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Un modèle de transition verte

2025-07-03 12:51:00 Source: La Chine au présent Auteur: WOLFRAM ELSNER*
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La Chine est à l’avant-garde de la transition écologique en conciliant prospérité et préservation de la planète.

Thomas Kralinski, secrétaire d’État au ministère de l’Économie de Saxe, Gunar Schmidt, directeur général d’Ontras Gastransport, Cornelia Müller-Pagel, cheffe de projet chez Ontras Gastransport, et Armin Willingmann, ministre de l’Économie de Saxe-Anhalt (de g. à d.), posent après la cérémonie de lancement du premier tronçon du réseau central d’hydrogène de Milzau (Allemagne), le 8 avril 2025.

La Chine a fait preuve d’un succès remarquable en gérant l’interaction complexe entre croissance économique et durabilité écologique, un défi de taille qui exige un équilibre subtil. Cette réussite est le fruit d’efforts coordonnés à l’échelle nationale : les autorités centrales et locales collaborent harmonieusement avec les acteurs industriels, les fournisseurs d’énergie, la communauté scientifique et les citoyens. Grâce à des partenariats intersectoriels durables et à un engagement commun envers des objectifs à long terme, la Chine forge un modèle où le développement économique et la gestion de l’environnement se renforcent mutuellement.

Des progrès lents en Occident

Les efforts de l’Europe en matière de transition énergétique illustrent la complexité de l’équilibre entre des objectifs climatiques ambitieux et leur mise en œuvre concrète. L’Union européenne (UE), en particulier l’Allemagne, est déjà en passe de manquer largement leurs objectifs de réduction des émissions pour 2030 et 2035. Les défis sont nombreux : l’adoption des véhicules électriques (VE) est bien trop lente, les politiques manquent de cohérence et les procédures réglementaires sont souvent mal coordonnées, asynchrones, voire contradictoires.

Un obstacle majeur réside dans l’insuffisance flagrante des infrastructures de recharge pour soutenir l’expansion prévue des VE. Parallèlement, les politiques régissant l’énergie nucléaire, le charbon, le gaz, les énergies renouvelables et les incitations aux pompes à chaleur entrent souvent en conflit, manquant à la fois de coordination et de stratégie cohérente à long terme. Cette approche décousue compromet les progrès, crée des inefficacités et des priorités conflictuelles entre les secteurs.

Les limites des réseaux électriques haute tension en Allemagne illustrent clairement ces problèmes systémiques. Ces réseaux ont été conçus à l’origine pour la distribution centralisée de l’énergie, et non pour transporter de vastes quantités d’énergie éolienne du nord du pays vers les pôles industriels du sud. L’instabilité qui en résulte en termes de tension et de flux d’énergie a contraint les fabricants à faire face à des interruptions de production coûteuses, érodant la confiance dans la faisabilité de la transition énergétique.

D’autres problèmes se posent également : les initiatives en matière d’énergie hydrogène peinent à prendre de l’ampleur, tandis que le secteur industriel allemand, en particulier les PME, est confronté à des pressions croissantes. L’industrie automobile, pierre angulaire de l’économie, investit désormais davantage à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Chine. Dans de nombreux secteurs, les nouveaux investissements ralentissent. Il est aussi difficile de maintenir les consommateurs en phase avec une politique active en matière de climat et d’énergies renouvelables. Le scepticisme du secteur privé à l’égard de ces politiques s’accroît face à la hausse des coûts. Même le secteur émergent de la fabrication de batteries de l’UE, symbolisé par le projet en difficulté Northvolt, est désormais au bord de l’effondrement.

Vue aérienne du projet de reboisement de Kekeya dans la préfecture d’Aksu (Xinjiang), le 10 septembre 2020

Vision holistique de la civilisation

En Chine, les politiques climatiques et environnementales sont depuis longtemps guidées par un objectif visionnaire : construire une civilisation écologique complète qui reconnaisse la complexité des défis mondiaux et les aborde de manière stratégique, calculée et multidimensionnelle.

L’approche du pays combine des stratégies multidisciplinaires à long terme couvrant les politiques industrielles, fiscales, infrastructurelles et d’innovation, ainsi que le développement d’une main-d’œuvre qualifiée, une agriculture durable et l’engagement citoyen. Au cœur de ce cadre se trouve un double objectif : établir des normes claires tout en créant des opportunités pour que les citoyens et les industries puissent prospérer.

De part cette stratégie, la Chine reconnaît l’interdépendance de l’humanité. Alors que les crises écologiques menacent la stabilité mondiale, elle défend le concept de « communauté de destin pour l’humanité », qui se reflète dans ses initiatives mondiales en faveur du développement, de la civilisation et de la sécurité.

Ces efforts s’inscrivent dans ce que l’Europe qualifie de « biens communs mondiaux », favorisant la coopération à travers des plateformes comme l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR), les partenariats régionaux et le dialogue Sud-Sud. Aujourd’hui, plus de 150 nations collaborent dans le cadre de ces initiatives, remodelant ainsi le commerce, le marché du travail et la mondialisation écologique.

La Chine est devenue la première puissance écologique mondiale en conciliant des objectifs ambitieux avec des actions systémiques. Le discours public se concentre de plus en plus sur la responsabilité collective pour l’avenir de la planète, ce qui se traduit par des changements tangibles.

L’idée d’un « mode de vie vert pour tous » dépasse désormais le cadre politique et s’étend à la vie quotidienne. En plus de l’adoption des mini-VE, les consommateurs chinois privilégient les emballages durables et participent à la reforestation de masse.

