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Hou Yunde : en première ligne pour combattre les maladies infectieuses

2019-09-02 16:42:00 Source:La Chine au présent Auteur:DANG XIAOFEI
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Aux premiers jours de la Chine nouvelle, la recherche en virologie n’en était qu’à ses balbutiements dans le pays. Certaines maladies virales, telles que la rougeole, la poliomyélite et l’encéphalite épidémique de type B, représentaient une menace sérieuse pour la santé de la population. Le gouvernement chinois s’est donc penché sur ce problème et a pris des dispositions pour former un groupe de chercheurs spécialisés dans l’étude des virus. Ce groupe a pris les choses en mains, menant des expérimentations scientifiques et techniques pour faire progresser le diagnostic, la prévention et le contrôle des maladies infectieuses.

 

Hou Yunde était l’un des membres de ce groupe. Voilà 60 ans qu’il lutte contre différentes formes de virus. Il est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la virologie moléculaire ainsi que le pionnier des médicaments produits par génie génétique en Chine.

 

Devenir médecin pour vaincre le virus Sendai

 

Hou Yunde est né en 1929 dans la ville de Changzhou (province du Jiangsu). Dans ses jeunes années, il a perdu son frère aîné, atteint d’une grave maladie infectieuse. Il l’a vu mourir sous ses yeux, se sentant impuissant face à la situation. Cette tragédie lui a donné la volonté de s’engager dans des longues études pour devenir un célèbre médecin. En 1948, forts de ses excellents résultats scolaires, il a été admis à la Faculté de médecine de l’université Tongji à Shanghai.

 

En 1958, Hou Yunde, bien que déjà entré dans la vie active, a été envoyé à l’Institut Ivanovsky de virologie au sein de l’Académie des sciences médicales de l’Union soviétique pour y effectuer un doctorat à propos des virus parainfluenza. À l’époque, la virologie était une discipline de pointe dans le monde, mais les connaissances de la Chine dans ce domaine étaient encore très limitées. Pendant ses trois ans et demi passés à l’étranger dans le cadre de son doctorat, Hou Yunde s’est consacré jour et nuit à l’étude. Il finissait le travail à 16 h 30, mais chaque jour, il s’attardait au laboratoire et à la bibliothèque jusqu’à minuit. Il est bientôt devenu la dernière personne à partir de l’institut le soir. Tant et si bien que le gardien, touché par l’esprit travailleur de ce jeune Chinois, lui a exceptionnellement donné un double des clés du laboratoire.

 

Un jour, toutes les souris qui servaient à mener des expériences dans l’institut sont mortes, subitement. Un événement très fâcheux qui a fait l’effet d’une bombe. Les scientifiques soviétiques se sont creusé les méninges pour tenter d’identifier ce virus inconnu, dont les symptômes leur étaient étrangers. Hou Yunde a également réfléchi dans son coin. Après nombre de recherches théoriques et d’essais pratiques, il a constaté que les caractéristiques de l’infection et du décès des souris coïncidaient avec les effets d’un pathogène rare : le virus Sendai. Après plusieurs expérimentations sur un spécimen de souris infectée, il a finalement réussi à isoler le virus dans le laboratoire. La découverte de Hou Yunde a laissé tous les membres de l’institut bouche bée. « Chapeau pour un étudiant chinois qui vient tout juste de nous rejoindre ! »

 

Au vu des symptômes visibles chez la souris, Hou Yunde s’est douté que le virus Sendai pouvait également affecter l’homme. En partant de cette idée, il a finalement découvert, pour la première fois au monde, que le virus Sendai existe bel et bien sous deux types au niveau sérologique. Une constatation venant conforter son hypothèse. Parallèlement, il a observé, en 1961, que le virus Sendai pouvait fusionner des cellules monocouches, comptant ainsi parmi les premiers scientifiques au monde à avoir découvert le phénomène de la fusion cellulaire. Indirectement, il a favorisé l’apparition des technologies de préparation d’anticorps monoclonaux, qualifiés de « révolutionnaires » à l’échelle internationale. Hou Yunde a publié 17 articles scientifiques à ce sujet lorsqu’il était en Union soviétique.

 

En 1962, le ministère soviétique de l’Enseignement supérieur a directement validé, à titre exceptionnel, le doctorat en sciences médicales de Hou Yunde, en raison des excellentes performances de ce dernier. Un événement sans précédent dans l’histoire de l’Institut Ivanovsky de virologie, fondé plusieurs décennies auparavant.

