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Évolution de l'industrie chinoise en 70 ans

2019-04-03 11:00:00 Source:La Chine au présent Auteur:CAI QIBI
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Un pont ferroviaire en construction 

 

CAI QIBI*

 

Mao Zedong (1893-1976) avait déjà souligné l’importance de l’industrialisation à plusieurs reprises dans les années 1940. Après avoir renversé les trois grandes montagnes (l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique), la tâche primordiale consistait, pour le peuple chinois, à engager l’industrialisation pour transformer la Chine agricole arriérée en un pays industriel avancé tout en mettant en place un système industriel indépendant et complet.

 

Reconstruction (de 1949 à 1972)

 

De la guerre de l’Opium, en 1840, jusqu’à la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le pays n’avait jamais vraiment eu d’industrie moderne. Entre le mouvement d’auto-renforcement lancé à la fin de la dynastie des Qing (1636-1912) et la période de la République de Chine (1912-1945), la Chine a vu apparaître sur son territoire les premiers chemins de fer et usines. C’est sous le règne de l’impératrice douairière Ci Xi (1835-1908), qui exerçait le pouvoir en coulisse, que les chemins de fer se sont développés, et que sont apparus le Chantier naval de Jiangnan, la première centrale électrique et la première fabrique d’allumettes. Cependant, toutes ces installations ont été bâties à travers l’achat d’équipements et avec le recrutement d’ouvriers techniques en provenance de pays étrangers, qui n’utilisaient presque aucune technique locale. Ainsi, à cette époque-là, il reste difficile de parler d’une réelle industrialisation en Chine, et encore moins d’un tissu industriel développé.

 

Après quatorze ans de Guerre de résistance contre l’agression japonaise (1931-1945) et trois ans de Guerre de libération (1946-1949) qui ont détruit la quasi-totalité des usines déjà peu nombreuses au départ, la Chine n’avait, en 1949, quasiment aucun système industriel et encore moins des technologies modernes si ce n’est des usines vieilles et délabrées.

 

Dans les années 1950, la Chine a fait ses véritables premiers pas dans l’industrialisation : vainqueur de la guerre de Corée (1950-1953), la Chine a gagné le respect de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et a obtenu de cette dernière une aide, avec des contreparties, lui permettant de bâtir 156 grands projets industriels et de développer prioritairement l’industrie lourde. Cette aide a totalisé jusqu’à 6,6 milliards de roubles, soit 1,65 milliard de dollars (dépassant les 1,45 milliard de dollars fournis par les États-Unis à l’Allemagne durant le « Plan Marshall »). De plus, les pays de l’Europe orientale, sous la coupe de l’URSS, ont aussi offert à la Chine des aides techniques et des équipements à hauteur de 3,08 milliards de roubles, soit 770 millions de dollars. Au total, la Chine a ainsi reçu du camp des pays socialistes environ 2,4 milliards de dollars de capitaux extérieurs destinés à développer son industrie. Sur cette base, la Chine a inauguré un processus d’industrialisation inédit dans son histoire ; les 156 projets clés (dont 150 ont été effectivement accomplis) ont été progressivement lancés dans les secteurs de l’énergie, de la métallurgie, des machines, de la chimie et dans l’industrie de la défense nationale. La transformation de l’économie privée en économie publique initialement planifiée sur une durée de quinze ans et divisée en différentes étapes, a ainsi été raccourcie à cinq ans grâce à l’entrée massive de ces capitaux extérieurs. Bien entendu, en contrepartie, la Chine a dû offrir ses produits agricoles et matières premières industrielles.

 

Depuis le milieu des années 1950, la Chine a profité de la grande accumulation réalisée par la collectivisation de l’agriculture pour soutenir de toutes ses forces l’industrialisation nationale. Le transfert énergique de cette accumulation agricole, atteignant 30 % par an en moyenne, vers la création d’un capital initial pour l’industrialisation a été un long et douloureux chemin.

