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La Chine devient une plateforme d’innovation mondiale

2021-08-31 15:21:00 Source:La Chine au présent Auteur:SYLVAIN LAURENT
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L’aéroport international de Beijing-Daxing, le 23 septembre 2020. L’aérogare utilise Dassault Systèmes.

 
À l’origine, le siège asiatique de Dassault Systèmes (3DS) était à Tokyo, mais très vite j’ai considéré qu’il nous fallait une plateforme de développement plus dynamique, au centre même de l’innovation du futur, et Shanghai réunissait les caractéristiques qui incarnent Dassault Systèmes, c’est-à-dire le monde digital et le monde de l’innovation. De plus, toutes les industries majeures sont représentées à Shanghai, sans compter que celle-ci affiche le plus grand PIB de développement en Chine, voire un des plus gros du monde, donc elle était comme catalyseur qui nous permettait de projeter notre stratégie en Asie-Pacifique pour les 20 prochaines années. J’ai également perçu Shanghai comme une ville plus internationale, multiculturelle et idéale pour l’accueil de nos expatriés ainsi que pour le développement de nos jeunes, avec un vivier de recrutement beaucoup plus fort et une diversité d’universités qui nous permet d’accéder à différents types d’ingénieurs pour les générations futures de Dassault Systèmes.

 

Lorsque la municipalité de Shanghai a annoncé que je recevais l’un de ses Magnolia Awards 2019, ça a été un grand honneur et toute l’équipe de Dassault Systèmes en a été très fière. C’est une reconnaissance de notre contribution en tant qu’industriel et en tant que leader technologique. Au-delà de Shanghai, c’est la reconnaissance de ce qu’on apporte à la Chine et le fait qu’on soit très actifs, très présents dans un ensemble d’industries et de provinces, qu’on leur apporte cette valeur ajoutée et ce savoir-faire qui est finalement peu développé en Chine aujourd’hui. On crée donc une nouvelle dynamique qui s’inscrit très bien dans le XIVe Plan quinquennal de la Chine, qui parle d’innovation, de transformation digitale et de sciences. Par exemple, je dirais que, technologiquement parlant, on a apporté à la Chine le concept de Building Information Modeling (BIM) et l’évolution du BIM pour faciliter la création des virtual twins de bâtiments (c’est-à-dire des « jumeaux numériques »), ce qui a également permis aux architectes de créer énormément de modèles différents. La Chine utilise indirectement et directement nos technologies pour des projets architecturaux, notamment des aéroports (tel que le nouvel aéroport international de Beijing-Daxing) et des gares.

 

Le point important dans le domaine du développement durable , c’est que le design du bâtiment lui-même est associé à des matériaux nouveaux, à une nouvelle capacité d’économie d’énergie et, entre autres, à l’orientation des bâtiments, pour bénéficier par exemple au maximum de la capacité du vent pour refroidir le bâtiment. Cela peut paraître anecdotique, mais c’est important et vous économisez beaucoup d’énergie grâce à cela. S’y ajoute l’utilisation de nouveaux types de verre dans les bâtiments, ce qui permet aussi de gérer l’énergie de façon assez significative.

 

Un autre apport de Dassault Systèmes réside dans les trains à grande vitesse. Au-delà de ce qui a déjà été fait, je crois que notre plus belle contribution concernera la grande ligne Beijing-Shanghai-Shenzhen qui a été annoncée. C’est un projet fantastique, incroyable ! Dassault Systèmes est d’ailleurs assez fier de participer avec le groupe CRC à la réalisation de ces nouveaux trains, mais plus que le train lui-même, l’essentiel est tout ce qui concerne l’environnement géologique et la création du chemin de fer, qui passe dans des villes, dans la nature, par des tunnels qu’il faut créer, sur des viaducs… De plus, il y a beaucoup d’infrastructures de type génie civil autour du rail qui en font un élément essentiel de l’innovation et du monde digital. Et dans ce domaine-là, les technologies numériques sont d’une aide précieuse pour sécuriser le projet, pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème particulier.
 
L’espace d’exposition des équipements techniques de la 3e CIIE propose une capsule hospitalière créée par les entreprises françaises Dassault, Saint-Gobain et Aden, le 5 novembre 2020, à Shanghai.

 

Smart city et smart agriculture

 

Le développement vert - l’objectif de la Chine d’atteindre son pic d’émissions de CO2 d’ici 2030 et la neutralité carbone avant 2060 - est challenging en termes de délai. Mais mon expérience de près de 10 ans en Chine et mon analyse me font penser que la Chine atteindra cet objectif, parce que c’est un pays qui, dès qu’il annonce un objectif de cette nature, stratégique et ambitieux, se donne les moyens de le concrétiser. Il s’agit tant de moyens législatifs que de moyens techniques, afin d’amener l’innovation ainsi que de favoriser la réalisation de ces objectifs.

