Le premier véhicule Audi Q6 e-tron sorti de la chaîne de production à Changchun (Jilin), le 26 janvier 2024
La coopération verte Chine-UE avance à pas de géant en matière d’investissement dans les énergies nouvelles et de commerce vert. Les exemples sont nombreux. Le constructeur automobile allemand Audi progresse rapidement dans la construction de sa première usine de véhicules entièrement électriques à Changchun (Jilin). Parallèlement, la centrale photovoltaïque de 7 MW de Manduria (Italie), construite par la China National Machinery Import & Export Corporation Europe, a été officiellement livrée.
Le Rapport Chine-UE sur la transition verte de la délégation de l’UE en Chine publié en février dernier souligne que la coopération verte est devenue un domaine clé dans la collaboration entre la Chine et l’UE. Il préconise le renforcement de la coordination et du dialogue sur le plan politique ainsi que des échanges d’informations et de la coopération, ce qui permettra de relever ensemble les défis mondiaux liés au climat, à l’énergie et à l’environnement et de promouvoir le développement durable.
Un cargo chargé d’équipements pour éoliennes quitte le port de Lianyungang (Jiangsu), le 20 février 2021.
Points forts de la coopération
En entrant dans le parc éolien de Grammatikaki, en Thrace, dans le nord-est de la Grèce, on aperçoit des éoliennes qui se dressent à flanc de collines, avec d’énormes pales tournant au gré du vent. La société Europe Renewable Energy Company (EREC) de China Energy Investment Corporation a construit un projet d’énergie éolienne en Thrace qui comprend quatre parcs éoliens. Le projet génère environ 160 millions de kilowatt-heures d’électricité verte par an, contribuant au développement rapide des énergies renouvelables en Grèce et dans les régions environnantes.
« La demande de la Grèce en matière de transition énergétique est forte et elle dispose d’un énorme potentiel de développement dans les énergies nouvelles. Selon le Plan national de développement énergétique et environnemental publié en 2019, il est prévu que la capacité en énergies nouvelles installée de la Grèce atteigne 15,67 GW en 2030, dont environ 7,1 GW pour l’éolien », précise Li Zao, directeur général d’EREC. « Nous avons saisi cette opportunité et coopéré avec la Grèce dans le domaine des énergies nouvelles avec des apports en capitaux, en technologies et en savoir-faire dans la fabrication d’équipements et la construction. »
Depuis la livraison de ce projet en 2020, EREC a produit au total environ 632 millions de kilowattheures d’électricité verte, alimentant 30 000 foyers en Grèce, ce qui équivaut à une réduction d’environ 630 000 tonnes de CO2 et une économie de 255 300 tonnes de charbon standard.
C’est un exemple marquant de coopération verte entre la Chine et l’UE, qui collaborent dans les énergies vertes, la fabrication verte et les services verts à travers la création de plateformes de coopération énergétique et le partage de technologies et d’expériences en matière d’énergie propre. Selon la base de données Comtrade des Nations unies, le volume des échanges commerciaux de produits verts entre la Chine et l’UE a dépassé 56 milliards de dollars en 2019, soit 14 fois plus qu’en 2000. Les statistiques de l’Agence internationale de l’énergie montrent qu’en 2022, environ 46 % de la production d’énergie éolienne européenne provenait des produits chinois.
Le dialogue sur la coopération verte Chine-UE se poursuit par ailleurs. La Chine et l’UE ont organisé à cinq reprises des dialogues de haut niveau sur l’environnement et le climat en février 2021, septembre 2021, juillet 2022, juillet 2023 et novembre 2023 pour discuter de politique climatique et de coopération économique verte Chine-UE.
Selon l’économiste espagnol Julio Ceballos, la stratégie de transition verte de la Chine est tout à fait cohérente avec celle de l’UE, ce qui est propice à la coopération bilatérale et au transfert de technologie. Pour la partie européenne, la poursuite du dialogue et de la coopération est cruciale pour assurer le développement d’une relation équilibrée, durable, mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant entre les deux parties.
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Une complémentarité bénéfique
« La Chine et l’UE peuvent apprendre l’une de l’autre en termes de transition énergétique », titre un article récent sur le site de The Diplomat. Il souligne que la Chine est un leader dans les énergies renouvelables en matière d’installation et de fabrication. En coopérant avec la Chine, l’UE sera mieux à même de faire face au changement climatique. L’UE doit également coopérer avec la Chine pour intensifier l’innovation et la fabrication dans les énergies propres. De son côté, la Chine cherche également à accéder à l’expertise européenne en matière d’intégration des énergies renouvelables.
