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Thé chinois : un nouveau souffle à la tradition

2023-02-28 14:40:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI, membre de la rédaction
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Les plantations de thé dans l’arrondissement de Mingshan, à Ya’an

Le 29 novembre 2022, les techniques traditionnelles de transformation du thé en Chine et les pratiques sociales associées ont été inscrites sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO. Gan Yuxiang et Zhang Yuehua sont des héritiers de ces éléments du PCI national de la Chine que sont respectivement les techniques de fabrication du thé Nanlubian et celles du thé Mengding. Pour M. Gan, il s’agit d’une « reconnaissance de l’ingéniosité et de sa transmission ». M. Zhang a, de son côté, déclaré : « Nous devons faire rayonner nos techniques ancestrales et faire goûter aux populations du monde entier le thé Mengding. »

La ville de Ya’an (Sichuan) a une histoire du thé deux fois millénaire. Dans ses environs se trouve la montagne Mengding, qui abrite les premières plantations de thé mentionnées dans les annales chinoises. Situé dans une zone de transition entre le plateau Qinghai-Tibet et la plaine du Sichuan occidental, le terroir bénéficie d’une pluviométrie abondante tout au long de l’année. Depuis cinq générations, la famille de Zhang Yuehua plante, cueille et fabrique du thé à flanc de montagne. Une altitude et un climat propices, ainsi qu’un savoir-faire unique, permettent à son thé primeur artisanal de partir comme des petits pains. Gan Yuxiang, quant à lui, a commencé, dès son enfance, à apprendre la fabrication du thé Nanlubian auprès de son père et de son grand-père. Voilà maintenant plus de 50 ans qu’il s’y adonne et qu’il y est profondément attaché.

Ces derniers temps, M. Gan et M. Zhang se sont mis à réfléchir au développement de leurs produits, ambitionnant de tirer parti du pouvoir de l’héritage et de l’innovation afin de contribuer à la revitalisation rurale.

Gan Yuxiang, héritier des procédés de fabrication du thé Nanlubian

Nouvelles opportunités pour un thé sombre

Le thé Nanlubian est une variété de thé sombre. En 641, la princesse Wencheng de la dynastie des Tang, pour se marier avec le roi tibétain Songtsen Gampo, a rapporté du thé de la montagne Mengding jusqu’au Tibet. Dès lors, sa consommation s’y est enracinée et a donné naissance à la célèbre Route du Thé et des Chevaux Sichuan-Tibet, qui a acheminé pendant un millénaire le thé Nanlubian de Ya’an vers la région tibétaine.

Selon M. Gan, l’histoire du thé Nanlubian peut remonter à plus de 1 300 ans. Sa transformation se décline en de multiples étapes : cueillette, séchage, amollissement à la vapeur, roulage, fermentation et torréfaction entre autres. Ces techniques ont été perfectionnées et transmises par d’innombrables artisans depuis un millénaire, devenues un apanage de la région théicole de Ya’an.

Héritier de la cinquième génération de ces procédés qu’il s’était magnifiquement appropriés, M. Gan a fondé en 1992 son entreprise de thé et commencé à développer des techniques adaptées à une production standardisée. En l’espace de 20 ans, il a réussi à lancer trois générations de produits à base de thé. D’après lui, il existe actuellement plus de 50 variétés de thé Nanlubian, qui, tout en conservant la texture, les saveurs et les propriétés bienfaisantes originelles, sont plus en phase avec les besoins des citadins d’aujourd’hui en termes d’emballage, de mode de consommation, de collection et de décoration. « Nos produits sont également exportés vers les États-Unis, le Canada, la Russie, le Kenya et d’autres marchés étrangers. Ils sont très populaires. »

M. Gan se sent surtout ravi que ses années de persévérances en tant qu’artisan novateur aient porté leurs fruits. En mariant la technologie moderne au savoir-faire ancestral, son entreprise a fabriqué, au fil des ans, des alcools au thé, des thés en poudre solubles et d’autres produits diététiques à base de thé. Aujourd’hui, portée par la vague d’« Internet + », toute la chaîne de production du thé Nanlubian est en plein essor. D’ailleurs, Ya’an a inclus celle-ci dans son plan de développement du tourisme au tour du thé.

Zhang Yuehua torréfie des feuilles de thé dans sa maison ancestrale sur la montagne Mengding.

Rêve de développement pour un thé vert

Chaque année vers début avril, Zhang Yuehua vient dans sa maison ancestrale sur la montagne Mengding pour torréfier des bourgeons de thé fraîchement cueillis. Ces jeunes pousses donneront un thé vert, nommée Zhangshi Ganlu (Nectar de chez Zhang), dont il est héritier de la cinquième génération des techniques de transformation. Les bourgeons utilisés proviennent des théiers cultivés à une altitude entre 700 et 1 400 m, et d’une cueillette entre l’équinoxe de printemps en mars et la fête de Qingming en avril. Le produit fini, très prisé, présente un aspect duveteux et replié avec un parfum de marron. Il est classé en trois niveaux : Saga, Maître et Artisan.

