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L’enjeu de la décarbonation des transports

2021-05-06 15:06:00 Source:La Chine au présent Auteur:Liu Daizong
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Un véhicule d’assainissement fonctionnant avec une pile à hydrogène, développé indépendamment par Jinghuan Equipment (une filiale du Beijing Environmental Sanitation Engineering Group), est dévoilé le 13 novembre 2020. 

 

Avec le réchauffement climatique croissant, il est crucial de limiter la hausse de la température mondiale à moins de 1,5°C. Afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les émissions mondiales de CO2 doivent être réduites à zéro vers 2050. L’objectif de neutralité carbone en 2060 annoncé par le président Xi Jinping en septembre 2020 est essentiel, car il démontre non seulement les ambitions climatiques de la Chine, mais aide également le pays à accélérer l’innovation technologique et la modernisation industrielle, et permet au pays d’établir un nouveau modèle de développement durable et vert. Au niveau mondial, les engagements de la Chine inciteront la communauté internationale à se rapprocher de l’objectif de 1,5°C, et serviront d’exemple. Le Japon et la République de Corée lui ont d’ailleurs emboité le pas en formulant des objectifs de neutralité carbone quelques semaines plus tard.

 

Les transports, un domaine clé pour la réduction des émissions

 

En Chine, atteindre la neutralité carbone signifie réduire considérablement les émissions de carbone. Selon l’Institut des ressources mondiales (WRI-World Resources Institute), cinq principaux secteurs – la production énergétique, l’industrie, les transports, le bâtiment, l’agriculture et l’utilisation du territoire – doivent être décarbonés en profondeur. Bien que les émissions de CO2 dans le secteur des transports en Chine ne représentent que 9 % des émissions totales, en troisième place derrière celui de la production énergétique et de l’industrie, sa décarbonation est la plus difficile à réaliser. Prenons l’exemple de l’Allemagne : le pays a commencé à décarboner son économie dans les années 1990. En 2017, ses émissions totales de gaz à effet de serre ont chuté d’un tiers par rapport à 1990, mais elles ont augmenté au lieu de diminuer dans le secteur des transports. Cela montre que si la Chine doit atteindre l’objectif de neutralité carbone comme prévu, le secteur des transports sera l’un des domaines clés sur lequel il faut agir rapidement.

 

Le Plan national d’ensemble de réseau de transport multimodal publié par le Conseil des affaires d’État en février 2021, un document d’orientation pour le XIVe Plan quinquennal de transport, indique clairement que le pic des émissions de CO2 dans ce secteur doit rapidement être atteint, et que l’intensité des émissions de CO2 en 2035 doit connaître une baisse significative par rapport à 2020. Comme les émissions des transports ont des caractéristiques très diverses et des structures complexes, et que les statistiques sont difficiles à établir, il faut trouver la clé : c’est dans les transports routiers que le potentiel est le plus vaste.

 

Le 2e rapport biennal sur le changement climatique en Chine montre que les émissions du trafic routier représentaient 84,1 % des émissions dans les transports en 2019. En Chine, grand pays de fabrication et de production, et à la première place dans la consommation en ligne au monde, la consommation énergétique du fret atteint 50 % du trafic routier, beaucoup plus que la moyenne internationale de 37 %. La marge de réduction est donc substantielle. Pour ce qui est du transport de passagers, les véhicules de tourisme et les deux-roues représentent 45 % de la consommation d’énergie, contre 4 % pour les transports publics. Les émissions des vélos et autres sont si faibles qu’elles sont négligeables. Il est donc aussi important de procéder à un ajustement structurel de la proportion de trajets verts qu’à l’électrification des véhicules pour atteindre la neutralité carbone dans le transport de passagers.
 

