
Vue aérienne du bourg de Shanchuan dans le district d’Anji (Zhejiang)
D’une simple tige de bambou à des ustensiles de cuisine, des meubles et des boîtiers de souris d’ordinateur, Anji, un district de la ville de Huzhou (Zhejiang), développe son industrie de transformation du bambou pour réduire l’utilisation du plastique et augmenter les revenus locaux.
Réputé comme la capitale du bambou de Chine, Anji compte environ 72 000 hectares de forêts de bambous. En 2024, la transformation du bambou a généré un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de yuans et apporté des bénéfices tangibles aux habitants, créant 12 000 emplois à la mi-2025 avec un revenu annuel moyen par habitant de 85 000 yuans.
Le bambou est considéré comme un puits de carbone efficace, un écosystème qui absorbe et stocke plus de CO2 de l’atmosphère qu’il n’en libère. En 2021, Anji a créé une plateforme sur laquelle les sylviculteurs peuvent monnayer la fonction écologique de leurs forêts de bambous en vendant des crédits carbone à des entreprises souhaitant compenser leurs émissions. C’est la première plateforme de ce type mise en place par un district chinois. Cette plateforme de transaction de crédits carbone permet à plus de 50 000 ménages locaux de gagner chacun 6 500 yuans supplémentaires par an.
L’industrie du bambou d’Anji illustre la quête du Zhejiang pour concilier durabilité environnementale et croissance économique dans les zones rurales au cours des deux dernières décennies.

Un arrêt de bus intelligent alimenté à l’énergie solaire dans le village de Jingshan, à Hangzhou (Zhejiang)
Exploiter les atouts
En 2005, Xi Jinping, alors secrétaire du comité provincial du Parti communiste chinois (PCC) pour le Zhejiang a proposé le concept selon lequel « la nature vaut son pesant d’or », lors d’une inspection au village de Yucun à Anji.
Par la suite, Yucun a fermé les industries fort polluantes. En s’appuyant sur ce village, Anji a encouragé un développement intégré dans les villages et les bourgs environnants, dont le bourg de Shanchuan. La région a tiré parti de ses ressources naturelles pour stimuler des industries vertes comme la transformation du bambou et l’écotourisme.
Niché à Shanchuan, le Skyland Resort, du groupe Yunshang Tourism, a ouvert ses portes en juillet 2019 et est depuis devenu une destination phare pour le tourisme à thème xianxia, un genre fantastique chinois inspiré de la mythologie et influencé par le taoïsme et le bouddhisme. Couvrant environ 35 000 m2, le complexe a accueilli près de deux millions de touristes en 2024. « Le site a stimulé l’hébergement local, en grande partie exploité ou loué par des villageois », déclare Sun Xiaodong, président du Yunshang Tourism. Selon lui, les hébergements rénovés peuvent générer des revenus annuels d’environ 200 000 yuans pour les propriétaires.
Shanchuan a également lancé 15 projets de tourisme sportif. En 2024, la région a reçu 1,8 million de visites touristiques, engrangeant des revenus de plus de 820 millions de yuans, une augmentation de 120 % et de 800 % respectivement par rapport aux niveaux de 2019. Le revenu annuel disponible par habitant des agriculteurs locaux a atteint 62 900 yuans, une hausse de 6 % en glissement annuel.
Le village de Lulikeng, dans le district de Changshan, est connu pour son industrie de la chaux dans les années 1990 avant de se tourner vers une croissance verte en rénovant d’anciens sites industriels. Vers 2000, le village a commencé à fermer progressivement ses 100 fours à chaux. Bien que cette décision ait poussé de nombreux jeunes à quitter Lulikeng pour chercher des opportunités ailleurs, le village a connu un renouveau ces dernières années. Aujourd’hui, sa population compte environ 600 habitants.
Depuis 2021, le village s’associe à Daicunli, une entreprise locale de développement rural, pour exploiter les ressources locales et stimuler le tourisme. L’équipe du projet a transformé une ancienne bergerie abandonnée en café en 2023 et converti un vieux four à chaux en boulangerie plus tôt cette année. Des fermes abandonnées ont été transformées en auberges et restaurants, et une ancienne carrière a été réaménagée en terrain de camping. Un restaurant dans une grotte naturelle, très prisée des jeunes à la recherche d’une expérience originale et relaxante, reçoit en moyenne un millier de touristes par jour pendant la haute saison.
