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Le tissage du bambou : la clef d'une vie heureuse

2022-03-09 14:19:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI, membre de la rédaction
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Yang Changqin travaille avec deux employées sur les techniques de tissage.

Née dans les années 1990, Yang Changqin s’implique dans la transmission du tissage du bambou à Chishui (ville située dans le nord-ouest de la province du Guizhou). La veille de son départ pour Beijing pour assister à l’Assemblée populaire nationale (APN), cette jeune députée venait d’achever, avec ses employés, le premier lot de commandes de produits en bambou tissé du premier trimestre de l’année.

Yang Changqin traite des lanières de bambou.

« Dans le passé, nos produits étaient principalement vendus à l’étranger, mais il y a moins de commandes internationales du fait de la pandémie de COVID-19. Heureusement, nos efforts d’exploration sur le marché intérieur connaissent un succès », explique Yang Changqin.

La jeune femme combine étroitement la transmission du patrimoine culturel immatériel avec la revitalisation rurale, en modernisant les anciennes techniques de tissage du bambou par le biais de méthodes innovantes. D’innombrables produits en bambou acquièrent ainsi une grande valeur culturelle et se répandent dans le monde. La base de « production-éducation-recherche » que Yang Changqin a construite a permis à des centaines d’habitants locaux de décrocher un emploi et d’augmenter leurs revenus.

Un intérêt inattendu

Yang Changqin choisit des matériaux dans la forêt de bambous.

En 2007, Yang Changqin, alors âgée de 17 ans, a été diplômée d’une école normale pour enseignement de maternelle. « J’aurais pu travailler dans un jardin d’enfants dans de très bonnes conditions et également avoir l’opportunité exceptionnelle de poursuivre mes études dans un établissement supérieur, mais j’ai finalement choisi de quitter ma région natale (le district autonome tujia et miao de Yinjiang) pour apprendre le tissage du bambou traditionnel à Chishui, parce que je suis tombée amoureuse de cette technique lors de mon stage avant le diplôme », se souvient-elle.

Au début, sa décision n’a pas été soutenue par ses parents, qui la décrivent comme une forte tête. Le chemin de l’apprentissage n’a pas été facile, mais Yang Changqin a toujours avancé avec persévérance. En quelques années seulement, elle a atteint la perfection dans l’art du tissage, et ses œuvres ont remporté des dizaines de prix à l’intérieur et à l’extérieur de la province du Guizhou.

En 2012, Yang Changqin a fondé sa propre usine artisanale de tissage du bambou dans le canton de Datong à Chishui. La première vague d’employés comprenait beaucoup de femmes pauvres séparées de leur époux travaillant en ville. Analysant la demande du marché, son équipe a développé une grande variété de produits tissés en bambou, tels que des sacs, des tasses à thé, des paniers à fleurs, des tableaux, qui sont vendus aux quatre coins du pays et sur le marché international via des expositions et le e-commerce.

Yang Changqin présente des filaments de bambou à tisser.

« Ce n’est qu’en intégrant constamment les techniques du patrimoine culturel immatériel dans la vie quotidienne du peuple et en créant continuellement de la valeur par l’innovation que les métiers traditionnels pourront être mieux protégés et transmis », avance Yang Changqin, qui espère que de jeunes artisans se réapproprieront le tissage du bambou.

Chishui fait partie des dix lieux les plus célèbres pour le bambou en Chine. Elle possède actuellement plus de 1,3 million de mu (un mu = 1/15 ha) de forêt de bambous, avec près de 200 000 personnes engagées dans des activités industrielles connexes. L’économie du bambou est considérée comme une force motrice importante de la revitalisation rurale.

« En tant que matière première, un morceau de bambou ne peut se vendre qu’à dix yuans, tandis qu’un produit artisanal en bambou peut être vendu à des centaines, voire des milliers de yuans, après une vingtaine de processus tels que la déshydratation, le coupage en lanières, la teinture, le tréfilage et le tissage », décrit Yang Changqin. À travers le traitement artisanal, le bambou est devenu un atout pour l’enrichissement de la population.

Le marché intérieur

Grâce à sa grande variété de produits, le tissage du bambou de Chishui est rentable, à la fois en ligne et hors ligne.

La pandémie de COVID-19, qui a éclaté au début de 2020, a désorganisé les plans de production et de vente de l’usine de Yang Changqin. « Les ventes sur les marchés étrangers ont stagné. Une centaine d’employés attendant leur salaire, je devais trouver un nouveau débouché sur le marché intérieur », explique-t-elle. Alors que jusque-là, elle attendait patiemment que des commandes lui soient passées, Yang Changqin a commencé à prendre l’initiative d’appeler des plateformes de vente à l’intérieur du pays, pour recommander ses produits.