L’enseignement des techniques traditionnelles de transformation du thé Mengding se fait principalement à l’oral et s’appuie beaucoup sur l’expérience. « Le maître donne des instructions en fonction de l’état de croissance des bourgeons, du temps de leur cueillette et de leur teneur en eau », a expliqué M. Zhang. « Lors de la fixation [la torréfaction consistant à ralentir ou arrêter l’oxydation enzymatique, ndlr], le maître observe la gradation de la couleur des feuilles et contrôle la température de la poêle avec l’assistance d’un chauffeur, a-t-il ajouté, l’ensemble des procédés de fabrication se font à la main et il faut quatorze étapes pour obtenir une tasse de thé Mengding couleur vert-jaune avec un goût savoureux et rafraîchissant. »

Depuis que les techniques traditionnelles de transformation du thé en Chine, dont celles du thé Meng-ding, ont été inscrites sur la Liste représentative du PCI de l’UNESCO, Zhang Yuehua est bien plus débordé. « Je suis occupé à donner des formations, dans l’espoir que cet artisanat ancestral se transmettra de génération en génération. »

À la différence de Zhang Yuehua, son fils Zhang Bo s’affaire à élargir le marché, tant en Chine qu’à l’étranger. « La pandémie a gravement impacté le marché du thé. Je profite de ce début d’année pour contacter de nouveaux clients et faire revenir les vieux clients. » Il y a quelques années, il a repris de son père la direction du Sichuan Mengdingshan Yuehua Tea Industry Group. Grâce à son bagage de connaissances spécialisées et à son esprit affûté, l’entreprise était déjà bien huilée avant la pandémie.

D’après Zhang Bo, l’entreprise a toujours tâché de produire du thé bio. Elle a construit à cet effet près de 1 700 ha de plantations, dont 570 ha de grand cru, impliquant 2 543 ménages théiculteurs. « L’industrie du thé est devenue l’industrie la plus sociale et la plus empreinte d’histoire dans le district de Mingshan à Ya’an. Elle offre à la majorité des locaux des moyens de subsistance et des opportunités de s’enrichir. »

À l’heure actuelle, plus de 200 000 personnes exercent une activité liée au thé dans le domaine principal de la montagne Mengding. Le père et le fils Zhang réfléchissent, en dehors du marketing et des ventes, au développement de leurs produits. Comme Gan Yuxiang, les Zhang ont eu l’idée de promouvoir un tourisme local autour du thé. « Le parc culturel du thé, par exemple, permet aux touristes non seulement de se reposer et de déguster, mais aussi d’en apprendre davantage sur la longue histoire du thé Mengding, de sa plantation à sa fabrication en passant par sa commercialisation », a expliqué Zhang Bo. Selon lui, les nombreux musées, salons d’expérience, ateliers, centres de formation dédiés à la culture et aux techniques de transformation du thé Mengding, assaillis par les touristes chaque année, entraînent efficacement le développement du tourisme culturel de Ya’an.

Ces dernières années, Zhang Bo a fait appel à des équipes de R&D bien rodées, qui ont mis au point des produits dérivés thérapeutiques ou diététiques, et à haute valeur ajoutée. En explorant les possibilités de l’économie du thé, son entreprise a contribué à étendre la chaîne industrielle et à faire du thé Mengding une véritable filière verte et rentable au profit des habitants locaux.

Après la consécration par l’UNESCO

« Après la consécration de l’UNESCO, ce que nous allons faire, c’est élargir nos marchés et perfectionner notre savoir-faire. Nous devons mettre à profit la réputation du PCI de l’UNESCO pour promouvoir notre thé Nanlubian dans le monde. Nous devons également réfléchir à l’adapter aux goûts de toutes les populations afin de leur faire bénéficier de ses vertus », a déclaré M. Gan.

Actuellement, Ya’an compte près de 67 000 ha de plantations de thé, plus de 600 000 théiculteurs, plus de 500 entreprises de thé et des dizaines de milliers de marchands de thé qui s’activent entre les plantations, les usines et les points de vente. Chaque année, le thé de haute qualité de Ya’an s’exporte dans le monde entier. « En 2021, la production totale à Ya’an a atteint 110 000 tonnes, estimées à plus de 20 milliards de yuans, se classant au premier rang de la province », a relevé Chen Kaiyi, vice-président de l’Association de l’industrie du thé du Sichuan et enquêteur du Bureau agricole et rural de Ya’an. Selon lui, en 2021, la marque du thé Mengding est évaluée à 4,1 milliards de yuans, maintenue en tête des marques publiques de thé de la province, et la marque du thé tibétain de Ya’an, à 2,1 milliards de yuans, se trouvant à la première place du palmarès des thés sombres du Sichuan et dans le peloton de tête en Chine. « Ces deux marques, un thé vert et un thé sombre, sont devenues une carte de visite en or pour les produits bio de Ya’an et même du Sichuan. »

M. Chen a également souligné qu’accroître la notoriété des marques constituait toujours une priorité absolue pour le développement de l’industrie du thé de Ya’an, et que les marques publiques et d’entreprise iraient de pair pour continuer d’augmenter la valeur ajoutée des produits de thé de la ville. « Nous avons davantage confiance dans notre développement. D’ici à 2025, les valeurs de ces deux marques publiques dépasseraient respectivement les 5 milliards de yuans et les 3 milliards de yuans, ce qui leur permettrait de devenir des archétypes du thé chinois. »

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