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Du passé à l’époque contemporaine : la renaissance de la laque

2022-04-29 10:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:Ma Li
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Travail sur la laque incrustée d’or

 

« En enlevant le dépôt qui recouvre les objets anciens depuis des siècles, je commence un dialogue avec nos ancêtres à travers le temps et l’espace », explique avec passion Hou Xue, héritier représentatif de la technique de la laque incrustée d’or, patrimoine culturel immatériel national chinois. Évoquant son expérience dans la restauration d’objets anciens à la Cité interdite, il ne peut dissimuler sa fierté : « C’est un grand honneur de restaurer de mes mains des objets fabriqués par nos ancêtres. »

 

Un choix dû au hasard

 

Diplômé en design d’art de l’Université de technologie de Chine du Nord, M. Hou voulait à l’origine postuler pour un emploi de maquettiste dans un média. Or, le hasard fait bien les choses : il a rencontré Bai Qun, PDG de la société Beijing Gold Lacquer Inlaid et héritier représentatif de la technique de la laque incrustée d’or, qui l’a invité à visiter la salle d’exposition de son entreprise, et lui a raconté l’histoire de son père Bai Deyuan (1947-2019), grand maître de l’artisanat chinois de la laque et successeur (de cinquième génération) des artisans de l’Atelier du palais de la dynastie des Qing.

 

Profondément touché par la beauté des objets tels que les paravents et les coffres élégants de la salle d’exposition, M. Hou s’est passionné pour la technique de l’incrustation : « J’ai eu l’impression de rêver lorsque j’ai touché ces objets raffinés, employés longtemps auparavant dans les cours impériales. Les techniques utilisées ont été parfaitement transmises et modernisées, ce qui m’a donné une grande force spirituelle, voire magique. C’est pourquoi, quand M. Bai m’a demandé si je voulais apprendre cette technique, j’ai dit oui immédiatement. »

 

La laque chinoise a une histoire de 8 000 ans, et la technique de l’incrustation est une catégorie importante de cet artisanat, prisé de tout temps par la cour impériale. Depuis l’Antiquité, Beijing est une région importante de production de laque. Les Ateliers du palais (des institutions spécialisées dans la fabrication de biens impériaux) des dynasties des Yuan (1271-1368), des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911) ont contribué au développement technique de la laque à Beijing. Après la fin de la dynastie des Qing, les artisans travaillant pour le Palais impérial se sont dispersés dans la population et ont formé huit techniques dans la région, à savoir la laque incrustée d’or, le filigrane, le cloisonné, la sculpture en ivoire, la sculpture en jade, la sculpture en laque, la broderie de Pékin et la tapisserie impériale. Elles sont connues sous le nom de « Huit merveilles de Yanjing » (Yanjing est l’ancien nom de Beijing).

 

En 2009, M. Hou a officiellement rejoint la société en tant qu’apprenti. Il affirme en riant qu’il s’est « trompé de métier » et qu’il a choisi d’apprendre cette technique uniquement par hasard. Cependant, après des années d’études assidues, il s’est vu attribuer les titres de Grand Maître d’artisanat national, de successeur (de septième génération) des artisans de l’Atelier du palais de la dynastie des Qing et d’héritier représentatif de la technique de la laque incrustée d’or.
 
Le paravent « Cinq cent Arhats » de maître Bai Deyuan

 

Le respect et l’esprit de l’artisanat

 

De 2014 à 2016, en tant que jeune artisan, M. Hou a participé à un projet portant sur la restauration et la conservation des laques, ainsi que sur la recherche sur l’imitation et la reproduction des objets au Musée du Palais impérial à Beijing, une expérience qui l’a beaucoup marqué.

 

« Par exemple, si la couleur bleue d’un objet ancien s’est ternie, il faut repeindre l’objet avec cette couleur de laque, souvent en l’appliquant sept à huit fois, couche par couche, de la plus claire à la plus foncée, pour finalement retrouver la saturation originelle. Chaque jour, la peinture doit être réalisée à la même heure et au même endroit, afin d’éviter une aberration chromatique », détaille M. Hou.

