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Le mobilier classique chinois : entre esthétisme et fonctionnalité

2019-04-03 14:33:00 Source:La Chine au présent Auteur:
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法语词典
La technique à tenon et mortaise est l’une des spécificités du mobilier chinois classique.
 
 
La Chine a près de 5 000 ans d’histoire. L’histoire du mobilier chinois est plus ancienne que celle de l’écriture et trouve ses origines dans la culture de Hemudu, il y a plus de 7 000 ans. Il a connu son âge d’or sous les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911).

 

Durant cette période faste, la plupart des meubles étaient fabriqués artisanalement, avec du bois de padouck, du bois de rose ou d’autres bois durs de qualité supérieure.

 

Des techniques de fabrication sophistiquées ont permis de faire perdurer leur charme artistique et aujourd’hui encore, leur style simple et élégant, leurs sculptures gracieuses, leur structure précise et raffinée à tenon et mortaise et leurs lignes harmonieuses continuent de séduire un large public.

 

Le travail manuel du bois

 

Dans la Chine ancienne, la hiérarchie était rigoureusement observée et chacun savait quelle était sa place. La vie quotidienne des gens, leur propos et leurs comportements, de même que diverses coutumes et cultures étaient vivement marqués par leur rang au sein du système féodal. Le mobilier chinois, élément essentiel de la vie quotidienne, a été profondément influencé par le système féodal, mais il est également le reflet de la vie quotidienne et des caractéristiques culturelles de cette époque.
 
Les meubles typiques des dynasties des Ming et des Qing étaient fabriqués avec des bois durs comme le bois de rose ou le padouck qui sont connus pour leur solidité, leur résistance à la corrosion et leurs textures particulières. Ils font de très beaux meubles capables de résister au temps. Ces matières premières étant aujourd’hui rares et coûteuses, on utilise plutôt du bois de pin, d’orme ou de hêtre, mais leur qualité n’est pas la même.

 

Le mobilier chinois classique est généralement fabriqué à la main. Aujourd’hui, grâce au développement de la technologie et à l’apparition des outils électriques, certains procédés de fabrication peuvent être réalisés par des machines. Cependant, celles-ci ne peuvent pas remplacer complètement le travail manuel. Par exemple, pour obtenir une surface parfaitement lisse au toucher, il est nécessaire que le bois poli à la machine soit ensuite gratté manuellement à l’aide d’un couteau large et aiguisé et que la texture obtenue soit régulièrement contrôlée au toucher. Pour ce qui est du travail de sculpture des meubles, il ne peut être réalisé que manuellement. Certes, les lignes sculptées à la machine sont parfaitement nettes mais elles sont rigides et manquent de vie ; seul un travail manuel permet d’obtenir des sculptures raffinées et créatives aux lignes souples et dynamiques.

 

L’aspect le plus remarquable des meubles classiques chinois tient dans leur structure à tenon et mortaise. Dans la Chine ancienne, l’art d’assembler des morceaux de bois sans employer d’autres matériaux faisait partie du savoir-faire traditionnel du menuisier. La structure à tenon et mortaise est un raccordement concave-convexe entre deux composants : la partie en saillie s’appelle le « tenon », et la partie en creux, la « mortaise ». Lorsqu’on les assemble, elles s’adaptent parfaitement l’une à l’autre. Cette technique repose entièrement sur l’adéquation entre le tenon et la mortaise et ne nécessite pas de clous et rarement de la colle.

 

Ce savoir-faire représente la quintessence de l’ingéniosité des artisans chinois et incarne pleinement la créativité et le talent artistique de l’humanité. Il a été mis à jour dans les constructions en bois sur pilotis des ancêtres de la culture de Hemudu qui ont vécu il y a plus de 7000 ans. La structure à tenon et mortaise s’est largement développée pendant la période des Printemps et Automnes (770-476 av. J.-C.) et des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), a atteint son plus haut degré de perfection sous les Song (960-1279), et a connu son âge d’or sous les Ming et les Qing. Son plus grand avantage est d’éviter au bois les dommages habituellement causés par les clous, et elle est particulièrement stable. Pour un charpentier, c’est une compétence de base. Compte tenu de la complexité de la structure des meubles en bois durs, cette technologie exige un travail extrêmement précis et compact qui ne peut s’appuyer que sur des calculs précis et des plans réalisés à la main. La maîtrise de cette technique nécessite de nombreuses années de pratique.

