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Heinsberg obtient l’aide de la Chine contre le COVID-19

2020-04-30 15:41:00 Source:La Chine au présent Auteur:VERENA MENZEL
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Il y a un mois, Stephan Pusch, préfet de l’arrondissement d’Heinsberg, a fait la une des médias allemands et est devenu une célébrité sur Internet en Chine. Cet arrondissement de Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne) est le plus durement touché par le COVID-19 dans le pays. Il a publié une lettre ouverte le 23 mars, demandant directement l’aide du président chinois Xi Jinping, espérant que la Chine pourrait apporter son aide avec des fournitures médicales comme des masques et des combinaisons de protection. Il a également cherché à échanger davantage en termes d’expérience dans la lutte contre l’épidémie.

 

Il est inédit qu’un responsable local allemand fasse appel à l’aide auprès du chef d’État chinois. C’est donc devenu un sujet brûlant, qui a attiré l’attention non seulement des médias allemands, mais aussi des médias chinois. Dans la soirée, le célèbre animateur de télévision allemand Frank Plasberg a invité M. Pusch dans une conversation vidéo pour son émission « Hart aber Fair », critiquant son comportement et le qualifiant d’« incident qui avait provoqué la colère ». Il y a aussi eu beaucoup de commentaires sur certains réseaux sociaux et beaucoup de critiques.

 

Qu’est-ce qui a poussé le fonctionnaire local allemand à franchir ce cap ? Pourquoi s’est-il ouvertement tourné vers la Chine pour obtenir de l’aide et non pas vers Angela Merkel ? A-t-on répondu à sa lettre ouverte ? Pour en savoir plus, j’ai appelé M. Pusch, dans l’arrondissement d’Heinsberg.
 
Le matériel d’urgence est arrivé. Stephan Pusch aide personnellement à décharger les marchandises.

 

Heinsberg, une « zone de catastrophe » en Allemagne
 
L’arrondissement d’Heinsberg est devenu le symbole de la lutte contre l’épidémie en Allemagne. Mardi, la veille du mercredi des Cendres, qui marque la fin du Carnaval, un couple de personnes âgées de cet arrondissement de l’Ouest de l’Allemagne était positif au test à l’acide nucléique. Ils avaient participé aux festivités en compagnie d’environ 300 personnes.

 

Le même jour, une équipe locale de réponse aux crises a été mise en place, exigeant que plus d’un millier de contacts soient isolés à domicile, fermant immédiatement les écoles et les jardins d’enfants, prenant des mesures complètes de prévention et de contrôle, et interrompant les activités publiques. Malheureusement le virus s’est entretemps propagé. Au 29 mars, près de 1 200 personnes avaient été infectées et 31 étaient décédées, faisant de cet arrondissement le premier en Allemagne à être désigné comme « zone de catastrophe ».

 

Depuis lors, M. Pusch est par monts et par vaux, et il est difficile de le contacter. Dans une interview accordée à La Chine au présent, le préfet, âgé de 51 ans, a souligné que malgré cela, il pensait qu’il était important de prendre le temps pour les interviews et de s’adresser au public. « En plus de la réponse aux crises et de la communication interne, il faut apparaître dans les médias, et c’est dur. Cependant, je me rends bien compte que mon travail actuel consiste à expliquer aux gens ce qui s’est vraiment passé ici. Il faut que notre arrondissement serve d’exemple pour dire au reste de l’Allemagne quels préparatifs il est nécessaire d’effectuer », a-t-il expliqué.

