Accueil>Reportage spécial

Chine-France : les grands esprits se rencontrent

2019-12-31 16:27:00 Source:La Chine au présent Auteur:LUO GUOXIANG
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

Le 28 août 2019, des visiteurs à l’exposition à Paris « La patrie est si charmante et belle » autour des jardins impériaux de Chine

Selon Claude Lévi-Strauss, dans les sociétés humaines, il y a des forces qui travaillent dans des directions opposées, mais il y a aussi des forces qui agissent dans le sens de la convergence et de l’affinité. En fait, depuis Voltaire et même avant, la civilisation chinoise et celle de la France se rencontrent et se sont même partiellement métissées. Voltaire a acculturé l’humanisme de Confucius à l’humanisme chrétien et a proposé la fameuse idée de « tolérance » qui est l’élément essentiel de la « fraternité ».

Cette rencontre des civilisations différentes a une importance considérable pour les deux pays, surtout quand les savants des deux civilisations se rapprochent et deviennent des amis de cœur.

Avec les traités internationaux signés, la mondialisation est devenue économiquement et surtout techniquement de plus en plus simple.  Mais, en l’absence d’une gouvernance mondiale culturellement harmonieuse, apparaissent des conflits politiques, culturels, religieux, militaires, et même économiques. La force est souvent privilégiée en termes de résolution à des différends d’ordre politique, religieux ou culturel. L’absence de stabilité sociale à l’échelle régionale, nationale et mondiale amène à rechercher un environnement favorable au développement économique.

Le 1er juillet 2019, une jeune femme visite « Héritage immortel », exposition des sculptures de l’Académie des beaux-Arts de l’Institut de France au Musée des beaux-arts de Chine.

La culture française, dont le principe est le respect de la diversité, et le confucianisme, que Voltaire avait tant apprécié, peuvent être deux alternatives occidentale et orientale à de tels conflits. Le confucianisme est une pensée, une éthique humaniste surtout, dont le principe est de « rendre le bien pour le mal, rendre le bien pour le bien ». Selon le confucianisme, la bonté des êtres humains est innée, on peut toujours réveiller la bonté même chez des hommes méchants, la grande bonté d’une personne doit faire oublier la rancune qu’elle a pu provoquer. Confucius lui-même disait : « Un homme de bien fait preuve d’un respect sans faille, se comporte courtoisement avec autrui et observe les règles du rituel. Entre les quatre mers, tous les hommes sont des frères. »

C’est pourquoi en plus de 2 000 ans d’histoire de la Chine, le confucianisme est toujours demeuré la philosophie ou l’idéologie officielle. En fait, depuis que le confucianisme est devenu, sous la dynastie des Han (202 av. J.-C.–220), la philosophie officielle, l’homme de bien confucianiste formant les élites de la société possède nécessairement huit vertus : humanité, justice, bienséance, intelligence, fidélité, loyauté, piété filiale et intégrité.

Ces huit caractères, huit vertus qui synthétisent la pensée de Confucius, sont le principe du savoir-vivre des Chinois, incluant les commerçants, les fonctionnaires ou les responsables qui font les lois.

L’homme de bien possédant ces huit vertus que forme le confucianisme respecte bien les autres. Pour Confucius, un homme de bien respecte autrui tout en respectant la diversité. En Chine, on dénombre 56 ethnies et les Chinois pratiquaient et pratiquent encore indifféremment le taoïsme, le bouddhisme, le confucianisme et l’islam, sans qu’il y ait eu de guerre religieuse. C’est le confucianisme qui rend possible cet état, car il a presque été la philosophie officielle et prépondérante, et par conséquent, les cultures et coutumes des principales ethnies minoritaires ont toujours été tolérées et respectées par la culture des Hans : même à l’époque de la Révolution culturelle, les cantines et les restaurants musulmans demeuraient ouverts, parce que les musulmans ne mangent pas de la viande de porc.

De plus, l’homme de bien, que Confucius s’efforce ardemment de former, est non seulement celui qui est tolérant, mais encore celui qui est honnête et franc envers les autres : un jour, Zilu, l’un des disciples les plus éminents de Confucius, demanda au Grand Maître comment définir le respect de l’homme de bien envers autrui, Confucius lui dit : « Un homme de bien apprécie l’harmonie et non l’uniformité, tandis que l’homme de peu prise l’uniformité plutôt que l’harmonie. »

Le 16 décembre 2015, le salon culturel des artistes sino-français s’est tenu dans le parc Wangjiang de Chengdu. Le peintre An Yanshi, qui peint les pandas géants du Sichuan, enseigne à l’artiste française Françoise Icar sa peinture à l’encre.

La diversité n’est donc pas l’obstacle de la rencontre des grands esprits et de tous les hommes honnêtes si on respecte la diversité. Au IIIe siècle av. J.-C, le philosophe confucéen Xunzi, rationaliste dans son explication du monde et pragmatique en politique, pensait que les hommes possédaient le souffle, la vie, la connaissance et de surcroît, l’équité. Selon lui, si les hommes savent former la société, c’est parce qu’ils savent procéder à des répartitions grâce à l’équité. D’après le savant chinois Liang Qichao, lorsque l’équité préside aux répartitions, il y a donc bon accord. En Occident, dans sa réflexion nouvelle sur la culture, Claude Lévi-Strauss pense que « pour progresser, il faut que les hommes collaborent ; et au cours de cette collaboration, ils voient graduellement s’identifier les apports dont la diversité initiale était précisément ce qui rendait leur collaboration féconde et nécessaire ».

Construire une société, par le dialogue culturel ou politique par exemple, construire un monde où coexistent pacifiquement différentes cultures est indispensable pour que le développement s’effectue correctement. Un nouveau monde harmonieux constitué de la diversité est plus dynamique et donc plus fertile non seulement culturellement, mais encore économiquement.

 

LUO GUOXIANG est professeur à l’université de Wuhan et à l’Université des ethnies du Guangxi.

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4