Exit les vitrines poussiéreuses : l’archéologie se vit désormais au cœur de sites transformés en véritables machines à remonter le temps.
Alors que les musées exposent des objets anciens derrière des vitrines, ces parcs proposent une alternative dynamique : les visiteurs peuvent déambuler parmi des ruines reconstituées, observer des fouilles simulées et même assister à de véritables recherches en cours. Contrastant avec les expositions traditionnelles, cette approche interactive démystifie le passé et crée un lien tangible avec le passé.
Le 14 juin, l’Administration nationale du patrimoine culturel (ANPC) a dévoilé 10 nouveaux parcs de sites archéologiques nationaux, portant leur nombre total à 65 répartis dans 21 provinces, régions autonomes et municipalités. Parmi les nouveaux sites figurent des lieux situés dans les provinces du Shanxi, du Henan, du Shandong, du Zhejiang, du Sichuan, du Hubei, du Shaanxi, de l’Anhui, et dans la région autonome de Mongolie intérieure.
« Ces dix nouveaux parcs illustrent des réalisations majeures dans les domaines de l’évolution humaine, des origines de l’agriculture, de la formation des premiers États et civilisations, ainsi que du développement de la culture chinoise. Ils mettent en évidence à la fois l’importance historique de la civilisation chinoise et l’épanouissement spirituel de la nation chinoise », déclare un responsable de l’ANPC. « Ces parcs ont mis en place une protection complète de leurs sites historiques et vestiges archéologiques. Ils innovent dans leurs expositions par le biais des présentations de haute qualité et organisent diverses activités culturelles, académiques et de participation publique. »
Efpraxia Meramveliotaki (2e g.), membre du Conseil central d’archéologie de la Grèce, découvre le musée de Liangzhu à Hangzhou (Zhejiang).
Un développement diversifié
Réputée être le « berceau de la civilisation chinoise », la province du Henan occupe une place unique dans l’histoire de la Chine ancienne. Située dans le bassin du fleuve Jaune, elle a vu naître des premières dynasties chinoises, dont la dynastie des Shang (vers 1600-1046 av. J.-C.), connue pour ses inscriptions oraculaires sur os, la plus ancienne forme d’écriture systématique de Chine.
Parmi les dix nouveaux parcs figure le Parc du site archéologique national de Dahecun. Situé dans le nord-est de Zhengzhou, chef-lieu du Henan, ce parc s’étend sur 960 ha et se compose de trois zones principales : le nouveau musée du site de Dahecun, une zone de restauration écologique et un espace d’exposition patrimoniale. Il devient ainsi le troisième parc archéologique national à Zhengzhou, après ceux de l’ancienne cité Shang et de l’ancienne capitale des États de Zheng et de Han.
Axé sur les vestiges de Dahecun et la culture Yangshao (vers 5000-3000 av. J.-C.), le parc allie préservation des sites, recherche archéologique, éducation culturelle et loisirs, offrant une fenêtre sur la Chine néolithique.
La culture Yangshao marque le début de la poterie peinte et voit émerger les premiers villages agricoles dotés d’habitations semi-souterraines. Des sites clés comme Banpo à Xi’an (Shaanxi) et Dahecun témoignent de cette civilisation à travers leurs outils avancés, leur culture du millet et leur organisation sociale clanique.
« Le parc s’aligne sur la stratégie nationale chinoise de protection écologique et de développement qualitatif du bassin du fleuve Jaune », déclare Hu Jizhong, directeur du musée du site de Dahecun. « Il jouera un rôle important dans la promotion du tourisme culturel de haute qualité du Henan. »
Alors que les parcs de sites archéologiques nationaux dans le Henan mettent en évidence les civilisations agricoles du bassin du fleuve Jaune, ceux de Salawusu et de Helingeer Tuchengzi, en Mongolie intérieure révèlent la fascinante interaction entre cultures nomades et agricoles. Avec cet ajout, la région autonome possède maintenant trois parcs de sites archéologiques nationaux.