 

De surcroît, le directeur de l’institut a tout fait pour retenir cette perle rare, mais Hou Yunde a néanmoins choisi de revenir en Chine pour servir son pays.
 

 

Le premier médicament chinois produit par génie génétique
 
En 1962, après son retour en Chine, Hou Yunde s’est immédiatement spécialisé en virologie. Il s’est lancé dans l’étude des causes des infections des voies respiratoires pour « arrêter » le principal agent pathogène à l’origine de ces affections. En un peu plus d’un an, il a isolé trois virus parainfluenza de types I, II et IV en Chine, explicitant le mode de transmission des principales infections respiratoires à Beijing entre 1962 et 1964.

 

Au début des années 1970, alors qu’il se renseignait sur les vertus de l’astragale dans la médecine traditionnelle chinoise, Hou Yunde a découvert que cette plante pouvait amener l’organisme à produire une substance antivirale à large spectre : l’interféron. Cette glycoprotéine, découverte par des scientifiques étrangers dans les années 1950, était déjà utilisée pour la préparation de médicaments antiviraux. Mais ces médicaments, vendus au prix fort sur le marché de l’importation, étaient extrêmement rares.

 

Au début, Hou Yunde a choisi d’utiliser des leucocytes provenant du sang du cordon ombilical pour induire l’interféron. Cependant, pour produire un mg d’interféron, il ne fallait pas moins de 8 000 ml de sang humain ! Et à l’époque, avec 100 yuans, on ne pouvait obtenir que 0,004 mg d’interféron... Dans ces conditions, comment faire pour généraliser un médicament à base d’interféron dans un pays comptant un milliard d’habitants ?

 

En 1977, les États-Unis ont déclaré efficace l’utilisation du génie génétique pour la création d’inhibiteurs de la sécrétion de l’hormone de croissance par l’organisme humain. Cette nouvelle a eu un grand retentissement dans le monde et a aussi vivement impressionné Hou Yunde. C’est alors que lui est venue l’idée audacieuse d’exploiter des méthodes de génie génétique pour amener les bactéries à produire de grandes quantités d’interféron.

 

En 1979, le génie génétique, sans parler des biotechnologies, était un secteur encore inconnu du plus grand nombre en Chine. Afin de pouvoir produire de l’interféron grâce au génie génétique, Hou Yunde avait besoin d’ovocytes de xénope lisse (un crapaud vivant en Afrique). Mais où trouver cet animal ? Malgré les difficultés, Hou Yunde ne voulait pas abandonner. Il a contacté une foule de personnes susceptibles de pouvoir l’aider et enchaîné les expériences, jusqu’au jour où, il a découvert dans une ferme piscicole en banlieue de Beijing le poisson tilapia, dont les ovocytes pouvaient servir de parfaits substituts. La même année, il a présenté son procédé local pour préparer l’interféron lors d’une conférence internationale spécialisée qui s’est tenue à New York. Sa méthode, facile d’utilisation, a immédiatement été saluée par les scientifiques internationaux.

 

En 1982, Hou Yunde, âgé de 53 ans, a pour la première fois cloné le gène de l’interféron humain supérieur de type α1b, qui assure une réponse antivirale au profit des Chinois. Une découverte scientifique désormais protégée par des droits autonomes chinois de propriété intellectuelle. Il a réussi à développer l’interféron de type α1b recombinant, un médicament original à l’international et figurant parmi les médicaments de classe I au niveau national. Son efficacité thérapeutique sur l’hépatite B, l’hépatite C, la leucémie à tricholeucocytes et d’autres maladies est cliniquement reconnue. Et ses effets secondaires sont minimes par rapport aux produits similaires étrangers. La réussite de Hou Yunde a marqué en Chine la naissance de la préparation innovante de médicaments par le génie génétique.

 

Au cours de la décennie qui a suivi, Hou Yunde a pris la tête d’une équipe dans l’optique d’élaborer huit médicaments à l’aide des technologies de génie génétique et tous ont fini par être mis en production. À l’heure actuelle, plus de 90 % des médicaments à base d’interféron distribués en Chine sont fabriqués dans le pays. En Chine, l’interféron α1b est employé pour des dizaines de millions de préparations pharmaceutiques, qui permettent de traiter des millions de patients atteints d’hépatites B chroniques et d’enfants souffrant d’infections des voies respiratoires. Il constitue également une manne financière pour le pays.
 