 

L’artisanat du mobilier chinois est également intimement lié aux anciennes philosophies chinoises. Par exemple, le taoïsme met l’accent sur l’équilibre entre le yin et le yang, or, dans la structure à tenon et mortaise, le tenon est le yang et la mortaise le yin, et les deux s’imbriquent et sont parfaitement complémentaires. La structure ainsi obtenue, quelle que soit sa taille, ne requiert pas un clou ni une goutte de colle, et peut rester stable pendant des siècles sans être affectée par les changements de température et de climat. On trouve également des éléments du confucianisme, un courant de pensée qui met l’accent sur la douceur et la modération, dans les meubles traditionnels chinois. Quel que soit leur style, les meubles chinois sont généralement symétriques. La forme, le type de meuble et les matériaux utilisés sont identiques ou similaires. Il s’en dégage un sentiment d’unité, d’harmonie et de rigueur qui évoque l’équilibre et la stabilité.
 
Un lit à baldaquin de style Ming
 
 
Le style Ming, entre simplicité et délicatesse
 
C’est sous les dynasties des Ming et des Qing que la fabrication de mobilier chinois a connu sa période la plus faste. Par conséquent, on classe les meubles traditionnels chinois selon deux styles : le style Ming et le style Qing. Ils se différencient principalement par leurs formes et les techniques utilisées par les artisans.

 

La province du Jiangsu, en particulier la région autour de Suzhou, est connue pour avoir développé les techniques de fabrication des meubles de style Ming. Les meubles fabriqués à Suzhou sont donc considérés comme représentatifs du style Ming. On parle parfois de « meubles du style de Suzhou ».

 

La dynastie des Ming a constitué un âge d’or pour le développement du mobilier classique chinois. Aucune époque n’a réussi à produire des meubles qui rivalisent avec les formes parfaites et l’élégance de ces meubles. Leur structure est une structure à petit raccordement. Leur dessin souligne la rationalité et la diversité de leurs fonctionnalités qui sont nécessaires pour répondre aux caractéristiques physiologiques des êtres humains. Le style Ming est riche et élégant et réalise la synthèse des aspects pratique et artistique. Le bois le plus utilisé était le bois de rose, mais il a ensuite était remplacé par le padouck à la fin de la dynastie des Ming et au début de celle des Qing en raison de sa raréfaction. Le mobilier de style Ming est constitué principalement de tables, de chaises et de cabinets. Les meubles ne portent pas d’incrustations ou de ciselures et présentent très peu de décorations sculptées.

 

Les créateurs des meubles de style Ming étaient pour la plupart des érudits raffinés. Fruits d’un travail du bois remarquable, les meubles sont chargés d’une ambiance culturelle. Les concepteurs n’hésitaient pas à enrichir le design avec leurs propres idées créatives. Les pièces ainsi créées se caractérisaient par leur élégance, leur noblesse et leur simplicité. Leur structure soulignait la cohérence entre fonctionnalité et esthétisme, en accord avec les valeurs de la culture chinoise. À première vue, cela semble insignifiant, mais si l’on y prête plus attention, on perçoit le charme unique de ce travail dont chaque détail mérite d’être apprécié.

 

L’élément le plus caractéristique du style Ming est le travail sur les lignes. Des lignes épurées forment le corps du meuble en assurant sa structure et sa fonctionnalité. La particularité tient dans l’association de différents types de lignes. En effet, si toutes les lignes étaient droites, le meuble semblerait terne et rigide ; et si toutes les lignes étaient courbes, il ne semblerait pas assez solide. Le mobilier de style Ming combine donc harmonieusement les lignes courbes et les lignes droites, synthétisant ainsi le changement et l’unité. Visuellement, cela donne l’impression d’une élégance naturelle et d’un design simple qui s’accordent parfaitement avec la tendance actuelle au minimalisme.

 

Le style repose pleinement sur le charme du dessin au trait, et le travail des lignes est particulièrement visible sur les contours des différentes parties. Par exemple, le dossier d’une chaise adopte la plupart du temps un dessin en forme de S qui épouse la courbe naturelle du corps humain. Cette courbe en S a une véritable valeur scientifique. En général, les lignes constituent l’ossature des meubles de style Ming. Douces et harmonieuses, elles rappellent les proportions du squelette humain. La beauté est éternelle si elle s’appuie sur une base solide qui laisse place au mouvement.

 

En 2006, les techniques de fabrication des meubles de style Ming ont été inscrites dans le premier lot de la liste nationale du patrimoine culturel immatériel.
 
