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L'athlétisme en Chine : des lendemains incertains

2018-04-11 10:18:00 Source:La Chine au présent Auteur:JORGE RAMÍREZ CALZADILLA*
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Le 3 mars 2018, Su Bingtian décroche la médaille d’argent en finale du 60 m

lors du World Indoor Tour organisé par l’IAAF à Londres.

Le modeste palmarès de la Chine lors des championnats du monde d’athlétisme en salle contraste avec ses prouesses réalisées lors des autres grands rendez-vous sportifs.

Une médaille d’argent et une de bronze. Une mémoire prodigieuse n’est pas nécessaire pour retenir avec exactitude la composition du maigre butin amassé par la délégation chinoise à Birmingham en Grande-Bretagne où s’est déroulée du 1er au 4 mars la dix-septième édition des championnats du monde d’athlétisme en salle.

Les aficionados de la discipline ne sont évidemment pas surpris de la timide performance du géant asiatique lors de cette compétition bisannuelle organisée par l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF pour le sigle en anglais) et à laquelle le pays participe sans exception depuis sa première édition en 1987 à Indianapolis. Le pays avait d’ailleurs également participé à une première version de l’événement, les Jeux mondiaux en salle, qui s’étaient déroulés à Paris deux ans auparavant.

À Birmingham, la délégation chinoise comptait 13 athlètes, un chiffre tout à fait marginal quand on sait que la Chine, avec ses 1,4 milliard d’habitants, est le pays le plus peuplé au monde. Sur 144 pays participants, la Chine a été la onzième délégation la plus nombreuse.

Pas de successeur à l’horizon pour Liu Xiang

Plusieurs athlètes chinois médaillés aux Jeux olympiques d’été de Rio de Janeiro et aux championnats du monde d’athlétisme 2017 qui se sont déroulés à Londres n’ont pas pu se rendre à Birmingham car leurs scores étaient en-dessous des objectifs à atteindre pour participer aux championnats du monde en salle ; parmi eux, Zhang Wenxiu, spécialiste du lancer du marteau (médaillée d’agent aux JO) et quatre marcheurs qui ont signé une performance spectaculaire au 20 km à Rio : Liu Hong (médaille d’or) et Lu Xiuzhi (médaille de bronze) chez les femmes, et Wang Zhen (médaille d’or) et Cai Zelin (médaille d’argent) chez les hommes. Yang Jiayu, championne du monde du 20 km marche aux mondiaux de Londres 2017 et Li Lingwei, vice-championne du monde de lancer du javelot n’ont pas participé à la compétition non plus.

Parmi les athlètes chinois présents à Birmingham, c’est le sprinter Su Bingtian qui affichait les plus grandes chances de médailles. Depuis cinq ans et suite au retrait prématuré de Liu Xiang, grand coureur de 110 m haies qui souffrait de lésions récurrentes, Su Bingtian tient le rôle de nouvelle figure de proue de l’athlétisme chinois.

S’il ne possède ni le charisme, ni la renommée de Liu, et si ses scores internationaux sont sans commune mesure avec ceux du coureur qui a été sacré champion de toutes les grandes compétitions d’athlétisme et qui détenait autrefois le record mondial du 110 m haies, Su a cependant lui aussi prouvé que les stéréotypes et la mauvaise réputation, qui pendant des décennies ont poursuivi les sprinters asiatiques, étaient complètement infondés. Aussi grotesque (pour ne pas dire raciste) que cela puisse paraître, il existe encore aujourd’hui, au XXIe siècle, un groupe d’experts qui continuent de sous-estimer le potentiel des coureurs asiatiques en raison d’une présupposée infériorité physique innée qui empêcherait ceux-ci de briller dans les épreuves de vitesse.

Double finaliste du 100 m lors des championnats du monde d’athlétisme en plein air (Beijing 2015 et Londres 2017), cinquième à l’épreuve du 60 m lors des championnats du monde en salle de Portland (établissant le nouveau record d’Asie à 6,5 s en demi-finale) et premier athlète asiatique à afficher un chronomètre inférieur à 10 s à l’épreuve du 100 m (c’est le nigérian naturalisé qatari Femi Ogunode qui détient le record d’Asie avec un temps à 9,91 s), Su Bingtian a démontré qu’un coureur asiatique pouvait aussi se faire une place parmi les plus grands.

