La 7e édition de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE), la première exposition de niveau national dédiée aux importations dans le monde, se tient du 5 au 10 novembre à Shanghai. Sybille Dubois-Fontaine, directrice générale du Comité France Chine (CFC), a accordé le 6 novembre une interview exclusive à La Chine au présent. Elle a parlé du rôle de la CIIE dans la coopération entre les entreprises chinoises et françaises, partagé ses impressions sur les échanges économiques et sociaux entre la Chine et la France, et s’est exprimée sur les domaines de coopération en matière d’innovation. Voici des extraits de l’interview.
La Chine au présent : Beaucoup d’entreprises au sein du CFC participent régulièrement à la CIIE. Selon vous, quel rôle la CIIE a-t-elle joué dans la coopération entre les entreprises françaises et chinoises ? Est-ce qu’il y a des PME françaises qui ont réussi à entrer sur le marché chinois grâce à la CIIE ?
Sybille Dubois-Fontaine : Elle offre une multitude d’opportunités de rencontres, tant entre les entreprises françaises et chinoises qu’avec des officiels des deux pays. Cette année, la France est le pays d’honneur pour la deuxième fois, et c’est important. La CIIE est devenue un rendez-vous annuel permettant l’organisation de beaucoup de réunions et offrant de nombreuses opportunités de rencontrer divers acteurs au même endroit. Cette année, je crois qu’on a 130 entreprises françaises à la CIIE. Les gens attendent de se rencontrer, de créer des événements réguliers, et de tisser un dialogue qui évite la distanciation et c’est très important de travailler ensemble et d’éviter de ne pas se voir.
Je pense qu’avec des pavillons sectoriels et thématiques, c’est plus facile pour les PME de pouvoir aborder ensemble le marché chinois, mais elles doivent être dans un environnement collectif. Seules, elles manquent des ressources humaines nécessaires pour aborder un marché qui est lointain, complexe et très différent de celui en Europe. Ça demande une adaptation, et pour ça, la clé est le temps et les ressources humaines.
La Chine au présent : Depuis 45 ans, le CFC s’efforce de promouvoir les échanges et la coopération entre les entreprises chinoises et françaises. Comment avez-vous vu évoluer les échanges économiques et commerciaux entre la Chine et la France au fil des ans ? Quelles sont vos attentes pour l’avenir ?
Sybille Dubois-Fontaine : Pendant 45 ans, le CFC a accompagné plus de 500 ou 600 entreprises françaises qui au début étaient toutes petites en Chine. Grâce au travail collectif avec d’autres entreprises sous l’égide du CFC, elles ont pu trouver les clés pour ouvrir les portes.
Je pense que nos échanges sont plus matures. Nous avons appris à nous connaître et nous abordons maintenant plus directement le fond des sujets. Par exemple, il est plus facile de créer de l’innovation ensemble, parce qu’il n’y a plus la timidité de départ ni la méconnaissance du fonctionnement de l’autre, donc les relations entre les parties française et chinoise sont très souples dans le cadre de ces 40 années de rencontres. Il y a des experts en Chine qui connaissent bien la France, des experts français qui connaissent bien la Chine, donc ça permet d’aller plus vite. Je pense que nous avons gagné grâce à cette efficacité au cours de ces 40 ans. Et puis, il y a des ambassadeurs dans les deux pays, il y a les ambassadeurs officiels, mais aussi des Français et des Chinois qui connaissent bien l’autre pays. C’est grâce à eux que nous pouvons concrétiser des projets de manière efficace.
La Chine au présent : Depuis 2014, le CFC organise chaque année les Prix de l’Innovation pour encourager et récompenser les équipes franco-chinoises biculturelles qui ont œuvré à la réalisation de projets innovants. D’après vous, dans quels domaines la Chine et la France peuvent-elles renforcer leur coopération en matière d’innovation ?
Sybille Dubois-Fontaine : Dans tous les domaines d’évolution de la société. La Chine devient un pays avec une démographie vieillissante, donc il y aura des besoins qu’elle n’a jamais connus dans le domaine de la santé. Dans ce domaine-là, la France a déjà de l’expérience et elle peut beaucoup coopérer. Pour la France, le numérique et les technologies de décarbonisation de l’environnement sont des technologies dans lesquelles elle peut bénéficier de l’expérience chinoise.