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La Chine à l’orée du XIVe Plan quinquennal

2021-02-02 16:27:00 Source:La Chine au présent Auteur:JEAN PÉGOURET
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Le 19 août 2019, des passants déambulent dans la galerie des célébrités Internet de la station de métro Beijing Road, dans le quartier des affaires à Guiyang (Guizhou).

 

Le XIVe Plan quinquennal (2021-2025), examiné et adopté le 29 octobre 2020 à l’issue de la 5e session plénière du XIXe Comité central du Parti communiste chinois, doit encore être soumis à l’approbation de l’Assemblée populaire nationale.

 

Dans son discours du 18 novembre 2020, lors du 12e Sommet des BRICS, le président Xi Jinping en a donné un résumé : « Sur la base d’une analyse scientifique du nouveau stade de développement de la Chine, nous poursuivrons fermement le nouveau concept de développement et travaillerons activement à créer une nouvelle dynamique de développement où le circuit domestique est le pilier principal et où le circuit domestique et le circuit international se renforcent mutuellement. Nous prendrons des mesures énergiques pour élargir la demande intérieure, approfondir la réforme de manière globale et promouvoir l’innovation technologique, afin d’insuffler plus de vitalité à l’économie chinoise. La Chine ne refermera pas ses portes, mais les ouvrira toujours davantage. »

 

Les enjeux du XIV e Plan quinquennal

 

La Chine entame en 2021 une nouvelle marche vers l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne à l’horizon 2049, année qui marquera le centenaire de la fondation de la République populaire de Chine. à cette fin, le XIVe Plan quinquennal s’articule autour de trois objectifs : le « double circuit » visant à renforcer le marché intérieur afin d’accroître le niveau de vie de la population chinoise tout en poursuivant le développement des échanges internationaux, la promotion de l’innovation technologique, qui place la Chine non plus en situation d’acquéreur, mais de créateur de nouvelles technologies, et l’approfondissement de la réforme touchant directement à la gouvernance.

 

Par ailleurs, la Chine procédera à l’aménagement technologique du territoire autour de la diffusion à l’échelle nationale des nouvelles technologies de l’information et ouvrira des secteurs publics aux participations privées étrangères. La force des investissements publics envisagés est sans commune mesure avec ceux du passé. Au moins 17 000 milliards de yuans seront débloqués d’ici 2025 pour l’aménagement high-tech du pays, moyen prioritaire pour relancer l’économie. Le pays va aussi réduire ses émissions de carbone, conformément aux engagements pris lors de la COP21 en 2015. L’objectif de la Chine est de parvenir à un pic des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. La Chine reste dépendante à plus de 60 % du charbon pour sa production d’énergie. L’objectif est de ramener cette part à 50 % d’ici 2030.

 

La Chine s’attache aussi à définir les moyens de procéder à la relance industrielle pour remédier aux secousses économiques dues à l’épidémie de COVID-19 dans un contexte qui lui est moins favorable. Concernant les échanges internationaux, Xi Jinping a souligné les difficultés liées aux restrictions imposées par les états-Unis sur les importations de produits high-tech.
 

 

Consommation et hautes technologies

 

La Chine a mieux surmonté l’épreuve du COVID-19 que la plupart des autres pays. Elle les a aidés en étant la première à restaurer son activité économique et en leur apportant son assistance. Les échanges avec l’UE et les états-Unis ont progressé au troisième trimestre 2020 par rapport à la même période de l’année dernière. Les ventes de Mercedes en Chine ont augmenté de 16 % et celles de BMW de 30 %. Malgré des discours protectionnistes, moins de 11 % des entreprises de l’UE envisagent de délocaliser leurs activités depuis la Chine ou de changer leurs projets d’investissements en Chine.

 

La plupart des observateurs étrangers retiennent deux points du XIVe Plan quinquennal : le pivot vers la consommation intérieure et l’autonomie technologique et le fait qu’aucun objectif de croissance du PIB n’est affiché. D’après l’Institut de recherche de la Banque de Chine, banque centrale du pays, la croissance du PIB chinois devrait s’établir à 7,5 % en 2021 (après avoir été réduite à 2,3 % en 2020) et sera comprise dans une fourchette de 5 % à 6,1 % au cours des cinq années suivantes.

