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Monastère de Labrang et art du thangka

2021-06-03 10:56:00 Source:La Chine au présent Auteur:AH REN
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法语词典

Les nuages et le soleil se reflètent comme sur un miroir sur les eaux d’azur du lac Donggi Cona.

 

Dans la banlieue ouest du bourg de Labrang, chef-lieu du district de Xiahe, situé dans le département autonome tibétain de Gannan (province du Gansu), au pied de la montagne Fengling, se trouve l’extraordinaire monastère de Labrang. Établissement d’enseignement supérieur de renommée internationale pour le bouddhisme tibétain, il est l’un des six principaux monastères de l’école Gelug du bouddhisme tibétain.

 

Dans la province du Qinghai, la rivière Rongwo, qui traverse la partie sud de la province, renouvelle et nourrit une région mystique appelée « Regong » dans la langue tibétaine. Cette région artistiquement fertile, bien connue pour son art du thangka, est également le berceau de belles cultures ethniques. L’ambiance vibrante du Regong peut être ressentie dans l’agencement et l’ornementation des temples resplendissants, des salles d’étude contenant une multitude de livres spirituels, des ateliers d’art du thangka bien éclairés et de l’amour à profusion de la population locale pour la culture ethnique.

 

Le monastère de Labrang

 

« Labrang » signifie « demeure du maître Bouddha vivant ». Le monastère a été construit en 1709, soit la 48e année du règne de l’empereur Kangxi (1662-1722) de la dynastie des Qing (1644-1911). Plus qu’un simple temple, c’est un complexe de bâtiments égalé seulement par le palais du Potala de Lhasa. Au total, il dénombre plus de 90 bâtiments avec près de 10 000 chambres, il inclut six collèges, 16 salles de Bouddha, 18 nangchen (lieux de vie des bouddhas vivants), des quartiers de vie pour les moines, des centres d’enseignement du sûtra bouddhiste, une imprimerie de sûtras, des pagodes et plus de 24 000 statues de Bouddha. À son apogée, plus de 4 000 moines y résidaient, et il était le centre politique, religieux et culturel de la région bordant les provinces du Gansu, du Qinghai et du Sichuan.

 

Le plus long couloir de moulins à prières du monde s’y trouve, avec plus de 2 000 moulins à prières qui s’étendent sur 3,5 km, faisant le tour du monastère. Pour terminer un tour complet de rotation de chaque moulin à prières, il faut au moins une heure. Les moulins à prières d’ici sont différents de ceux en métal que l’on peut voir ailleurs : ils sont en bois et peints de couleurs vives. Battus par les intempéries, ils s’accordent avec les visages sincères des croyants dévoués qui les font tourner.
 

 

Lorsque nous entrons dans le temple, un moine nous emmène visiter les salles de Bouddha et les collèges. Notre guide, qui, comme tous les moines ici s’appelle « Akar », nous donne une introduction détaillée à l’histoire, à la culture et au but de chaque salle de Labrang.

 

Le monastère de Labrang est également un établissement d’enseignement supérieur du bouddhisme tibétain dans la région du nord-ouest de la Chine. Il est composé de six collèges. Selon Akar, n’importe qui peut postuler pour étudier au monastère, sans prérequis. Tant que la famille de l’étudiant approuve sa décision, celui-ci est le bienvenu. Après 15 années d’études, il peut être diplômé, après avoir passé un examen final qui consiste en différents types de débats sur l’interprétation du sûtra.

