Du 14 au 16 avril 2024, le chancelier allemand Olaf Scholz a effectué sa deuxième visite en Chine depuis son investiture en décembre 2021. Le 23 mars, Markus Söder, ministre-président de Bavière et président de l’Union chrétienne-sociale en Bavière s’est rendu en Chine. Les 26 et 27 mars, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a effectué une visite en Chine. Le 1er avril, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné s’est rendu à Beijing. Le 8 avril, le président chinois Xi Jinping a rencontré le président de la Fondation Mérieux et son épouse au Grand Palais du Peuple. Cette récente série de visites illustre l’attention accrue que les dirigeants et hommes d’affaires européens accordent à leurs relations avec la Chine, signalant une évolution positive des relations sino-européennes.
Le découplage n’est pas
le bon choix
Le 8 avril 2024, le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, s’est entretenu avec des membres du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) à Paris. Notant que cette année marquait le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, le ministre chinois a souligné que les deux pays partageaient de vastes perspectives de coopération économique et commerciale et que la Chine était disposée à renforcer la coopération avec les milieux d’affaires français, afin de promouvoir le développement stable des relations économiques et commerciales bilatérales. « La Chine dispose d’un grand marché avec un énorme potentiel de consommation et l’année 2024 a été désignée comme l’année de promotion de la consommation, ce qui stimulera davantage la demande de produits de qualité importés », a poursuivi le ministre. Les entreprises françaises sont invitées à partager les opportunités de développement de la Chine.
Cependant, ces dernières années, l’opinion publique européenne a eu tendance à être négative à l’égard de la Chine, et certains pays européens ont modifié leur politique chinoise. Certains hommes politiques préconisent de réduire la dépendance économique à la Chine pour « dérisquer » les relations bilatérales. Certains autres préconisent même le découplage, la rupture des chaînes d’approvisionnement et la création de murs et de barrières.
La Chine et l’UE sont d’importants partenaires commerciaux l’une pour l’autre. L’UE se positionne comme le deuxième partenaire commercial de la Chine, sa deuxième source d’importations et son deuxième marché d’exportation. De son côté, la Chine est le deuxième partenaire commercial de l’UE, sa première source d’importations et la troisième destination de ses exportations. Leurs économies et commerces présentent une grande complémentarité. Les biens de consommation et les produits industriels légers de haute qualité et à prix abordable de la Chine trouvent un bon marché en Europe. Parallèlement, les produits agricoles, d’élevage, spéciaux et techniques des pays européens sont très appréciés en Chine. Ces échanges commerciaux enrichissent la vie des peuples chinois et européen et jettent une base solide pour les relations bilatérales. En 2022, les échanges commerciaux entre la Chine et l’UE se sont élevés à 847,3 milliards de dollars, soit une moyenne de 2,3 milliards de dollars par jour. En 2023, 17 000 voyages de trains de fret Chine-Europe ont été effectués, reliant 219 villes de 25 pays européens, ce qui a favorisé le développement économique de ces régions, mais également amélioré le bien-être de leur population.
La Chine et l’UE sont toutes deux des économies ouvertes de grande envergure, tirant un grand bénéfice de la mondialisation économique. Sans un environnement économique mondial ouvert, le développement de la Chine et de l’UE serait compromis. Ainsi, la contre-mondialisation et même la démondialisation ne correspondent pas aux intérêts des deux parties. La Chine et l’UE représentent un tiers de l’économie mondiale. Les liens économiques bilatéraux sont à la fois étroits et mutuellement bénéfiques, apportant des avantages aux peuples des deux parties et constituant un bon exemple d’interaction entre les économies du monde. La Chine continue d’élargir son ouverture et de mettre en place des mesures importantes pour promouvoir une ouverture de haut niveau, ce qui créera de nouvelles opportunités de développement pour le monde entier, l’UE et les pays européens compris.