 

Durant les « Trois années de catastrophes naturelles » (1959-1961) auxquelles s’ajoutent la réclamation de dettes par l’URSS, les accumulations agricoles affichaient des niveaux effrayants : 24,9 % en 1957, 33,9 % en 1958, 43,8 % en 1959 et encore 39,6 % en 1960. De si hautes accumulations obligeaient les paysans à réduire considérablement leur agriculture de subsistance pour assurer le développement industriel. La collectivisation des années 1950 consistait en effet à ouvrir le marché aux produits de l’industrie lourde des villes, et à y transmettre le capital initial de l’industrialisation, ce qui a eu un « effet ciseaux » caractérisé par le prix élevé des produits urbains et le prix bas des produits agricoles.

 

L’époque de Mao Zedong se caractérisait par la frugalité de la vie du peuple et l’industrialisation du pays. D’après une étude réalisée en 1978 par Yan Ruizhen, alors professeur en économie agricole à l’université Renmin de Chine, l’État a tiré 700 à 800 milliards de yuans d’accumulations agricoles à travers « l’effet ciseaux » formé par la collectivisation agricole durant les vingt première années après la fondation de la République populaire de Chine tandis que les biens immobiliers industriels de l’État ne valaient au total que 900 milliards de yuans avant 1978. Selon les résultats de la recherche de Kong Xiangzhi, professeur à l’Institut de l’économie agricole et du développement rural rattaché à l’université Renmin de Chine, les villes ont acquis au total jusqu’à 17 300 milliards de yuans d’accumulations en provenance des régions rurales depuis 60 ans.

 

Grâce à ce fort soutien, l’industrie chinoise a connu une croissance de 11,2 % entre 1950 et 1977, légèrement inférieure de 12,4 % par rapport au Japon. Au début des années 1970, la Chine a accompli, après vingt ans d’efforts acharnés, les premières accumulations de capital initial pour son industrialisation même si elle connaissait à cette époque un déséquilibre structurel grave dans l’industrie lourde et légère et dans l’agriculture ainsi qu’un gap non négligeable entre l’accumulation et la consommation.

 

En l’espace de vingt ans, la Chine a mis en place une série de projets industriels, établi la base industrielle du Nord-Est ayant pour pilier principal la compagnie sidérurgique d’Anshan, renforcé les bases industrielles déjà existantes dans les zones côtières, construit un lot de bases industrielles dans le nord et le nord-ouest du pays, élaboré un système industriel complet et indépendant ainsi qu’un système scientifique avancé, et enfin lancé avec succès « deux bombes, un satellite » (la première bombe atomique, la première bombe à hydrogène, le premier satellite artificiel). Depuis lors, la Chine a transformé son industrie vétuste grâce à l’industrialisation socialiste, jetant des bases favorables au développement économique des prochaines décennies.

 

En septembre 1958, la locomotive diesel Julong (grand dragon), de 4 000 cv, destinée au transport de marchandises est fabriquée à Dalian.

 

Développement et ouverture vers l’extérieur (de 1972 à 1978)
 
De 1969 à 1979, le gouvernement chinois a suivi une politique budgétaire visant à ne jamais recourir à l’emprunt, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur ; dans les années 1970, le développement de l’industrie chinoise ne s’appuyait que sur ses propres moyens financiers grâce à des réserves financières considérables. L’économie nationale comprenait déjà toutes les branches d’activités essentielles avec une structure industrielle relativement équilibrée et une croissance du PIB qui oscillait entre la 8e et la 9e place mondiale. Ce n’est qu’à partir de décembre 1979, que la Chine a commencé à accepter les premiers prêts offerts par d’autres États.