Grâce au plus grand programme de reforestation de l’histoire, la Chine a étendu ses forêts à 25 % de son territoire. Des projets de lutte contre la désertification, comme la Grande Muraille verte de 3 000 km (soit 30 millions d’hectares d’arbres) autour du désert du Taklamakan, améliorent le climat régional et séquestrent du carbone. De vastes étendues de forêts, des parcs nationaux, des réserves naturelles spécialisées et des zones de biodiversité prospèrent grâce à une stratégie qui nécessite des mesures hautement qualifiées, multidisciplinaires et à long terme. Elle a permis de repousser les déserts, de créer de nouveaux cycles hydrologiques et d’améliorer le climat régional.

Nous voyons des ceintures d’arbres et des espaces verts protégés partout, dans le cadre de vie paisible et bien entretenu des villes chinoises comme le long des autoroutes. Et la qualité de l’air s’est considérablement améliorée, même dans les grandes villes de plusieurs millions d’habitants.

Dans le domaine de l’énergie propre, la Chine produit et innove davantage en matière de technologies renouvelables – solaire, éolienne, hydrogène, VE et réseaux intelligents – que tous les pays occidentaux réunis. L’électricité renouvelable coûte désormais moins cher que les combustibles fossiles, démontrant une transition verte dictée par le marché.

En Chine, les avancées technologiques sont menées de manière à améliorer la productivité lors de la production et à réduire les émissions de carbone lors de la consommation (éco-efficacité).

Le progrès de la Chine allie productivité et durabilité. Durant la période du XIIIe plan quinquennal (2016-2020), une croissance annuelle du PIB de 5,7 % n’a nécessité qu’une augmentation de 2,8 % de la consommation d’énergie. Pendant le XIVe plan quinquennal (2021-2025), la Chine a dépassé ses objectifs : la consommation d’énergie par unité de PIB a diminué de 13,5 % et l’intensité carbone, de 18 %.

Des ceintures vertes urbaines aux technologies propres de pointe, la transition écologique de la Chine prouve qu’un changement systémique est possible. En alliant innovation, politique et participation publique, le pays offre un modèle pour concilier croissance économique et préservation de la planète.

La coopération mondiale

Si l’Occident qualifie souvent la transformation écologique de la Chine – marquée par la fermeture de mines de charbon, de centrales à charbon et d’aciéries traditionnelles, ainsi que par les progrès rapides dans les énergies renouvelables, les technologies vertes et les produits durables – de création de « surcapacité » qui « inonde les marchés mondiaux », cette perspective néglige des nuances cruciales.

Le progrès écologique de la Chine est étroitement lié à sa compétitivité sur le marché, motivé par un vaste marché intérieur et en pleine croissance, des économies d’échelle, des chaînes d’approvisionnement entièrement intégrées, des infrastructures de classe mondiale, une main-d’œuvre qualifiée et des marges de capital et de profit régulées.

Tout cela permet de rendre les technologies et les produits verts abordables pour les ménages ordinaires. Le prix moyen d’une voiture neuve en Chine est d’environ 18 000 dollars, contre 49 000 dollars en moyenne dans l’UE, un écart qui reflète la rentabilité de la Chine en matière d’innovation durable.

Bien que la Chine soit leader dans le développement et la fabrication des écotechnologies dans la majorité des secteurs industriels, elle privilégie la demande intérieure aux exportations. Seule une petite partie de sa production est destinée aux marchés occidentaux.

Parallèlement, la Chine est pionnière en matière d’industrialisation écologiquement durable des pays du Sud. Elle aide les pays en développement à s’orienter vers des voies de croissance plus propres par le biais des initiatives telles que le Fonds pour la biodiversité de Kunming, le modèle de Shanghai pour l’allègement de la dette lié aux investissements environnementaux et le financement vert dans le cadre de l’ONU et de l’ICR.

Aujourd’hui, la Route de la Soie verte est de loin le plus grand projet écologique interconnecté au monde et le moteur le plus important de la transition verte mondiale. Les analyses suggèrent que les efforts de la Chine ont déjà permis de réduire de manière tangible les émissions mondiales de CO2.

Pourtant, même ces progrès ne suffisent pas à atteindre les objectifs climatiques urgents. L’Agence internationale de l’énergie appelle avec gravité à tripler, à l’horizon 2030-2035, l’expansion mondiale des énergies renouvelables, à multiplier par 4,5 les ventes de VE et à décupler le déploiement de l’énergie solaire photovoltaïque.

Le rôle de la Chine en tant qu’« usine verte du monde » est indéniable, avec des avancées dans l’énergie de fusion, les réacteurs nucléaires au thorium, le stockage avancé de l’énergie, les réseaux ultra-haute tension, les biomatériaux et les systèmes de mobilité intelligents. Des innovations quotidiennes en matière de matériaux recyclables, de parcs industriels sans émissions et d’urbanisme durable renforcent encore son leadership.

Alors que la Chine élabore son XVe plan quinquennal (2026-2030), l’accent reste mis sur l’amélioration de la productivité et de la qualité afin d’éviter le piège du revenu intermédiaire. Elle a transcendé la fausse opposition entre croissance économique et développement écologique, positionnant plutôt la transformation verte comme un catalyseur du progrès social. Ses objectifs climatiques pour 2030 devraient être dépassés bien plus tôt que prévu.

Pour l’Allemagne et les autres pays engagés dans une transition verte, une coopération avec la Chine offre des opportunités mutuellement bénéfiques. Face à l’aggravation des défis mondiaux et au resserrement des délais, des partenariats proactifs sont essentiels. La porte de la coopération est ouverte, mais le temps, tout comme la crise climatique, n’attend personne.

 

*WOLFRAM ELSNER est professeur d’économie à l’Université de Brême en Allemagne, expert de longue date de la Chine et auteur de nombreuses publications sur la Chine.

 

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