Le 6 avril, lors de la rencontre avec le président français Emmanuel Macron, en visite d’État en Chine, le président chinois Xi Jinping a mentionné à plusieurs reprises le « caractère stratégique » des relations sino-françaises, notant que la Chine et la France ont la capacité et la responsabilité de transcender les divergences et les contraintes et de maintenir le cap d’un partenariat global stratégique sino-français stable, mutuellement bénéfique, entreprenant et dynamique. Le président Macron a également déclaré qu’il partageait pleinement l’évaluation positive des relations franco-chinoises faite par le président Xi Jinping et qu’il était d’accord avec les propositions importantes pour le développement des relations bilatérales. En plus, la Déclaration conjointe entre la République populaire de Chine et la République française indique que les deux pays poursuivront leurs consultations dans le cadre du dialogue stratégique sino-français, et un nouveau dialogue stratégique sino-français sera organisé dans l’année.
La Chine et la France célébreront bientôt le 60e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Au cours des interactions passées, les deux pays ont souvent créé une première dans plusieurs domaines, ce qui a permis un développement sain des relations sino-européennes, mais aussi fourni une source d’inspiration pour les interactions des pays du monde. Pourtant, le développement des relations bilatérales entre les deux pays est actuellement confronté à un certain nombre de défis, et l’on s’attend largement à ce que les deux pays y fassent face ensemble afin qu’ils puissent maintenir des relations stables et apporter une contribution positive à la paix et au développement dans le monde.
De nombreuses premières
L’esprit novateur est un gène culturel des peuples chinois et français. Les multiples premières créées par les deux pays au cours de ces 60 ans ont marqué des jalons importants dans leurs relations diplomatiques.
Au mois de janvier 1964, le président Mao Zedong et le président Charles de Gaulle se sont tendu la main et ont transcendé la mentalité de la Guerre Froide, ce qui a fait de la France la première puissance occidentale à établir des relations diplomatiques avec la Chine nouvelle. L’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine a constitué une percée majeure dans les relations sino-occidentales et a eu un impact profond sur le paysage international.
En 1966, la France est devenue le premier pays occidental à signer un accord de transport aérien avec la Chine, lorsqu’Air France a ouvert la première ligne entre la Chine et un pays occidental en reliant Paris à Shanghai. En 1982, la France a été le premier pays occidental à coopérer avec la Chine dans le domaine de l’énergie nucléaire civile, en s’engageant à la construction conjointe de la centrale nucléaire de la baie de Daya, la première en Chine.
En 1997 et en 2004, la France a été le premier pays occidental à établir respectivement un partenariat global et un partenariat stratégique global avec la Chine. En 2002, le premier centre culturel chinois dans un pays occidental s’est ouvert à Paris ; de 2003 à 2005, la France et la Chine ont accueilli leurs Années croisées culturelles. En 2007, la première chaîne d’assemblage d’Airbus hors d’Europe a été officiellement mise en service à Tianjin.
Derrière ces nombreuses premières, ce sont la forte volonté et les efforts acharnés des deux pays pour construire une relation de confiance mutuelle et de coopération gagnant-gagnant. Ces événements phares reflètent aussi l’importance stratégique que les deux pays se sont accordée l’un à l’autre.
Le pavillon Taste France à la 5e Exposition internationale des importations de Chine à Shanghai, le 10 novembre 2022
Un partenariat stratégique
Les relations sino-françaises sont devenues un modèle de coopération amicale multidimensionnelle entre des pays différents par l’histoire, les traditions et le niveau de développement. En tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, les deux pays mettent l’accent sur une politique étrangère indépendante, soutiennent et pratiquent le multilatéralisme en prônant le développement pacifique dans le monde, ce qui constitue une base importante pour leur coopération stratégique.
Au cours des 60 dernières années, les relations entre les deux pays ont connu des hauts et des bas, mais sont toujours restées à l’avant-garde de la coopération sino-occidentale. Au cours de cette période, la Chine et la France ont consolidé progressivement leur confiance politique mutuelle, et ont élargi et approfondi continuellement leur dialogue stratégique ; les chefs d’État ou de gouvernement des deux pays ont maintenu un contact étroit, une communication et une coordination opportunes sur le développement des relations bilatérales et les grands dossiers internationaux, et une coopération pragmatique et efficace. La Chine et la France ont développé leur coopération dans de nombreux domaines, en continuant d’innover dans les mécanismes d’échanges et de coopération, tels que les visites annuelles de haut niveau et les comités mixtes créés dans de nombreux domaines, à l’instar de celui sur la coopération sanitaire, de la Commission mixte scientifique et technologique et de la Commission du développement environnemental.