 

Concernant l’épidémie, M. Pusch dresse un constat alarmant. « Juste pour ces trois derniers jours, comme dans de nombreuses régions d’Europe, la vague des infections s’est propagée. En ce qui concerne le personnel médical et les appareils respiratoires, les trois hôpitaux de l’arrondissement sont déjà surchargés. Les interventions chirurgicales qui peuvent être reportées le sont, le but étant d’utiliser à plein le personnel et le matériel médical pour le traitement des patients atteints du COVID-19. » On constate ainsi une pénurie de matériel de protection. « Lorsque le couple de personnes âgées infectées a été hospitalisé, l’hôpital a consommé une année de matériel de protection en seulement deux jours », a-t-il précisé. Par manque de tenues de protection, un de ces trois hôpitaux a dû être fermé et les patients ont été transférés dans les arrondissements voisins. « L’approvisionnement ne s’est pas vraiment amélioré depuis l’épidémie », a remarqué M. Pusch, précisant qu’il avait demandé l’aide aux échelons supérieurs et à la Bundeswehr. Le week-end dernier, la Bundeswehr a d’ailleurs acheminé un camion de fournitures médicales, « mais cela ne correspond qu’à trois jours d’approvisionnements ». Une telle description de la situation montre que le COVID-19 submerge les systèmes de santé, que ce soit dans un pays en développement comme la Chine, ou dans les pays développés d’Europe et aux États-Unis.

 

M. Pusch a confié que d’un côté, il avait hésité à demander ouvertement l’aide du président chinois. « Je ne suis qu’un petit fonctionnaire local. Tout d’abord, je dois protéger les habitants de cet arrondissement. J’ai été élu préfet pendant trois mandats consécutifs, ce qui montre qu’ils me font confiance. » Il y a une autre raison importante pour laquelle M. Pusch a décidé de prendre cette mesure inhabituelle.

 

« Je veux envoyer un signal de solidarité à travers cette lettre ouverte. En raison du COVID-19, les Chinois sont exclus et stigmatisés. Par exemple, le président américain Trump a parlé de “virus chinois” et de “virus de Wuhan”. Personnellement, je suis très en colère parce que c’est une accusation qui leur est imposée. Comme les habitants de l’arrondissement d’Heinsberg, le peuple chinois n’est pas coupable pour ce qui est du COVID-19 et de sa propagation. »

Les habitants de cet arrondissement ont exprimé leur sympathie devant le traitement injuste infligé au peuple chinois. « Durant cette période, nos équipements respiratoires étaient limités et quelques jours plus tard, nous avons dû transférer des patients vers les hôpitaux des environs. Les gens appelaient les patients de l’arrondissement d’Heinsberg “les COVID-19” et les hôpitaux environnants étaient réticents à admettre des patients », a-t-il noté. « Les agences d’État ont salué l’excellente gestion de crise de notre arrondissement. Néanmoins, certaines personnes nous pointent toujours du doigt comme si nous avions fait quelque chose de mal. Cela me rend triste et j’éprouve des sentiments similaires à ceux du peuple chinois. »
 

 

L’aide de la Chine arrive à point nommé

 

« Après avoir lancé différents appels à l’aide, j’ai reçu il y a deux semaines une visite inattendue d’une délégation chinoise. Ils nous ont apporté diverses fournitures. C’étaient des hommes d’affaires chinois travaillant en Allemagne. Quand ils ont appris ce qui s’était passé dans notre arrondissement, ils ont pris spontanément la décision de nous donner une partie du matériel dans les entrepôts de leurs entreprises. Ce fut une expérience merveilleuse, et je les en remercie du fond du cœur. » Et d’ajouter : « Il est particulièrement important de renforcer l’unité maintenant. Il est important que les gens s’entraident, et qu’ils ne blâment pas les autres. »

 

Le 23 mars, M. Pusch a également envoyé une lettre ouverte à l’ambassade de Chine en Allemagne par courriel et a rapidement reçu une réponse. « Le jour où j’ai envoyé le courriel, il y a eu une réponse. J’ai reçu un appel du consulat général de Chine à Düsseldorf au nom de l’ambassade de Chine, nous informant qu’ils étaient prêts à nous aider », a-t-il expliqué. « J’ai été très enthousiaste en recevant une réponse aussi rapide. Elle a dépassé mes attentes. » Et de s’en féliciter : « Les petits responsables d’arrondissement comme moi demandent de l’aide au gouvernement chinois, et c’est bien sûr inhabituel. La réponse rapide à mon appel montre que les Chinois font les choses rapidement et pratiquement. »

