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Le numérique au service de la ville

2020-12-31 11:07:00 Source:La Chine au présent Auteur:CHEN JIE
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Le 13 octobre 2020, à Fuzhou (Fujian), des habitants expérimentent des « chaises d’œufs » de réalité virtuelle.

 

L’urbanisation ne cesse de progresser dans le monde entier. Selon les estimations des Nations Unies, près de 70 % de l’humanité vivra en ville d’ici 2050. Au fil du développement économique, le paysage urbain a gagné du terrain, et dans ce contexte d’urbanisation galopante, le développement durable est devenu une question importante. Le recours aux nouvelles technologies informatiques et numériques s’impose, à l’unanimité, comme la meilleure solution pour parvenir à un tel développement soutenable et de haute qualité.

 

Les données intelligentes

 

Dans un rapport paru le 18 août 2020, Hangzhou (qui abrite le siège d’Alibaba) a été désignée ville chinoise pilote en matière de gouvernance numérique dans le pays. Ces dernières années, Hangzhou a optimisé les technologies, la gestion, les services et les industries via l’innovation dans plusieurs domaines, pour rendre « intelligents » les affaires gouvernementales, les services publics et le secteur industriel notamment, en vue de construire une ville intelligente de première classe à l’échelle nationale voire mondiale.

 

Hangzhou a publié en 2018 son plan de construction d’un « cerveau urbain », qui désigne le fait d’administrer la ville en misant sur l’intégration des données des autorités gouvernementales et des données publiques provenant de la société. Hangzhou est la première ville du pays à avoir élaboré un tel plan et à avoir adopté ce modèle de « cerveau urbain ».

 

Selon Zhang Bin, directeur adjoint du Centre de gestion des données de Hangzhou, le « cerveau urbain » peut être considéré comme l’intelligence artificielle appliquée à la ville. Atteindre cette intelligence artificielle : tel est l’objectif ultime de Hangzhou. Hangzhou a fait un premier pas dans cette voie et accélère sa course, mais il lui faudra du temps parvenir à ses fins.

 

La congestion du trafic s’avère un problème difficile à éradiquer auquel se heurtent toutes les grandes villes. Auparavant, les agents chargés de la gestion urbaine connaissaient uniquement le nombre total de véhicules à moteur immatriculés, mais ne savaient pas combien d’entre eux circulaient sur le réseau routier en temps réel. Pourtant, pour pouvoir faire barrage aux embouteillages, il est essentiel de suivre l’état du trafic en permanence, de déterminer précisément les points où l’on observe des perturbations, puis de mettre en œuvre des mesures pour y remédier. Grâce au « cerveau urbain », Hangzhou est devenue la première ville chinoise capable de dire, en chaque instant, combien de véhicules sont en train de rouler. Le nombre total de véhicules à moteur immatriculés à Hangzhou en 2020 était d’environ 3 millions, mais même à l’heure de pointe, seuls 300 000 sont en déplacement sur les routes. À l’évidence, les ressources nécessaires pour garantir de bonnes conditions de circulation à 300 000 véhicules ne sont pas comparables avec celles qu’il faudrait pour 3 millions.

 

Comme en témoigne cet exemple, le « cerveau urbain » exploite les données d’abord pour déceler les problèmes, puis pour les résoudre. Il est capable de surveiller des indicateurs de trafic urbain en temps réel (fluidité de la circulation, congestion et retard, par exemple), tout en intégrant de multiples sources de données. Grâce à des activités de surveillance et comparaison automatiques, il détecte les difficultés de circulation et déclenche des alertes, de sorte que les décisionnaires chargés de réguler le réseau routier peuvent appréhender l’état du trafic et gérer les embouteillages.

 

Des caméras intelligentes sont installées le long des artères de la zone pilote de Hangzhou et permettent, après analyse en temps réel du trafic aux carrefours, de piloter les feux de circulation en conséquence. Par ailleurs, ces caméras peuvent repérer sans délai les accidents et transmettre rapidement les informations associées aux agents de la circulation, qui reçoivent ces données directement sur leur tablette. Les agents peuvent ainsi être informés de la cause de l’accident et se précipiter sur les lieux, avant même que les conducteurs impliqués ne sortent de leur véhicule.

 

« Que ce soit le gouvernement ou les entreprises à Hangzhou, tous exploitent les mégadonnées d’une manière très intéressante », a déclaré Zhang Bin. En outre, la ville a lancé le tout premier « tribunal sur Internet » au monde, où le plaignant et l’accusé n’ont pas besoin d’être présents. Ce type d’audience, ayant force juridique, peut être organisée en ligne grâce à des technologies numériques, comme la visioconférence, le GPS et la reconnaissance vocale.

 

Les mégadonnées profitent aussi aux pompiers de Hangzhou. Il leur suffit de toucher l’écran de leur portable pour connaître l’itinéraire optimal en cas d’incendie à éteindre, avec, en plus, la localisation des points d’eau et des unités de sauvetage dans les environs. Les utilisateurs ordinaires se servent principalement du guide d’évacuation, qui indique directement sur le portable la meilleure voie d’issue en cas de danger ou d’alarme.
 

 

Les soins de santé intelligents

 

Dans le contexte de l’épidémie, le code QR qui permet d’attester de son état de santé est devenu aujourd’hui indispensable et pleinement ancré dans la vie quotidienne des Chinois : il faut présenter ce code QR de couleur verte pour rentrer dans un quartier résidentiel, aller à l’hôpital, faire du shopping, ou s’enregistrer à l’hôtel. À Hangzhou, ce code QR spécialement dédié à la santé a intégré d’autres fonctionnalités : les patients peuvent régler leurs frais d’hôpitaux rien qu’avec ce code, sans avoir besoin d’apporter leur carte d’assurance maladie.

