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Le charme de la culture naxi à Lijiang

2021-12-01 14:14:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHAO YANQING
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法语词典
La « ville de pierre » à Lijiang
 
La vieille ville de Lijiang, dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine) a été inscrite au patrimoine culturel mondial, et pour cause : elle abrite une architecture ancienne, une riche culture ethnique et un système traditionnel d’approvisionnement en eau unique. C’est également le berceau des Naxi, l’une des 56 ethnies de Chine.

 

Des techniques traditionnelles

 

Séduits par les abondantes ressources en eau dans le bassin de Lijiang, région au climat favorable et aux vastes étendues de terres arables, les ancêtres des Naxi s’installèrent en ce lieu et délaissèrent leur mode de vie nomade pour se lancer dans l’agriculture.

 

Les Naxi bâtirent alors des villages en s’appuyant sur une méthode ingénieuse pour y amener l’eau : ils façonnèrent des puits à trois ouvertures, lesquels devinrent plus tard un volet de la culture naxi. La vieille ville de Lijiang comprend trois anciennes cités : Dayan, Shuhe et Baisha. Ces puits à trois ouvertures si uniques sont un emblème incontournable de Shuhe. Il s’agit de points d’eau de source aménagés sur trois niveaux, chaque ouverture servant à une fin différente, en vue d’une utilisation rationnelle des ressources en eau. L’eau de la première ouverture, au niveau supérieur, arrive directement de la source et est donc déclarée potable ; le surplus qui se déverse dans la seconde ouverture est propre et destiné au nettoyage des légumes, des fruits et des ustensiles de cuisine ; tandis que l’eau qui tombe dans la troisième ouverture sert au linge. Enfin, les eaux usées sont canalisées vers les cultures pour l’irrigation. Ce système est le parfait exemple d’un procédé scientifique, hygiénique, pragmatique et commode inventé par les Naxi pour assurer le bon usage des ressources naturelles.

 

Le long de l’ancienne route du thé et des chevaux

 

La vieille cité de Shuhe est réputée comme étant le relais de poste le mieux conservé de l’ancienne route du thé et des chevaux dans le bassin de Lijiang. Ce célèbre village de cordonniers est situé à la croisée du Yunnan, du Sichuan et du Tibet. Jadis, le long de cette route antique, l’on pouvait trouver des produits fabriqués par des cordonniers, notamment des chaussures en cuir, des fourrures, de la ficelle en chanvre, ainsi que des objets en métal et en bambou. À partir de la dynastie des Tang (618-907), la panoplie de produits disponibles s’est diversifiée. Sous la dynastie des Ming (1368-1644), un chef dénommé Mu recruta un groupe d’artisans venant de la région au sud du fleuve Yangtsé. Par la suite, ces habiles artisans issus de « villes d’eau » s’installèrent à Shuhe et firent fortune sur les hauts plateaux du Yunnan. De nombreuses boutiques de maroquinerie de Shuhe ont laissé leur empreinte dans l’histoire.

 

La vieille ville de Lijiang, dont l’existence remonte à environ 800 ans, était autrefois un centre de commerce florissant. Avec le temps, le mode de vie des Naxi évolua et cette population d’éleveurs nomades se tourna vers l’agriculture ; la région, elle aussi, se transforma, passant d’une campagne rurale à un quartier urbain.

 

