Suite aux célébrations du soixantenaire des relations diplomatiques sino-françaises, nous voilà en cette année qui marque le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Union européenne (UE). Ces relations ont permis à la Chine et à l’Europe de se renforcer mutuellement, et d’inspirer le monde entier. Et la France y a joué un rôle majeur et unique. En ce moment charnière, il convient de passer en revue le parcours extraordinaire des relations Chine-UE pour tenir fermement le cap stratégique de leur avenir.
La troupe de cornemuse de Lorient donne un spectacle lors de la foire de la Mi-Automne de Longhua pour le Festival du tourisme de Shanghai, le 17 septembre 2024.
L’histoire des relations Chine-UE a été celle d’un partenariat répondant aux objectifs et intérêts respectifs de deux puissances en vue de l’avènement d’un monde multipolaire. Celle des efforts communs de deux économies aux modes de développement différents visant à élargir leurs intérêts communs et à favoriser la mondialisation économique. Et celle d’une confiance mutuelle sans cesse approfondie entre deux civilisations qui œuvrent à défendre et à valoriser la diversité culturelle sur la base du respect réciproque.
Le respect mutuel a toujours été le fondement politique essentiel des relations Chine-UE. Quand le spectre de la Guerre froide planait sur le monde, la Chine et l’Europe, aux histoires, cultures, voies de développement et systèmes sociaux tellement différents, ont fait valoir leur sagesse politique en recherchant le terrain d’entente par-delà leurs divergences, pour nouer un lien fort malgré la longue distance qui les sépare. Des liens diplomatiques en 1975, au partenariat global en 2001 puis au partenariat global stratégique en 2003, les relations Chine-UE avancent à grandes enjambées. En 2014, le Président Xi Jinping a effectué une visite au siège de l’UE et avancé l’idée de bâtir un partenariat Chine-UE pour la paix, la croissance, la réforme et les civilisations. En mai 2024, il a effectué une tournée très réussie en France, en Serbie et en Hongrie, lors de laquelle il a tracé l’avenir des relations Chine-UE. Jusqu’ici, la Chine et l’Europe ont tenu 24 éditions du Sommet Chine-UE, ouvert des dialogues de haut niveau sur les plans stratégique, économique, numérique, environnemental et culturel, organisé près de quarante sessions d’échanges sur les droits de l’homme et noué plus de 1 100 jumelages entre les communes, ce qui a approfondi leur compréhension mutuelle et rapproché les Chinois et Européens.
La Chine œuvre avec détermination à la modernisation à la chinoise, et l’UE poursuit l’objectif de l’intégration européenne. En poursuivant chacune son chemin, elles approfondissent constamment leur coopération pragmatique, et ont tissé ainsi un lien économique symbiotique. En 50 ans, le commerce sino-européen est passé de 2,4 milliards de dollars américains à 780 milliards. Les deux parties sont depuis longtemps le deuxième partenaire commercial l’une de l’autre. Les investissements croisés, autrefois nuls, sont passés à près de 260 milliards de dollars américains. Au premier trimestre 2025, l’import-export sino-européen a atteint 1 300 milliards de yuan RMB, soit plus de 10 millions de yuan d’échanges effectués chaque minute. En dix ans, 100 000 convois ont été expédiés sur les lignes de fret Chine-Europe. Aujourd’hui, les huîtres françaises sont livrées en état frais en Chine sous 36 heures, une Volkswagen sur trois est vendue sur le marché chinois, l’usine d’Airbus à Tianjin a livré plus de 700 appareils A320, les anticancéreux de Janssen figurent dans la liste de couverture médicale chinoise, la sonde Chang’e-6 a exploré la face cachée de la Lune avec à bord des instruments d’expérimentation européens, la reconnaissance mutuelle des indications géographiques favorise le commerce du thé vert Longjing et des vins de Bordeaux... Autant de chiffres qui illustrent l’abondance des fruits de la coopération sino-européenne, et qui représentent des bénéfices tangibles pour Chinois et Européens.
Dans l’histoire de la civilisation humaine, « l’harmonie dans la diversité » recherchée par la tradition chinoise et « l’unité dans la diversité » prônée par la philosophie européenne brillent de concert. L’Année de la culture Chine-France a été pionnière dans les échanges culturels de la Chine avec les autres pays. Des centres culturels chinois ont été ouverts à Paris et dans une dizaine d’autres capitales européennes. Lors de sa visite en France en mai 2024, le Président Xi Jinping a avancé l’initiative d’accueillir sur le sol chinois, en trois ans, plus de 10 000 étudiants français et le double du nombre actuel de jeunes européens en programmes d’échanges. Les ressortissants de 24 pays européens bénéficient désormais de l’exemption de visa pour un séjour de 30 jours en Chine ainsi que des facilités de mobilité pour mieux découvrir la Chine. De la coproduction de films aux fouilles archéologiques conjointes, de la traduction mutuelle de classiques littéraires à l’organisation croisée d’expositions de patrimoine culturel, la Chine et l’UE ont fait preuve d’ouverture et d’inclusion dans leurs échanges en refusant une simple logique binaire, et contribué ainsi à la diversité culturelle et au progrès de la civilisation humaine.
