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Société Générale accompagne l'internationalisation de la Chine

2018-12-03 16:08:00 Source:La Chine au présent Auteur:JULIEN BUFFET
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Le président de Société Générale en Chine Pierre-Yves Bonnet
 
JULIEN BUFFET, membre de la rédaction

 

Installé à proximité de l’ambassade de France dans le quartier diplomatique de Liangmaqiao, le groupe Société Générale Chine a ouvert ses portes aux journalistes de La Chine au présent pour une interview exclusive avec Pierre-Yves Bonnet, son nouveau responsable pays et président de SG China (Ltd) depuis septembre 2018. Ancien fonctionnaire au ministère français des Finances dans les années 1990, homme de grande stature et de nature passionnée. La Chine n’est pas une terra incognita pour Pierre-Yves Bonnet qui se souvient parfaitement de son premier contact avec le pays en 1997, l’année même de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, et du contraste à son retour : « Je reviens 21 ans après et je vois un pays qui a changé du tout au tout. Il est toujours resté très beau, mais en revanche, la modernisation est absolument incroyable et notamment dans le secteur bancaire : il y a une transformation totale, une digitalisation très rapide et des innovations que le monde entier regarde. »

 

Une banque intégrée à « la Ceinture et la Route »

 

Dès l’arrivée dans le hall, le visiteur est frappé par le planisphère géant qui présente le tracé de la Ceinture économique de la Route de la Soie reliant la Chine à la Russie, l’Europe, le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest et de l’Est puis enfin l’Asie du Sud-Est. À la question de savoir pourquoi l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » trône en si bonne place, la réponse de Pierre-Yves Bonnet est : « Tout simplement parce que Société Générale est parfaitement implantée le long de ‘‘la Ceinture et la Route’’. Donc c’est une stratégie que nous comprenons tout à fait. » Cependant, cette stratégie n’est pas le résultat d’un simple constat. Installée en Chine depuis 1981, Société Générale devient une banque de plein exercice en 2008 où elle commence par développer ses activités commerciales et de retail avant de les recentrer majoritairement sur les activités de banque de financement et d’investissement.

 

Société Générale est l’une des premières banques commerciales à mettre son expertise et son réseau international au service des grands clients chinois, privés et public, engagées dans l’initiative « la Ceinture et la Route ». Officiellement, sur la centaine de pays concernés par l’initiative, 77 d’entre eux ont déclaré fermement leur adhésion, les derniers en date étant le Sénégal et le Rwanda. Pour autant, si le système bancaire chinois a couvert jusqu’à présent le financement des projets, estimés à 1 600 milliards de dollars à partir de prêts bancaires et de prises de participation en action, les banques commerciales chinoises n’ont pas réalisé un maillage complet de tous ces pays. Les établissements les mieux représentés à l’étranger dans les pays de la BRI, Bank of China (BOC) et Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), sont présents respectivement dans 18 pays seulement. Or, le réseau de Société Générale couvre environ 60 pays de la BRI avec un réseau particulièrement fort et structuré dans les zones stratégiques que sont la Russie et l’Europe de l’Est ainsi que l’Afrique.

 

Cette présence inégalée sur le terrain est un atout considérable pour la Chine car en même temps qu’elle étend l’internationalisation du yuan à travers « la Ceinture et la Route », elle limite les risques financiers comme le souligne Pierre-Yves Bonnet : « Travailler en Afrique n’est pas forcément évident. Ce sont des pays compliqués en termes d’infrastructures, de systèmes politiques, d’instabilité, voire de risque ou de conformité. Notre grande expérience fait que nous sommes tout à fait pertinents pour les grands clients chinois. » En effet une grande majorité des pays traversés par la BRI sont notés Ba1 par les agences spécialisées, soit avec des risques importants. Afin de bien protéger et de guider les entreprises chinoises, Société Générale forme donc depuis quelques années des employés chinois qui animent le réseau des Desk Chine : « Le fait d’être Chinois avec cette double formation leur permet d’établir des liens beaucoup plus privilégiés, que ne pourrait le faire une personne en local, avec les entreprises chinoises qui sont installées sur place. »

 

Multilatéralisme financier et commercial

 

L’année 2018 a été marquée par des succès significatifs pour Société Générale qui souligne la force de sa stratégie de soutien à l’internationalisation de la Chine dans des pays africains clés, notamment depuis la signature d’un protocole d’accord sur les activités commerciales avec China Development Bank en 2014. Pour Pierre-Yves Bonnet, deux exemples méritent d’être cités.

