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Au-delà des préjugés

2025-11-03 11:18:00 Source: La Chine au présent Auteur: JERRY GREY*
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Un écrivain britannico-australien nous invite à découvrir le véritable Xinjiang, une région dont l’histoire et le développement récent contredisent largement les récits médiatiques occidentaux.

Une peinture murale dépeignant des scènes d’harmonie entre les différents groupes ethniques dans le district d’Emin (Xinjiang), le 13 septembre 2025 

Il y a encore quelques années, le Xinjiang était méconnu du grand public. Aujourd’hui, beaucoup se croient experts sur les Ouïgours, colportant des récits sensationnalistes : internements massifs, massacres délibérés, suppression culturelle, travail forcé dans les champs de coton et de tomates. Pourtant, pour ceux qui connaissent la réalité, ces allégations s’effondrent comme un château de cartes.

Un rappel historique

L’histoire du Xinjiang nous raconte une tout autre réalité. Peu savent que la région autonome ouïgoure du Xinjiang a été créée en 1955 pour reconnaître et protéger la langue, la culture et les traditions de ses populations, un statut d’autonomie que ne possèdent pas toutes les provinces chinoises. Bien sûr, les 70 années qui ont suivi n’ont pas été exemptes de difficultés.

La pauvreté était le défi principal. À sa fondation en 1949, la République populaire de Chine sortait exsangue d’années de guerre et de dévastation. Le pays a dû tout reconstruire avec des caisses vides. Le développement s’est concentré sur les zones côtières, laissant des régions comme le Xinjiang relativement isolées. La Route de la Soie avait décliné depuis les dynasties des Ming et des Qing avec l’avènement de la navigation mondiale et des navires à vapeur. La pauvreté était omniprésente en Chine et la vaste campagne de réduction de la pauvreté était encore loin d’être mise en place.

Le plan d’eau naturel devant le quartier résidentiel du Lac des Cygnes dans le district d’Emin (Xinjiang) est un lieu privilégié pour les cygnes de Sibérie en hiver.

Ma première visite au Xinjiang remonte à 2006, avec mon père et des proches chinois. Nous avons pris un vieux train – il n’y avait pas encore de lignes à grande vitesse – et mis plus de 45 heures pour rejoindre Urumqi, le chef-lieu. Nous aurions pu prendre l’avion, mais nous voulions découvrir davantage le pays. Les 25 premières heures nous ont comblés, mais les 20 dernières traversaient des régions désolées, arides et désertiques. Les visiteurs n’ont aucune idée de l’isolement du Xinjiang tant qu’ils n’en ont pas parcouru les routes, emprunté les trains ou pris l’avion vers l’un des 28 aéroports qui desservent désormais la région, ou, comme je l’ai fait, mis 57 jours pour atteindre son extrémité à vélo depuis l’est de la Chine.

L’isolement expliquait en grande partie la pauvreté. Situé au cœur de l’Eurasie, le Xinjiang a toujours été un point de rencontre entre les mondes chinois, moyen-oriental, européen et même africain. Mais ces caravanes traditionnelles, qui mettaient des mois, voire des années, pour atteindre leurs destinations et en revenir, ont perdu leur rôle face à l’industrialisation et aux nouvelles routes maritimes.

Un enfant à vélo passe devant un arbre dont le tronc principal est un saule et le tronc secondaire un orme, symbole de l’unité entre les différents groupes ethniques, dans le district d’Emin (Xinjiang).

Des changements spectaculaires

Tout a changé avec l’initiative « la Ceinture et la Route ». Aujourd’hui, des trains à grande vitesse et des convois de fret sillonnent la région. Des zones de libre-échange y ont été établies, attirant des industries de haute technologie et de services modernes. En 70 ans, le PIB régional est passé d’environ 1,2 milliard de yuans à plus de 2 000 milliards de yuans. L’année dernière, le PIB par habitant a franchi la barre des 10 000 dollars.

Des pôles logistiques ont été développés pour mieux relier la région au reste du pays, et d’importantes explorations ont révélé des gisements de minéraux essentiels à l’économie moderne. Ces progrès profitent non seulement à la Chine dans son ensemble, mais surtout aux habitants locaux.

Un grand nombre de touristes affluent désormais au Xinjiang ; beaucoup d’entre eux, comme moi, sont des étrangers. J’ai visité la région à vélo en 2014 et en 2019, et en avion et en train plusieurs fois. Il est à noter que n’importe qui peut le faire, il n’y a absolument aucune restriction.

Une employée d’une boulangerie arrange les marchandises à vendre dans le district d’Emin (Xinjiang). (PHOTOS : YU JIE)

Il est impossible pour quiconque n’ayant pas vu la région de comprendre sa diversité et les changements récents. L’éducation est de premier ordre, l’enrichissement est palpable, les changements entre ma première visite et ma dernière il y a quelques mois ne pourraient être plus frappants. La région reste magnifique : en une journée, ses splendides prairies verdoyantes éblouiront les visiteurs ; en arrière-plan se dressent de majestueuses montagnes enneigées ; au-delà se trouvent des lacs limpides ; et puis bien sûr il y a le désert – dangereux, immense et pourtant incroyablement impressionnant. J’ai parcouru tous ces paysages à vélo. Non seulement j’ai survécu pour en parler, mais j’y suis retourné pour en savoir davantage.

Il y a encore des reportages négatifs concernant le Xinjiang dans des médias occidentaux, mais pour ceux qui remettent en question ces récits, la marche à suivre est simple : faites comme moi, allez voir par vous-même, visitez les régions que vous souhaitez voir et parlez avec les gens que vous rencontrez. Il est impossible d’y séjourner sans avoir une seule pensée en tête – y retourner –, tant cet endroit est génial, accueillant et sûr.

On me demande comment la Chine peut contrer les opinions et commentaires négatifs des médias occidentaux, et je réponds simplement : on ne peut pas cacher un secret éternellement. Allez voir, demandez, découvrez et jugez par vous-même. Le Xinjiang est extraordinaire.

 

*JERRY GREY est un auteur indépendant britannico-australien qui a étudié les changements interculturels en Chine et y a vécu pendant près de vingt ans.

 

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