Un an après l’organisation des Jeux olympiques (JO) d’hiver de Beijing, l’enthousiasme du public chinois pour les sports d’hiver ne cesse de croître, surtout pour le ski et le patinage.
Les marques chinoises font leurs débuts
Le centre commercial de Dadushi, dans l’arrondissement de Dongcheng à Beijing, regroupe depuis longtemps de nombreuses marques d’équipements de sports d’hiver, attirant beaucoup de consommateurs. La boutique Cold Mountain, située aux premier et deuxième étages bien en évidence, a installé des rayons dédiés aux enfants et aux soldes. Lu Wei, gérant de la boutique, s’affaire à ranger l’arrivage des marchandises, qui partiront comme des petits pains. « Nos clients sont plutôt les jeunes. De plus, les produits pour enfants se vendent très bien, a-t-il dit, après l’assouplissement des mesures contre le COVID-19, de plus en plus de personnes se sont mises aux sports d’hiver. J’estime que nous pourrons donc atteindre notre objectif de ventes fin mars. »
M. Lu est passionné de ski. Il a commencé à pratiquer ce sport il y a 16 ans lorsqu’il était étudiant. Ces dernières années, il a pu constater l’essor des sports d’hiver en Chine, surtout après que le gouvernement a annoncé son objectif d’y faire participer 300 millions de Chinois.
Le 5 janvier 2023, le Forum sur le développement du tourisme de glace et de neige a été organisé par l’Académie chinoise du tourisme et la municipalité de Harbin. Le Rapport sur le développement du tourisme de glace et de neige en Chine (2023) a été publié lors du forum, montrant que 344 millions de personnes ont fait des sorties en rapport avec la neige et la glace au cours de la saison d’hiver 2021-2022 et les recettes liées à ces activités ont atteint 474 milliards de yuans.
Des touristes s’amusent sur la patinoire du lac Shichahai, à Beijing.
Selon M. Lu, entre le 1er juillet 2021 et le 30 juin 2022, le chiffre d’affaires de sa boutique a dépassé 20 millions de yuans. Les marques nationales représentaient environ 21 % des ventes, une proportion bien plus élevée par rapport aux années précédentes. « Les marques nationales ont leurs avantages. Leurs modèles d’habits pour les sports d’hiver s’adaptent mieux à la silhouette des Chinois. Sans taxes douanières et avec un coût de fabrication inférieur, les marques nationales proposent des produits moins chers », a expliqué M. Lu. Il estime que l’achat d’équipements de marques étrangères pourrait revenir jusqu’à 15 000 yuans, soit environ 5 000 yuans de plus que pour des marques chinoises tout aussi bonnes.
Selon un rapport sur la tendance des activités sportives en hiver publié par CBNData et Tmall Sport, parmi les dix marques d’équipements de sports d’hiver prisées par les jeunes, six sont chinoises. Ces dernières sont également présentes sur le marché étranger. Les données d’AliExpress, la plateforme d’e-commerce transfrontalier détenue par Alibaba, montrent que les ventes d’équipement de ski chinois à l’étranger à l’approche de la fête du Printemps 2022 et des JO d’hiver de Beijing ont augmenté de 60 % par rapport à la même période en 2021. De plus, le nombre de boutiques chinoises d’équipement de ski a augmenté de 50 % sur cette plateforme en un an.
Le Plan de développement des sports de glace et de neige (2016-2025), publié par l’Administration générale du sport de Chine, indique qu’il faut soutenir le développement des marques nationales d’équipements de sports d’hiver, afin que la production manufacturière devienne, d’ici à 2025, un pilier de l’économie des sports d’hiver, laquelle devrait alors générer 1 000 milliards de yuans.
Des clients choisissent des casques de ski au Livat shopping center de Beijing, le 2 janvier 2023.
Un avenir prometteur
Cependant, pour atteindre cet objectif, les marques chinoises ont encore un long chemin à parcourir. Selon Sun Ruizhe, président de la Fédération chinoise de l’industrie textile et président de la Fédération internationale des fabricants de textiles, en dépit des opportunités de développement offertes par les JO d’hiver de Beijing, et des politiques favorables, les entreprises chinoises dans ce domaine souffrent du manque de technologie clé dans le contexte d’une démocratisation en demi-teinte des sports d’hiver dans le pays. D’après un rapport cité par M. Sun, les vêtements, les gants et les lunettes de ski des marques nationales représentent respectivement 50 %, 75 % et 73 % du marché chinois, tandis que les marques étrangères dominent toujours dans les produits les plus rentables tels que les snowboards, les skis et les chaussures de ski en raison d’une faible compétitivité technologique des marques chinoises.
Yan Ming, propriétaire d’une boutique de matériel de sports d’hiver, a abondé dans ce sens. Tous les produits dans sa boutique sont de marques étrangères. Malgré son patriotisme commercial, la plupart des casques des marques nationales n’ont pas obtenu la certification internationale. « En fait, les combinaisons de nombreuses grandes marques étrangères sont fabriquées en Chine. La technologie n’est pas un problème. L’enjeu est d’ancrer les marques nationales sur le marché. » Il estime que les entreprises chinoises doivent renforcer les avantages de leurs produits et leur marketing. Lu Wei est de son avis sur le fait que les marques étrangères ont déjà gagné la fidélité des consommateurs chinois depuis longtemps. Par conséquent, il suggère que les marques nationales jouent de leurs particularités et proposent des designs uniques pour sortir du lot. GOSKI ORIGINALS, une marque de son entreprise, propose des produits de haute qualité et en vogue, ce qui lui a valu de gagner en popularité. L’entreprise travaille également sur la R&D de matériel professionnel. Son snowboard est en phase de test et entrera très vite sur le marché.
Des équipements de ski de différents pays exposés au Salon international des articles de sport et de la mode sportive (ISPO)
Les marques chinoises doivent miser sur l’innovation pour se faire une place au soleil sur le marché des sports d’hiver. Nobaday et Anta en sont un exemple. Lors des JO d’hiver de Beijing 2022, le Canadien Max Parrot, champion de slopestyle et médaillé de bronze du big air en snowboard, est monté sur le podium avec son snowboard Nobaday. Lors de l’épreuve masculine de skeleton, l’athlète chinois Yan Wengang, portant les chaussures Anta conçues à l’aide de la technologie de simulation intelligente, a décroché une médaille de bronze.
Le Forum sur le développement du tourisme de glace et de neige a également publié la liste des dix meilleures marques nationales d’équipements de sports d’hiver. GOSKI ORIGINALS, Nobaday et Anta y figurent. Avec le développement des sports d’hiver en Chine, de plus en plus de marques chinoises entreront sur le marché, ce qui offre un avenir prometteur à ce secteur.
