En deux décennies, la Chine a transformé l’écologie en moteur de développement durable, alliant protection de l’environnement, économie et engagement citoyen.

Randonnée à cheval sur la prairie de Horqin, à Tongliao (Mongolie intérieure)
Au pied nord du mont Tianmu, dans le village de Yucun (Zhejiang), se dresse une stèle portant une phrase aujourd’hui largement connue : « Des eaux claires et des montagnes verdoyantes valent autant que des montagnes d’or et d’argent. »
Le 15 août 2005, Xi Jinping, alors secrétaire du comité provincial du Parti communiste chinois pour le Zhejiang, a présenté pour la première fois ce concept lors d’une inspection à Yucun.
Vingt ans plus tard, la théorie dite des « deux montagnes », selon laquelle « la nature vaut son pesant d’or », est passée de l’exploration pratique d’un village à un principe central de la construction de la civilisation écologique en Chine. Elle a profondément transformé la gouvernance environnementale, les politiques industrielles et la conscience écologique du public.
Restauration écologique et protection systémique
Au cours des vingt dernières années, la gouvernance environnementale en Chine a connu un changement de paradigme clair. Elle est passée du traitement de problèmes isolés et aigus de pollution à une approche centrée sur la protection intégrée et la restauration systémique des écosystèmes – montagnes, rivières, forêts, terres agricoles, lacs, prairies et déserts.
Dans de nombreuses régions, les changements environnementaux ont commencé par un ajustement du modèle de développement traditionnel. Dans la province du Zhejiang, le village de Lulikeng, dans le district de Changshan (ville de Quzhou), était autrefois connu pour son industrie de la chaux. La centaine de fours à chaux qu’il abritait provoquaient une forte pollution, que les habitants décrivaient ainsi : « Le jour, tout est recouvert de poussière ; quand il pleut, nous avons les pieds dans la boue. »
Les autorités locales ont alors lancé un programme de restauration écologique, fermant progressivement les fours, reboisant et réhabilitant les sols et les cours d’eau. Ces efforts ont amélioré les bases écologiques du village et créé les conditions d’un futur développement durable.
Des projets de restauration écologique systémique, d’ampleur plus grande et plus complexes, sont également en cours.
Située au cœur des terres sablonneuses de Horqin, la ville de Tongliao (Mongolie intérieure) était autrefois l’une des principales sources de tempêtes de sable du nord de la Chine. Après plusieurs décennies d’efforts, la région est passée de la désertification au verdissement. De 1978 à aujourd’hui, son taux de couverture forestière est passé de 8,9 % à près de 20 %, et sa couverture végétale des prairies a fortement progressé pour atteindre environ 65 %. Derrière cette transformation se cache l’engagement de long terme de l’ensemble de la société, y compris les agriculteurs et éleveurs locaux.
Outre la restauration des écosystèmes dégradés, la protection des écosystèmes originels suscite également une attention croissante.
Sur le plateau Qinghai-Xizang, dont l’altitude moyenne dépasse 4 000 m, la création de parcs nationaux tels que Sanjiangyuan et Qilianshan marque la mise en place en Chine de mesures de protection strictes pour préserver la sécurité écologique du « château d’eau de la Chine ».
Des organisations civiles, comme « Les amis de la faune de l’Himalaya », s’engagent depuis longtemps dans l’observation et la protection de la biodiversité du plateau. Elles suivent et filment l’état de survie d’espèces telles que l’antilope tibétaine ou la grue à cou noir, et surveillent des phénomènes environnementaux comme la fonte des glaciers et l’évolution des pâturages. Ces actions contribuent à préserver l’authenticité et l’intégrité des écosystèmes les plus précieux.
Les efforts déployés par la Chine en matière de protection écologique et environnementale au cours des vingt dernières années ont ainsi progressivement évolué. D’une approche centrée sur le traitement en aval des problèmes, ils sont passés à la prévention à la source et à la restauration systémique. La qualité de l’environnement écologique présente désormais une tendance stable et globalement positive.

Des produits artisanaux en bambou au Centre d’exposition « Le bambou remplace le plastique » dans le district d’Anji, à Huzhou (Zhejiang)
La voie pour valoriser les produits écologiques
Comment transformer les atouts écologiques en moteur de développement économique ? C’est là la clé du passage de la théorie à la pratique.
