La Chine et l’Union européenne comportent de vastes intérêts communs et elles ont formé au fil des années des liens bilatéraux résilients de bénéfices mutuels et d’interdépendance. D’après les analystes, les deux parties devraient travailler ensemble pour libérer leur potentiel colossal de coopération.

Jeudi, le président du Conseil européen, Charles Michel, se rendra en Chine pour la première rencontre officielle entre les dirigeants de la Chine et de l’UE depuis le 20e Congrès national du Parti communiste chinois qui a eu lieu le mois dernier.

« Dans un contexte d’environnement géopolitique et économique tendu, cette visite est une bonne opportunité pour permettre à l’UE et à la Chine d’engager le dialogue », a indiqué ce mois-ci le Conseil européen dans un communiqué.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré lundi que la Chine espérait renforcer la communication stratégique et bâtir un consensus avec la partie européenne au cours de cette visite et travailler conjointement pour le développement soutenu, sain et stable des relations sino-européennes, afin d’apporter plus de stabilité à un paysage international complexe et volatile.

He Yun, une enseignante de la Faculté d’administration publique de l’Université du Hunan, note que les principales questions de fond de la visite de Charles Michel seront la crise énergétique qui touche actuellement l’Europe toute entière et le conflit russo-ukrainien.

Selon elle, l’UE envisage un neuvième cycle de sanctions contre la Russie, mais ses sanctions précédentes ont engendré une forte augmentation des prix de l’énergie et des perspectives économiques négatives. Elle ajoute que les entreprises européennes font face à des difficultés du fait des coûts élevés de l’énergie et qu’un grand nombre d’entre elles se délocalisent en Chine.

« Charles Michel espère utiliser cette opportunité pour discuter et coordonner [les politiques de la Chine et de l’UE] sur les relations bilatérales, l’économie, le commerce, le conflit russo-ukrainien et les changements climatiques, mais aussi pour renforcer la coopération bilatérale, afin de réduire les répercussions du conflit russo-ukrainien et de réaliser une relance économique rapide », explique-t-elle, ajoutant que la Chine et l’UE devraient s’accorder sur la nécessité de trouver une solution pacifique au conflit russo-ukrainien.

Les deux parties ont également des intérêts partagés dans la lutte contre les changements climatiques et la pandémie de Covid-19, le soutien au commerce mondial et la résistance aux tentatives des Etats-Unis de se découpler de l’économie mondiale.

« Il n’existe pas de meilleur moyen pour renforcer un terrain commun et surmonter les différences que de parler directement en face à face. En ce sens, je suis pleinement confiante que cette rencontre va apporter de bons résultats pour les deux parties », assure-t-elle.

Malgré l’impact de la pandémie, les liens économiques entre la Chine et l’UE restent solides. Sur les huit premiers mois de cette année, le commerce total entre la Chine et l’UE a atteint les 575,2 milliards de dollars (555,5 milliards d’euros), soit une hausse de 8,8 % en glissement annuel, tandis que les investissements en Chine ont totalisé les 7,45 milliards de dollars, soit une hausse de 121,5 % en glissement annuel.

Zhao Junjie, un chercheur de l’Institut des études européennes de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), remarque que des voix hostiles à la Chine se sont fait entendre récemment, alors que certains responsables européens ont échoué à envisager les relations bilatérales d’un point de vue pratique et objectif.

La communication en face à face entre les dirigeants de la Chine et de l’UE revêt une importance cruciale pour promouvoir le développement stable des relations sino-européennes.

« Il existe des intérêts majeurs de préoccupation commune entre la Chine et l’UE, des changements climatiques à la lutte contre la pandémie mondiale en passant par la stabilité des chaînes industrielle et d’approvisionnement mondiales. Les dirigeants de la Chine et de l’UE doivent s’asseoir et discuter de la façon de faire progresser le développement sain des relations sino-européennes vers la prochaine étape », souligne Zhao Junjie.

Selon lui, après des années d’efforts, la Chine et l’UE ont développé une relation d’interdépendance profonde et mutuellement bénéfique, et « peu importe qui veut découpler les deux parties, cela n’arrivera pas ».

« Les relations sino-européennes restent résilientes. Les deux parties doivent être plus inclusives et pragmatiques, établir des consensus et gérer les différences, afin de promouvoir le développement stable des relations bilatérales », ajoute-t-il.