 

Un système de prévention et de contrôle des maladies infectieuses
 
En 2018, à l’âge de 79 ans, Hou Yunde a été nommé par le Conseil des affaires d’État maître principal en technologie des grands projets nationaux scientifiques et technologiques pour la prévention et le traitement des maladies infectieuses, telles que le sida et les hépatites virales. Actuellement, il dirige intégralement l’équipe d’experts responsables de la conception d’un grand projet, déployé sur la période 2008-2020, qui vise à réduire la morbidité et la mortalité du sida, de la tuberculose et de l’hépatite virale. Il est également en charge du plan global de lutte contre les principales épidémies. Il a avancé l’idée d’établir un système de prévention et de contrôle « intégré » pour faire face aux maladies infectieuses aiguës et soudaines, c’est-à-dire un système combinant les diverses technologies en la matière et alliant les forces de toutes les parties pour stopper les épidémies.

 

Il a déjà guidé la mise en place d’un système complet de prévention et de contrôle qui concerne toutes les maladies infectieuses émergentes et soudaines, et qui couvre toutes les régions chinoises. Grâce à ce système, 300 agents infectieux responsables de cinq syndromes majeurs peuvent être rapidement identifiés dans les 72 heures. Parallèlement, il a mis sur pied un ensemble de technologies utiles pour la détection et l’identification de pathogènes inconnus. Toutes ces avancées ont considérablement accru la capacité de la Chine à prévenir et à maîtriser les maladies infectieuses émergentes et soudaines.

 

En mars 2009, des cas de grippe A (H1N1) ont été déclarés au Mexique et aux États-Unis. Trois mois plus tard, l’OMS a rehaussé le niveau d’alerte à la phase 6 pour cette épidémie, annonçant l’état de pandémie. À l’époque, il s’agissait d’une nouvelle maladie infectieuse, pour laquelle le monde n’avait ni réactif de diagnostic ni vaccin.

 

Après l’obtention de la souche du virus grippal, l’équipe de recherche sous la houlette de Hou Yunde a procédé à un millier d’opérations de criblage en vue de vérifier la réactivité croisée avec 17 autres sous-types de virus grippaux. Et dans les 72 heures qui ont suivi, ils ont élaboré une méthode rapide et efficace pour diagnostiquer le virus de la grippe A (H1N1). De plus, seulement 87 jours après le début de l’épidémie, des scientifiques chinois ont mis au point un vaccin contre cette maladie. La Chine est d’ailleurs le premier pays au monde à avoir approuvé la commercialisation d’un vaccin anti-grippe A, plusieurs mois avant l’Europe et les États-Unis.

 

Après quoi, la Chine a établi sans perdre de temps la plus grande base de données mondiales pour assurer le suivi des effets indésirables apparus suite à l’administration du vaccin en question (70 millions de cas), garantissant ainsi la sécurité des patients vaccinés contre la grippe A à l’échelle mondiale.
 

 

En 2013, il a été découvert en Chine que le virus de la grippe aviaire H7N9 pouvait se transmettre à l’homme, avec un risque d’infection 100 fois supérieur à celui du virus H5N1 et un taux de létalité de l’ordre de 40 %. Mais en moins d’un mois, les scientifiques chinois ont réussi à terrasser ce tout nouveau virus.

 

En 2014, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) s’est à nouveau répandu dans le monde. Le système chinois de prévention et de contrôle des maladies infectieuses a détecté la maladie chez un Coréen dès son entrée en Chine. Il a été diagnostiqué sur place et mis en quarantaine. Aucun autre cas n’a été répertorié par la suite.

 

Le 8 janvier 2018, Hou Yunde, du haut de ses 89 ans, s’est vu décerner le Grand Prix national de recherche scientifique et technologique 2017, en récompense de ses réalisations exceptionnelles dans le domaine de la virologie.

 

« S’il faut bien connaître le monde, c’est pour pouvoir le changer. » Tel est le précepte favori de Hou Yunde. Malgré ses franches réussites dans la compréhension et le traitement des virus, il a connu au cours de ces années d’innombrables revers et échecs. Pour autant, il n’a jamais renoncé à ses idéaux. Et grâce à sa détermination, il a apporté des contributions remarquables pour la prévention et le contrôle des maladies en Chine.

 

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