L’expérience de la province du Zhejiang offre des exemples parlants. Dans le district d’Anji, surnommé la « capitale chinoise du bambou », une simple tige de bambou a donné naissance à une chaîne industrielle complète. Des pousses de bambou transformées en produits alimentaires à la fabrication de mobilier, en passant par les matériaux de construction et les coques de produits électroniques, cette filière génère plus de 20 milliards de yuans.
Par ailleurs, Anji a mis en place la première plateforme de transaction de crédits carbone au niveau d’un district en Chine. Grâce à elle, les sylviculteurs peuvent monnayer la fonction écologique de leurs forêts de bambous – qui absorbent du CO₂ – en vendant des crédits carbone à des entreprises souhaitant compenser leurs émissions, transformant ainsi directement les bénéfices écologiques en revenus économiques.
À Quzhou, certaines ressources autrefois considérées comme un fardeau pour le développement sont réhabilitées. Les fours à chaux abandonnés du village de Lulikeng ont été transformés en boulangeries et librairies, les bergeries inutilisées sont devenues des cafés, et d’anciens sites d’extraction de pierre ont été aménagés en terrains de camping.
Grâce aux technologies, le niveau de recyclage des ressources s’améliore également. Quzhou produit chaque année environ 80 000 tonnes de paille de colza, auparavant difficile à valoriser. Grâce à la collaboration avec des institutions de recherche telles que l’Institut de Quzhou de l’Université du Zhejiang, cette paille est désormais utilisée pour fabriquer du biocarburant pour l’aviation et des matériaux biodégradables.
Ce type de modèle industriel vert, adapté aux conditions locales, se déploie dans différentes régions, et les résultats de la restauration écologique fournissent une base solide au développement d’économies locales spécialisées.
Dans le désert de Horqin, la culture de pommes résistantes à la sécheresse est encouragée. Des plantes médicinales et des champignons comestibles sont cultivés sous la canopée forestière. Parallèlement, le tourisme local se développe progressivement, s’appuyant sur les paysages de désert, de forêt et de zones humides.
Ces pratiques montrent que la protection écologique et le développement économique peuvent s’alimenter mutuellement de manière vertueuse. En développant des industries vertes, l’économie circulaire et l’écotourisme, la valeur économique des ressources écologiques peut être pleinement exploitée, offrant ainsi un nouvel élan au développement des économies locales.
De l’orientation politique à l’action collective de la société
Comparée aux changements visibles dans l’environnement et l’industrie, l’évolution des mentalités publiques est un processus plus long et plus profond. Au cours des vingt dernières années, le concept des « deux montagnes » est progressivement passé d’une simple orientation politique à un consensus et à un mode d’action au niveau sociétal.
Cette évolution se traduit par l’ampleur et la profondeur de la participation du public à la protection de l’environnement. Grâce aux technologies mobiles et à Internet, des projets à but non lucratif comme « la Forêt des Fourmis » transforment les gestes bas-carbone quotidiens de centaines de millions de personnes – utilisation des transports en commun ou réduction de la consommation de papier – en plantations réelles d’arbres dans des zones désertifiées.
Parallèlement, sous l’impulsion des politiques publiques, les canaux de participation du public à la gouvernance environnementale se diversifient. Dans de nombreuses régions, des initiatives comme les « chefs de rivière citoyens » ou les surveillants environnementaux invitent les habitants à participer à la surveillance quotidienne des rivières et lacs locaux.
La conscience écologique des jeunes générations se distingue particulièrement. Ils ne se contentent pas de pratiquer la consommation responsable, mais intègrent de plus en plus la durabilité dans leurs choix professionnels. Certains, comme l’équipe « Les amis de la faune de l’Himalaya », s’engagent directement sur le terrain dans la recherche et le suivi écologique. D’autres choisissent des secteurs tels que les énergies renouvelables, la finance verte ou le design durable, ou organisent eux-mêmes des associations et des actions bénévoles en faveur de l’environnement, devenant ainsi une force nouvelle pour la transition écologique de la société.
Lorsque la protection écologique s’étend du seul domaine des autorités et des experts à l’intérêt et à l’action spontanée d’un plus grand nombre de citoyens, le principe de respect, d’adaptation et de préservation de la nature acquiert une assise sociale beaucoup plus large.
Au cours des vingt dernières années, la formule « la nature vaut son pesant d’or » est devenue bien plus qu’un simple slogan : elle incarne une redéfinition du modèle de développement et une vaste pratique sociale. Elle a permis à la Chine de réaliser des progrès concrets dans la gouvernance environnementale, la transformation industrielle et le consensus sociétal, tout en offrant au monde un exemple concret et applicable de développement durable.