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L’île de Gulangyu, modèle pour « Nice, la ville de la villégiature de riviera »

2021-04-27 20:01:00 Source:La Chine au présent Auteur:Jean-Jacques Aillagon
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  Ce 27 avril s’est tenu le forum intitulé « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu ». L’événement s’est déroulé en partie sur l’île de Gulangyu et en partie par vidéoconférence, sous la direction du Groupe international de publication de Chine et du gouvernement populaire municipal de Xiamen. Il était organisé par La Chine au présent, le Bureau des affaires étrangères du gouvernement populaire municipal de Xiamen et le Comité d’administration de la zone touristique île de Gulangyu–monts Wanshi.  

 

Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre français de la Culture et président de la Mission Nice Patrimoine mondial, donne un discours lors du forum. (Photo : Yu Jie)

  Prendre part au forum « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française  : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu » est d’autant plus réjouissant que celui-ci s’inscrit dans le cadre d’une amitié, d’un jumelage et d’une coopération anciens, fidèles et féconds entre la ville de Xiamen et la ville de Nice.    

  Dès les années 1980, cette relation s’est établie par des échanges universitaires auxquels ont participé plusieurs centaines d’étudiants avec leurs enseignants. En 2012 a eu lieu la première visite d’une délégation niçoise à Xiamen et cette visite s’est précisément déroulée sur l’île de Gulangyu. En 2014, cette relation privilégiée a été consacrée par la signature du jumelage entre les deux villes. Depuis lors, les échanges n’ont cessé de s’intensifier. La ville de Nice a envoyé à Xiamen son Ballet Nice Méditerranée, les chœurs de l’Opéra Nice Côte d’Azur et son célèbre carnaval. À ce titre, Nice a reçu, en 2018, le Premier prix de la coopération décentralisée franco-chinoise attribué par le ministère français des Affaires étrangères.  

  En outre, Nice s’honore d’avoir reçu ces dernières années, à deux reprises, la visite de présidents de la République populaire de Chine. Le président Hu Jintao y a été accueilli en 2010 à l’occasion d’une rencontre bilatérale avec le président de la République française Nicolas Sarkozy. Le président Xi Jinping y est venu pour la première fois en 1985 en qualité de vice-maire de Xiamen, délégué aux relations internationales. Il y est revenu en 2003 en tant que gouverneur par intérim de la province du Zhejiang. Et sa dernière visite date de mars 2019 en tant que président de la République populaire de Chine. 

       Lors de la visite à Nice de la délégation conduite par M. Han Jingyi en novembre 2019, nous avons pu constater les analogies qui existent entre le patrimoine de l’île de Gulangyu et celui de Nice, caractérisés tous deux par une histoire internationale qui a produit des architectures cosmopolites remarquables.  

Une riche histoire architecturale  

  Avec l’ouverture de Xiamen comme port de commerce en 1843 et la désignation de Gulangyu comme établissement international en 1903, cette île des côtes du sud de l’empire chinois est devenue une importante fenêtre d’échanges sino-étrangers. Il en a résulté, au plan patrimonial, un exemple exceptionnel d’une fusion culturelle de styles architecturaux locaux et internationaux : le style traditionnel du Fujian du Sud, le style occidental néo-classique et le style colonial à véranda, débouchant sur un mouvement architectural nouveau, l’Amoy Deco, synthèse entre le style moderniste du début du XXe siècle et le style Art déco.     

  Ce sont d’ailleurs ces caractéristiques qui ont été consacrées par l’UNESCO en 2017 par l’inscription de l’île de Gulangyu sur la Liste du patrimoine mondial. Or, ce sont des caractéristiques du même type qui ont inspiré à la ville de Nice l’initiative d’une candidature sur cette même liste.     

  Cette démarche a été voulue par le maire de Nice, Christian Estrosi. La candidature de Nice a été retenue par le gouvernement français en janvier 2020 et sera présentée en juillet 2021 au comité du patrimoine mondial.     

  Sous le titre « Nice, la ville de la villégiature de riviera », l’objet de cette candidature est une vaste partie de la ville, d’une superficie d’environ 550 ha, qui s’est développée quasiment exclusivement par et pour la villégiature de riviera, avec son urbanisme régulé, ses espaces verts plantés d’essences exotiques, ses promenades au premier rang desquelles l’emblématique promenade des Anglais, son patrimoine de villégiature, reflet d’apports venus du monde entier, avec ses villas, ses hôtels, ses palaces, ses « palais », ses immeubles d’agrément, ses bâtiments témoins de son cosmopolitisme et même ses lieux de culte orthodoxe, anglican, épiscopalien, protestant, juif ou catholique.  

Photo prise devant un bâtiment en restauration situé au no 34 de la rue d’Anhai, sur l’île de Gulangyu. Construit en 1897, il a une histoire longue de 124 ans. (Photo : Yu Jie)   

Partage d’expérience     

  Au cours des dernières décennies, l’UNESCO a inscrit sur la Liste du patrimoine mondial un certain nombre de sites qui témoignent de grands phénomènes de civilisation. Pour ne citer que des sites français, on peut évoquer Albi qui témoigne de l’influence du pouvoir de l’Église dans l’organisation des villes médiévales, Versailles, devenu le symbole même de la scénographie architecturée de l’espace naturel et urbain par un pouvoir royal, Bordeaux, reflet de la pensée du siècle des Lumières, ou encore Le Havre, modèle même d’une ville de la Reconstruction. L’inscription de « Nice, la ville de la villégiature de riviera » permettrait, de la même façon, d’inscrire sur la Liste du patrimoine mondial un nouveau bien culturel, lui aussi issu d’un phénomène de civilisation, en l’occurrence l’avènement puis le développement, au sein des sociétés modernes, de la villégiature d’agrément dont est né le tourisme.     

  L’île de Gulangyu constitue un exemple remarquable, qui invite à établir avec la ville de Xiamen une coopération sur les bonnes pratiques et les échanges d’expérience en matière de conservation de nos patrimoines et de gestion des flux touristiques qui s’y rattachent.         

Jean-Jacques Aillagon est ancien ministre français de la Culture et président de la Mission Nice Patrimoine mondial.

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