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Accord commercial UE-USA : la France s'inquiète de ses filières économiques exposées à la hausse des droits de douane

2025-07-31 11:05:00 Source: Xinhua Auteur:
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Le nouvel accord commercial signé dimanche dernier entre l'Union européenne et les Etats-Unis, prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15% à partir du 1er août, a soulevé un torrent d'inquiétudes en France.

A la recherche de solutions face au problème, le ministre français de l'Economie Eric Lombard, accompagné de sept autres ministres du gouvernement, a accueilli mercredi des acteurs économiques, en Conseil des ministres à Bercy, en présence du président français Emmanuel Macron. Plusieurs organisations patronales, telles le Medef et la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), et des fédérations, dont celle du commerce et de la distribution, y étaient présentes.

La hausse des droits de douane sur les exportations européennes vers les Etats-Unis à 15%, bien qu'inférieure aux 30% initialement envisagés, demeure un poids considérable pour les entreprises françaises fortement dépendantes du marché américain. D'autant plus que les négociations entre les deux parties progressent actuellement par filière, et que les détails ne sont ainsi pas tous clairs, faisant retenir leur souffle aux filières françaises.

L'agriculture serait l'une des principales victimes. "Le niveau d'inquiétude est maximal", a dit la ministre de l'Agriculture Annie Genevard au sortir de la réunion tenue à Bercy, trois jours après l'annoncement de l'accord transatlantique. "Nous exportons pour cinq milliards d'euros, quatre milliards pour le vin et les spiritueux, et un milliard pour le lait et les produits d'épicerie. 15%, c'est donc 800 millions d'euros qui s'ajoutent pour les consommateurs locaux", a rappelé la ministre.

"Je ne sais pas comment ça va se terminer", s'est exprimé à son tour Arnold Puech d'Alissac, représentant de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles). "La France exporte 1,4 milliard de spiritueux sur les Etats-Unis, s'ils sont exemptés, ils vont conserver 1,4 milliard d'exportations, donc c'est important. Nous, le secteur du vin, on exporte 2,3 milliards, il faut qu'on conserve nos 2,3 milliards", a-t-il dit.

L'impact de cet accord survient aussi dans un contexte où la conjoncture économique française reste fragile. Après une année 2024 marquée par une forte hausse des défaillances d'entreprises, la tendance semble avoir ralenti en 2025, mais pourrait repartir à la hausse sous l'effet des tensions commerciales.

Selon Maxime Lemerle, économiste chez Allianz Trade, "la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis pourrait entraîner un nombre de faillites supérieur à nos prévisions pour 2025 et 2026, estimées respectivement à 67.500 et 65.000". Le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (Cnajmj) confirme ces craintes, estimant qu'il est "raisonnable de penser que les tensions commerciales croissantes entre l'Union européenne et les Etats-Unis auront un impact". Le Cnajmj a néanmoins souligné que les répercussions sont complexes à prévoir à court terme, notamment pour les secteurs industriels fortement impliqués dans les chaînes de valeur mondiales.

Les petites et moyennes entreprises, particulièrement dans les secteurs fragilisés comme le vin ou la restauration, seraient les plus exposées. Mais de plus en plus, ce sont aussi des entreprises de taille intermédiaire qui sont touchées. Déjà au premier semestre 2025, 105.944 emplois étaient menacés par une procédure collective en France.

Le président français Emmanuel Macron, n'a pas caché son agacement mercredi à Bercy. "Pour être libres, il faut être craints. Nous n'avons pas été assez craints", a-t-il déclaré en Conseil des ministres tenu mercredi, dénonçant que "l'Europe ne se vit pas encore suffisamment comme une puissance".

Cependant, le chef d'Etat a aussi martelé que "ce n'est pas la fin de l'histoire et nous n'en resterons pas là". Il a insisté sur le fait que "la France a toujours tenu une position de fermeté et d'exigence" et qu'elle continuera de le faire dans les négociations à venir. Du bon côté, il a rappelé que l'accord "préserve les intérêts français et européens" sur des "filières exportatrices majeures" comme l'aéronautique, et que l'UE a aussi "veillé" à ce qu'il n'y ait aucune concession pour ses filières agricoles et aucune remise en cause de son autonomie réglementaire, de ses normes sanitaires et environnementales.

Selon lui, l'UE peut obtenir de "nouvelles exemptions" durant les discussions qui auront lieu pour "formaliser" l'accord dans les détails, et il faut donc "œuvrer sans relâche au rééquilibrage de nos échanges, notamment dans les services".

Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a aussi tenté de rassurer. Il appelle à un rééquilibrage des échanges, y compris dans le domaine des services, actuellement largement excédentaire au profit des Etats-Unis.

"Si la volonté de Donald Trump était de rééquilibrer la balance des biens, alors je crois qu'il n'y a pas de tabou à avoir sur la balance des services également", qui est excédentaire en faveur des Etats-Unis, a-t-il déclaré mercredi à l'issue de la réunion interministérielle, ajoutant : "ce que nous poussons de façon très claire, c'est une exemption pour le secteur (...) des vins et des spiritueux, en plus de l'aéronautique".

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