 

Les modalités de neutralité carbone dans les transports

 

L’Union européenne (UE) et les États-Unis se servent de leur Green New Deal respectif pour décarboner les transports afin de stimuler la reprise économique et la transition pour la période post-COVID-19. Pour l’UE, il est nécessaire de renforcer la protection de l’environnement grâce notamment à l’augmentation de la capacité du fret ferroviaire et de la navigation intérieure, au développement d’un secteur automobile intelligent en réseau et d’un système de transport intelligent, et à l’augmentation des infrastructures de recharge des véhicules à énergies nouvelles et des investissements dans les infrastructures de transport vert. Le plan « Rescue America » de l’administration Biden accorde quant à lui une grande attention au secteur des transports, notamment en renforçant les investissements dans la construction de transports ferroviaires interurbains, en maintenant le fonctionnement normal des transports en commun, en accélérant le développement du secteur des véhicules à énergies nouvelles et des infrastructures de recharge, et en encourageant le secteur des véhicules autonomes.

 

Ces dernières années, la Chine a formulé et mis en œuvre des mesures visant à lutter contre les changements climatiques dans le domaine du transport routier. Parallèlement, les progrès et les avancées technologiques ont également fait entrer ce secteur dans une période de transformations technologiques jamais vue en un siècle. Les technologies propres (les batteries et les véhicules à énergies nouvelles) ont fortement progressé, et l’intelligence artificielle et les mégadonnées ont également été rapidement appliquées dans les transports. La Chine abrite 50 % des véhicules à énergies nouvelles dans le monde et les trajets verts (vélos partagés et conduite autonome) sont aux premiers rangs au niveau international, offrant des opportunités sans précédent de réduction des émissions dans ce secteur.

 

Il faudra trente ans pour passer du pic à la neutralité carbone dans le secteur chinois des transports routiers. Cela nécessite des réformes drastiques en matière de politiques, notamment l’ajustement en profondeur de la structure du transport du fret, ainsi que des percées pour réduire le coût des technologies de réduction des émissions, notamment les piles à combustible à hydrogène pour les poids lourds. Le rapport Vers zéro émission nette dans les transports en Chine en 2050 du WRI, publié en 2019, recommande différentes mesures de réduction des émissions ainsi que des politiques de soutien.

 

D’abord, le changement des modalités de transport pourra contribuer à hauteur de 35 % à la réduction des émissions de carbone pour atteindre la neutralité carbone, notamment grâce au transport multimodal et au passage du routier au ferroviaire et au fluvial. Il faut encourager les déplacements urbains verts, accroître l’emprise des transports en commun, utiliser l’Internet des véhicules et les infrastructures routières numériques, allouer de manière rationnelle l’espace fonctionnel des artères urbaines et effectuer une planification par zone du réseau piétonnier et cyclable.

 

Ensuite, la décarbonation des carburants automobiles pourra contribuer à hauteur de 35 % à la réduction des émissions de carbone, notamment en accélérant l’électrification des véhicules et le remplacement par des carburants bas carbone. En plus de promouvoir les véhicules de tourisme à énergies nouvelles, il faut accroître l’électrification dans les secteurs de la logistique urbaine et du fret interurbain.

 

Enfin, la réduction du kilométrage des véhicules pourra contribuer à hauteur de 12 % à la réduction des émissions de carbone, notamment en établissant un mécanisme de tarification des passagers et du fret du transport routier basé sur le « prix du carbone », et un mécanisme d’entrée en la matière. Il faudra mettre en place des zones pilotes « zéro émission » pour explorer pleinement les mécanismes de marché de la neutralité carbone dans les transports.

 

Pour les 18 % restants, une coopération interdépartementale sera nécessaire, notamment avec un réseau électrique propre et des énergies renouvelables.

 

Avec le XIVe Plan quinquennal, la Chine se lance dans l’édification globale d’un pays socialiste moderne. Il faut continuer à approfondir la réforme des transports orientée vers la décarbonation, formuler une trajectoire à la chinoise pour des émissions nettes nulles dans les transports routiers et lancer rapidement des initiatives pilotes. Cela permettra de stimuler la croissance économique verte dans la période post-COVID-19, et de promouvoir l’efficacité du pic des émissions et de la neutralité carbone.

 

*Liu Daizong est directeur du département des villes durables de Chine à l’Institut des ressources mondiales.

 

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