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Une alternative pour progresser

2024-03-20 16:19:00 Source:La Chine au présent Auteur:LÜ YAN*
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Cours du soir de danse ethnique à Lanzhou (Gansu), le 30 novembre 2023 

Tous les mardis et jeudis soir, Xu Lingzi suit un cours de théâtre de 75 minutes pour poursuivre son rêve de devenir actrice, laissant derrière elle son emploi de jour dans une entreprise de Chongqing.

Bien que le métier d’actrice soit son rêve depuis son plus jeune âge, Mme Xu a choisi de suivre des études d’architecture et est entrée dans la vie active après son diplôme. Sa passion pour la comédie s’est ravivée en septembre lorsqu’elle a entendu parler par hasard de cours de théâtre.

Selon elle, en plus d’acquérir des compétences de comédienne, les cours l’aident à réfléchir sur sa vie et à mieux se comprendre. « Une fois, le professeur m’a vue errer sur scène sans savoir quoi faire. Cela m’a fait réaliser que j’étais trop indécise dans ma vie, ce qui me faisait perdre un temps précieux. À ce moment-là, j’ai compris qu’il me fallait du changement », explique-t-elle. Mme Xu fait partie du nombre croissant de jeunes qui choisissent d’enrichir leur vie après le travail en suivant des cours du soir ou du week-end.

L’application populaire d’évaluation Meituan Dianping a révélé à la mi-octobre qu’au début de l’année 2023, le volume de recherche pour le terme « cours du soir » sur la plateforme avait augmenté de 980 % et que le nombre d’évaluations des cours du soir avait augmenté de 226 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Redéfinir l’éducation

Début 2023, une école d’art du soir lancée par le Shanghai Mass Art Center, une institution culturelle créée par le gouvernement municipal de Shanghai en 2016, est devenue virale en ligne. L’école propose une gamme variée de cours peu coûteux et à long terme, comme la danse, la musique, le style de vie, la mode et la culture traditionnelle, aux personnes de 18 à 55 ans. Les cours sont très populaires et affichent complet immédiatement après l’ouverture des réservations, ce qui empêche beaucoup de monde de s’assurer une place.

La tendance s’est répandue à l’échelle nationale. Des programmes similaires destinés aux jeunes avides d’apprendre ont vu le jour dans plusieurs villes, lancés à la fois par des institutions publiques et des entreprises. L’une des premières, le Centre culturel provincial du Zhejiang à Hangzhou, propose environ 70 cours gratuits, le plus populaire étant le cours de maquillage.

« Ces cours après le travail répondent aux divers besoins des jeunes », déclare Wang Chao, fondateur du programme de cours après le travail, dans lequel Mme Xu participe à la Cooperation Units (CU), une communauté de jeunes à Chongqing. Des personnes, comme Mme Xu, veulent faire des activités qu’elles aimaient dans leur enfance mais qu’elles n’ont jamais eu l’occasion d’apprendre. Certains souhaitent acquérir une compétence qui les rendrait plus compétitifs sur le marché du travail et d’autres veulent se détendre et avoir quelque chose à faire plutôt que d’être scotchés à leur smartphone, ou encore élargir leur cercle social et rencontrer davantage de personnes partageant les mêmes centres d’intérêt.

Le programme de la CU, qui a débuté fin octobre 2023, s’est rapidement développé. En un mois, les 27 cours proposés ont attiré plus de 200 étudiants au total. Chaque cours d’une heure ne coûte aux étudiants que 50 yuans (environ 6,5 euros), dont 35 yuans vont à l’enseignant et 15 yuans à la gestion du programme. « Le programme n’est pas rentable pour le moment, mais j’espère qu’il le sera à l’avenir, afin qu’il soit viable à long terme », déclare M. Wang.