Le mobilier de style Guangzhou est particulièrement travaillé.

 

Le style de Guangzhou, un mobilier richement décoré
 
Au milieu de la dynastie des Qing, alors que le régime se consolidait, la culture s’est clairement imprégnée des modes des peuples Mandchou et Han. L’art du mobilier a continué de se développer, s’appuyant sur les réalisations somptueuses de la dynastie des Ming. D’abord, il a cherché à innover afin de s’adapter aux goûts de la classe dirigeante ; ensuite, il a été influencé par l’arrivée en Chine de nombreux missionnaires occidentaux qui ont contribué à renforcer les échanges entre les cultures orientales et occidentales. De nombreux éléments occidentaux ont ainsi été intégrés au mobilier classique chinois. L’artisanat du mobilier s’est donc largement enrichi, intégrant de nouvelles formes et de nouvelles fonctions.

 

En raison de sa situation géographique particulière, la ville de Guangzhou, dans la province du Guangdong, est devenue un important lieu d’échanges culturels et commerciaux entre la Chine et le monde. Certaines institutions commerciales locales se sont mises à construire des bâtiments qui imitaient les styles architecturaux occidentaux, ce qui a créé une « fièvre occidentale » sans précédent. Le mobilier conçu pour ces bâtiments a donc progressivement évolué vers un nouveau style qui est devenu très populaire. En conséquence, le mobilier de style de Guangzhou, caractérisé par un corps de meuble grand et massif et des sculptures sophistiquées, est devenu très populaire. Les artisans ont misé sur des décorations sculpturales élaborées. Les meubles, présentant de grandes surfaces sculptées, étaient également incrustés de différents matériaux tels que le jade, le marbre, la céramique et de bijoux, notamment en marbre ou en coquillages.

 

Située dans le sud de la Chine, la ville de Guangzhou disposait d’importantes ressources en bois et devint un haut lieu de fabrication de meubles traditionnels de luxe de la fin de la dynastie des Ming au début de la dynastie des Qing. Avec le développement du port de commerce et l’afflux de la culture occidentale, les styles baroques et rococo se sont développés en intégrant le design traditionnel et l’art et l’artisanat de la région de Lingnan. La production de meubles a progressivement évolué du style Ming, caractérisé par sa légèreté et sa simplicité, à un style luxueux et splendide. La fusion entre la flamboyante culture de Lingnan et le style artistique occidental sans retenue a donné naissance à un style de meuble unique caractéristique de la ville de Guangzhou. Ce nouveau type de mobilier, en raison de la haute qualité des matériaux utilisés, de techniques de fabrication exceptionnelles et de leur style somptueux, était fortement apprécié de la noblesse. Il a rapidement prospéré entre le milieu et la fin de la dynastie des Qing et est considéré comme l’un des styles représentatifs du mobilier des Qing.

 

La plupart du temps, les meubles du style de Guangzhou étaient fabriqués avec des bois durs précieux. Ils se caractérisaient par leur volume et leur modelage ; ils sont richement décorés et réunissent toutes les techniques pouvant produire un effet esthétique. Par exemple, les principales parties du meuble, telles que les pieds ou les pattes, quelle que soit l’importance de la courbure, ne sont pas assemblées à l’aide d’une méthode de raccordement mais sont faites d’un seul bois. Un seul et même type de bois est utilisé pour l’ensemble du meuble. En outre, une grande attention est accordée à la décoration. Hormis l’arrière des meubles et les plateaux des tables et des tabourets, toutes les autres parties sont sculptées de motifs sophistiqués. Bien que les meubles soient sculptés et polis à la main, ils sont parfaitement lustrés et leur surface sculptée apparaît brillante, sans le moindre signe de découpe. En ce qui concerne les motifs décoratifs et d’ornementation, ils présentent à l’évidence de nombreuses caractéristiques occidentales en raison de l’influence artistique et culturelle occidentale.

 

L’esprit de créativité qui intègre les influences étrangères à l’usage chinois et l’esprit d’innovation qui s’appuie sur le passé pour inventer le présent constituent les valeurs fondamentales de ce style. Des valeurs qui s’accordent parfaitement avec l’esprit pionnier et entreprenant de la culture de Lingnan.

 

En 2008, les techniques de fabrication de meubles en bois durs du style de Guangzhou ont été ajoutées à la liste nationale du patrimoine culturel immatériel.