 

La Chine dispose d’atouts pour stimuler sa consommation intérieure, grâce à sa population de 1,4 milliard d’habitants, avec 900 millions d’actifs, dont 400 millions de personnes à revenus intermédiaires, et 120 millions d’acteurs de marché. Les 500 à 700 millions de Chinois de la classe moyenne sont un moteur essentiel de croissance pour les cinq ans à venir, selon l’Académie des sciences sociales de Chine. Dans la compétition technologique entre la Chine et les états-Unis, ces derniers tiennent encore le haut du pavé, mais selon la chaîne américaine CNBC News, la Chine dispose du potentiel pour les rattraper à terme. Par ailleurs, les embargos américains ne pourront tenir dans un contexte de marchés ouverts, de production diversifiée et d’innovation.

 

Le XIVe Plan quinquennal cible les régions de l’ouest, avec le déploiement d’énergies nouvelles et de réseaux de télécommunications basés sur les technologies modernes de l’information portées par Huawei, principale victime de l’embargo américain. Sur le plan privé, Huawei a créé le « marché mondial en nuage Huawei » (HCGM : Huawei Cloud Global Market), desservant 45 territoires et 23 grandes régions du monde avec des centres de données hors de la Chine.

 

Outre les opérateurs de la partie continentale de la Chine comme Huawei, China Mobile, Tencent et Alibaba, l’ouverture se concrétise avec le suédois Ericsson, concurrent de Huawei et le fabricant taiwanais de composants Lite-On Technology. En plus des 2 400 milliards de dollars d’argent public investis sur cinq ans, Tencent et Alibaba se sont chacun engagés à investir 60 milliards de dollars. La province du Guizhou, située dans le sud-ouest de la Chine, est exemplaire dans la volonté chinoise de dépasser les schémas anciens à l’aide des nouvelles technologies : une région rurale pauvre a ainsi connu un renouveau grâce au commerce en ligne de légumes, de poivre en grains et de sauce tomate.

 

L’édification intégrale d’un pays socialiste moderne en 2049 passe également par un approfondissement de la réforme que les objectifs économiques seuls ne peuvent remplir. Des avancées doivent ainsi être réalisées dans l’économie socialiste de marché, la réforme du droit de propriété, l’allocation des facteurs de production basée sur le marché, l’intégrité intellectuelle et morale des personnes, les qualités culturelles et scientifiques, la santé physique et mentale, l’accroissement de l’influence de la culture chinoise et la cohésion de la nation chinoise.
 

 

Le plan quinquennal chinois, un modèle dans un monde troublé

 

Le plan quinquennal a été lancé en Chine en 1953, au départ sur le modèle soviétique. Initialement directif, il a donné un poids croissant aux entreprises privées et est devenu indicatif à partir de 2006. Il a permis au pays de construire sa capacité industrielle et son indépendance, et de sortir plus de 800 millions de personnes de la pauvreté, tout en poursuivant sa politique d’ouverture et de réforme.

 

Le plan quinquennal chinois cherche réellement à réaliser ce qui est le mieux pour le pays dans une perspective de long terme, en ne livrant pas le développement national aux aléas du marché et aux acteurs étrangers. Dans de nombreux pays, la politique prime sur les engagements des dirigeants. Ce qu’ils font et ce qu’ils ont l’intention de faire sont souvent deux choses différentes, comme l’a souligné M. Fey, ancien professeur de commerce international finlandais, qui a longtemps vécu à Ningbo (Zhejiang). « Tandis que la Chine prépare des plans quinquennaux pour la prochaine génération, les Américains ne pensent qu’aux prochaines élections », soulignait pour sa part Robert F. Engle, prix Nobel d’économie en 2011.

 

Selon la doctrine confucéenne du juste milieu, « la préparation mène au succès, alors que le manque de planification conduit à l’échec ». Les réussites de la Chine et sa capacité à progresser dans la tourmente depuis 70 ans joignent l’exemple au précepte.

 

*JEAN PÉGOURET est fondateur de Saphir Eurasia Promotion.

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