 

Pour que le système du « cerveau urbain » garantisse efficacement le bien-être de la population, il faut nécessairement une interconnexion des données publiques, une coordination complète sur le plan numérique et une refonte des procédures interservices. Quelques hôpitaux à Hangzhou ont mis en place des services facilitant les consultations grâce au « cerveau urbain ». Habituellement, pour se faire soigner à l’hôpital en Chine, il faut faire la queue pendant un long moment et payer le montant dû avant de voir un médecin, de faire des examens, d’obtenir un diagnostic ou d’acheter les médicaments prescrits. Avec l’interconnexion des données des différents services, les patients ont simplement besoin d’un smartphone avec le code QR susmentionné pour entrer dans l’hôpital, s’enregistrer, consulter le personnel soignant et s’acquitter des frais médicaux. Ils peuvent gagner plus d’une heure de temps à chaque consultation.

 

En outre, l’Hôpital du peuple n°1 de Hangzhou partage ses données avec « le cerveau urbain », afin de faciliter le stationnement des visiteurs : un système de navigation permet de guider les conducteurs jusqu’à des places libres sur des parkings de centres commerciaux situés à proximité de l’hôpital. De plus, les conducteurs peuvent payer les frais de stationnement directement après leur départ. Ce système résout les difficultés de se garer qui découlent du faible nombre d’emplacements disponibles, tout en évitant la formation d’embouteillages.

 

À Tianjin, par l’intermédiaire de son « hôpital sur Internet », l’Hôpital général de l’Université médicale de Tianjin propose toute une panoplie de services en ligne : outre la prise de rendez-vous, le diagnostic et le traitement ainsi que les services de conseil réalisés à distance, les patients peuvent bénéficier d’autres services, comme la livraison à domicile des médicaments recommandés, la réception de conseils sur l’usage des médicaments, le rappel des rendez-vous à prendre, l’analyse des résultats aux examens et l’envoi des images médicales intelligentes. Ce modèle défie les limites de l’espace-temps et facilite énormément le parcours des patients. En outre, les personnes atteintes de maladies courantes ou chroniques peuvent consulter un médecin et recevoir un traitement en ligne, ce qui permet de limiter considérablement le nombre de ressources nécessaires au sein des hôpitaux. Avec le développement des technologies telles que les réseaux 5G, l’intelligence artificielle et l’Internet industriel des objets, il est fort probable que les services en ligne offerts par cet hôpital feront bientôt partie du quotidien des Chinois et continueront de répondre aux besoins des citoyens en matière de santé.
 
Lors du 3e Sommet de la Chine numérique qui s’est ouvert le 12 octobre 2020 à Fuzhou, un robot éducatif doté d’une IA impressionne les enfants.

 

Le paiement intelligent

 

Actuellement le paiement mobile est déjà monnaie courante à Hangzhou. Qu’il s’agisse d’acheter son petit-déjeuner, de prendre le métro ou le bus, de se rendre à l’hôpital ou de visiter des attractions touristiques : vous pouvez tout régler avec votre téléphone portable.

 

Le paiement mobile, qui s’est généralisé parmi les habitants, facilite non seulement le quotidien des consommateurs, mais aussi la réception de l’argent par les commerçants. Pour les entreprises, au-delà d’une méthode de règlement, il s’agit aussi d’un moyen de collecter diverses données, qui leur seront utiles pour proposer des services plus ciblés à leur clientèle.

 

Outre le paiement mobile, Hangzhou est une ville pionnière dans le développement du paiement par reconnaissance faciale. C’est à Hangzhou, en septembre 2017, qu’a été ouvert le premier restaurant KFC recourant à ce type de paiement, un événement qui a marqué la première application commerciale du paiement par reconnaissance faciale dans le monde.

 

À Hangzhou, il existe même un magasin en libre-service, non loin de la zone de bureaux d’Ant Group (filiale d’Alibaba). Les visiteurs doivent ouvrir Alipay et scanner le code QR à l’entrée pour faire leurs achats. S’ils veulent obtenir plus de détails sur un produit, ils peuvent le placer sur un « rayon interactif », où les informations y afférentes sont immédiatement affichées sur un écran LED. À la caisse, les clients n’ont qu’à placer leurs articles dans une boîte équipée de capteurs. Une fois la reconnaissance des produits terminée, les acheteurs peuvent sortir du magasin sans se soucier de régler : Alipay se chargera d’effectuer automatiquement le paiement. Ainsi, malgré l’absence de conseillers de vente et caissiers, le processus d’achat se révèle facile et pratique

 

La construction de villes intelligentes est devenue un nouveau moteur du développement de l’économie numérique chinoise. Cela permet, dans une certaine mesure, d’apporter des solutions aux problèmes de plus en plus patents dans les villes et de moderniser la gouvernance urbaine. Mais les villes intelligentes ne sortent pas toutes du même moule : chacune possède ses points forts et ses points faibles. L’aménagement des villes intelligentes doit ainsi se traduire par des mesures adaptées aux conditions locales et finement ciblées. Ajoutons que cette politique des « smart cities » est porteuse de l’aspiration des gens à une vie meilleure. Pour renforcer la satisfaction, le bonheur et la sécurité de la population, il est nécessaire d’identifier et de résoudre les vrais problèmes qui touchent les transports, les soins médicaux et la gouvernance au niveau des échelons de base, tout en répondant aux exigences étroitement liées au bien-être de la population.

 

*CHEN JIE est journaliste au Quotidien du Peuple.

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