Yao Ling, directrice de l’institut de l’Europe de l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, relevant du ministère du Commerce, a déclaré que la coopération Chine-UE dans le secteur vert était dans l’intérêt des deux parties et présentait un grand potentiel de développement. « La Chine et l’UE renforcent leur coordination à trois niveaux : les politiques intérieures, la coopération bilatérale et la collaboration multilatérale, dans le but de relever conjointement les défis mondiaux tels que le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité. » Et de noter qu’en termes de politiques intérieures, le marché du carbone de l’UE a commencé tôt et il est maintenant entré dans sa quatrième phase. La Chine peut en tirer les leçons et les bonnes pratiques.
En matière de coopération bilatérale, la Chine et l’UE peuvent approfondir leur collaboration dans les domaines des énergies et des transports propres, notamment en se concentrant sur la production et le stockage d’énergie solaire, éolienne et hydrogène, les technologies propres du charbon et des produits chimiques du charbon, ainsi que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, de même pour les maillons en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement des véhicules à énergies nouvelles.
En termes de coordination multilatérale, la Chine et l’UE peuvent renforcer leur coopération sur des plateformes internationales telles que la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques et la Conférence des Nations unies sur la biodiversité. Cela contribuera à promouvoir un consensus entre les parties participantes sur la gouvernance climatique et contribuera à la transition verte et au développement vert à l’échelle mondiale.
Dans le domaine des véhicules électriques, qui a suscité beaucoup d’attention, la Chine et l’UE sont également optimistes quant à leur complémentarité industrielle. Richard Smittenaar, responsable du programme d’études conjoint en gouvernance internationale et politique publique à l’Université de Keele au Royaume-Uni et maître de conférences à l’Université des études étrangères de Beijing, estime que la Chine possède des avantages en matière de capacité de production pour les véhicules à énergies nouvelles, et que la demande du marché européen était immense. Le faible coût et la qualité des véhicules chinois à énergies nouvelles exercent un fort attrait auprès des consommateurs des pays européens. « Grâce à leurs avantages respectifs, la coopération entre la Chine et l’UE dans le domaine des véhicules à énergies nouvelles devrait profiter aux consommateurs des deux côtés et ouvrir de nouvelles sphères de coopération entre la Chine et l’UE. »
La première session du Dialogue de haut niveau Chine-Allemagne sur le changement climatique et la transition verte, à Beijing, le 22 juin 2024
Un avenir plein de promesses
Des analyses soulignent que la coopération verte entre la Chine et l’UE constitue une vitrine et un point culminant de la coopération bilatérale, avec des perspectives prometteuses. Selon un rapport du groupe de réflexion environnemental européen E3G, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a décrit la coopération climatique entre la Chine et l’UE comme un « îlot d’opportunités » en 2023, estimant que cette coopération est liée à la reprise verte de l’économie mondiale.
L’analyse du Centre belge de recherche sur les politiques européennes estime qu’au vu de l’expérience de coopération entre la Chine et l’UE en matière de développement durable et de l’urgence de lutter contre les changements climatiques, une coopération verte entre la Chine et l’UE est impérative à l’avenir. Le Financial Times britannique a également récemment publié un article affirmant que la Chine et l’UE ont conjointement une responsabilité importante en matière de gouvernance mondiale du climat et de l’énergie.
Les deux parties accélèrent leur transition énergétique, ce qui devrait renforcer le consensus sur la gouvernance climatique mondiale et les initiatives de réduction des émissions par les principaux émetteurs de CO2 dans le monde. « Compte tenu des avantages majeurs de la Chine en matière de technologies clés et de production pour la transition verte, la coopération économique verte Chine-UE continuera à obtenir des résultats substantiels dans un avenir proche », note M. Smittenaar.
« La coopération verte entre la Chine et l’UE présente un grand potentiel et de vastes perspectives », remarque Mme Yao. Actuellement, poursuit-elle, face aux courants contraires dans la mondialisation en termes géopolitiques et économiques, il est nécessaire que le dialogue de haut niveau et les mécanismes économiques et commerciaux entre la Chine et l’UE continuent de jouer un rôle. Il est aussi nécessaire de respecter les règles de l’OMC, de parvenir à un consensus, de renforcer la confiance mutuelle, d’enrichir et d’élargir la coopération, de promouvoir les bénéfices mutuels et les résultats gagnant-gagnant, et de créer conjointement un environnement favorable pour la Chine et l’UE, voire pour la coopération économique verte dans le monde.
*LIN ZIHAN et WU YUE sont journalistes au Quotidien du Peuple (édition d’outre-mer).