Accueil>Rendez-vous avec la Chine

Des vestiges de porcelaine chinoise à Cuba

2018-02-01 11:00:00 Source:La Chine au présent Auteur:ABEL ROSALES GINARTE, membre de la rédaction
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

L’invention de la porcelaine, un matériau imperméable, à la fois léger et solide, qui résiste à la chaux et aux acides et qui peut contenir des aliments ou servir à la conservation de médicaments, a représenté une avancée considérable pour l’histoire de l’humanité. Sa technique de fabrication, élaborée au troisième siècle de notre ère, est longtemps restée un secret bien gardé. Ce n’est que 1 700 ans après son apparition en Chine que les Européens sont parvenus eux aussi à produire le précieux matériau.

 

Les spécialistes en la matière affirment que les plus belles porcelaines datent de la dynastie Song (960-1279). Ce fut précisément sous le règne Jingde (1004-1007) que l’empereur Zhenzong décida d’établir la production de porcelaine dans le nord de la province du Jiangxi (sud-est de la Chine). Chaque pièce portait la mention « fabriqué pendant la période Jingde », en particulier celles destinées à la famille impériale. Les gens prirent alors l’habitude d’appeler ce lieu Jingdezhen, un nom qui est resté associé à la capitale de la porcelaine chinoise.

 

Un chercheur cubain et M. Cao, professeur de céramique,

à l’Institut de céramique de Jingdezhen

 

Au cours des dynasties impériales suivantes, la porcelaine chinoise entama un grand voyage sur les Routes de la Soie. Le sinologue péruvien Guillermo Dañino indique dans son Encyclopédie de la culture chinoise que « le premier objet en porcelaine parvint en Europe en 1570 où il fut rapporté par les Portugais ». Ces objets d’une grande délicatesse arrivèrent également sur l’île de Cuba dans les Caraïbes.

 

Yosvanis Fornaris Garcell, conservateur des collections d’art asiatique du Musée national des arts décoratifs de La Havane, est étudiant en master d’histoire de la porcelaine chinoise à l’Institut de céramique de Jingdezhen depuis 2014.

 

L’intérieur du nouveau campus de l’Institut de céramique de Jingdezhen

 

 

L’éveil d’une passion pour la culture chinoise

 

Lorsqu’il fut chargé de la conservation de la collection d’art asiatique du musée, Fornaris découvrit des objets et des codes culturels innovants. « J’ai été très impressionné lorsque j’ai admiré pour la première fois ces animaux mythologiques, ces figures humaines, ces techniques et ces objets artistiques culturellement si éloignés. À partir de ce moment, je suis devenu beaucoup plus réceptif à la culture asiatique, et plus particulièrement à la culture chinoise. »

Le Musée national des arts décoratifs (MNAD) est établi dans un des palais du quartier havanais El Vedado et comprend une petite bibliothèque qui possède de précieux volumes dédiés à l’étude de la porcelaine chinoise « provenant essentiellement de collections privées et publiques d’Angleterre, pays bien connu pour être une source intarissable dans le domaine de l’art chinois, » explique Fornaris, diplômé de Sciences de l’éducation, spécialité arts plastiques, et qui a déjà une grande expérience dans l’enseignement.

 

La collection d’art asiatique du MNAD de La Havane se distingue par ses pièces de mobilier, ses objets en jade et en ivoire, ses pièces de textiles, ses œuvres d’art plastique, « et surtout par ses porcelaines, de très nombreuses pièces de porcelaine chinoise ». Mais malheureusement, il était impossible d’obtenir des informations de sources chinoises sur ces pièces en porcelaine. « Les ministères de la Culture et de l’Enseignement Supérieur de Cuba et l’ambassade de Chine à La Havane ont alors lancé ensemble une procédure de demande de bourse pour quatre ans qui a été favorablement accueillie puisque je suis arrivé en Chine en septembre 2014. »

 

Lorsqu’il aura terminé ses études dans le dragon asiatique, Fornaris devra s’atteler à une tâche épineuse : authentifier les pièces du musée. « Il était évident que la collection présentait principalement des pièces qui avaient été produites à Jingdezhen sous différentes dynasties. De là m’est venue cette passion, et avec elle, mon rêve de devenir un expert en porcelaine chinoise. »

 

 

Jingdezhen, épicentre de la culture de la porcelaine

 

Pourtant, sa première rencontre avec la capitale de la porcelaine chinoise n’a pas été à la hauteur de ses attentes. « Je suis né et ai vécu toute ma vie dans le centre historique de la vieille ville de La Havane, un site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, riche en styles architecturaux variés, et c’est précisément ce qui fait défaut à Jingdezhen », admet le spécialiste cubain.

