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L’Europe face à ses relations avec la Chine

2023-04-28 15:31:00 Source:La Chine au présent Auteur:TOM FOWDY*
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Le sous-forum « Perspectives de l’économie mondiale » lors de la conférence annuelle 2023 du Forum de Bo’ao pour l’Asie, le 29 mars 2023

Le président français Emmanuel Macron, accompagné de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a effectué une visite d’État en Chine durant la première semaine d’avril. Cette visite intervient peu après le discours de Mme von der Leyen qui cherchait à encadrer les relations de l’Europe avec la Chine sur la nécessité de « réduire les dépendances » et de s’opposer au « découplage », sur un ton modérément optimiste quant aux relations bilatérales. Malgré cela, la visite des deux dirigeants à Beijing a démontré leur intérêt à poursuivre le partenariat avec la deuxième économie du monde dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de pression exercée par les États-Unis qui poussent l’Europe à réduire les liens avec la Chine et à « prendre parti ».

Il est temps pour les pays d’Europe de prendre la bonne décision concernant leurs relations avec la Chine et d’opter pour la stabilité, l’équilibre, la raison et le pragmatisme au-delà de l’idéologie, de la confrontation et notamment de ce que Beijing dénonce comme une « confrontation de bloc à bloc ». Le monde dérive vers un avenir incertain, avec les États-Unis qui cherchent à remodeler la géopolitique sur fond de rivalités entre États, en brisant les règles existantes et les tendances de la mondialisation dans le but de consolider leur pouvoir et de maintenir leur hégémonie mondiale qu’ils considèrent comme légitime.

Ce faisant, les États-Unis ont fait de « l’endiguement » de la Chine leur priorité, en recourant à des moyens économiques, technologiques et militaires. Washington s’attend à ce que ses alliés, en particulier ceux d’Europe, adhèrent à cette politique et la soutiennent, et n’a cure des coûts économiques ou des pertes que ces pays pourraient subir en le faisant. Comme pendant la Guerre Froide, les États-Unis perçoivent l’Europe comme faisant partie de leur « bloc » ou « fief », et escomptent qu’elle leur emboîtera le pas et les reconnaîtra comme principal protecteur ou administrateur.

*TOM FOWDY est un analyste britannique en politique et relations internationales, diplômé des universités de Durham et d’Oxford.

Bien qu’Emmanuel Macron parle depuis longtemps de la nécessité d’une « autonomie stratégique européenne », qui met l’accent sur l’Europe en tant qu’acteur indépendant, unifié et autonome dans le monde, les États-Unis sont néanmoins en mesure d’exercer continuellement une influence sur l’Europe avec leur stratégie de diviser pour mieux régner. La crise en Ukraine a permis aux États-Unis d’accroître leur emprise stratégique sur le continent en tant que garant de la sécurité et fournisseur d’armes, en forçant le découplage énergétique entre l’Europe et la Russie d’une manière économiquement avantageuse pour eux.

Cela a exercé une pression croissante sur les relations UE-Chine. Cependant, au cours des derniers mois, un certain nombre de dirigeants européens ont souligné qu’il était important de poursuivre le partenariat avec la Chine et que Beijing, en tant que partenaire commercial et coopérant mondial nécessaire, était trop important pour être ignoré. Ainsi, en novembre, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est rendu en Chine, et le Premier ministre espagnol s’est également rendu dans le pays fin mars et a assisté au Forum de Bo’ao pour l’Asie à Hainan. Il existe un consensus de base qu’il est dans l’intérêt collectif de l’Europe de maintenir une relation positive avec la Chine dans son ensemble.

Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. Les paroles doivent être suivies d’actes, et bien qu’Ursula von der Leyen ait parlé d’opposition au soi-disant découplage, l’Europe doit montrer qu’elle est disposée et capable de résister à la pression unilatérale des États-Unis. Si ces derniers peuvent toujours « choisir » des domaines pour pousser certains pays européens à suivre leur volonté, alors parler d’unité ou d’autonomie européenne n’a aucun sens.

Les pays européens doivent donc s’efforcer de mener leur politique étrangère avec la Chine de manière indépendante, sans ingérence de tiers, et en tenant compte des intérêts à long terme du continent. À cet égard, il faut redoubler d’efforts pour éviter une « nouvelle Guerre Froide » et réaffirmer l’importance des relations bilatérales entre l’UE et la Chine plutôt que d’essayer de les éroder. Après tout, la Chine est le plus grand marché au monde pour les entreprises européennes. Cette visite des deux dirigeants en Chine a donc une importance capitale pour l’avenir, et a dû faire preuve d’enthousiasme pour l’Accord d’investissement UE-Chine et les investissements mutuels.

*TOM FOWDY est un analyste britannique en politique et relations internationales, diplômé des universités de Durham et d’Oxford.

 

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