« Un jour, j’ai conduit pendant des heures de Chishui à Guiyang (chef-lieu du Guizhou) pour proposer des produits à la société de e-commerce Qianhuo Chushan (qui signifie littéralement « les produits du Guizhou sortent des montagnes »). Après les avoir examinées, le patron de cette entreprise a décidé, sans aucune hésitation, d’acheter toutes nos marchandises. Cela m’a apporté beaucoup de soutien et d’encouragement », raconte Yang Changqin.

Après cette expérience réussie, elle a déployé des efforts pour présenter ses produits aux principales plateformes de e-commerce. De plus, son entreprise participe activement à des expositions à tous les niveaux avec ses différents produits.

« Nous participons à plus de 50 expositions chaque année, qui nous apportent beaucoup de commandes hors ligne. Ces deux dernières années, nous avons réussi à gagner notre vie par la vente des produits sur le marché chinois », déclare Yang Changqin. « Nos performances commerciales sont assez bonnes ; nos ventes sur la seule plateforme de Qianhuo Chushan peuvent atteindre des millions de yuans chaque année. »

Une valeur affirmée

Yang Changqin (à dr.) guide deux employées dans le tissage du bambou.

Dans le Centre d’expérience du patrimoine culturel immatériel sur le tissage du bambou de Chishui, on peut découvrir plus de 300 catégories de produits d’art artisanal en bambou, dont certains sont vendus à Taiwan et à Hong Kong, tandis que d’autres sont exportés vers des pays tels que la France et la Grande-Bretagne.

En 2018, Yang Changqin a été élue députée à la XIIIe APN, du fait de son rôle important dans la transmission et la protection du tissage du bambou, ainsi que de sa contribution à l’enrichissement de la population locale.

La première fois qu’elle a assisté aux « Deux Sessions », elle a eu l’occasion de se présenter dans le couloir des députés (où ces derniers répondent aux questions de la presse en marge d’une session de l’APN). « Le fait que je présente les techniques du tissage du bambou de l’ethnie miao en tant que députée de l’APN signifie non seulement une affirmation de la transformation et de la protection de ce patrimoine culturel immatériel, mais également un grand encouragement pour les artisans fidèles à cet art », constate-t-elle.

En 2021, le tissage du bambou à la chinoise a été regardé en ligne par 70 millions d’internautes sur TikTok. « Cela prouve que cet artisanat traditionnel est fort apprécié. Il nous faut développer davantage de produits adaptés au marché international pour créer plus de valeur », indique la jeune femme.

Une marque culturelle

Yang Changqin présente le tissage du bambou de Chishui, dans le couloir des députés lors des « Deux Sessions » en 2018.

Afin de mettre ce patrimoine culturel immatériel « à la mode », elle a suivi des cours de perfectionnement à l’Académie des beaux-arts de Shanghai et à l’Académie des beaux-arts de l’Université Tsinghua. Ensuite, elle a appliqué ses nouvelles connaissances et compétences au processus du tissage fin et tridimensionnel, développant une série d’objets artisanaux décorés de tissage du bambou, tels que des poteries, des bijoux et des brûleurs d’encens, qui sont populaires parmi les jeunes consommateurs.

En ce qui concerne la situation actuelle de la protection et de la transmission du patrimoine culturel immatériel, Yang Changqin estime que de nombreuses techniques et de nombreux produits traditionnels uniques n’ont pas encore formé leur propre marque. Elle a suggéré d’intégrer les ressources techniques à travers l’établissement de bases industrielles, d’améliorer le système de formation, d’ouvrir les canaux de production et de vente et de former des marques de création culturelle.

En 2021, l’entreprise de Yang Changqin affichait une valeur de production de plus de 20 millions de yuans, avec 34 marques déposées et 12 brevets d’invention. Elle a permis à plus de 100 habitants locaux de trouver un emploi, aidant 570 personnes (177 foyers) à augmenter leurs revenus. Depuis sa création en 2012, presque 10 000 personnes ont reçu une formation de tissage du bambou chaque année, entre autres des femmes pauvres séparées de leur époux travaillant en ville, des personnes relogées, des handicapés et des étudiants.

De plus en plus de jeunes retournent chez eux pour travailler dans la base de « production-éducation-recherche » de Yang Changqin. « On peut souvent observer une jeune mère tisser, son bébé dormant à côté d’elle, dans un panier en bambou », se réjouit-elle. « C’est le chemin de bonheur que recherche le peuple. »

(Photos fournies par Yang Changqin)

 
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