À l’heure où les changements mondiaux s’accélèrent et les défis se multiplient, chaque pays déploie des voies de développement et des modèles de gouvernance adaptés à ses spécificités. Dans ce paysage en transformation, la Chine se distingue par sa trajectoire stable et sa logique de gouvernance unique, incarnées notamment par son système de planification à moyen et long terme, qui façonne profondément la modernisation à la chinoise.
Derrière cette planification se révèle une sagesse profonde : celle d’« institutionnaliser les objectifs à long terme ». Les plans quinquennaux, véritables feuilles de route du développement économique et social depuis plus de 70 ans, en témoignent. Du Ier plan quinquennal (1953-1957), qui a jeté les bases industrielles, au XIVe plan quinquennal (2021-2025), axé sur un développement de haute qualité, chaque cycle s’adapte à la réalité de son époque tout en traçant des perspectives ambitieuses, alliant pragmatisme et vision. Ces plans successifs ont non seulement rythmé les étapes clés de l’essor chinois, mais aussi permis des avancées économiques et une stabilité sociale sans équivalent à cette échelle.
Cette approche repose sur une philosophie « long-termiste ». Face aux incertitudes, la Chine maintient une détermination stratégique, plaçant l’amélioration des conditions de vie de sa population, la prospérité partagée et la renaissance nationale au cœur de ses priorités. Cela a assuré une stabilité et une cohérence remarquables, permettant au pays de surmonter des défis complexes, comme l’éradication de la pauvreté extrême et la transition écologique.
Ce long-termisme se concrétise également à l’échelle locale. Dès 1985, Xi Jinping, alors maire adjoint de Xiamen, a dirigé l’élaboration d’une stratégie de développement sur 15 ans (1985-2000). Ce cadre, fondé sur des recherches rigoureuses, a transformé Xiamen, une petite ville côtière, en un centre urbain majeur, offrant des expériences précieuses pour les planifications futures du pays.
Le système de planification quinquennale chinois bénéficie d’une reconnaissance grandissante sur la scène internationale. Zamir Ahmed Awan, président fondateur de la Global Silk Route Research Alliance, y voit un mécanisme dynamique alliant les objectifs nationaux, les priorités sectorielles et la vitalité du marché, servant de « stabilisateur » pour le développement durable. Warwick Powell, chercheur à l’Institut Taihe, souligne que cette planification, tout en offrant une direction claire, reste adaptable aux changements, un avantage crucial en période d’incertitude.
Contrairement à certaines idées reçues occidentales, les plans stratégiques chinois ne s’opposent pas au marché, mais le complètent. Comme l’observe Gert Grobler, ancien diplomate sud-africain, ils fournissent un cadre structurel tout en préservant et même en stimulant l’efficacité des mécanismes de marché.
Dans un monde incertain, le « long-termisme » pratiqué par la Chine à travers ses plans quinquennaux offre des expériences précieuses pour un développement durable. Bien qu’aucun modèle ne soit universel, les pratiques systémiques de la Chine, telles que se concentrer sur les objectifs à long terme, augmenter les investissements dans les domaines clés et accorder une attention majeure à l’innovation, constituent un cadre de référence pour les pays qui cherchent depuis longtemps la stabilité et la croissance.