Yao Zhiju, une enseignante à la retraite du village de Shaba à Huaying (Sichuan), fait du soutien scolaire volontaire pour les enfants des travailleurs migrants pendant les vacances d’été à la « Love Station » qu’elle a créée. 

Pang Caiyun, une enseignante à la retraite de 59 ans originaire de Baiyin (Gansu) dans le nord-ouest de la Chine, a choisi de continuer à travailler après sa retraite. Il y a quatre ans, elle est partie enseigner dans une école primaire rurale située à environ 300 km de là, à Tianshui, une autre ville du Gansu. Elle a ainsi rejoint « Enseignants aux cheveux gris », un projet lancé par le ministère de l’Éducation en 2018 pour encourager les enseignants à la retraite à enseigner dans les écoles rurales afin de contribuer à l’amélioration de l’enseignement dans les campagnes.

Ce projet est ouvert aux enseignants retraités et aux directeurs d’école de moins de 65 ans qui acceptent d’enseigner à la campagne pendant au moins un an. En plus de leur fonction d’enseignant, ils peuvent également être invités à évaluer le travail d’autres enseignants, à animer des conférences ouvertes à tous ou des ateliers sur l’enseignement, à fournir des conseils et à aider les écoles à améliorer leur gestion.

Améliorer l’enseignement dans les campagnes

Mme Pang a immédiatement rejoint le projet après avoir vu un avis de recrutement émis par les autorités locales de l’éducation. Après avoir été acceptée, elle a dû mettre huit heures pour aller de Baiyin à Tianshui en prenant trois bus et un taxi.

Lorsqu’elle est arrivée à l’école, elle a été choquée par le manque flagrant de personnel, avec seulement six enseignants pour une école de six niveaux et des centaines d’enfants. Alors que la plupart des enseignants des écoles primaires en Chine sont chargés d’enseigner une seule matière par niveau, chaque enseignant de cette école en sous-effectif jonglait généralement avec plusieurs cours pour différents niveaux. Elle-même a été chargée d’enseigner les mathématiques et l’éducation physique pour deux niveaux différents.

Ce qui était plus inquiétant, c’était que les élèves étaient faibles en mathématiques. « Pour la plupart, ils ne maîtrisaient pas les tables de multiplication et lorsqu’on leur posait des questions, ils restaient souvent silencieux. » Elle a donc commencé par susciter leur intérêt. Par exemple, en abordant les solides, elle utilisait des tasses, des crayons et des gommes comme exemples et, lorsqu’elle expliquait ce qu’était une solution, elle mélangeait du sucre et de l’eau sous les yeux des élèves pour faciliter leur compréhension. Un an après, les résultats s’étaient considérablement améliorés.

Mme Pang est passionnée par l’éducation rurale parce qu’elle est elle-même originaire d’une zone rurale. « Quand j’étais jeune, peu de filles avaient la possibilité d’aller à l’école. J’ai eu la chance de pouvoir être scolarisée et l’éducation a changé ma vie. » Et d’ajouter qu’elle souhaitait contribuer à l’éducation rurale pour permettre à davantage d’enfants de changer leur destin grâce à l’éducation, comme cela a été son cas.

De nombreux autres enseignants retraités choisissent également de contribuer à l’éducation rurale. Wen Panxi, un responsable du Département provincial de l’éducation du Gansu, précise que les enseignants recrutés dans le cadre du projet « Enseignants aux cheveux gris » sont pour la plupart originaires des zones rurales et ont contribué à améliorer l’éducation rurale et à atténuer la pénurie d’enseignants dans ces régions.

Entre 2018 et fin 2022, le projet a recruté plus de 20 000 directeurs d’école et enseignants à la retraite à travers le pays, contribuant ainsi au développement équilibré de l’éducation entre les zones urbaines et rurales. Récemment, le ministère de l’Éducation et le ministère des Finances ont publié un avis annonçant que le projet recruterait 6 000 enseignants cette année.