 

M. Pusch a par la suite reçu le soutien de Karl-Josef Laumann, ministre de la Santé de Rhénanie du Nord-Westphalie.

 

En réponse aux accusations selon lesquelles la Chine serait « à l’origine » de cette crise mondiale et que le gouvernement chinois aurait « réagi trop tard » au danger, M. Pusch est catégorique : « Dans la situation actuelle, il ne s’agit pas de se soustraire à ses responsabilités et de les rejeter sur autrui, de dire qui a fait une erreur et quand. Si les gens sont honnêtes avec eux-mêmes, beaucoup doivent se sentir responsables de ne pas avoir réagi aussi rapidement ou aussi résolument que possible. »
« Faire porter la responsabilité aux autres est la chose la plus stupide que les gens puissent faire. Ceux qui réagissent de cette façon et ceux qui ne sont pas sûrs de la façon de gérer la crise ont en fait besoin d’un bouc émissaire », a souligné M. Pusch.

 

Vers un jumelage avec Wuhan ?

 

M. Pusch vit dans l’arrondissement d’Heinsberg avec sa femme et ses trois enfants. Comme tout le monde, leur vie quotidienne est soumise à diverses restrictions en raison de l’épidémie. « Il y a quelques semaines à peine, les Allemands pensaient que l’épidémie, c’était loin, que cela ne les concernait pas. Mon expérience dans notre arrondissement m’a certainement permis de comprendre plus facilement la perspective chinoise sur l’épidémie », a-t-il affirmé. « Certains disent qu’il faut marcher dans les chaussures d’autrui avant de porter un jugement. Cela veut dire que si l’on est trop éloigné de la réalité du terrain, il est facile de dire ce qui est bien et ce qui est mal. Mais pour vraiment savoir ce que les Chinois ont vécu, combien il est difficile de mettre en œuvre des mesures strictes qui limitent la vie des gens et comment faire comprendre ces mesures aux gens, cela n’est possible que si l’on est confronté au même environnement. »

 

M. Pusch, qui est préfet depuis 16 ans, est un homme pragmatique et visionnaire. Il attache une grande importance à faire avancer les choses dans une direction positive. Il a géré avec confiance le ridicule dont il a fait l’objet sur les réseaux sociaux, à savoir un jumelage Heinsberg-Wuhan. Pourquoi pas ? En réponse, il a proposé de manière décisive dans la lettre ouverte un signe de solidarité et d’entraide, appelant de ses vœux un jumelage avec cette ville gravement touchée par l’épidémie en Chine.

 

Heinsberg ne compte que 250 000 habitants, alors que Wuhan en compte plus de 10 millions, une énorme différence. « D’un autre côté, nous pouvons dire que nous souffrons ensemble. En termes d’économie et de coopération, nous traversons maintenant ensemble une période de creux. Pourquoi un arrondissement comme Heinsberg ne pourrait-il pas être lié à Wuhan ? Pourquoi ne pourrait-on pas établir un partenariat avec un district de Wuhan ? », a-t-il remarqué. « Après avoir vaincu l’épidémie, les gens doivent réfléchir à une autre dimension. Il faut avoir une perspective plus large pour savoir comment les pays peuvent reconstruire leur économie et comment s’entraider. »

 

M. Pusch reste optimiste. « Je pense que la confiance mutuelle et la communication réciproque et ouverte sont le début d’un avenir construit en commun. Dans la situation actuelle, ce qui est décisif pour moi, c’est que les Chinois ont déclaré publiquement qu’ils allaient rapidement faciliter la fourniture d’assistance. Je pense que c’est une très bonne chose. »

 

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