Dans les villes, on n’a jamais cessé de chercher des endroits calmes pour échapper à l’anxiété et au stress. Au cours de l’année précédente, le bénévolat dans les temples est devenu un choix populaire auprès des jeunes désireux d’expérimenter un mode de vie très différent pour un budget réduit.
Les repas et l’hébergement gratuits, un horaire où l’on se lève tôt et se couche tôt, une atmosphère paisible et, si possible, un entretien avec des moines sur le sens de la vie. Tout cela constitue un choix parfait pour les jeunes qui recherchent une double tranquillité intérieure et extérieure à un coût très bas.
Une découverte
Entre deux trajets chargés, Zhang Jingshu, blogueuse axée sur le tourisme, a passé un week-end en tant que bénévole dans le temple Jingshan à Hangzhou (Zhejiang). Avant cela, elle venait de terminer un voyage intense dans le Tibet.
Diplômée de l’université de Shanghai en 2020, elle a décroché un emploi, mais l’a quitté deux ans plus tard, pour être blogueuse à temps plein.
Avant de se rendre au Tibet, elle n’avait aucun lien avec le bouddhisme, si ce n’est qu’elle allait prier dans les temples avec sa grand-mère quand elle était petite. « À l’époque, je ne connaissais rien au bouddhisme et je ne comprenais pas pourquoi ma grand-mère allait prier », raconte Jingshu.
Ce voyage au Tibet fut sa première véritable expérience religieuse. Elle a visité le Palais de Potala et le temple de Jokhang à Lhassa et s’est rendue sur le mont sacré Kangrinboqê qui est situé dans la préfecture de Ngari dans l’extrême ouest du Tibet. Impressionnée par la piété des fidèles, elle a eu envie d’en apprendre plus sur la vie dans les temples, pour d’une part, collecter du matériel pour ses vidéos, et d’autre part, enrichir son expérience de vie.
Après son voyage au Tibet, Jingshu a postulé en ligne pour faire du bénévolat dans le temple Jingshan, un ancien temple royal à Hangzhou, mais aujourd’hui tombé dans l’oubli. Sa candidature a été acceptée. Le temple n’accepte des bénévoles que pour les week-ends et les jours fériés.
Les conditions d’hébergement fournies par le temple Jinshan étaient meilleures que prévu. Jingshu et une autre jeune volontaire se sont vu attribuer une chambre comme dans les hôtels. C’était plutôt luxueux par rapport aux normes pour les bénévoles des temples, car la plupart du temps, les bénévoles doivent partager une même grande chambre.
Après s’être levés à 4 h 30 du matin, tous les bénévoles peuvent participer aux chants du temple s’ils le souhaitent. Le petit déjeuner commence à 7 h, ensuite, les volontaires se voient assigner leurs tâches pour la journée. Pour Jingshu, il s’agissait de faire du café dans la cafétéria du temple et elle a appris à partir de zéro. « Les touristes affluent pendant le week-end, et nous faisons des centaines de tasses de café », explique la jeune femme.
Elle a vu beaucoup de jeunes touristes dans le temple. Selon les statistiques du groupe Trip.com, une importante plateforme de réservation de voyages en Chine, le nombre de visiteurs dans les temples au cours des cinq premiers mois de l’année a plus que triplé par rapport à la même période l’année dernière. En plus, plus de la moitié des visiteurs sont nés après 1990.
« J’ai entendu beaucoup d’amis de mon âge dire qu’ils voulaient faire du bénévolat dans un temple, mais seul un petit pourcentage l’a fait », dit Jingshu. « Cela s’explique en partie par le fait qu’ils ne savent pas comment postuler, car beaucoup de temples n’ont pas de canal de recrutement et il faut se rendre sur place en personne pour se renseigner. »
Cette expérience de deux jours a marqué le début de son exploration des temples chinois ; elle a l’intention de visiter plus de temples et y rester en tant que bénévole. « L’emploi du temps dans les temples peut nous aider à maintenir un mode de vie sain, en nous libérant de nos écrans. »
Aujourd’hui, 60 000 followers la suivent sur les réseaux sociaux et beaucoup de temples attendent ses prochaines visites.
Évasion du stress quotidien
Xu Wansi, âgée de 34 ans, productrice d’une émission de télévision, est une bénévole « chevronnée ». Depuis l’obtention de son diplôme universitaire en 2012, elle fait du bénévolat pendant les week-ends dans le temple Guangji (le siège actuel de l’Association bouddhiste de Chine) situé dans l’arrondissement de Xicheng à Beijing.
Il s’agit d’un petit temple niché dans l’un des quartiers pékinois les plus animés, à quelques pas de la rue de la Finance, le principal centre financier de la Chine. Lorsque Xu Wansi est entrée pour la première fois dans ce temple en 2012, elle n’a ressenti que paix et réconfort.
Elle a rencontré un moine et lui a demandé si elle pouvait faire du bénévolat dans le temple. Il l’a orientée vers une autre personne responsable des bénévoles. C’était le début de sa nouvelle expérience.
Son travail consiste à servir la nourriture et à travailler dans la cuisine du temple. Comme le temple n’offre pas l’hébergement, elle doit faire une demi-heure de route depuis chez elle et arriver au temple avant 7 h pour aider à préparer et servir le petit déjeuner. Ensuite, elle aide à nettoyer la cuisine et à faire d’autres tâches. Elle quitte le temple à 20 h, après avoir servi le dîner.
« Je me sens en paix en restant et travaillant dans le temple, où tous les travailleurs sont gentils », déclare-t-elle. « La vie au temple est bien différente de celle à l’extérieur. Elle m’aide à mettre de côté mon stress quotidien et à me sentir soulagée. C’est pourquoi j’aime y retourner. »
Zhang Jingshu comprend Mlle Xu sur l’attrait des temples. En ce qui concerne les jeunes qui vont au temple pour s’évader de la vie stressante, Jingshu propose une perspective différente.
« Visiter un temple ou y faire du bénévolat n’apportent probablement aucune amélioration matérielle dans nos vies », explique-t-elle. « Cependant, cela peut nous aider à voir la vie sous un angle différent. C’est très important pour les jeunes qui se sentent désorientés ou dépassés. »
Dans le temple Jingshan, un moine guide les volontaires à la méditation tous les soirs à 19 h et répond à leurs questions. « Il nous a dit que notre volonté était la plus puissante des forces », raconte Jingshu. « Je me souviendrai de ses paroles, lorsque je serai confrontée à des obstacles à l’avenir. Tant que nous n’abandonnons pas, nous trouverons notre propre chemin de vie. »
*YUAN YUAN est journaliste à Beijing Information.