Selon un nouveau plan d’action concernant le projet, publié le 30 août par le ministère de l’Éducation ainsi que neuf autres ministères et organismes gouvernementaux, dans environ trois ans, le nombre d’enseignants retraités embauchés dans ce cadre atteindra 120 000, qui enseigneront en ligne ou hors ligne.

Shi Yanyan, enseignante de mathématiques à la retraite dans une école primaire du district de Zhuanglang (Gansu), est allée dispenser son enseignement en 2021 à l’école primaire de Liuyao à Nanping, qui relève de ce district. Pour accroître l’enthousiasme des élèves, elle a acheté de la papeterie de ses propres deniers afin de récompenser les plus méritants. Elle a également apporté des livres. « Même si les articles de papeterie ne sont pas chers, ils ont encouragé les élèves et nous ont rapprochés. »

Mme Shi a également été invitée à assister aux cours d’autres enseignants pour identifier les points à améliorer et prodiguer des conseils. Zhang Xiaojuan est l’une des enseignantes qu’elle a prise sous son aile. Elle a donné 15 cours à des enseignants comme Mme Zhang pour les aider à améliorer leur enseignement.

Les autorités locales mettent en place des politiques favorables pour attirer davantage d’enseignants retraités vers les zones rurales. Zhoushan, une ville côtière de la province orientale du Zhejiang, offre des salaires plus élevés aux enseignants retraités que partout ailleurs. Les enseignants à la retraite titulaires de titres professionnels supérieurs se voient offrir un salaire de 150 000 yuans à 200 000 yuans par an. Les services de l’éducation de la ville proposent également de rembourser les frais de déplacement des enseignants pour qu’ils puissent retourner chez eux deux fois par an. L’année dernière, la ville a recruté 22 enseignants de tout le pays pour enseigner sur ses îles isolées. En plus des salaires plus élevés, les magnifiques paysages attirent également beaucoup d’enseignants à la retraite. Zhoushan est la seule ville-préfecture insulaire de Chine, établie sur l’archipel de Zhoushan. La ville est célèbre pour ses paysages, ses fruits de mer et ses temples bouddhistes.

Les retraités, une ressource précieuse

Selon un rapport publié par la Commission nationale de la santé en 2021, le nombre de personnes âgées de plus de 60 et 65 ans avait atteint respectivement 264 millions et 191 millions en Chine au 1er novembre 2020, soit respectivement 18,7 % et 13,5 % de la population chinoise.

Les données recueillies par le Bureau national des statistiques lors du 7e recensement national de la population, publié en mai 2021, ont montré que le niveau d’éducation des personnes âgées s’était amélioré. Parmi les personnes de plus de 60 ans, 13,9 % avaient un diplôme d’études secondaires ou plus au 1er novembre 2020, soit une hausse de 4,98 points de pourcentage par rapport à 2010.

La proportion de professionnels parmi la population âgée va augmenter à l’avenir et il est important d’utiliser ces précieuses ressources humaines. « De nombreux enseignants à la retraite ont une riche expérience pédagogique et sont en bonne santé, ils sont donc capables d’enseigner dans des écoles rurales », remarque Xiong Bingqi, directeur de l’Institut de recherche sur l’éducation du XXIe siècle, dans un commentaire sur le projet « Enseignants aux cheveux gris » publié dans le journal Guangming Daily en août. « Le projet peut non seulement répondre à la demande pour des enseignants de talent dans les écoles rurales, mais également contribuer à améliorer le niveau général des enseignants ruraux. » Et de suggérer d’augmenter le budget consacré à l’éducation rurale afin d’améliorer l’environnement de travail et le traitement des enseignants. « De cette façon, davantage de jeunes enseignants seront attirés vers les écoles rurales afin de combler l’écart entre les zones urbaines et rurales en termes de scolarité obligatoire et d’insuffler une nouvelle vitalité à l’éducation rurale. »

JI JING est journaliste à Beijing Information.