Baiheliang est une crête de pierre de 1.600 mètres de long et de 15 mètres de large située au milieu du fleuve Yangtsé, dans la municipalité chinoise de Chongqing (sud-ouest), ayant servi d'ancienne station hydrologique pendant plus de 1.000 ans. Ses inscriptions enregistraient le niveau des eaux et permettaient de guider la planification de l'agriculture.
De même, les nilomètres ont été utilisés pendant des millénaires pour mesurer le niveau des crues du Nil, jouant ainsi un rôle crucial dans la prévision des récoltes et le maintien des sociétés traditionnelles.
"Baiheliang et les nilomètres, bien que séparés par une longue distance, partagent des fonctions remarquablement similaires, ce qui a formé les bases du travail d'inscription conjointe d'un nouveau patrimoine mondial", a déclaré Jiang Rui, conservateur du Musée sous-marin de Baiheliang de Chongqing.
Depuis le lancement d'une étude de faisabilité conjointe en 2021, les deux pays ont activement promu l'initiative de l'inscription conjointe d'un nouveau patrimoine mondial par le biais de visites mutuelles et d'une planification stratégique.
Les deux sites sont des reliques hydrographiques qui représentent la sagesse ancienne en matière de mesure et de gestion de l'eau dans les grands bassins fluviaux. Selon M. Jiang, ils communiquent des données hydrologiques par leurs inscriptions, et conservent des enregistrements scientifiques détaillés des changements climatiques sur des milliers d'années.
En mai 2024, de hauts fonctionnaires des autorités de Chongqing ont conduit une délégation en Egypte et ont organisé un symposium au sujet de cette inscription conjointe, au cours duquel les deux parties sont parvenues à un consensus sur la réalisation de progrès substantiels dans la promotion conjointe du projet.
En octobre 2024, Assem Hanafi, ambassadeur d'Egypte en Chine à l'époque, a assisté au Festival du tourisme et de la culture de Baiheliang et à un symposium académique à Chongqing.
Lors du symposium, 20 experts chinois et étrangers ont échangé lors de discussions académiques sur la valeur de Baiheliang et des nilomètres, ainsi que sur leur protection et leur héritage, témoignant de leur soutien à l'inscription conjointe d'un nouveau patrimoine mondial.
"Les relevés hydrologiques continus des anciennes inscriptions chinoises de Baiheliang et des nilomètres égyptiens ont une immense valeur scientifique, car ils fournissent des indices cruciaux pour l'étude des changements climatiques et sociaux anciens en Asie, en Afrique et même dans l'hémisphère Nord", a déclaré Zhao Yun, directeur de l'Académie du patrimoine culturel de Chine.
Outre sa valeur scientifique, connue comme la "forêt de stèles sous-marines", Baiheliang est composé de 165 segments comportant plus de 30.000 mots et 18 poissons de pierre, illustrant des siècles de coutumes folkloriques, de calligraphie, de sculpture sur pierre, de poésie et de prose.
"L'inscription conjointe devrait non seulement combler les lacunes du patrimoine hydrologique sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, mais surtout promouvoir les échanges culturels et l'apprentissage mutuel entre les pays et régions partenaires de l'Initiative 'Ceinture et Route'", a souligné M. Jiang.
Des fonctionnaires égyptiens ont également souligné les avantages techniques présentés par la Chine, en particulier la construction d'un musée sous-marin en "conteneur sans pression" sur le site d'origine de Baiheliang après sa submersion lors de la construction du grand barrage des Trois Gorges.
Gamal Mostafa, chef du département des antiquités islamiques, coptes et juives du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, a indiqué que la Chine possédait une grande expérience en matière de protection du patrimoine culturel sous-marin. "L'inscription conjointe sera un bon début pour la coopération entre les deux pays dans le domaine."
"La construction du Musée sous-marin de Baiheliang et les techniques chinoises de conservation du patrimoine ont permis à l'Egypte d'acquérir des connaissances précieuses en matière de protection du patrimoine culturel sous-marin", a constaté Ahmed Rehamah, archéologue sous-marin au ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités.
Les anciennes inscriptions hydrologiques de Baiheliang ont été ajoutées à la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008, et les nilomètres en 2003.