 

La ville dans laquelle Fornaris réside aujourd’hui a été un lieu clé dans la production de porcelaine, « la céramique la plus raffinée qui ait jamais été produite, la plus belle de toute l’histoire de l’humanité, provient inévitablement d’une ville d’ouvriers, d’artisans, et pas de familles fortunées ni de membres de la cour qui en auraient fait une grande agglomération urbaine ». Il assure que pour trouver un centre historique ou une zone urbaine où l’on peut découvrir l’architecture typique de la région, il faut se rendre jusque dans le comté de Fulian ou bien dans le village de Yaoli.

 

L’Institut de céramique de Jingdezhen a été fondé en 1910 et demeure dans le pays la seule institution de ce genre, qui encourage le développement des talents, l’innovation, le progrès technologique et la diffusion de la culture de la céramique chinoise. Fornaris reconnaît qu’y étudier est réellement un privilège : « Je n’ai pas de meilleure façon de le dire. Un jeune Cubain qui souhaite se spécialiser dans la porcelaine chinoise se retrouve comme par magie dans l’épicentre mondial de la porcelaine, véritable laboratoire d’où émergent les connaissances scientifiques sur le sujet. »

 

Grâce à la formation qu’il a reçue et aux recherches qu’il a pu mener à Jingdezhen, Fornaris peut affirmer avec une certitude absolue que les quelque 2000 pièces qui constituent la collection de porcelaine chinoise du MNAD de La Havane proviennent des dynasties Song, Tang, Ming et Qing, et ont été cuites dans les fours de Jingdezhen, Longquan, Fujian, Dehua et Guangzhou.

 

« Et ce qui fait plus particulièrement la richesse de cette collection, c’est la série de pièces de l’époque des empereurs Shunzhi, Kangxi, Yongzheng et Qianlong qui sont des œuvres d’une immense valeur patrimoniale et artistique. » Bientôt, Fornaris pourra cataloguer la collection cubaine de porcelaine chinoise.

 

 

Saveurs cubaines et racines chinoises

 

Fornaris a trouvé dans la musique cubaine un remède qui l’aide à mieux supporter la distance qui le sépare de sa terre natale. Si le café et le tabac ne lui manquent pas, il reste cependant très attaché à la cuisine cubaine. « Je cuisine beaucoup, surtout les haricots noirs que je rapporte de Cuba pour préparer du riz congri. Lorsque j’invite mes amis chinois à manger, je leur prépare toujours un plat cubain qui ne déçoit jamais, l’ajiaco cubain. » S’il ne trouve pas de manioc et d’avocats à Jingdezhen, il peut sans problème se procurer des haricots rouges et des pois chiches. « Je suis très nostalgique, je suis né dans un cocon familial très tendre et très chaleureux et j’ai vraiment besoin d’être toujours entouré de ma famille. » En ce moment, sa femme est avec lui et restera auprès de lui pour passer l’hiver ainsi que les fêtes importantes comme Noël et le 14 février.

 

« Pour moi, la Chine, c’était la grande inconnue, la source lointaine et inaccessible à laquelle je voulais m’abreuver. Chaque recherche ou nouveau texte que je rencontrais me la rendait plus chimérique et inaccessible. » La collection des œuvres d’art chinois du Musée national des Arts décoratifs a été le talisman qui m’a ouvert le voie jusqu’à la capitale de la porcelaine chinoise.

 

Mais ses liens avec le dragon asiatique sont en réalité beaucoup plus profonds. Il aurait en effet des ancêtres chinois. « C’est un fait qui n’a pas encore été confirmé officiellement mais mon grand-père maternel est le petit-fils d’un émigré chinois. J’ai des cousins qui ont vraiment des traits chinois. »

 

D’ici quelques mois, il deviendra le premier cubain spécialisé dans la porcelaine chinoise, ce qui va indubitablement renforcer les relations culturelles entre les deux pays. « Je serai toujours redevable aux deux gouvernements de m’avoir accordé une telle opportunité. Et cela aura bien sûr une influence très positive sur la diffusion et la conservation du patrimoine artistique et culturel de Cuba, en l’occurrence, celui qui provient de Chine. » Du reste, il y a à Cuba d’autres musées et institutions culturelles qui possèdent des œuvres de porcelaine chinoise. Et celles-ci attendent aussi le regard aiguisé d’un expert formé à l’Institut de céramique de Jingdezhen.

 

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4