Pour le moment, les cours vont du théâtre à la calligraphie, en passant par l’ukulélé et la photographie, et le plus populaire est une série de conférences sur le Yijing (Livre des mutations), un traité de divination chinois et une source de connaissances sur le confucianisme et le taoïsme. Dans un avenir proche, d’autres cours, comme le yoga facial et la production de vidéos courtes, seront ajoutés au programme en fonction des intérêts des participants.

Les enseignants à la CU travaillent tous à temps partiel et ils sont des professionnels qui se distinguent dans leurs domaines respectifs. « Je ne pense pas que les professeurs participent au programme pour de l’argent », confie Zhou Afen, professeure d’art dramatique, qui dirige également son propre studio. « Dans mon cas, j’aimerais promouvoir l’art du spectacle auprès du grand public ». Selon elle, le théâtre peut aider les gens à mieux se connaître et à avoir un but dans la vie.

M. Wang espère que le programme changera le concept traditionnel de l’éducation et des établissements scolaires, ainsi que celui des enseignants et des étudiants. « L’éducation va bien au-delà de l’acquisition de connaissances à l’école, elle peut se faire n’importe où et n’importe quand. Nous devons briser les frontières et transmettre les connaissances inexploitées de chacun, et pas seulement celles des “enseignants”, aux personnes désireuses d’apprendre. En ce sens, tout le monde peut être enseignant ou étudiant. »

Idéalement, de tels programmes devraient être disponibles dans toutes les communautés résidentielles du pays, ce qui contribuerait à créer une société dans laquelle les gens aiment apprendre, ajoute M. Wang.

Les jeunes ne suivent pas de cours après le travail pour obtenir un certificat, une réussite rapide ou des avantages immédiats. Selon Zhang Huajun, maîtresse de conférences de pédagogie à l’Université normale de Beijing, cela rend les jeunes moins anxieux et leur permet d’apprendre en s’amusant. « Les cours peuvent offrir un espace d’auto-guérison et d’auto-adaptation, en apportant plus de possibilités dans leur vie », souligne-t-elle.

Se lancer en ligne

L’augmentation du nombre de plateformes d’apprentissage en ligne s’accompagne d’une multiplication des options offertes aux étudiants en puissance. Par exemple, les MOOC, ou cours en ligne ouverts et massifs, introduits pour la première fois au Canada en 2008, ont commencé à gagner en popularité en Chine en 2013. Fin 2022, 370 millions de personnes s’étaient inscrites à plus de 61 900 MOOC en Chine.

Sur l’application NetEase Open Courses, lancée en 2010 par la société chinoise de technologie Internet NetEase, les utilisateurs peuvent regarder des vidéos de cours dispensés par des professeurs renommés d’universités prestigieuses du monde entier.

Le gouvernement chinois soutient aussi le développement des cours en ligne. Depuis 2022, le ministère chinois de l’Éducation a mis en œuvre une action stratégique de numérisation de l’éducation, qui encourage le partage des ressources éducatives et l’application des technologies de pointe dans ce processus.

Selon les données révélées fin octobre 2023 par Bilibili qui dispose d’une section « Connaissances », en 2022, 243 millions de personnes ont utilisé la plateforme pour acquérir des compétences ou des connaissances, soit 5,5 fois plus que le nombre d’étudiants en Chine. Parmi elles, 72 % sont nées dans les années 2000 et ce groupe était le principal public des vidéos liées à la science et à la technologie. Bilibili a indiqué que le sujet le plus tendance en matière de science et de technologie sur la plateforme était celui des grands modèles de langage, dont ChatGPT, développé par la société américaine OpenAI et ERNIE Bot, lancé par le géant chinois de la technologie Baidu. En 2023, 3,3 millions de vidéos sur ces thèmes ont été mises sur la plateforme.

« Lorsque nous nous affranchissons des contraintes de temps et d’espace, ainsi que de la définition traditionnelle d’enseignant et d’étudiant, l’éducation offrira des possibilités infinies », conclut M. Wang.

*LÜ YAN est journaliste à Beijing Information.

 

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