 

Le Mejung Tosam Ling se situe au centre du monastère, il est le premier et le plus grand des six collèges pour l’étude du sûtra et le débat. L’empereur Qianlong (1736-1795) de la dynastie des Qing l’a nommé « temple Huijue ». Le style architectural de ce bâtiment est une fusion entre l’ancienne architecture impériale et l’architecture traditionnelle tibétaine. Son toit est recouvert de diverses décorations telles que des tuiles raffinées en acier doré, des chèvres en bronze, des roues du Dharma, des bannières et des vases précieux. La salle principale, large de 100 m et profonde de 75 m, est soutenue par 117 piliers et peut accueillir 3 000 personnes. Dépourvue de fenêtres, elle est éclairée de centaines de lampes à beurre. Chaque pilier est recouvert d’ornementations et des images de Bouddha minutieusement brodées sont suspendues entre les piliers. De grandes fresques, bordant les deux côtés de la salle principale, représentent des protecteurs du Dharma et comportent 500 peintures de Bouddha. Dans la salle principale des chants du sûtra sont placées des statues consacrées de l’empereur Taizong (626-649) de la dynastie des Tang (618-907), de Songtsen Gampo (617-650), fondateur du royaume des Tubo, et du 1er Jamyang Zhaypa (1648-1721), fondateur du monastère. Au sommet de cette salle se trouve une salle d’exposition présentant diverses reliques culturelles magnifiques et inestimables.

 

Le temple Shouxi est le plus grand lieu de prière de Labrang, avec ses cinq étages et sa hauteur de 20 m. Le sommet du temple possède des avant-toits en surplomb à ses quatre coins et est décoré d’ornements qui incluent des cylindres dorés raffinés avec des lions, des dragons, des vases précieux, des roues du Dharma, etc. La statue dorée de Bouddha à l’intérieur du temple, haute de 10 m, a été conçue par un artisan népalais. Le Gangyur, enseignements du Bouddha, écrit avec une encre unique dorée et argentée, sont un autre trésor du temple Shouxi.

 

Dans le dépôt, des sûtras et des textes bouddhistes sont placés sur de longues rangées d’étagères qui atteignent le plafond. Les livres classiques sont enveloppés de tissu satiné, notamment le Tripitaka, long de plus de 200 volumes. Ce dépôt rassemble plus de 65 000 volumes et 7 000 autres blocs de bois gravés. La grande diversité des écrits tibétains est l’une des caractéristiques majeures de Labrang, et elle a eu une influence significative sur les lamaseries dans toute la Chine.
 
Des mouettes s’ébattent sur le lac Donggi Cona.

 

Les paysages éblouissants du lac Donggi Cona

 

Après une journée bien remplie à visiter les temples, nous rejoignons dans la soirée le siège du gouvernement du district de Darlag, dans le département autonome tibétain de Golog (province du Qinghai). Nous sommes accueillis par les mélodies joyeuses de la place Zhumu, où les habitants se rassemblent souvent pour profiter des activités du soir, notamment la danse. Une autre activité agréable est de regarder le coucher de soleil sur les zones humides depuis la colline de l’aire panoramique de Gesar Linka, derrière la place. Nous roulons sur la petite route menant au sommet de la colline, malheureusement, les nuages sont si épais que nous ne pouvons profiter du coucher de soleil. Le système de distribution d’eau en forme de maillage qui est généralement visible est presque impossible à voir en raison des pluies récentes qui ont fait déborder l’eau dans les champs. Néanmoins, de la colline, nous apprécions une vue panoramique de tout le chef-lieu du district de Darlag.

 

Le lac Donggi Cona est situé dans le bassin du district de Madoi, au nord-ouest de Golog, à une altitude de 4 082 m. Sa superficie est de 232,2 km2 et sa profondeur maximale de 48 m. Ce lac d’eau salée intérieur est similaire au lac Qinghai, mais pas aussi grand. Sa surface semble toujours scintiller. Le lac est entouré de chaînes de montagnes d’un côté et de prairies plates de l’autre. La vue du lac depuis les hauteurs est incroyable, il ne fait d’ailleurs aucun doute que les oiseaux ont la meilleure vue ! C’est certainement pour admirer cette beauté qu’une espèce indigène de mouette a choisi de vivre près du lac.
 
Un artiste se concentre sur les détails de son thangka.