Au début, les villageois ne s’attendaient pas à ce que le tourisme devienne un nouveau pilier économique. « Lorsque nous avons commencé à promouvoir les programmes touristiques, certains étaient sceptiques et pensaient que le village était trop désert pour attirer des visiteurs. Mais aujourd’hui, les nouvelles activités ont gagné en popularité auprès des jeunes des environs », déclare Liu Zhiliang, secrétaire de la cellule du PCC pour le village de Lulikeng. Et d’ajouter que ces nouvelles activités ont attiré plus de 50 000 visites touristiques avec un chiffre d’affaires de 800 000 yuans et ont créé plus de 150 emplois depuis le début de cette année.

Une bergerie abandonnée transformée en café à Lulikeng (Zhejiang)
Dynamiser la campagne
Situé dans le district de Xiaoshan à Hangzhou (Zhejiang), le village de Meilin suit également le modèle de revitalisation rurale verte. À la fin des années 1990, le village a commencé à réorganiser l’agencement de ses zones résidentielles et industrielles, rendant l’environnement plus agréable en améliorant les infrastructures d’assainissement et les systèmes d’élimination des déchets solides, ainsi qu’en modernisant les routes et les toilettes publiques. Aujourd’hui, Meilin prospère grâce à un tourisme florissant et à une utilisation croissante des technologies numériques et des énergies propres. L’année dernière, le village a recensé plus de 50 000 visites touristiques.
Le village a introduit des services intelligents, allant des magasins de proximité sans personnel aux équipements de fitness intelligents en passant par un système de santé numérique. Grâce à ce système, les villageois peuvent désormais recevoir des diagnostics et des traitements en ligne pour des maladies mineures sans avoir à quitter le village.
En 2021, la filiale de la société State Grid à Hangzhou a installé des bornes de recharge pour véhicules électriques à Meilin et dans les villages environnants, afin de répondre à la demande croissante des touristes et des habitants. Le village a également installé 25 lampadaires alimentés par des panneaux photovoltaïques, réduisant sa facture d’électricité annuelle de 15 %. Les panneaux solaires sur les toits alimentent la vie quotidienne et les activités industrielles tout en augmentant les revenus des habitants grâce à la vente d’électricité excédentaire. Selon Lai Hanbin, ingénieur de la filiale de State Grid à Hangzhou, le système génère plus de 160 000 kilowattheures d’électricité par an, réduisant les émissions de CO2 d’environ 94 tonnes.
L’ère du thé 2.0
Avec ses vastes plantations de thé, Jingshan, relevant de la ville de Hangzhou, se transforme en un village intelligent et vert. Les villageois peuvent désormais se repérer grâce à des panneaux routiers intelligents, recharger leurs téléphones sans fil sur des bancs équipés de panneaux solaires aux arrêts de bus et même gagner des « points verts » échangeables contre des produits du quotidien en adoptant des gestes bas-carbone.
En 2000, le village a fermé toutes ses mines et commencé le reboisement. Aujourd’hui, le taux de couverture forestière à Jingshan a atteint 96 %. Les énergies renouvelables couvrent 44 % de sa consommation, réduisant les émissions de carbone de plus de 6 000 tonnes par an.
À ce jour, près des trois quarts des 1 600 habitants de Jingshan travaillent dans la plantation de thé, la torréfaction des feuilles de thé ou la promotion des rituels de fabrication du thé. Selon Yu Ronghua, secrétaire de la cellule du PCC pour le village de Jingshan, les plantations de thé ont atteint plus de 200 ha l’année dernière, avec une valeur de production supérieure à 50 millions de yuans.
Le village a adopté des pratiques écologiques dans la culture et la transformation du thé, en réduisant l’usage des pesticides et en utilisant des emballages durables. « En scannant le code QR sur les paquets de thé de Jingshan, les consommateurs peuvent suivre l’empreinte carbone générée lors de la production », explique M. Yu.
Chen Yueyan, responsable commercial au Centre d’accueil touristique de Jingshan, remarque que la structure a développé une centaine de variétés de produits dérivés du thé à haute valeur ajoutée, notamment des lignes de soins de la peau infusées au thé et des dim sum. Ces produits génèrent environ deux millions de yuans par an, contribuant de manière significative aux revenus des villageois.
*LI XIAOYANG est journaliste à Beijing Information.