Au fil des ans, la coopération économique et commerciale entre les deux pays a affiché une bonne dynamique de développement et continué à insuffler de la vitalité à leur partenariat stratégique global. Elle repose sur trois secteurs clés : l’énergie nucléaire, l’aviation et les chemins de fer. Sous l’impulsion de la diplomatie des deux chefs d’État, cette coopération s’est progressivement étendue du commerce et des investissements traditionnels à l’ensemble de la chaîne industrielle, à la R&D et la fabrication et au développement des marchés tiers. En 2022, le commerce bilatéral de marchandises a dépassé pour la première fois la barre des 100 milliards d’euros, soit une augmentation de 14,6 % en glissement annuel. Parmi les pays membres de l’Union européenne, la France est à l’heure actuelle le troisième partenaire commercial de la Chine et sa troisième source d’investissements effectifs. La Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie et le septième dans le monde.
À l’image du Festival Croisements, dont le président Macron a inauguré la 17e édition lors de sa visite en Chine, la Chine et la France ont activement promu leurs échanges culturels et civilisationnels, et favorisé la compréhension mutuelle entre les deux peuples, jetant ainsi des bases solides pour l’approfondissement de leur partenariat stratégique global et la promotion de leur coopération pragmatique tous azimuts.
L’approfondissement de la coopération
Indéniablement, l’approfondissement des relations bilatérales est confronté à certains défis à l’heure actuelle. Par exemple, ces dernières années, la France s’est montrée particulièrement préoccupée par son déficit commercial avec la Chine. En fait, la Chine n’a jamais cherché à dégager un excédent commercial avec la France, au contraire, elle est disposée à importer davantage de produits français de qualité, tels que des produits agricoles et des cosmétiques. De plus, elle invite les entreprises françaises, en particulier les petites et moyennes entreprises, à redoubler d’efforts pour développer leur marché dans le pays en participant activement à l’Exposition internationale des importations de Chine, à la Foire de Canton et à l’Exposition internationale des produits de consommation de Chine.
Au sein de la délégation du président Emmanuel Macron en Chine, on comptait 60 représentants de grandes entreprises, qui espéraient signer de nouveaux contrats et coopérer avec la Chine. Comme l’a déclaré M. Macron lors de la cérémonie de clôture de la 5e réunion du Conseil d’entreprises sino-français organisée le 6 avril, la France est opposée au « découplage », et elle souhaite créer une chaîne d’approvisionnement plus stable et plus ouverte et est prête à travailler avec la Chine pour approfondir leur partenariat stratégique global. Au cours de cette visite, le président Macron et le président Xi ont assisté à la signature d’une série d’accords importants entre les deux parties.
Il convient de noter que la France dispose d’un grand potentiel d’exportation des produits de haute technologie vers la Chine, et que les nombreuses restrictions artificielles actuellement imposées à ces échanges avec la Chine nuisent également aux intérêts des entreprises françaises. Il est intéressant de voir comment la France et la Chine peuvent coopérer sur cette question et créer de nouvelles premières.
L’approfondissement des relations entre la Chine et la France est également confronté à d’autres défis. La question est notamment de savoir comment éloigner les interférences politiques et coordonner les différents intérêts des deux parties dans la coopération économique et commerciale, scientifique et technologique et bien d’autres ; comment s’en tenir à la politique fondamentale d’indépendance et d’autonomie dans le contexte de l’hégémonie américaine, et comprendre et respecter les intérêts fondamentaux respectifs ; comment considérer l’autre en tenant compte de l’évolution de sa société, comprendre son choix de système politique et respecter véritablement la diversité des cultures.
L’amitié sino-française est de longue date et il n’y a pas de conflits d’intérêts fondamentaux entre les deux pays. Sur fond de changements profonds du monde, un développement sain des relations en la Chine et la France, qui assument toutes deux d’importantes responsabilités internationales, conduira non seulement à un approfondissement des relations sino-européennes, mais servira aussi de modèle pour les échanges et la coopération entre d’autres pays ayant des systèmes politiques différents.
*ZHANG JINLING est chercheur à l’Institut d’études européennes relevant de l’Académie chinoise des sciences sociales, et secrétaire général du Centre de recherches sur le marxisme et la civilisation européenne.