Le palais Mufu, ou manoir de la famille Mu, se trouve au plein cœur de Dayan. Les Naxi parlent toujours du seigneur Mu avec un profond respect et une grande fierté. Par le passé, ce palais était l’institution juridique la plus puissante de la vieille ville de Lijiang. C’était le siège du gouvernement local de la Chine féodale, conféré par le gouvernement central. Il reçut pour mission de maintenir la stabilité et la paix dans la région frontalière, ce qu’il fit pendant environ 400 ans. Le palais Mufu a fait l’objet d’une rénovation financée par la Banque mondiale. La première grande porte du palais Mufu était un passage obligé pour tous ceux qui empruntaient la route du thé et des chevaux sous les dynasties des Ming et des Qing (1644-1912). Sur la poutre en bois réhabilitée de l’arche enjambant la route sont inscrits quatre caractères chinois, désignant mot à mot le ciel, la pluie, le flux et le parfum. Employés ensemble, ils donnent une transcription phonétique chinoise d’une phrase en langue naxi qui signifie : « Partez et étudiez ». Cette maxime démontre l’importance que les Naxi accordent à la connaissance et à l’éducation. Le bâtiment Wanjuan du palais Mufu renferme d’ailleurs une vaste et précieuse collection de livres historiques, y compris les Écritures dongba et les Écritures bouddhistes tibétaines. Le plus haut bâtiment « Sanqing Hall » du complexe offre un panorama sur la vieille ville de Dayan et ce somptueux palais.

 

Comparée aux vieilles villes de Dayan et Shuhe, à l’atmosphère commerciale assez pesante, la vieille ville de Baisha vit à un rythme plus lent. Les boutiques sont plus éparses et les lieux les plus fréquentés sont les magasins où la population locale va faire ses courses.

 

Le vieux bourg de Baisha est le premier endroit où les Naxi élurent domicile à leur arrivée dans le bassin de Lijiang. Il s’agit du berceau de la culture naxi et du chef Mu. Avant les dynasties des Song (960-1279) et des Yuan (1271-1368), cette ville était le centre politique, économique et culturel de Lijiang.
 
Vue aérienne de la vieille ville de Dayan à Lijiang et des Monts enneigés du Dragon de Jade en arrière-plan

 

La culture dongba

 

La plupart des murs bordant les rues et ruelles du vieux bourg de Basha sont recouverts de caractères dongba. Cette écriture, plus vieille que l’écriture chinoise sur os d’oracle, a été reconnue comme étant la plus ancienne écriture complètement pictographique au monde encore usitée de nos jours. Il s’agit d’un « fossile vivant » témoignant des débuts de l’écriture et du développement humains.

 

En langue naxi, « dongba » signifie « sage ». L’écriture dongba, maîtrisée donc par les sages, tire son origine de classiques religieux et encyclopédiques des Dongba, appelés « Écritures dongba ». Ces écrits traitaient notamment de chansons, de danses, d’écritures, de littérature générale, d’histoire et de peinture. Ensemble, ils composent un système culturel à la fois très inclusif, profond et mystérieux, que les familles dongba complètent et se transmettent depuis de nombreuses générations. Les écritures étaient couchées sur du papier fabriqué à partir de plantes sauvages rares (du genre Wikstroemia, par exemple) et traitées à l’aide de techniques artisanales ancestrales. Parmi les divers papiers d’antan fabriqués à la main en Chine, le papier épais de l’ethnie dongba est le seul qui pouvait être écrit sur les deux faces. Et comme la Wikstroemia présente des propriétés microtoxiques reconnues en phytothérapie chinoise, ce papier résiste aux insectes comme les mites et possède une longue durée de vie. Selon un dicton naxi, ce papier perdurerait même mille ans.

 

Au début des années 1920, Joseph Rock, un Américain d’origine autrichienne, mena en Chine des recherches sur la culture dongba pendant deux décennies. Il publia un dictionnaire encyclopédique naxi-anglais qui contribua vivement à la préservation de la culture dongba. Il rassembla environ 8 000 manuscrits d’écrits classiques et les prit avec lui à son départ de Chine. Ces manuscrits trouvèrent ensuite place dans les collections de grandes bibliothèques d’Europe et des Amériques.

