L’île de la Finance de Hengqin, à Zhuhai (Guangdong)
La Commission nationale du développement et de la réforme a publié récemment sur son site Web l’édition 2024 des Mesures administratives spéciales relatives à l’accès au marché pour les investissements étrangers (liste négative). Par rapport à la version précédente, les restrictions aux investissements étrangers sont passées de 31 à 29, et celles concernant le secteur manufacturier ont été supprimées. « La levée des restrictions sur l’accès des investissements étrangers dans le secteur manufacturier est un signe historique, qui montre que l’accès des investissements étrangers en Chine entre dans une nouvelle étape », déclare Zhou Mi, chercheur à l’Institut de recherche du ministère de l’Industrie et du Commerce.
Libéralisation dans l’imprimerie et la MTC
Les restrictions aux investissements étrangers concernant le secteur manufacturier ont été supprimées pour la première fois en 2021 dans les zones pilotes de libre-échange. En mars de cette année, le porte-parole du ministère du Commerce, He Yadong, a déclaré lors d’une conférence de presse que son ministère travaillerait avec les départements concernés pour réviser la liste négative afin d’éliminer les restrictions dans le secteur manufacturier.
M. Zhou estime que la levée de ces restrictions fait partie des engagements antérieurs de la Chine. Il s’agit d’une mesure importante pour promouvoir davantage l’ouverture au monde extérieur après la troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois, montrant que la Chine est « fidèle à ses paroles et résolue dans ses actes ».
Un responsable de la Commission nationale du développement et de la réforme a noté que le secteur manufacturier était le premier domaine d’ouverture de la Chine ; c’est aussi le domaine où la concurrence sur le marché est la plus grande et où la division industrielle mondiale du travail et la coopération sont les plus étroites. La levée complète des restrictions sur l’accès des investissements étrangers dans le secteur manufacturier démontre pleinement la forte volonté de la Chine d’élargir la coopération internationale ainsi que son attitude claire en faveur de la mondialisation économique.
Par rapport à la version précédente, la version 2024 a vu supprimer les deux seules restrictions restantes dans le secteur manufacturier. L’une concerne le contrôle par la partie chinoise de l’impression des publications, et la seconde, l’interdiction de transformer les produits buvables de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), ainsi que la production de préparations galéniques des formules secrètes de la MTC.
Qu’est-ce qui explique ces suppressions ? « Cela correspond à la réalité actuelle de l’expansion de l’ouverture », explique M. Zhou, remarquant que le développement de l’économie numérique a apporté de nouveaux changements dans le secteur de l’imprimerie traditionnelle, et que l’innovation dans le domaine médical et des biotechnologies progressait également rapidement. D’un côté, les modalités de gestion en fonction des investisseurs et de leurs nationalités doivent être modifiées et revues, et de l’autre, l’amélioration des lois et réglementations peut permettre de mieux gérer les produits et services fournis dans les secteurs concernés.
Une préparatrice de l’Hôpital de médecine traditionnelle chinoise de Fuquan (Guizhou) pèse des ingrédients.
Intégration et développement des secteurs manufacturier et tertiaire
« Après des années d’exploration et de pratique, la Chine est mondialement compétitive dans le domaine manufacturier. La levée des restrictions sur l’accès des investissements étrangers dans le secteur manufacturier montre que la Chine ne craint pas la concurrence, mais souhaite créer un environnement équitable pour encourager toutes les entreprises, y compris les sociétés à capitaux étrangers, à continuer à se développer dans le secteur manufacturier chinois. Qu’elles tirent parti de leurs avantages ou des avantages de la chaîne industrielle chinoise pour réaliser leur propre développement, cette coopération bidirectionnelle peut profiter à toutes les parties », affirme M. Zhou.
À l’ère de l’économie numérique, l’intégration des secteurs manufacturier et tertiaire se renforce également sans cesse, et les entreprises manufacturières et de services à capitaux étrangers auront de nouvelles opportunités. M. Zhou estime que bon nombre d’entreprises de services peuvent se développer davantage en soutenant le secteur manufacturier ; de même, les entreprises productives du secteur des services veulent voir un fort développement des entreprises manufacturières. Il sera donc possible d’optimiser davantage la coopération en matière d’investissement entre les entreprises chinoises et les entreprises à capitaux étrangers en Chine. En plus de renforcer le flux des facteurs de production, les modalités d’investissement, les domaines ciblés et les marchés connaîtront une nette amélioration, ce qui offrira des possibilités illimitées aux deux parties.