 

D’un côté l’Éthiopie, symbole éclatant du modèle gagnant-gagnant avec 75 % d’opinion favorable à la Chine selon une étude de l’IRIS, où la banque française a permis le financement d’un avion fourni par une compagnie de leasing chinoise à destination d’Ethiopian Airlines. Le transport aérien contribue en effet à l’attractivité des échanges commerciaux au sein de « la Ceinture et la Route » tant pour les affaires que pour le tourisme. De l’autre, l’Algérie, un pays important pour l’internationalisation du yuan du fait de ses ressources pétrolières, où Société Générale a permis, en 2018, le premier règlement en yuan offshore (CNH) pour une entreprise chinoise implantée localement. Considérée dans le cadre plus large de l’ouverture de la Bourse internationale de l’énergie de Shanghai qui autorise des transactions de contrat à terme sur le pétrole brut depuis le 26 mars 2018, cette première expérience de règlement en yuan pourrait ensuite inciter l’Algérie à suivre l’exemple de l’Angola en adoptant le schéma du pétro-yuan convertible en or. Une possibilité d’autant plus réelle que Société Générale Algérie collabore déjà avec les groupes pétroliers chinois SINOPEC et CNOOC.

 

Cette participation de la banque française au multilatéralisme commercial de « la Ceinture et la Route » s’exprime aussi dans les relations sino-russes. Depuis les sanctions économiques décidées en 2014, et régulièrement reconduites, contre la Russie, Pierre-Yves Bonnet note, avec le directeur commercial de Société Générale Russie (Rosbank) François Rozycki, un changement dans les relations entre ces deux pays : « Il est relativement clair que depuis 2013-2014, il y a une certaine ouverture conjointe de la Russie et de la Chine, une volonté commune de développer des projets. Aujourd’hui, le commerce russo-chinois n’est pas encore très développé mais c’est quelque chose sur lequel on travaille pour l’avenir ». L’intégration des économies russes et chinoises et la multiplication des projets transfrontaliers, comme le long du fleuve Amour, semblent en effet justifier cette attention.

 

À rebours de l’unilatéralisme et du repli sur soi grandissants, le réseau international de la Société Générale crée conjointement avec l’initiative « la Ceinture et la Route » les contours du multilatéralisme commercial, qui se structure autour de son expertise dans la gestion des risques, le conseil en fusion-acquisition, le financement d’acquisition et l’accès aux marchés de capitaux auprès des grands clients chinois dans le monde.

 

Internationalisation et nouveau modèle économique chinois

 

Bien que les activités de la Société Générale en Chine soient concentrées sur la stratégie internationale du pays, les particularités internes de la Chine et l’évolution de son marché domestique restent un sujet de la plus grande attention pour Pierre-Yves Bonnet. Selon lui, les facteurs clés du changement du modèle économique reposent aujourd’hui sur deux éléments. D’une part, l’affirmation de la figure du consommateur, dont témoigne le succès de l’Exposition internationale d’importation de Chine, mais qui devrait s’accompagner d’investissements plus importants de l’État, au moins 3 % du PIB selon Yukon Huang, dans les services sociaux. D’autre part la réallocation d’une partie de l’épargne des ménages, la plus élevée au monde (45 %), dans les circuits des marchés financiers et non directement dans les dépôts bancaires ou l’immobilier.

 

« Quand les investisseurs internationaux regardent leur allocation de portefeuille, il est naturel qu’ils aient envie d’investir l’épargne collectée en Chine, du moins en partie », explique M. Bonnet qui, par ailleurs, estime que l’économie chinoise va dans le bon sens. Pour preuve, l’élargissement de l’ouverture financière du pays, annoncé par le président chinois Xi Jinping en 2018, donne des idées de projet à la Société Générale, leader dans les produits dérivés (option d’achat et de vente), notamment sur actions et indices, qui pourrait investir le marché chinois en créant l’équivalent d’une société de bourse : « Le changement majeur de cette internationalisation, c’est le passage à la majorité de contrôle des joint-ventures qui sont créées. C’est cela qui nous a décidé à nous lancer dans l’étude d’un tel projet, parce que sans la majorité nous estimions que nous ne serions pas à même de contrôler nos risques efficacement. »

 

Pour Société Générale comme pour la Chine actuelle, le monde a besoin de projets communs ambitieux portés par des valeurs sociales et économiques fondées sur l’esprit d’innovation, les échanges humains et le libre-échange pour garantir la paix mondiale. En intégrant l’initiative « la Ceinture et la Route » à sa stratégie d’internationalisation, Société Générale y apporte sa contribution en aidant ses grands clients privés et publiques à « naviguer dans la nouvelle mondialisation ».

 

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