Depuis le début de la saison, le sportif originaire du Guangdong consolide son statut d’athlète international. Le 3 février dernier, il a établi à 6,47 s le nouveau record d’Asie qu’il détenait déjà depuis Karlsruhe, devenant le premier athlète asiatique à descendre sous la barre des 6,50 s. À peine trois jours après, encore en Allemagne mais cette fois-ci à Düsseldorf, le sprinter cantonnais termine sa course en 6,43 s, ce qui fait de lui un favori pour Birmingham.

Sur la piste britannique et sous le regard de millions de supporters, Su se montre à la hauteur des attentes : il franchit la ligne en deuxième position en 6,42 s, améliorant encore une fois son record d’Asie. Mais la récompense suprême lui échappe et revient fatalement à l’Américain Christian Coleman qu’il affronte en finale et qui termine sa course en 6,37 s, réalisant une performance intersidérale et battant son propre record du monde.

La performance de Su est bien au-dessus de celle des athlètes masculins de saut, autres représentants de la délégation chinoise qui possédaient des chances de médailles, quoique très minces. Dong Bin, détenteur du titre en triple saut, réalise sa meilleure performance de la saison avec un saut à 16,84 m, un score très faible, bien loin des 17,33 m qui lui ont permis de remporter l’or à Portland, sans parler des 17,58 m qui lui ont valu la médaille de bronze au Jeux de Rio en 2016.

La performance en saut en longueur réalisée par Huang Changzhou, qui avait obtenu la troisième place deux ans plus tôt avec un saut à 8,21 m, s’avère au moins aussi décevante. En finale, il reste définitivement hors course avec un saut à 7,75 m. Le jeune Shi Yuhao (19 ans), quant à lui, réalise une performance plutôt prometteuse en se classant quatrième avec un saut à 8,12 m. Enfin, en saut en hauteur, on attendait beaucoup plus de Wang Yu qui peine à passer la barre des 2,20 m et échoue à 2,25 m alors qu’on le sait capable de passer les 2,33 m.

Pour compléter le tableau des performances réalisées par les athlètes chinois à Birmingham, il ne reste plus qu’à évoquer la médaille de bronze remportée par la vétérane Gong Lijiao, multimédaillée olympique et championne du monde en plein air et en salle de lancer du poids. Avec un jet à 19,08 m (inférieur au jet à 19,94 m qui lui a permis de remporter l’or à Londres en 2017), elle se hisse sur la troisième marche du podium alors que sa compatriote Gao Yang termine quatrième avec un saut à 18,77 m.

Nanjing 2020 : en pleine année olympique

Avec cette petite récolte, la Chine totalise depuis la création de l’événement un palmarès de 18 médailles (3 en or, 7 en argent et 8 en bronze), se retrouvant à la 31e place du classement historique. Alors que dans les autres grands événements sportifs, les athlètes chinois ont progressivement réussi à se faire une place parmi les élites, en athlétisme en salle, et en athlétisme en général, les performances de niveau international restent encore très rares, et rien ne laisse espérer une soudaine envolée dans le futur proche (surtout pas dans les épreuves de courses sur piste), ni l’émergence d'une grande figure sportive comme l’a été Liu Xiang.

On comprend que beaucoup de supporters chinois sont restés nostalgiques des années 90 et des succès de toute une génération de coureuses de fond et de demi-fond entraînées par le très controversé Ma Junren. Une époque où de grandes stars telles que Wang Junxia et Qu Yunxia signaient quasiment à chaque compétition de nouveaux records mondiaux, records qui sont ensuite demeurés imbattus pendant plus de deux décennies.

On l’aura bien compris, on ne doit pas espérer de performances extraordinaires pour les dix-huitièmes mondiaux d’athlétisme en salle que la Chine accueillera en 2020 à Nanjing, une date significative puisqu'elle coïncidera avec les Jeux olympiques d'été qui se dérouleront à Tokyo. Une chose est cependant certaine, c'est qu’en 2020, la délégation du pays hôte sera plus nombreuse qu’elle ne l’a jamais été. Et en tant que représentants du pays hôte, on peut s’attendre à ce que les athlètes chinois fassent preuve d’un regain de compétitivité, et rapportent à la Chine quelques médailles inespérées.

*Jorge Ramírez Calzadilla est un journaliste cubain qui collabore depuis plus de dix ans avec plusieurs revues et médias audiovisuels de son pays et de l’étranger. Il vit à Beijing depuis 2007.

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