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Les monts Daliang : nouvelle ère, nouvelle apparence

2020-09-29 15:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:WEN QING
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Les enfants profitent de l’aire d’exercice physique de la communauté Mu’endi, district de Zhaojue, dans le département autonome yi de Liangshan (Sichuan), le 22 août 2020.

 

Ce 22 août après-midi, des scènes de la vie quotidienne s’offrent aux yeux des passants, dans le quartier résidentiel de Mu’endi, dans le district de Zhaojue : autour des immeubles affichant des caractéristiques architecturales évidentes de l’ethnie yi, s’étendent des potagers appartenant à différents foyers. Au centre du quartier, une place est occupée par des personnes âgées qui bavardent, assises sous le soleil, tandis que dans le supermarché à côté, des enfants achètent des sucettes...

 

Mu’endi fait partie des nombreuses zones d’installation du département autonome yi de Liangshan (province du Sichuan), l’une des régions les plus pauvres de Chine. Pour des endroits difficilement accessibles et qui manquent de ressources, le relogement sera le meilleur choix pour lutter contre la pauvreté.

 

Adhérant au principe de « déménagement + stabilité », le département autonome yi de Liang-shan stimule vigoureusement le développement industriel en créant davantage d’emplois, pour assurer la durabilité du travail lié à la réduction de la pauvreté. 
 
Le 21 août 2020, des ouvrières agricoles effectuent la récolte à la plantation de fraises écologiques de Jiuru, qui est maintenant la principale source de revenus de nombreuses familles autrefois appauvries du district de Zhaojue.
 
Le relogement

 

Mu’endi, la plus grande zone d’installation du district de Zhaojue, a accueilli au total 6 258 personnes (1 428 foyers). Au mois de mai, Mou’se Labo, vedette du streaming âgé de 26 ans, a emménagé dans sa nouvelle maison dans le quartier résidentiel de Mu’endi, avec son épouse, ses parents et ses trois enfants. Ils vivaient jusqu’à présent dans le village d’Atulieer, qui est surnommé le « village de la falaise ».

 

Situé sur une pente à 1 400 m d’altitude, ce petit village abritant une centaine de foyers (dont 84 ménages pauvres) ne peut communiquer avec l’extérieur que par une échelle, qui était autrefois en rotin et qui est aujourd’hui en acier, pour plus de sécurité. Les élèves doivent marcher plus de deux heures pour aller à l’école. Mou’se Labo a commencé à gravir l’échelle de rotin à l’âge de quatre ans. Ses vidéos d’ « homme-araignée » postées sur son compte TikTok ont attiré des dizaines de milliers de followers.

 

Les habitants du « village de la falaise » gagnaient leur vie en cultivant du maïs et des pommes de terre, leur faible revenu ne s’élevait qu’à quelques milliers de yuans par an. Pourquoi ont-ils choisi de vivre dans un endroit à ce point isolé ? « Pendant les années de guerre, les différentes tribus yi sont fermées dans un combat embrouillé. En raison de son emplacement, le « village de la falaise » était facile à défendre et difficile à attaquer, ce qui en faisait un lieu sûr. De plus, son altitude relativement modérée permettait de cultiver de quoi vivre en autosuffisance. À cette époque, Atulieer était considéré comme un paradis », a expliqué Jise Fangsen, chef adjoint du district de Zhaojue. Mais quand la paix s’est installée, cet isolement lui a fait rater le train du développement.

 

« Nous avons fait nos adieux à notre sombre maison en pisé et nous avons emménagé dans une grande maison lumineuse et meublée. Nous n’avons dépensé que 10 000 yuans pour cela. Si j’avais dû acheter cette maison de rêve par moi-même, je n’aurais pas pu me l’offrir de toute ma vie », a déclaré Mou’se Labo.

 

Afin de faciliter la vie quotidienne des habitants, Mu’endi est équipé de magasins, d’une salle d’activités pour les personnes âgées et de salles d’étude pour les enfants. Par ailleurs, d’autres infrastructures sont en construction, telles qu’une école, un centre d’orientation professionnelle et des centres de protection maternelle et infantile.

 

« Les dépenses de la vie courante dans le quartier résidentiel sont certainement plus élevées que dans le village, ce qui explique probablement pourquoi de nombreux villageois ne veulent pas descendre de la montagne, malgré plusieurs mobilisations du gouvernement. Mais dans le nouveau quartier, nous bénéficions de meilleurs moyens de transport et de meilleures conditions médicales. Le plus important, c’est que les enfants peuvent recevoir une meilleure éducation », a indiqué Mou’se Labo. Pour le moment, il travaille comme guide dans une agence de voyages, avec un salaire mensuel de 3 000 à 4 000 yuans. À l’avenir, il espère animer le tourisme local pour attirer plus de visiteurs, et il a l’intention d’aider les villageois à vendre les produits agricoles par le biais de la promotion en streaming.

 

Le cas du « village de la falaise » est représentatif de ceux de nombreux villages dispersés dans les montagnes et les vallées dans le département autonome yi de Liangshan. « Le développement des transports locaux est extrêmement lent à cause de la situation géographique et des conditions géologiques complexes. Les coûts de construction et d’entretien des routes sont très élevés. Et la situation de certains villages est telle qu’on ne peut pas y construire de routes », a expliqué Gong Ping, directeur du Bureau des transports et des communications du département autonome yi de Liangshan. Par conséquent, le relogement sera la solution la plus réaliste pour ces villages isolés. Jusqu’à présent, plus de 74 400 foyers (353 200 personnes) du département ont été réinstallés dans des régions plus prospères pour commencer une nouvelle vie. 
 