 

La laque incrustée d’or comprend plusieurs techniques, dont le dessin coloré. « Lorsqu’on dessine, le mouvement du pinceau doit être stable et sûr, les nuances d’une couleur doivent être uniformes. Ces étapes apparemment simples exigent en fait non seulement un haut niveau de compétence, mais aussi la connaissance de l’histoire derrière chaque objet », précise M. Hou. « Ces œuvres représentent l’esthétique de leur époque. Ce qui explique qu’elles restent attrayantes aujourd’hui, c’est qu’elles portent la richesse culturelle et l’esprit propre des artisans qui se sont succédé au cours des milliers d’années de civilisation chinoise. J’ai toujours été respectueux et admiratif des techniques et de la sagesse de nos ancêtres. »

 

Les produits en laque incrustée d’or présentent un large éventail de techniques et de sujets. Selon le type d’artisanat, il s’agit principalement d’incrustations, de peintures, de sculptures et de remplissages ; selon l’usage, on distingue des récipients, des meubles, des paravents, des tablettes, des décorations murales, etc. « Dans la Cité interdite, la plupart des laques ont été fabriqués en utilisant la technique de la laque incrustée d’or. Par exemple, le trône dans la Salle de l’Harmonie suprême, la tablette suspendue dans le Palais de la Pureté céleste (résidence de l’empereur), ainsi que les lits, les bureaux, les coffrets et les boîtes de toilette », énumère M. Hou. « Si mon entreprise coopère à long terme au projet de restauration de la Cité interdite, c’est parce que nous avons hérité de ces anciennes techniques et les avons modernisées. »
 

 

Héritage et innovation

 

La société a été créée il y a 66 ans. Elle est depuis son origine une héritière et protectrice modèle de ce patrimoine culturel immatériel. De plus en plus de jeunes artisans rejoignent l’entreprise, apportant des idées neuves tout en perpétuant l’héritage de leurs aînés. « Bai Deyuan a toujours souligné que, sur la base d’un héritage de techniques traditionnelles, les jeunes créateurs devaient aussi innover de manière raisonnable et efficace », rappelle M. Hou. Cette innovation est double : l’une répond aux besoins de l’époque, l’autre concerne la restauration et la reproduction d’anciens savoir-faire perdus depuis de nombreuses années.

 

Début 2022, la société, en collaboration avec le Musée des huit artisanats impériaux de Yanjing, l’Atelier du palais à l’ère contemporaine et l’Atelier de sculpture en laque Hehe, a conçu un produit culturel et créatif sur le thème de la glace et de la neige : une montre incrustée en nacre, fortement appréciée des consommateurs. Le flocon de neige est utilisé comme modèle de base du cadran. En combinant différents motifs traditionnels chinois de bon augure avec le concept artistique du graveur néerlandais Maurits

 

Cornelis Escher (1898-1972), le cadran resplendit de dynamisme. Cette montre est tellement recherchée qu’elle a été plusieurs fois en rupture de stock, ce dont M. Hou se félicite : un « bon » produit de patrimoine culturel immatériel n’est pas juste une pièce à exposer dans un musée, il doit répondre aux besoins esthétiques des gens de notre époque et s’intégrer dans leur vie.

D’après Hou Xue, pour évaluer si un patrimoine est bien préservé, il faut d’abord voir s’il crée de la valeur et engendre du profit : « Sinon, on perdra la valeur et le sens de l’héritage lui-même. Quand l’industrie est rentable, elle peut attirer des jeunes, et ainsi résoudre les problèmes pratiques du manque de successeurs et du manque d’innovation. »
 

 

Au cours des dernières années, son entreprise a fabriqué une grande variété d’articles en laque abordables et adaptés à la vie quotidienne : des récipients, des meubles, des objets décoratifs, etc. Elle s’est aussi ouvert un marché international en coopérant avec des marques mondialement célèbres.

 

Le 30 septembre 2019, la Semaine de la mode printemps-été 2020 de Paris de la marque chinoise de vêtements de luxe pour femmes Heaven Gaia s’est tenue au Petit Palais, célèbre musée des beaux-arts. Elle a remporté un franc succès. En utilisant la technique de la laque incrustée d’or, la collection « Laque / Source » de sacs à main pour femmes a fait une apparition remarquable.

 

En outre, la société coopère avec des universités de Beijing, ouvrant des classes d’option en laque incrustée d’or, afin que les étudiants puissent travailler directement dans l’entreprise après l’obtention de leur diplôme. À Shijingshan, cet artisanat a même intégré le programme des écoles primaires et secondaires, permettant aux élèves de découvrir ce patrimoine culturel immatériel traditionnel.

 

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