Des tracteurs utilisés pour la récolte, le déchaumage et la préparation du sol sont à l’œuvre dans les fermes Jianshan et Heshan du Groupe Beidahuang, à Heihe (Heilongjiang), le 29 septembre 2020.
Le 21 février 2021, la Chine a publié la Directive du Comité central du PCC et du Conseil des Affaires d’État sur la promotion du redressement rural sur tous les plans et sur la modernisation de l’agriculture et des régions rurales, soit le 18e « document n° 1 » de notre siècle élaboré par les autorités centrales pour guider le travail sur l’agriculture, les régions rurales et les paysans. L’année 2021 marque le début du XIVe Plan quinquennal du pays, ainsi que le début de sa nouvelle marche pour l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne, dans le but de réaliser l’objectif du deuxième centenaire. En conséquence, le « document n° 1 » des autorités centrales pour l’année 2021 revêt une grande importance. Ce texte, qui propose des plans visant à résoudre des problèmes liés à l’agriculture, aux régions rurales et aux paysans, ainsi que des orientations politiques plus concrètes, est plus stratégique et plus riche que le « document n° 1 » des années précédentes.
Il se compose de cinq grandes parties détaillant, par exemple, comment veiller à ce que la consolidation des résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté s’articule avec le redressement rural, comment promouvoir la modernisation de l’agriculture et des régions rurales ou encore comment mener des actions visant à développer le milieu rural. Il déploie de manière globale et systématique les objectifs, les priorités et les garanties du travail pour cette année et les années à venir.
Moderniser en même temps l’agriculture et les régions rurales
Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, la Chine a fait de la modernisation l’objectif du développement agricole et rural, tout en privilégiant la modernisation de l’agriculture pendant une longue période. En 1961, elle a précisé, pour la première fois, qu’il était essentiel de « réaliser de manière progressive la mécanisation et l’électrification de l’agriculture ainsi que la construction de projets d’irrigation et l’application d’engrais chimiques ». Lors de la troisième session plénière du XIe Comité central du PCC en 1978, la Chine a annoncé qu’elle tracerait une « voie de modernisation agricole adaptée à sa situation ». Dès lors, divers efforts ont été déployés à cette fin au cours des années suivantes, entre autres des réformes du système d’exploitation de l’agriculture, l’augmentation des investissements dans les sciences et les technologies, ainsi que l’extension de la chaîne industrielle. En 2012, lors du XVIIIe Congrès du PCC, la Chine a déclaré qu’il était nécessaire de « construire un système industriel, un système de production et un système d’exploitation adaptés aux exigences de l’agriculture moderne », en enrichissant la modernisation de l’agriculture de nouvelles dimensions. La Chine a aussi accordé une grande importance au développement rural et au bien-être des paysans : en 2017, l’objectif d’« accélérer la modernisation de l’agriculture et des régions rurales » a été fixé dans le Rapport au XIXe Congrès du PCC, élevant les régions rurales au même titre que l’agriculture, soulignant que la modernisation des régions rurales concerne à la fois « le matériel » et « l’humain », mais aussi le système et la capacité de gouvernance rurale.
La modernisation intégrée de l’agriculture et des régions rurales est la clé de la modernisation de l’ensemble du pays. Le processus de modernisation dans de nombreux pays a commencé par la transition d’une société agricole en une société industrielle : ces pays ont d’abord réalisé la modernisation de leur agriculture avant de s’engager dans celle de leurs régions rurales, par le biais du développement intégré des villes et des campagnes et de l’élaboration de solutions favorables. Cependant, tous les pays n’ont pas réussi à réaliser cette transition. Si les États-Unis et le Japon, par exemple, sont parvenus à une modernisation complète grâce au développement coordonné de l’agriculture et des régions rurales et sont devenus des pays développés, des nations d’Amérique latine, comme le Brésil, ont poursuivi aveuglément le développement à grande échelle, la spécialisation et la modernisation de l’agriculture, mais ont négligé le développement des régions rurales. De nombreux petits foyers paysans ont été évincés de leur ferme, devenant des groupes « marginalisés » dans les villes. Ce phénomène a entravé le processus de modernisation et a plongé tout le pays dans le « piège du revenu intermédiaire ». En se basant sur les expériences et les leçons des différents pays, la Chine a proposé de considérer les solutions aux problèmes liés à l’agriculture, aux régions rurales et aux paysans comme la « priorité absolue » du pays. En privilégiant les progrès agricoles et ruraux dans le développement national, la Chine vise à accélérer la modernisation de l’agriculture et des régions rurales, de manière à jeter des bases solides pour la construction d’un grand pays socialiste moderne.
Des objectifs locaux et nationaux
Fin 2020, lors de sa participation à la Conférence centrale sur le travail rural, le président chinois Xi Jinping a proposé que l’objectif du travail rural dans la nouvelle étape soit de réaliser « une agriculture de haute qualité et à haut rendement, des zones rurales où il fait bon vivre et travailler, des paysans riches et aisés ». Par rapport à l’objectif d’autrefois qui visait au « renforcement de l’agriculture, à l’embellissement des régions rurales et à l’enrichissement des paysans », ce nouvel objectif est plus complet et montre des particularités importantes de la modernisation de l’agriculture et des régions rurales.
En 2021, la Chine entamera la mise en œuvre de son plan de modernisation de l’agriculture et des régions rurales. Les autorités locales commenceront, sur base de celui-ci, à élaborer des plans adaptés à leur situation locale. Selon le plan national, au cours du XIVe Plan quinquennal, des progrès importants devront être enregistrés d’ici 2025, à savoir une plus grande modernisation des infrastructures agricoles, une installation rurale facilitée et bien amorcée et un accès aux services publics de base plus équitables. Le plan a souligné que la modernisation de l’agriculture sera essentiellement accomplie dans les régions où les conditions sont mûres.
*WANG LI est responsable du Bureau du développement durable au Centre de recherche sur l’économie rurale, relevant du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales.