 

Le 13 janvier 1975, le premier ministre chinois Zhou Enlai a présenté à la 4e Assemblée populaire nationale (APN) le Rapport d’activité du gouvernement dans lequel il a déclaré : « Contrairement aux fluctuations économiques et à l’inflation que connaît le monde capitaliste, notre pays a une balance budgétaire équilibrée ; nous n’avons pas de dette extérieure ni de dette intérieure, les prix sont stables, la vie du peuple s’améliore de jour en jour, l’édification socialiste se développe avec vigueur vers la prospérité. »

 

En octobre 1971, la Chine a retrouvé son statut de membre permanent de l’Organisation des Nations Unies ; en 1972, le président américain Nixon a pris l’initiative de faire une visite en Chine, devançant de peu la visite du président français Georges Pompidou en 1973 qui a suivi l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France en 1964. Sous cette double impulsion américaine et française, une quarantaine de pays dont le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, l’Australie, l’Italie, la Nouvelle-Zélande et l’Allemagne ont établi des liens diplomatiques avec la Chine, lui permettant de briser le blocus économique et technique pratiqué pendant longtemps par les pays occidentaux.

 

À partir de 1973, en l’espace de trois à cinq ans, la Chine a introduit des équipements complets en provenance de pays occidentaux pour un montant de 5,1 milliards de dollars, ce qui constitue la deuxième plus grande vague d’introduction technique après les « 156 projets » assistés par l’URSS dans les années 1950. En associant ces équipements importés à ceux fabriqués en Chine, la Chine a bâti 26 grands projets industriels qui représentent un investissement total d’environ 20 milliards de yuans ; ils ont tous été opérationnels dès 1982 et ont constitué un fondement important du développement économique du pays dans les années 1980.

 

De 1949 à 1978, le PIB chinois a connu une croissance annuelle de 7,3 % en moyenne, en même temps, le pays a établi un système industriel et un système économique national indépendant et complet. En 1980, le volume industriel de la Chine a dépassé celui du Royaume-Uni et de la France et s’est approché de celui de l’Allemagne placée au troisième rang parmi les puissances occidentales. Au milieu des années 1980, la Chine s’est hissée au troisième rang mondial en valeur globale de production industrielle.

 

Restructuration industrielle (de 1978 à 2000)

 

À l’issue de la 3e session plénière du 11e Comité central du Parti communiste chinois qui a eu lieu en 1978, la Chine a entamé une série de réformes économiques pour promouvoir davantage l’ouverture vers l’extérieur. Avec la capitalisation favorable accumulée durant les 20 années de l’époque de Mao Zedong, la Chine a inauguré le réajustement structurel au sein de la stratégie d’industrialisation visant à transférer la priorité de développement de l’industrie lourde à l’industrie légère, adopter une stratégie industrielle centrée sur l’amélioration du bien-être du peuple, engager un développement intégral, et à s’ouvrir vers l’extérieur et à procéder à un développement commun des différentes composantes économiques.

 

Pour stimuler le développement de l’industrie légère, la Chine a appliqué la politique des « six priorités », à savoir la priorité d’approvisionnement en matières premières, combustibles et électricité, la priorité des mesures sur l’exploitation du potentiel, l’innovation et la rénovation, la priorité de l’investissement en travaux d’infrastructures, la priorité des prêts bancaires, la priorité des devises étrangères et de l’introduction de techniques et la priorité en communications et transports. Cette mutation structurelle est un changement naturel pour un pays parvenu à mi-chemin de l’industrialisation.

 

Après 1990, la Chine a connu une nouvelle vague de développement de l’industrie chimique lourde et du secteur de la transformation avancée. En mettant toujours l’accent sur la croissance de l’industrie légère, le pays a vu son industrie lourde se développer rapidement du fait de la mise à niveau de la structure de consommation, de l’accélération de l’urbanisation et de l’augmentation des investissements en transports et infrastructures. En 1993, la Chine a vu l’émergence et l’essor de l’industrie chimique lourde dont l’objectif était de briser les restrictions en énergie, transports et matières premières. En 1994, la Chine est devenue le premier producteur d’acier du monde en totalisant la moitié de la production mondiale brut. Depuis 1997, l’économie chinoise a pris un tournant radical. Pour réaliser un « atterrissage en douceur » de l’économie et faire face à la « crise financière asiatique », la Chine a commencé à appliquer une politique budgétaire positive et à engager un réajustement des structures industrielles à grande échelle. Au cours de cette étape, la Chine a dit adieu à « l’économie de pénurie ». Les citoyens, pouvant satisfaire leurs besoins en alimentation, habillement et équipements électroménagers, ont commencé à avoir de nouvelles demandes en automobiles, logements et autres biens de consommation à usage durable. Ce changement de structure de la demande a entraîné l’ajustement et la montée en gamme de la structure industrielle. L’essor de l’industrie chimique lourde et du secteur de haute transformation est devenu une tendance irréversible du développement industriel de la Chine.

