tels que la France, l’Espagne, la République de Corée, le Japon et Singapour. En raison de sa particularité, les chercheurs le considèrent comme un matériau vivant pour les recherches de l’anthropologie, de la religion, du folklore, de l’esthétique, de l’histoire et de la linguistique, et ils le qualifient de « fossile vivant du théâtre chinois ».

 

Représentation de l’opéra Dixi

 

De l’écotourisme

Outre le patrimoine culturel unique de la dynastie des Ming, Tianlong Tunpu possède de magnifiques paysages naturels. L’écotourisme est fort développé et constitue une « carte de visite » spéciale du Guizhou. En mars de chaque année, lorsque les pétales de colza s’épanouissent, les champs de fleurs dorés et les bâtiments traditionnels du village dessinent un paysage pittoresque.

Les touristes peuvent également y profiter d’une expérience de camping inoubliable. Le village vise la création d’un centre de loisirs et de services complets en se concentrant sur la construction de campings de différents types, comme des caravanes, des maisons en bois et des tentes de luxe octogonales. Grâce à l’environnement écologique du village, le modèle « tourisme + écologie » est mené à bien et les campings sont très populaires auprès des visiteurs.

À l’entrée du village se trouve une maison de thé ayant préservé le style Ming. Elle était auparavant un « poste de thé » mis en place pour que les troupes puissent se désaltérer et assurer leurs services. Dans l’établissement, on trouve des ustensiles de cuisine à l’ancienne, quelques tabourets carrés et des bols en terre cuite. Les touristes peuvent encore y déguster un verre de thé chaud et s’y reposer.  

*XIAO YAO est chroniqueur de voyage.
 
Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4