Showroom du constructeur chinois de voitures électriques NIO à Hambourg, le 23 janvier 2025
La Chine et l’UE représentent plus d’un tiers de l’économie mondiale, et chacun de leur geste a une portée mondiale. Face aux changements profonds et complexes que traversent notre monde et les relations entre grands pays, où vont les relations Chine-UE ? Comment en éviter la déviation et le ralentissement ? C’est une question qui appelle des réflexions approfondies.
Nous voulons une Chine et une UE stabilisatrices de ce monde en turbulence. L’esprit de l’indépendance, c’est ce qui a fait ces deux pôles importants dans le monde, et ce qui leur permet de consolider leur place dans une situation internationale en constante évolution. Comme le Président Xi Jinping l’a indiqué lors de son échange téléphonique avec le Président du Conseil européen António Costa en début de cette année, plus la situation internationale est grave et complexe, plus la Chine et l’UE doivent rester fidèles à leur engagement initial d’il y a 50 ans pour intensifier leurs communication et confiance stratégiques mutuelles et continuer de se considérer comme partenaires. Les relations Chine-UE se dotent d’une force motrice endogène puissante et ont devant elles de vastes perspectives. Ce sont des relations de non-hostilité, de non-dépendance et de non-soumission envers les tiers. La Chine soutient ouvertement l’intégration et l’autonomie stratégique de l’UE. Elle voit ses relations avec l’UE dans une optique stratégique et de long terme. Et sa politique européenne a toujours été stable et cohérente. Nous espérons que l’UE pourra se faire une idée plus objective de la Chine, mener une politique chinoise positive et pragmatique, écarter les perturbations issues des tiers et de nature idéologique, et rester un partenaire fiable.
La Chine et l’UE doivent devenir des éléments de certitude dans l’incertitude. Ces dernières années, elles ont travaillé ensemble pour faire progresser l’Accord de Paris, orienter la coopération internationale en matière de changement climatique, de biodiversité, de santé publique, d’intelligence artificielle, de sécurités énergétique et alimentaire, et d’allègement et de suspension de la dette des pays en développement, et favoriser le règlement politique des dossiers brûlants internationaux. À l’heure actuelle, les États-Unis attaquent de manière indifférenciée le monde entier avec des « droits de douane réciproques », mettent leurs intérêts égoïstes par-dessus la justice internationale, et imposent au monde la loi du plus fort. Cela a porté des coups très durs aux intérêts de la Chine, de l’UE et de toutes les autres parties. L’économiste français Frédéric Bastiat l’a bien dit, « L’échange est un droit naturel ... priver de cette faculté, ... c’est légitimer une spoliation, c’est blesser la loi de la justice ». Membres responsables de la communauté internationale, la Chine et l’UE sont appelées à jouer un rôle exemplaire dans la préservation du système international centré sur les Nations Unies et du système commercial multilatéral fondé sur l’Organisation mondiale du Commerce, et à s’opposer ensemble à ce que les questions économiques et commerciales soient abordées de manière abusive sous les prismes politique, idéologique ou sécuritaire.
La Chine et l’UE doivent être des partenaires pour l’ouverture et la coopération. Les deux parties doivent faire pleinement valoir la complémentarité des atouts et l’esprit gagnant-gagnant, et s’appuyer sur leurs poids économique, systèmes industriels, ressources et capacité d’innovation pour explorer les potentiels de coopération à un niveau plus élevé et rééquilibrer par le haut leurs échanges et investissements mutuels. Sur le dossier des véhicules électriques chinoises, les deux parties sont récemment convenues de relancer rapidement les négociations. Elles ont la capacité et la sagesse de bien résoudre ce problème par le dialogue et la consultation d’égal à égal dans le respect mutuel. La Chine poursuit son développement de haute qualité et son ouverture de haut niveau, et est prête à favoriser la synergie de l’Initiative « la Ceinture et la Route » et du « Global Gateway » de l’UE pour profiter aux deux parties et au monde entier. Par ailleurs, la politique chinoise de l’exemption de visa et les facilités de mobilité en faveur des ressortissants européens sont à exploiter davantage pour encourager les échanges aux différents niveaux, approfondir la coopération éducative et scientifique, et resserrer l’amitié Chine-UE.
Pour les cinquante prochaines années, nous souhaitons que la Chine et l’UE continuent de se considérer comme partenaires, d’élargir sans cesse leur coopération dans divers domaines au bénéfice de leurs peuples, et de travailler main dans la main pour bâtir un monde de stabilité, de sécurité, de prospérité et de progrès. La France a tout son rôle à jouer au sein de l’UE, pour mener avec la Chine une coopération pragmatique qui favorisera un développement vigoureux des relations sino-européennes.