 

Après une vingtaine d’années d’industrialisation à grande vitesse depuis le début de la réforme et l’ouverture, la Chine est arrivée à mi-parcours de l’industrialisation. Une architecture de promotion mutuelle, de coordination structurelle et de développement simultané s’est construite entre l’industrie lourde et l’industrie légère.

 

Après un ajustement économique rapide de 1989 à 1991, la Chine a vu son enthousiasme de réforme économique s’enflammer encore une fois suite à la tournée d’inspection de Deng Xiaoping en 1992 dans le sud de la Chine. Cette fois-ci, l’économie de marché s’est globalement substituée à l’économie planifiée en étant fixée comme une politique fondamentale de la Chine. L’état avancé du système d’entreprises modernes a accéléré l’industrialisation urbaine tandis que l’émergence du marché de capitaux a commencé à offrir le carburant financier pour l’envol de l’économie chinoise.

 

Croissance rapide du secteur manufacturier (de 2000 jusqu’à présent)
 
Fin 2001, la Chine a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), marquant son entrée dans l’ère de la mondialisation économique. Durant les 20 premières années de la réforme et l’ouverture, l’industrialisation du pays s’est faite essentiellement dans l’espace étroit du marché domestique qui ne pouvait créer suffisamment de richesses pour réaliser des échanges commerciaux de grande envergure à cause d’une faible productivité. L’adhésion à l’OMC a permis à la Chine d’ouvrir d’un coup l’espace du marché mondial, événement qui a effectivement apporté une seconde grande révolution concernant la productivité sociale.

 

S’appuyant sur l’effet d’entraînement des exportations, des investissements et de la consommation, la Chine devient le grand pays manufacturier du monde. Depuis 2000, la plupart des entreprises classées au Fortune global 500 sont implantées en Chine. Elles ont attiré un grand nombre de chercheurs grâce à des revenus élevés, mais elles ont aussi refusé de partager des savoirs techniques clés pour le développement de l’industrie, ce qui a affecté pendant un temps les recherches fondamentales de la Chine. En même temps, la mondialisation économique a apporté des méthodes de gestion d’entreprises et des modes de commerce avancés.

 

Après 2000, entraînés simultanément par les investissements intérieurs et extérieurs, le bassin riverain de la Mer Bohai, le delta du fleuve Yangtsé et le delta de la rivière des Perles se sont transformés en centres manufacturiers mondiaux, remplissant les magasins des quatre coins du monde d’étiquettes made in China.

 

Le développement du secteur manufacturier axé sur l’exportation a affiché une croissance notable, entraînant la création de nouvelles fortunes immenses pour le pays. Les investissements étrangers colossaux cumulés durant de nombreuses années auxquels s’ajoutent les énormes excédents commerciaux ont fait monter les réserves de devises étrangères du pays de 165,6 milliards de dollars à 3 181,1 milliards de dollars de 2000 à 2011 ! En 2014, ce chiffre a atteint le pic de 3 843 milliards de dollars, légèrement en baisse en 2015 avec 3 330,4 milliards de dollars.

 

Cet immense succès du développement de la Chine a créé un paysage de prospérité jamais connu depuis la fondation de la République populaire de Chine. Aujourd’hui, la Chine est parvenue à l’étape du développement de haute qualité et de la croissance durable, entregistrant une baisse de vitesse de sa croissance, une amélioration de la qualité, une reconversion et une mise à niveau de ses industries. Enfin, les effets de la réforme structurelle du côté de l’offre font que les entreprises chinoises nourrissent un nouvel espoir.

 

*CAI QIBI est employé du Bureau de la mairie de Sanming dans la province du Fujian.

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