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Siheyuan, la maison traditionnelle chinoise à cour carrée

2019-01-31 15:37:00 Source:La Chine au présent Auteur:GUO ZHIDONG
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L’hôtel Fly by Knight Courtyard situé à Dengcao Hutong, Beijing

 

GUO ZHIDONG*

 

Il est un type d’architecture classique qui s’observe encore couramment dans toute la Chine, notamment à Beijing : la maison traditionnelle chinoise à cour carrée, appelée siheyuan en chinois. Jadis, les siheyuan étaient habités par des grandes familles, offrant aux habitants un espace de vie privé, clos sur l’extérieur. De par leur architecture et leur structure, les siheyuan reflètent des aspects propres à la culture traditionnelle chinoise, comme la hiérarchie sociale de l’époque et la théorie des cinq éléments (wuxing).

 

Le siheyuan est considéré comme la figure emblématique de l’habitat traditionnel chinois. Avec ses briques et tuiles, ses poutres et piliers, ce type de résidence incarne un idéal d’esthétique chinoise. Tous ses détails font d’ailleurs référence à la culture chinoise, si profonde et si ancienne. Il s’agit donc d’un patrimoine architectural et culturel précieux pour la Chine, voire pour le monde.

 

Le siheyuan se compose d’une cour carrée encadrée des quatre côtés par des bâtiments à la disposition symétrique par rapport à l’axe central. Doté d’une longue histoire, le siheyuan est un modèle typique de l’architecture de Beijing, représentatif de la culture traditionnelle et des coutumes folkloriques de la ville.

 

En 1272, Kubilay Khan, empereur fondateur de la dynastie des Yuan (1271-1368), déplaça la capitale à Dadu (aujourd’hui Beijing) et distribua des terres aux riches marchands et aux hauts fonctionnaires pour qu’ils y bâtissent des maisons. C’est ainsi que la construction à grande échelle de siheyuan a commencé dans la capitale. Les hutong (ruelles traditionnelles) et les siheyuan étaient sous cette dynastie les principaux spécimens qui composaient le paysage architectural de Beijing.

 

En apparence, le siheyuan est une forme de résidence très fermée. En général, les bâtiments font face au sud et la porte d’entrée du siheyuan se situe au coin sud-est. L’ensemble est cerné de hauts murs, garants de la sérénité dans la cour intérieure spacieuse. Un petit siheyuan ne possède qu’une seule cour principale, mais les grands peuvent compter trois ou quatre cours, voire plus. L’échelle dépend principalement de la richesse et du statut social du propriétaire.

 

Le 25 février 2008, les bâtiments sur l’axe central de Beijing : la Grande Horloge,

la place de Zhonggulou et les zones traditionnelles des hutongs.

 

Le siheyuan typique dénombre trois cours. En entrant, le premier élément que l’on voit est un mur écran, généralement fait de briques, qui empêche tout vis-à-vis. Certains ménages aisés ou à statut social élevé choisissaient de construire ce mur écran du côté extérieur de la porte d’entrée, soit le « mur écran extérieur ». La première rangée de pièces au sud, intitulée la « maison opposée » fait face à la « maison principale » au nord, de laquelle est séparée par un mur. L’espace fermé par la maison opposée et ce mur de séparation est appelé la « cour extérieure ». Ce mur était percé en son centre par une porte ornée de chapiteaux en forme de pétales (littéralement, « porte à fleurs pendantes »), qui servait de deuxième porte d’entrée, donnant accès à la résidence de la famille propriétaire.

 

À l’intérieur se trouve la deuxième cour, ouvrant sur des maisons latérales et la maison principale, reliées par des couloirs. Les maisons latérales, sur les côtés est et ouest, sont attenantes à la maison principale située au nord. Dans certains siheyuan, à chaque extrémité de la maison principale, se trouvent deux petits logis surnommés « maisons d’oreille », car elles ressemblent de par leur agencement à deux oreilles sur une tête. Quant à la cour au milieu, elle est désignée tout simplement la « cour centrale ».