 
Le développement industriel

 

L’amélioration des conditions de logement n’est qu’un début. La clé de la lutte contre la pauvreté réside dans le développement industriel.

 

Le 23 août, la plantation de myrtilles située dans le bourg de Tuojue (district de Butuo) offre une scène animée. Au milieu des employés au travail, une septuagénaire s’affaire. Bien qu’elle bénéficie du minimum vital garanti, elle espère encore gagner plus d’argent tant qu’elle est en bonne santé, pour apporter une aide financière à sa famille : « Ici, on peut gagner 80 yuans chaque jour, soit plus de 2 000 yuans par mois, un salaire satisfaisant », explique-t-elle.

 

À l’heure actuelle, le district de Butuo n’est pas encore sorti de la pauvreté. Depuis l’origine, ses habitants ne savent cultiver que le sarrasin de Tartarie et les pommes de terre. La valeur ajoutée de ces deux plantes étant faible, le revenu annuel des agriculteurs est assez bas.

 

« Après avoir mené des études, nous avons constaté que le climat local est propice à la culture des myrtilles. L’offre de ce fruit est inférieure à la demande sur le marché chinois, c’est pourquoi nous avons créé cette plantation en collaborant avec une entreprise agricole pionnière », a indiqué Shang Zhaoyang, cadre de l’assistance aux démunis dans le département autonome yi de Liangshan. Il vient de Jiangyou (à Mianyang, Sichuan).

 

« L’entreprise a envoyé des techniciens pour nous guider dans la plantation et la gestion, en promettant un rendement minimum de 1 000 kg par mu (un mu = 1/15 ha) et un prix d’achat minimum de dix yuans par kilo, a ajouté M. Shao. Cela signifie que l’entreprise achètera nos produits pour un prix minimum de 10 000 yuans par mu, ce qui réduit largement le risque de pertes. » Son plan est de construire des entrepôts de stockage réfrigéré et d’étendre la chaîne industrielle, afin de créer plus d’avantages qui bénéficieront aux agriculteurs.

 

La plantation de fraises écologiques de Jiuru (district de Zhaojue), qui produit principalement des fraises d’été, constitue un autre exemple dans le domaine du développement de l’agriculture moderne. Créée en 2019, elle fait partie des programmes collaboratifs de Foshan (province du Guangdong) destinés à la réduction de la pauvreté dans le département autonome yi de Liangshan. Pour le moment, 1 800 mu de terres ont été transférés dans la plantation, et le chiffre atteindra 3 000 mu fin 2020 selon le plan. « Les fraises d’été sont très demandées dans les grandes villes comme Beijing et Shanghai, car on cultive les fraises d’hiver dans la majorité des régions productrices en Chine », a présenté Zhang Dexian, directeur général de la SARL de développement technologique de l’agriculture écologique de Jiuru, qui est convaincu que la perspective de la plantation est prometteuse. En cinq mois, d’août à décembre 2019, les employés de la plantation ont gagné en moyenne 9 000 yuans.

 

Afin de stimuler l’enthousiasme des agriculteurs, la plantation forme activement des prometteurs. « Nous mettrons gratuitement à disposition des serres à des agriculteurs actifs, en leur fournissant gratuitement de l’eau, de l’électricité, des engrais et des technologies. Ils gèreront eux-mêmes leurs plantes, et nous achèterons les fruits après leur maturation. De cette façon, les agriculteurs n’ont pas besoin d’investir, ils peuvent obtenir des récompenses grâce à leur seul travail, a expliqué Zhang Dexian. Nous projetons d’augmenter le nombre d’employés, pour réaliser une collaboration gagnant-gagnant entre les agriculteurs et l’entreprise. »
 

 

Changement de mentalité

 

Si le relogement et le développement industriel règlent le problème de la pauvreté matérielle, un autre type de pauvreté doit encore être résolu de manière urgente : le conformisme. Comment modifier les coutumes et rejeter ce qui est dépassé pour le remplacer par ce qui est nouveau ? C’est un problème majeur dans la lutte contre la pauvreté.

 

Au mois de novembre 2015, le père de Bajiu Ertie est décédé. Selon la tradition des Yi, il faut tirer des feux d’artifice et manger du tuotuorou (un plat typique de l’ethnie yi à base de grands morceaux de porc, pesant chacun 100 à 150 g) lors des funérailles. De plus, des bœufs sont tués, en signe de respect pour les invités.

 

En raison de concepts traditionnels profondément enracinés, l’organisation des cérémonies de mariage et de funérailles est fréquemment sujette à des comparaisons malsaines dans les régions rurales de Liangshan. En tant que secrétaire de la cellule du Parti pour le village de Xiaoshan (district de Xide), Bajiu Ertie a décidé de prendre les devants pour casser la tradition : il n’a voulu ni feux d’artifice, ni tuotuorou, ni bœuf tué pour les invités lors des obsèques de son père.

 

Sans surprise, ses sœurs se sont opposées à sa décision, et ses proches et voisins l’ont critiquée. Bajiu Ertie a dû s’y prendre à plusieurs reprises pour les convaincre, en promettant de s’acquitter de tous les frais. En fin de compte, 40 000 yuans ont été dépensés et trois bœufs tués. Ces obsèques ont été très économiques : dans le passé, les funérailles nécessitaient souvent plus de 100 000 yuans et une dizaine de bœufs. « Depuis, davantage de villageois agissent de même. La surenchère d’extravagance disparaît graduellement de notre village, a raconté Bajiu Ertie. Aujourd’hui, les seuls terrains sur lesquels nous ‘‘rivalisons’’, ce sont ceux des performances scolaires des enfants et des revenus. Avec cette compétition, nous aurons tous une vie meilleure ! »
 
*WEN QING est journaliste à Beijing Information.

 

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