Bien que la Chine et les pays européens soient confrontés à des difficultés dans leurs relations économiques et commerciales, telles que des déficits commerciaux, des barrières commerciales et des frictions commerciales, ils ont la capacité de surmonter ces obstacles et d’atteindre un développement commun grâce à une coopération gagnant-gagnant. Le fort désir d’échanges amicaux entre les peuples chinois et européens et la complémentarité marquée de leurs échanges commerciaux fournissent une dynamique fondamentale à l’avancement des relations sino-européennes. Certes, il existe des divergences entre la Chine et l’Europe dans les domaines politique, économique, idéologique et culturel en raison de l’histoire, de la culture, du système social et de la structure économique. Cependant, si les deux parties peuvent se traiter avec sincérité, abandonner les préjugés, chercher un terrain d’entente tout en respectant leurs différences, interagir activement et résister à l’ingérence de tiers, elles pourront réaliser une situation gagnant-gagnant. Le découplage et la rupture des chaînes d’approvisionnement ne correspondent pas aux tendances actuelles de la mondialisation économique et de l’informatisation, ni aux intérêts fondamentaux des peuples chinois et européens.
Développement
gagnant-gagnant
La Chine et l’Europe, toutes deux dotées d’une longue histoire et d’un riche héritage culturel, partagent des valeurs communes de paix et d’harmonie. Ce rapprochement aide les peuples chinois et européens à se comprendre et à se tolérer mutuellement, favorisant ainsi des échanges amicaux.
Cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, ainsi que l’Année sino-française du tourisme culturel. Les deux pays sont convenus d’organiser de manière soignée les activités de célébration et de faciliter davantage les échanges humains.
Au-delà des domaines tels que l’aérospatiale, l’énergie nucléaire, l’agriculture, la finance, la transition écologique et la fabrication intelligente, les deux parties s’engagent à approfondir leur coopération dans les domaines de la science, de l’éducation, du sport et de la protection du patrimoine culturel. Grâce à l’essor du tourisme culturel et aux échanges commerciaux, les relations sino-françaises continueront de se renforcer et de s’épanouir.
Au cours des dernières années, un nombre croissant de voix raisonnables se sont fait entendre en Europe. Des dirigeants européens ont plaidé pour une coopération gagnant-gagnant avec la Chine et contre la radicalisation des politiques à son égard.
Le 4 novembre 2022, lors de sa visite en Chine, le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué que la Chine était un important partenaire économique et commercial pour l’Allemagne et l’Europe et que son pays était prêt à consolider sa coopération économique et commerciale avec la Chine et à soutenir la coopération d’investissement des entreprises des deux pays. « L’Allemagne soutient fermement la libéralisation du commerce et la mondialisation économique, et s’oppose au découplage », a-t-il souligné.
Le 13 octobre 2023, lors du 12e cycle du Dialogue stratégique de haut niveau Chine-UE, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a expliqué que l’UE attachait une grande importance à ses relations avec la Chine et était déterminée à développer des relations constructives et stables UE-Chine. Il a par ailleurs souligné que l’UE ne fermerait pas sa porte à la Chine, ajoutant qu’elle ne mènerait pas de guerre commerciale et n’avait pas l’intention de contenir le développement de la Chine. Les deux parties peuvent renforcer la coordination pour promouvoir la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), afin d’éviter de diviser le monde en deux camps. Le 20 février 2024, le président français Emmanuel Macron a rencontré Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et ministre des Affaires étrangères, à Paris. M. Macron a déclaré que la France était disposée à travailler avec la Chine pour préparer les échanges de haut niveau de cette année. Il a aussi ajouté que face aux défis mondiaux, la France s’en tenait à son indépendance stratégique et était prête à renforcer la coordination stratégique avec la Chine pour préserver la paix et la stabilité dans le monde.
Ces voix raisonnables témoignent d’un tournant favorable dans les relations entre la Chine et l’Europe, contribuant également à la stabilité et au développement du monde.
*ZHANG LIHUA est professeur au Département des relations internationales de l’Université Tsinghua.