 

L’art sacré du thangka du Regong

 

Poursuivant notre route, nous tombons sur un restaurant tibétain appelé « Manoir Muthak », dans une ruelle ordinaire du district de Tongren, dans le département autonome tibétain de Huangnan, dans le Qinghai. Alors que nous admirons la rivière Rongwo depuis la terrasse d’observation du restaurant, nous comprenons qu’elle a noué une relation intime avec l’« art du Regong ». Cette rivière peu connue, traversant les vallées montagneuses reculées du sud du Qinghai, rafraîchit et nourrit cette terre magique appelée « Regong ». La rivière est l’un des affluents du fleuve Jaune et prend sa source dans les montagnes Ruoqia, dans le district de Zêkog, à Huangnan. Elle coule du sud au nord à près de 4 000 m d’altitude. Lorsqu’elle passe par les marécages des prairies de Zêkog et les forêts primitives de Meshok, elle abreuve la végétation et les forêts locales. Ensuite, traversant le district de Tongren, elle descend à une altitude d’environ 2 000 m. Après s’être jetée dans le fleuve Jaune, elle suit ce dernier, quittant le Qinghai et entrant dans le Gansu, avant de retourner dans le Qinghai pour former un grand coude. Le fleuve continue vers le nord et divise la profonde gorge de Rongwo en deux parties. Les zones qu’il traverse comprennent Zêkog et Tongren, deux districts sous la juridiction de Huangnan. Les Tibétains locaux appellent cette zone la « région du Regong ».

 

L’art du Regong qui est né ici constitue une partie importante de l’art bouddhiste tibétain chinois et un genre dont l’empreinte est vaste. Cette région regorge d’artistes engagés dans la création de peintures et de sculptures issues du folklore bouddhiste local et qui possèdent de très fines compétences picturales, ce qui n’est pas aussi courant dans les autres régions tibétaines. En raison de son unicité, cette région est connue comme le « berceau des peintres tibétains ». La peinture du thangka est devenue la principale source de revenus des habitants.

 

Nous marchons le long de la rivière Rongwo pour atteindre le monastère de Senggeshong Mago. Lorsque celui-ci a été construit pour la première fois, il appartenait à un petit temple de l’école Nyingma du bouddhisme tibétain. Plus tard, il a été appelé « Magong Niangwa », ce qui signifie « ancien temple de la mère ». Au milieu du XVIIe siècle, un temple nommé « monastère de Toumao » a été érigé et vénéré par la population locale. Le site du temple a été frappé par un glissement de terrain, ce qui a amené la fusion entre Toumao et Magong Niangwa. L’héritier de cette fusion a été appelé « monastère de Senggeshong Mago ». Le couloir des moulins à prières et les pagodes du temple sont peints de motifs d’une grande finesse. L’ensemble présente une superbe combinaison de couleurs et est magnifiquement décoré.

 

Nous pénétrons un village voisin, dans lequel la porte d’entrée de chaque habitation est parée d’œuvres d’art. Alors que nous nous approchons d’une maison tibétaine, nous remarquons trois peintres travaillant sur des thangkas raffinés aux couleurs vives. Nous apprenons qu’il faut trois mois à deux personnes pour terminer un thangka de base, une incroyable œuvre d’art.

 

Peindre un thangka traditionnel impose le respect rigoureux d’exigences et de procédures compliquées : celui-ci doit être exécuté en stricte conformité avec les rituels écrits des textes sacrés bouddhistes et les règles des maîtres expérimentés, ce qui inclut une série de procédures telles que les rituels de pré-peinture, la fabrication de la toile, le brouillon de la composition, la confection des couleurs et des colorants, les contours et les dessins, les incrustations d’or et d’argent et la confection des coutures. Peindre un thangka peut prendre de six mois à dix ans.

 

Traditionnellement, les pigments utilisés pour l’art du thangka sont issus de précieux minéraux tels que l’or, l’argent, les perles, l’agate, le corail, la turquoise, la malachite et le cinabre, ainsi que de plantes telles que le safran, la rhubarbe et l’indigotier, reflétant ainsi la sacralité de l’art. Le recours à des matières premières garantit que les couleurs des thangkas resteront brillantes et fraîches même après des centaines d’années.

 

*AH REN est chroniqueur. 

 

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