 

Les meubles somptueux du style de Beijing
 
Le mobilier du style de Beijing fait principalement référence aux meubles qui ont été conçus à Beijing pour la cour royale et constitue l’une des trois grandes écoles de mobilier classique chinois. Le savoir-faire utilisé pour leur fabrication s’est développé au sein de la Cité impériale.

 

Le style de Beijing est apparu sous la dynastie des Qing. L’empereur avait l’habitude de collectionner des objets venant du monde entier pour son usage personnel. Il recruta des artisans qualifiés à Suzhou et à Guangzhou pour travailler dans l’Atelier impérial, une institution spécialisée dans la fabrication de produits royaux. Les aristocrates de la dynastie des Qing appréciaient les tendances esthétiques ouvertes d’esprit et distinguées. Pour répondre aux goûts des dirigeants et s’intégrer harmonieusement au cadre esthétique des palais impériaux et de la cour intérieure, le mobilier devait avoir un caractère pompeux. Grâce à des ressources financières, matérielles et humaines suffisantes, un nouveau style s’est développé : le style raffiné de Beijing, incarnant la grandeur, la solennité et l’élégance du tempérament aristocrate. Du style de Suzhou, il conserve les lignes gracieuses, du style de Guangzhou, il garde la magnificence. En outre, les lettrés ainsi que les empereurs participaient personnellement à leur conception, ce qui a permis de faire émerger progressivement un style distingué, élégant et somptueux qui témoigne du faste de la vie au palais.

 

Les meubles du style de Beijing sont également fabriqués avec du padouck, du bois de rose et d’autres bois durs précieux. Avant d’entamer la fabrication d’un meuble, l’Atelier impérial présentait un modèle à l’empereur qui donnait ou non son aval. Pour cette raison, le mobilier de Beijing se caractérise par son « style royal ». La période du milieu de la dynastie des Qing a été une période de prospérité, et les membres de la cour royale ainsi que les hauts fonctionnaires étaient en quête de luxe dans tous les aspects de leur vie. En ce sens, les meubles se caractérisaient par un style plus extravagant que celui des Ming, un choix de matériaux plus audacieux et un style sculptural plus régulier, plus riche et d’une beauté parfaite. La surface des meubles était ornée d’or, d’argent, de jade, d’émail, de cuivre, de porcelaine bleu et blanc ou d’autres éléments décoratifs, associant luxe et savoir-faire.

 

L’une des spécificités de ce style a été d’intégrer l’art du bronze des Shang (vers XVIe-XIe siècle av. J.-C.) et celui de la sculpture sur pierre des Han (206 av. J.-C.-220 ap.J.-C.) dans les décorations sculptées sur les meubles. C’est ce qui a fait le succès et la particularité du style de Beijing. Les dessins de dragons, de phénix et de tigres du style de Beijing diffèrent complètement des décorations que l’on trouve dans les styles de Suzhou et de Guangzhou. Le style de Beijing dégage un sentiment de sérénité et d’élégance qui évoque l’antiquité. Les meubles fabriqués sous les règnes de Yongzheng et de Qianlong (dynastie des Qing) sont aujourd’hui conservés au Palais impérial à Beijing et sont pour la plupart considérés comme des chefs-d’œuvre de l’Atelier impérial. Ils s’intègrent harmonieusement à l’architecture du palais, aux plafonds à caissons, aux ornements des fenêtres et s’accordent avec les magnifiques objets artisanaux du palais. Cependant, à force de rechercher le luxe et l’esthétisme, le mobilier a perdu en fonctionnalité et c’est là le plus grand défaut du style de Beijing. Le savoir-faire du style de Beijing a atteint son plus haut degré de perfection durant les règnes de Kangxi et de Qianlong de la dynastie des Qing, avant de connaître un déclin à partir de la fin de la dynastie. Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, grâce à d’importantes politiques de sauvegarde, de protection et de préservation adoptées par le gouvernement, les techniques de production du style de Beijing ont été restaurées et développées dans une certaine mesure. Aujourd’hui, ces techniques sont développées pour un usage pratique mais n’en sont pas moins héritières du charme et du caractère décoratif des meubles traditionnels du style de Beijing. De nos jours, le mobilier moderne du style de Beijing est devenu une valeur sûre.

 

En 2008, les techniques de fabrication des meubles en bois durs du style de Beijing ont été inscrites sur la liste nationale du patrimoine culturel immatériel.

 

 

Compilé par La Chine au présent

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