 

L’une des caractéristiques des habits traditionnels portés par les femmes naxi est un châle en peau de mouton orné de sept ronds de tissu brodé, qui font ressortir le châle. Son origine est inspirée de l’histoire des « neuf frères qui ont ouvert le ciel et des sept sœurs qui ont ouvert la terre », consignée dans la genèse des écritures dongba. On dit que les ancêtres naxi vénéraient un nombre impair de totems, qui incarnaient leurs diverses aspirations de descendance et de bonne fortune. Ces décorations représentaient également la Grande Ourse, qui « porte la lune et les étoiles » selon les paroles des habitants. Il s’agit d’un symbole représentant l’esprit laborieux des femmes naxi, qui partent tôt et rentrent tard, en compagnie des astres. Les femmes naxi contribuent beaucoup plus que les hommes, aussi bien dans la vie quotidienne que dans les champs. Elles s’occupent en plus des corvées ménagères. Les hommes naxi, eux, passent la plupart de leur temps à la maison à faire de la musique, à jouer aux échecs, à lire et à peindre, en fumant et en sirotant du vin ou du thé.
 

 

Une « ville de pierre » unique au creux des montagnes

 

Même si la plupart des Naxi vivent dans les plaines, certains anciens résident encore au plus profond des montagnes.

 

Nichée dans le district autonome naxi de Yulong, à Lijiang, la « ville de pierre » de Baoshan est un village peuplé par l’ethnie naxi. Aujourd’hui, il s’agit d’un site clé du patrimoine culturel protégé d’échelon national.

 

Le site a été établi sur un rocher en forme de champignon, cerné de montagnes sur trois côtés et d’une rivière de l’autre. L’énorme rocher qui supporte cette « ville de pierre », haut à l’ouest et bas à l’est, donne directement sur la rivière Jinsha. Les habitations ici sont légèrement inclinées et disposées en quinconce vers la vallée. En ce lieu, la population locale a gardé le mode de vie traditionnel d’il y a 900 ans.

 

Cent huit familles ont construit leurs logis dans la pierre, avec des maisons, des ruelles et des escaliers soigneusement aménagés, sont mi-naturels, mi-artificiels. Les demeures épousent la forme géologique du massif. La roche a été taillée pour aménager des tables et tabourets dans l’espace public. Quant aux maisons, elles sont faites de pierres spécialement ciselées pour la cuisine et le poêle. Une source extérieure arrive directement dans le réservoir d’eau sur le poêle, tandis que les eaux usées sont évacuées au moyen de fossés creusés sous ce réservoir. Les lits sont aussi taillés dans des blocs rocheux, avec au milieu un petit foyer permettant de faire bouillir de l’eau potable. Toutes les nécessités quotidiennes de la vie urbaine, y compris les matériaux de construction lourds, sont transportées à dos d’âne, de cheval ou d’homme.

 

Deux portes principales, une à l’arrière et une à l’avant, permettent d’accéder au village, enserré par des falaises sur trois côtés et un mur sur l’autre. L’entrée arrière du village mène directement à la rivière Jinsha, bordée de champs en terrasse sur ses deux rives. Les montagnes au loin sont recouvertes d’un tapis de verdure qui se confond avec les roches bleues. Toutes les pentes qui s’étendent à perte de vue sont cultivées en terrasses si possible, grâce à un système d’irrigation conçu exclusivement par les Naxi, combinant arrivées d’eau et buses. Cette méthode d’arrosage scientifique est utilisée depuis bientôt un millénaire et témoigne de la sagesse des Naxi.

 

La plupart des jeunes quittent le village en quête de travail dans des villes lointaines, laissant derrière eux des retraités et des dizaines d’actifs qui gèrent des auberges locales ou prennent soin des personnes âgées. Ceux ayant migré dans les villes ne reviennent en général que pour la fête du Printemps et une fête régionale appelée « fête de la découpe de porcs ».

 

Au-delà de la « ville de pierre » de Baoshan, avec son école primaire subventionnée par l’État et sa clinique traitant les affections bénignes, de nombreux petits hameaux sont éparpillés sur les pentes montagneuses, recouvertes de champs en terrasses. Ces hameaux isolés sont l’héritage de la vie nomade et autonome des anciens Naxi installés à Lijiang, au cœur des montagnes, en dépit des difficultés rencontrées.

 

*ZHAO YANQING est chroniqueur.

 

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