 

Dassault Systèmes s’inscrit depuis très longtemps dans une politique générale de développement durable, mais l’objectif de neutralité carbone de la Chine nous a inspiré pour aller plus loin dans tous nos développements, qui permettront d’atteindre ces objectifs ou contribueront à les atteindre, que ce soit au niveau d’un industriel, d’un projet de smart city, d’une province ou encore des universités, dans le fait de mieux former les ingénieurs de demain sur la manière dont les technologies digitales peuvent contribuer par des simulations plus pointues à cet objectif.

 

Si l’on rentre dans le détail, deux exemples concrets me viennent à l’esprit. Premièrement, en ce qui concerne les projets de smart city, Dassault Systèmes contribue à la gestion des espaces verts. Cela paraît anecdotique, mais ça ne l’est pas : dans une ville comme Shanghai, la gestion des espaces verts est très importante, car ceux-ci jouent un grand rôle dans la gestion du taux CO2. Il s’agit de savoir simuler, anticiper où l’on place les espaces verts et déterminer leur volumétrie pour obtenir un impact concret, c’est-à-dire un indicateur, une mesure quant aux objectifs.

 

Un deuxième cas intéressant : la smart agriculture. Aujourd’hui, on travaille en collaboration avec des industriels comme China National Materials sur la création de nouvelles serres et sur une meilleure gestion énergétique des serres. La contribution de Dassault Systèmes est de pouvoir aider à la définition de nouveaux types de matériaux, entre autres les verres. C’est important, au même titre qu’avoir une gestion dans le temps des différentes terres et la manière de pratiquer la rotation des cultures.

 

Un modèle de développement

 

Les mesures que le Parti communiste chinois (PCC) prend me paraissent être un modèle, elles ont un fort impact, car il s’agit de mesures claires. On pourrait le résumer autrement : je dirais que les politiques (qu’il s’agisse d’un maire, d’un gouverneur, d’un secrétaire du Parti…) en Chine sont des businessmans. Ils ont des objectifs économiques et stratégiques, voire industriels, et quand vous discutez avec eux, vous êtes automatiquement dans cette logique. Je trouve qu’en fin de compte, c’est une façon d’impliquer les fonctions régaliennes et politiques dans le développement de leur pays. Je pense que le PCC a cette capacité de faire un plan quinquennal, que d’ailleurs il revisite régulièrement ; il ne s’interdit pas de le transformer s’il y a des erreurs. C’est très positif. Et surtout, chaque province décline ses propres objectifs. Par exemple, les politiques se demandent : « Dans ma province, quelles vont être mes priorités ? Priorités industrielles ? Priorités de développement universitaires ? Priorités de développement des villes ? » Cette dynamique amène beaucoup de nouveaux emplois et a pour conséquence que l’ensemble de la population est « embarqué » avec eux.

 

J’ajoute que la Chine a fait beaucoup d’efforts pour devenir un modèle de normalité internationale, pour être sur le même pied que les autres grands pays occidentaux en ce qui concerne les règles et le respect des lois, en particulier sur la propriété intellectuelle. Ce n’est pas encore parfait, mais il y a beaucoup de progrès, il y a une volonté et des règles affichées de faire en sorte que ce soit respecté.

 

Le développement de Dassault Système a été fondamentalement stratégique, pas simplement pour Dassault Systèmes, mais, je pense, également pour la relation franco-chinoise. Nous sommes leader dans le domaine des nouvelles technologies et la Chine a aussi besoin de se développer au niveau technologique, elle a besoin d’acteurs comme Dassault Systèmes. Je dirais que le développement industriel, commercial et stratégique de la Chine est en adéquation avec Dassault Systèmes ou, si vous préférez, que Dassault Systèmes est en adéquation avec cette dynamique de développement.

 

Quand je venais en Chine il y a 10 ans, la seule chose qui intéressait les industriels chinois et les provinces chinoises, c’était de connaître les références dans le monde. Dix ans plus tard, c’est l’inverse : la Chine a ses propres références et certains secteurs industriels deviennent même des références pour des entreprises européennes, américaines et dans le monde. Sur ce laps de temps, on a assisté à un basculement très clair vers une Chine qui se veut effectivement innovante. Elle n’est plus simplement l’atelier du monde – elle l’est peut-être de moins en moins d’ailleurs – mais de plus en plus une plateforme d’innovation du monde.

 

*SYLVAIN LAURENT est vice-président exécutif de Dassault Systèmes (3DS).

 

(Propos recueillis par Julien Buffet et Hu Yue)

 

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