Le site de Salawusu, situé dans la bannière d’Uxin à Ordos, fait partie des premiers sites paléolithiques découverts en Chine. Ce vaste site s’étend sur plus de 1 700 ha. Les fouilles ont mis au jour d’importantes découvertes : des fossiles de l’homme de Hetao remontant à 50 000-100 000 ans, des outils en pierre finement fabriqués et de nombreux fossiles de mammifères. Ces vestiges offrent des preuves fondamentales pour l’étude de l’évolution et du mode de vie des hominidés en Asie de l’Est. Ils éclairent aussi sur la diversité culturelle et le développement des sociétés paléolithiques dans le nord de la Chine.
Le site de Helingeer Tuchengzi, l’une des cités antiques les mieux conservées de Mongolie intérieure, retrace plus de 2 000 ans d’histoire, de l’époque des Printemps et Automnes (770-476 av. J.-C.) jusqu’aux dynasties des Liao (907-1125), des Jin (1115-1234) et des Yuan (1271-1368). C’est un témoignage de l’interaction historique entre les civilisations agraires des plaines centrales et les cultures nomades du nord, et également une démonstration du système de gouvernance mis en place par le pouvoir central dans les régions frontalières. Le site, devenu un pôle culturel majeur, combine désormais recherche archéologique, éducation patrimoniale et activités culturelles.
Zhi Xiaoyong, directeur adjoint du Bureau du patrimoine culturel de la région autonome de Mongolie intérieure, souligne : « La sélection de ces deux sites archéologiques renforce davantage notre politique de protection du patrimoine. Elle offre de nouvelles perspectives pour l’étude des cultures frontalières du nord et contribue au développement socio-économique régional. »
Parc national de sites archéologiques du village Yangshao, à Sanmenxia (Henan)
Un soutien complet
Au cours des dix dernières années, les parcs de sites archéologiques nationaux de la Chine sont devenus des plateformes importantes pour faire progresser la stratégie de développement culturel du pays. Leur développement a été intégré au 14
La Commission nationale du développement et de la réforme priorise ces parcs dans le cadre de ses projets sur la protection et la valorisation du patrimoine culturel, en fournissant un soutien financier et politique. Parallèlement, le ministère des Ressources naturelles et le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales ont publié des directives pour l’allocation des terres. À l’échelle locale, 15 provinces ont planifié 193 parcs de sites archéologiques provinciaux.
Sur le plan juridique et institutionnel, la révision de la Loi sur la protection des reliques culturelles, entrée en vigueur en mars reconnaît légalement les parcs archéologiques. Ce texte législatif prévoit des dispositions concrètes pour encourager les réformes institutionnelles, promouvoir la recherche archéologique et ses applications, tout en renforçant la capacité des parcs à fournir des services culturels au public.
Avec un soutien politique fort, les parcs de sites archéologiques nationaux ont connu une croissance remarquable. Selon les données de l’ANPC, en 2024, ils ont réalisé 1,83 milliard de yuans de recettes à la billetterie, soit une hausse de 194 millions de yuans par rapport à 2023, tandis que les ventes de produits dérivés ont bondi de 50 % pour atteindre 55,4 millions de yuans. Ces sites ont par ailleurs organisé 1 339 activités publiques, attirant 5,3 millions de visiteurs de plus que l’année précédente. Sur l’année, la fréquentation a progressé de 32 %, avec 88,7 millions d’entrées enregistrées, dont 56,08 % gratuites.
Lors de l’inauguration de la 6
« En respectant les principes de l’utilisation durable, de l’innovation et du développement intégré, nous renforcerons la préservation et la revitalisation des principaux sites du patrimoine. Notre objectif est d’insuffler une nouvelle vie aux trésors culturels à travers le pays, tout en contribuant à la continuité historique et au progrès socio-économique », a-t-il ajouté.
*ZHANG YAGE est journaliste à