 

La troisième cour, ou « cour arrière », est entourée par la maison principale et la rangée de pièces derrière celle-ci, que l’on nomme la « maison arrière ». Les cours sont spacieuses et les maisons, bien aménagées. Les chambres des quatre côtés sont indépendantes mais toutefois connectées par des couloirs, ce qui facilite la vie des résidents tout en maintenant une unité architecturale harmonieuse.

 

La maison principale, la plus lumineuse et la mieux aérée, est réservée au membre de la famille le plus âgé. Le fils aîné réside dans la maison latérale à l’est, tandis que le fils cadet demeure dans la maison latérale à l’ouest. Pour ce qui est des domestiques, ils sont logés dans la maison opposée. La maison arrière, plus cachée, sert généralement d’hébergement aux filles non mariées. Chaque membre de la famille bénéficie donc de son propre espace de vie privé. En conclusion, cette organisation des maisons manifeste certains concepts traditionnels chinois, comme le respect des plus âgés.

 

Construit en brique et en bois, le siheyuan pékinois affiche des formes élégantes et des ornements délicats, dont le ton dominant est le gris. Ses briques et tuiles grises et sa porte vermillon évoquent la sérénité et l’élégance d’après l’esthétique traditionnelle chinoise. Chaque détail est soigneusement conçu et ingénieusement assorti, faisant ressortir un style à la fois ancien et charmant.

 

En outre, de nombreux motifs symbolisant la richesse et le bonheur sont dissimulés partout dans le siheyuan, du bord de l’avant-toit à l’arête du toit, de la fenêtre en bois à la pile en pierre de porte. Les décorations, sculptées ou peintes, représentent des plantes, des animaux sauvages, des personnages ou des caractères de bon augure. Par exemple, la pivoine est un signe de richesse ; la chauve-souris est annonciatrice de bonheur en raison de la prononciation proche en chinois de ces deux mots. Toutes ces décorations allégoriques sont un moyen pour l’architecte et son propriétaire d’exprimer leurs aspirations à une meilleure vie, à la prospérité et à la longévité. Elles reflètent aussi leur philosophie de la vie et leurs vœux pour l’avenir.

 

Le 25 novembre 2018, le Musée national expose le modèle réduit

de siheyuan et ravive ainsi l’ancienne mémoire de Beijing.

 

L’architecture du siheyuan tient compte à la fois d’attributs fonctionnels et esthétiques, qu’elle allie harmonieusement. La dimension culturelle est aussi profondément ancrée dans sa structure. Le fengshui (géomancie) en est une très belle illustration. Certains Chinois croient au fengshui, estimant qu’il exerce une influence considérable sur leur fortune et leur santé. C’est la raison pour laquelle la construction d’un siheyuan (choix du site, de l’orientation ou des dimensions de chaque maison, par exemple) est planifiée en accord avec les théories du fengshui.

 

Citons quelques exemples. La porte d’entrée se situe généralement au sud-est. Dans le nord de la Chine, la maison est généralement construite au nord. Ce point cardinal étant associé à l’eau dans la théorie des cinq éléments, il convient de localiser sa construction au nord afin d’éviter les incendies. Par ailleurs, comme ses fenêtres et sa porte sont orientées au sud, la maison au nord reçoit plus de soleil et est donc plus confortable. En outre, la porte doit être disposée côté sud-est, et non au centre. Seuls les palais impériaux ou les monastères étaient autorisés à mettre la porte au centre. Mais le sud-est est propice à la bonne circulation de l’air, puisque cette direction est associée au vent. Cet agencement vise également à protéger la vie privée de la famille en lui réservant une cour volumineuse où elle peut notamment faire pousser des plantes ou élever des animaux domestiques, en profitant ainsi d’une vie sereine à l’abri des regards et du monde extérieur.

 

*GUO ZHIDONG est chercheur sur la culture traditionnelle chinoise au Musée de la cour n° 93.

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