M. Zhou a souligné qu’avec l’expansion d’un marché ouvert, la concurrence entre les entreprises deviendra plus intense. Les entreprises qui évoluent lentement et n’innovent que peu ou pas devront sans doute repenser leurs débouchés et leur marge de développement. L’efficacité et la capacité du gouvernement en matière de lois, de réglementations, d’environnement politique et d’adaptation aux règles économiques et commerciales internationales les plus strictes doivent également être améliorées. La concurrence sur le marché doit être optimisée et le monopole sur le marché réduit. Il est nécessaire d’améliorer davantage les mécanismes de protection, notamment en matière de droits de propriété intellectuelle, afin de fournir aux entreprises un espace de développement stable et à long terme.
Le secteur des services s’ouvre davantage
Le commerce mondial des services et la coopération dans le secteur des services se développent en profondeur, et le commerce des services est devenu un moteur important de la mondialisation économique. Les données montrent qu’en 2023, le commerce total des services de la Chine atteignait 933,1 milliards de dollars américains, et que les exportations et importations de services de la Chine représentaient 4,8 % et 7,5 % de la part mondiale.
« Avec la suppression des restrictions sur l’accès des investissements étrangers dans le secteur manufacturier, une plus grande ouverture sera réalisée dans le secteur des services à l’avenir. Le secteur des services lui-même dispose d’une énorme marge de développement, notamment la segmentation dans les industries, les progrès dans les technologies et les avancées dans les modalités. Tout cela peut donner lieu à de nouvelles méthodes de services sur le marché », estime M. Zhou, qui note qu’en matière de développement futur du secteur et du marché des services, il est crucial d’optimiser l’environnement du secteur des services et de renforcer la coordination des règles et des réglementations.
Wang Xiaohong, chercheuse au Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, estime qu’en innovant pour renforcer le commerce des services et en accroissant davantage l’importation des services productifs tels que la R&D et la conception, les technologies de l’information, la propriété intellectuelle et les services aux entreprises, on pourra apporter un fort soutien à la transformation du secteur manufacturier dans les technologies numériques, intelligentes, vertes et axées sur les services, améliorer la compétitivité internationale des produits, et relever le statut de l’industrie manufacturière chinoise en termes de division du travail dans la chaîne de valeur mondiale.
Dans cette période fournissant des opportunités importantes pour l’innovation et le développement du commerce des services de la Chine, l’ouverture du secteur des services reste cependant confrontée à de multiples défis.
Zhou Nianli, professeur à l’Institut national pour l’ouverture et à l’Institut chinois de recherche sur l’OMC à l’Université de commerce international et d’économie, remarque que premièrement, les formats commerciaux sont diversifiés dans le secteur des services, et que les différences entre les segments sont grandes. La mesure des normes et de la profondeur du niveau d’ouverture est variable. Deuxièmement, les barrières institutionnelles non tarifaires dans le commerce des services sont souvent cachées et difficiles à détecter. Troisièmement, le modèle ouvert actuel de commerce des services se concentre principalement sur les transactions transfrontalières et les investissements directs étrangers.
Face aux défis pratiques, le ministère du Commerce accélère la création d’une nouvelle dynamique pour le développement du commerce extérieur et continue de promouvoir le développement accéléré du commerce des services. Tang Wenhong, ministre assistant du Commerce, a récemment présenté les Avis sur la promotion du développement de haute qualité du commerce des services avec un haut niveau d’ouverture. Il a déclaré que la Chine continuerait de réduire la liste négative d’accès au marché pour les investissements étrangers et de promouvoir l’assouplissement de l’accès au marché dans le secteur des services. La Chine s’engagera également à procéder à une ouverture de haut niveau dans les accords de libre-échange et accélérera les négociations sur la liste négative pour le commerce des services et les investissements.
« Le développement de haute qualité du secteur des services est étroitement lié aux moyens de subsistance et au bien-être de la population. L’élargissement de l’ouverture du secteur des services contribuera à améliorer la capacité d’approvisionnement diversifiée du secteur des services. Nous ferons en sorte que les investissements étrangers entrent en Chine, mais aussi se développent bien », indique un responsable de la Commission nationale du développement et de la réforme.
*LIU XUEYUN est journaliste à China Report.
